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Lutte contre l’islamisme : la dentelle, nouvelle spécialité des Yvelines, revue de presse

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21 août 2021

Temps de lecture : 7 minutes
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Lutte contre l’islamisme : la dentelle, nouvelle spécialité des Yvelines, revue de presse

Temps de lecture : 7 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 1er mars 2021

Le département des Yvelines est-il en train d’être gagné par l’islamisme ? L’alerte sur son inquiétante progression en milieu scolaire lancée en novembre 2020 dans l’Obs par Didier Lemaire, un professeur de lycée à Trappes, a mis en lumière le contexte particulier de ce département. L’Observatoire du journalisme saisit l’occasion pour faire une revue de presse qui mène de découvertes en découvertes.

Le département des Yvelines, terre d’expansion de l’islamisme

Comme le soulig­nait Le Parisien en mars 2019, le départe­ment des Yve­lines compte une impor­tante com­mu­nauté musul­mane, « env­i­ron 140 000 per­son­nes de con­fes­sion musul­mane ». « 74 mosquées et autres lieux de culte » y sont présents.

Dans ce départe­ment, peut-être plus qu’ailleurs, l’islamisme gagne du ter­rain. « La marche tran­quille de l’islamisme », que soulig­nait Paris Match en 2020, peut être observée à Trappes, où, entre autres indices, « toutes les boucheries sont halal ».

Deux jour­nal­istes du Monde ont suite à leur enquête con­sacré un livre à la ville paru en 2018 inti­t­ulé « La com­mu­nauté ». L’Express le résume ain­si :  com­ment « cette com­mune des Yve­lines est passée en un demi-siè­cle des “cocos” aux “bar­bus” ».

En élar­gis­sant le spec­tre, le quo­ti­di­en La Croix souligne, dans un arti­cle pub­lié en octo­bre 2018 con­sacré à la mosquée d’Ecquevilly, la présence de réseaux islamistes et de finance­ments étrangers de mosquées dans le départe­ment. On apprend que la grande mosquée de Mantes-la-Jolie a accueil­li le siège de la Ligue islamique mon­di­ale, « l’organisation grâce à laque­lle le roy­aume des Saoud exporte dans le monde entier l’islam wah­habite, com­posante majeure du salafisme con­tem­po­rain », tan­dis que la mosquée Tarik-Ibn-Zyad des Mureaux « a longtemps accep­té la venue régulière de prédi­ca­teurs saou­di­ens ».

En juin 2016, le Figaro soulig­nait déjà que le départe­ment des Yve­lines était « un des bas­tions du dji­hadisme français ». Et la jour­nal­iste de citer « le Val-Four­ré à Mantes-la-Jolie, Trappes, Les Mureaux… Ces quartiers et villes des Yve­lines, arrière-cours ou bas­tions du dji­hadisme en France depuis de nom­breuses années ». On ne peut donc pas dire que l’on décou­vre le prob­lème dans le département.

Jean-Jacques Brot, le « préfet des migrants » qui « fait dans la dentelle » nommé dans les Yvelines

C’est dans ce con­texte que Jean-Jacques Brot a été nom­mé préfet des Yve­lines en avril 2018. Jean Jacques Brot n’est pas un incon­nu des médias. Il a été sous les pro­jecteurs pour ses fonc­tions précé­dentes. En 2015, il lui a été con­fié la mis­sion d’organiser l’accueil en France des réfugiés syriens et irakiens. Cela ame­nait le Monde dans son édi­tion du 8 mars 2017 à résumer son travail :

« Chaque jour, le préfet fait dans la den­telