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5 février 2024

Temps de lecture : 10 minutes

5 février 2024

Accueil | Portraits | Alex Vizorek

Alex Vizorek

Temps de lecture : 10 minutes

Un diable de rouge

« Je suis un islamo-gauchiste mod­éré mais j’aime beau­coup les gens de droite »

Alexandre Wieczorek (il a simplifié l’orthographe), belge à l’état civil, a passé avec brio toutes les étapes du cursus honorum de l’humoriste officiel, repéré dans les petites salles du café-théâtre par des producteurs avisés puis triomphant à la radio publique, tout en débitant des chroniques à la télé. Avec un spectacle tous les dix ans et des vannes sous-traitées à des auteurs anonymes, la PME comique Vizorek&Co est bien rodée et ne connaît visiblement pas la crise. Membre éminent de la délégation belge de France Inter (Charline Vanhoenacker, Guillermo Guiz, Stéphane de Groodt), il a quitté son cocon après une décennie pour rejoindre RTL qui doit composer sans Pascal Praud.

Origines

Il grandit dans une famille bour­geoise d’Uccle, ban­lieue cos­sue de Brux­elles, non loin de l’École Européenne qui accueille les enfants des fonc­tion­naires européens peu­plant les insti­tu­tions de la ville. Le futur humoriste doit son nom polon­ais à un grand-père mineur venu tra­vailler en Bel­gique. Le père, Yves Wiec­zorek, a obtenu une petite notoriété dans la chan­son lors des années 80 mais a fait for­tune en ouvrant des mag­a­sins de chaus­sures à tra­vers la Belgique.

Formation

Il est sco­lar­isé au lycée Hen­ri­ette Dachs­bek. Une fois son bac obtenu, il effectue ses études supérieures à Solvay, l’équivalent belge d’HEC, dont il passe le con­cours d’entrée en 2001. Il obtient son diplôme d’ingénieur de ges­tion trois ans plus tard, sans faire preuve d’un grand intérêt pour ce domaine. « A par­tir de la troisième année à Solvay, je sen­tais que je ne ferai jamais ban­quier et je n’aime pas l’échec donc je me suis dit je vais faire jour­nal­isme ». Il s’engage donc des études de jour­nal­isme en par­al­lèle à l’Université Libre de Brux­elles, d’où il ressort diplômé en 2005. Il passe son stage de fin d’année à Vivac­ité Sport, à Mons, où il com­mente des matchs de foot et de basket.

Ten­té par la scène, il s’inscrit la même année au cours Flo­rent à Paris. Lors de la dernière année de son cur­sus, il ren­con­tre Stéphanie Bataille, qui enseigne à l’école le cours de one-man show. Ce coup de foudre pro­fes­sion­nel l’incitera à écrire son pre­mier spec­ta­cle qui ren­con­tre un suc­cès immé­di­at, « Alex Vizorek est une œuvre d’art », mêlant grands noms de la pein­ture et con­sid­éra­tions triv­iales du quotidien.

Parcours professionnel

À Brux­elles, il se pro­duit au club Kings of Com­e­dy, puis est révélé aus­si par le Made in Brus­sels show. En 2009, il se fait surtout remar­quer lors du Fes­ti­val du Rire de Mon­treux avec son pre­mier spec­ta­cle. En août 2009, il est final­iste et deux­ième à la radio académie de Bel RTL.

Presse écrite

2013- : chronique économique humoris­tique heb­do­madaire dans le quo­ti­di­en belge Le Soir.

2017–2019 : chronique bi-heb­do­madaire « Mon idole » dans Les Inrocks.

Radio

2011–2013 : pour Les enfants de Chœur, sur VivaC­ité la radio pop­u­laire de la RTBF, équiv­a­lent du Mouv’..

2011–2014 : « On n’est pas ren­tré ! » sur la RTBF

2012–2017 : « Le Café ser­ré », tou­jours sur la RTBF

2012- 2014 : « On va tous y pass­er » sur France Inter, ani­mé par Frédéric Lopez.

2014–2023 : « Si tu écoutes j’annule tout »/« Par Jupiter »/« C’est encore nous » sur France Inter, qu’il ani­me avec Char­line Van­hoe­nack­er. Bil­let d’humour sur la mati­nale de France Inter.

2020–2023 : « Pastek », qu’il ani­me avec Tan­guy Pas­tureau le same­di de 19h à 20h.

2023 : RTL « Les Gross­es Têtes » et chroniqueur (« La Vizo Con­férence ») dans RTL Soir de 18h à 20h du lun­di au jeudi

Télévision

2015–2017 : « Ça bal­ance à Paris » sur Paris Pre­mière.

2017–2019 : « C l’Hebdo » sur France 5.

2017–2019 : il suc­cède à Stéphane Guil­lon en tant qu’éditorialiste humoriste sur le plateau de « Salut les Ter­riens » sur C8.

2019-: Suite à l’arrêt de l’émission, il est recruté par un autre vétéran du petit écran, Michel Druck­er sur Vive­ment Dimanche. Il y tient une revue de presse.

2023 : « La carte blanche d’Alex Vizorek » sur Télé­matin (France 2).

2023 : il co-ani­me avec Philipe Caveriv­ière le talk-show humoris­tique « En bande organ­isée » sur France 2.

Parcours militant

Citoyen belge, l’homme s’oppose à une région­al­i­sa­tion de la Bel­gique et, plus farouche­ment encore, aux par­tis indépen­dan­tistes comme la Nou­velle Alliance fla­mande (N‑VA) dirigée par Bart de Vew­er. « Met­tre des murs entre les gens, c’est attis­er la haine et cul­tiv­er l’ignorance de l’autre » (Paris Match).

Vie privée

Pro­prié­taire d’un loge­ment dans le VIIe arrondisse­ment, on lui prête une rela­tion longue de trois ans avec la jour­nal­iste poli­tique Gaël Tchakaloff, qu’il a ren­con­trée sur un plateau de télévi­sion en 2016.

Il souf­frirait depuis son enfance d’anosmie, une patholo­gie cau­sant la perte totale ou par­tielle d’odorat. « Un jour, je demande ce qu’on mange. Ma mère me dit : ‘Ça sent le poulet dans la mai­son’. Je réponds : ‘Com­ment veux-tu que je sache ?’ Et là ça a un peu tiqué » (Femme actuelle).

Spectacles

  • Chroniques en Thalys, Édi­tion Kyro, 2015.
  • L’échappée Belge, Kero, 2017
  • L’histoire du sup­pos­i­toire qui visait la Lune, Michel Lafon

Spectacles

  • Alex Vizorek est une œuvre d’art, 2010–2020. « J’é­tais allé voir Fab­rice Luchi­ni, qui par­lait de lit­téra­ture sur scène. Je me suis dit que c’é­tait quand même for­mi­da­ble et que, peut-être mod­este­ment, je pour­rais moi aus­si par­ler d’art » (Europe 1). Représen­ta­tions en France, Bel­gique, Cana­da, Suisse et Italie.
  • Ad Vitam, 2021-. « Après l’art, l’humoriste belge choisit rien de moins que la mort comme thème prin­ci­pal de son deux­ième seul-en-scène. Il fal­lait oser ! Et comme sou­vent avec l’acolyte de Char­line Van­hoe­nack­er, c’est une réus­site totale. Ad vitam mérite en effet large­ment le statut de « pépite de l’humour ». On y retrou­ve le style Vizorek, que l’on aime tant, cette manière de mêler les sujets les plus sérieux aux plus absur­des, de nous faire rire du con­cept de Dasein cher à Hei­deg­ger, tout comme du Via­gra, de l’orgasme ou du porc-épic, tou­jours avec ce sens du comique vir­tu­ose, entre can­deur, mal­ice, ironie et mau­vaise foi jouis­sive» (Téléra­ma).

Collaborations

Inter­rogé par Radio France dans le cadre d’une enquête sur l’économie du rire, il admet faire appel aux ser­vices de qua­tre auteurs. Cette sous-trai­tance des blagues lui per­met d’honorer toutes ses oblig­a­tions médi­a­tiques, aus­si bien à la télévi­sion et à la radio qu’en presse écrite. « Comme dans la gas­tronomie ou les ate­liers de pein­ture, c’est le chef qui reçoit les étoiles et les hon­neurs […] Chaque blague est fac­turée. Je pour­rais dire : “Cette chronique vous est offerte par… les ate­liers Vizorek. »

Volon­tiers maître de céré­monie, il présente la 9e édi­tion des Magrittes du Ciné­ma, les Césars belges, en 2019, et les et les 31e et 33e édi­tions des Molières, toutes deux retrans­mis­es sur France 2.

Ce qu’il gagne

Stéphane Guil­lon perce­vait une rémunéra­tion excep­tion­nelle­ment élevée de 10 000 euros par chronique dans « Salut Les Ter­riens ». Si Vizorek, son suc­cesseur à l’antenne, ne touche pas les mêmes émol­u­ment, il avoue à La Libre Bel­gique être « très bien payé pour racon­ter des blagues ».

Sa nébuleuse

Régis Ravanas : patron de RTL, il a su trou­ver les mots pour lui don­ner envie de quit­ter le con­fort de la Mai­son ronde. Selon La Libre Bel­gique, « il demandait à le ren­con­tr­er à chaque fin de sai­son ».

Giles Morin : son pro­duc­teur, l’équivalent belge de Lau­rent Ruquier pour sa capac­ité à dénich­er et pouss­er de jeunes tal­ents humoris­tiques. On lui doit l’éclosion de la majorité de jeunes humoristes belges, comme Wal­ter, James Deano ou Kody, autant de mem­bres du pro­gramme « Les enfants de chœur » où Vizorek a débuté à la radio.

Stéphanie Bataille : ren­con­trée en 2010, elle est sa met­teuse en scène depuis ses débuts. « [M]on amie et ma mar­raine de méti­er. Elle a dû voir en moi ce que je ne voy­ais pas encore. Sans son regard, ma vie aurait été dif­férente » (Marie Claire). Elle est direc­trice déléguée du Théâtre Antoine.

Guiller­mo Guiz : ami de Vizorek et égale­ment humoriste, ils s’associent en 2018 pour racheter les parts de Giles Morin, fon­da­teur du Kings of Com­e­dy Club, petite salle de spec­ta­cle où ils ont fait leurs débuts sur scène.

Char­line Van­hoe­nack­er : le duo qu’il forme avec Char­line con­tribue à propulser France Inter au pre­mier rang de l’audimat et à ravir la part la plus gauchiste des audi­teurs, orphe­line de Daniel Mer­met et Pas­cale Clark. Dans les colonnes de Libéra­tion, elle dit à son sujet « Je suis cer­taine qu’on se retrou­vera […]. Après notre troisième semaine ensem­ble, il m’avait sor­ti un truc mignon : “S’il fal­lait sign­er pour tra­vailler cinquante ans avec toi, je sign­erais.” Moi aus­si. C’est comme si on s’était mar­iés pro­fes­sion­nelle­ment ». Ils se con­nais­saient avant d’être asso­ciés dans la même émis­sion : « Je con­nais­sais Char­line avant Inter : je par­tic­i­pais à une émis­sion, en Bel­gique, dans laque­lle elle inter­ve­nait depuis Paris.

Quand je suis venu tra­vailler à Paris, avec Frédéric Lopez elle était chez Pas­cale Clark, on s’est ren­con­trés occa­sion­nelle­ment et c’est Philippe Val qui a eu l’idée de nous aco­quin­er pour un été, et ça a bien marché… » (L’Alsace).

Guil­laume Meurice : com­pagnons d’antenne pen­dant près d’une décen­nie, il vante sa capac­ité de tra­vail : « C’est un gros bosseur, qui s’adapte à tout, con­firme Guil­laume Meurice. Le pre­mier qu’on appelle quand il faut rem­plac­er en urgence un chroniqueur malade ».

Arthur : pro­duc­teur d’« En bande organ­isée » sur France 2. Cette émis­sion est tournée au Stu­dio Gabriel, sur le plateau même où Michel Druck­er met en boîte ses « Vive­ment Dimanche », émis­sion où Vizorek appa­raît depuis 2019.

Il l’a dit

« ÊTES-VOUS GARÇON OU HOMME ? - Garçon, et c’est une rai­son pour laque­lle je n’ai pas envie d’avoir d’enfant, un pas­sage où, en principe, on devient vrai­ment un homme, ce qui ne m’enthousiasme pas par­ti­c­ulière­ment. À 39 ans, c’est un peu bizarre, mais pour un comique, c’est plutôt bien de rester un peu enfan­tin… », Marie Claire, 02,03/2021.

« Je n’ai pas spé­ciale­ment envie de faire du mal aux gens, à des caté­gories comme les religieux par exem­ple. Et Dieu sait si je n’aime pas la reli­gion… Mais je ne m’empêche pas de traiter ce sujet et j’aimerais qu’on rit ensem­ble. Par con­tre, je n’hésite pas à m’attaquer aux poli­tiques, ad hominem. Parce qu’ils s’exposent et peu­vent eux-mêmes se mon­tr­er très vio­lents. Cela ne me dérange donc pas trop d’accabler Fil­lon », Art&Culture, 01/01/2018.

« En France, l’extrême-droite a accès aux médias, c’est une bonne chose ? Je trou­ve que la poli­tique belge du cor­don san­i­taire est plus salu­taire. Surtout, en cette époque où, pour repren­dre l’ex­pres­sion de l’un de mes col­lègues de France Inter, «la vérité est dev­enue une opin­ion comme une autre », Paris Match, 02/03/2017.

« Mal­gré ce que pensent fière­ment les jour­nal­istes français qui prô­nent un com­bat par les idées, je crois au sys­tème belge fran­coph­o­ne qui refuse de les laiss­er s’exprimer dans les médias. Ils sont mar­rants en France, ça marche telle­ment bien que le FN est à 40%… », Pollen Mag, 30/10/2016.

On l’a dit à son sujet

« La mar­que Vizorek, c’est cette fac­ulté à gliss­er habile­ment d’un reg­istre à l’autre : du chan­son­nier au standup­peur, du bon au mau­vais goût, de la cul­ture clas­sique à la pop­u­laire. Son dernier spec­ta­cle, Ad Vitam, en est l’exemple par­fait : une heure trente sur la mort, avec une ou deux «blagues de teub» au milieu d’un exposé comique sur le con­cept hei­deg­ge­rien du Dasein. Inspi­ra­tion Fab­rice Luchi­ni, une révéla­tion à ses débuts. La plas­ti­ci­enne Sophie Calle ou la chanteuse Mylène Farmer sont venues applaudir celui qui se dit aus­si à l’aise à la Fiac qu’au bar à fléchettes, sa pas­sion extrême. Zéro sno­bisme », Libéra­tion, 08/09/2023.

« Sur France Inter, les humoristes sont devenus les chiens de garde de la pen­sée unique. Ils pensent tous pareil, mais tous ! Et je tape sur la ‘Manif pour tous’ un jour, et je tape sur la droite le lende­main. Et le troisième jour, je dis à quel point c’est mal de vot­er Front nation­al… Comme c’est rebelle et courageux ! » Élis­a­beth Levy, C8.

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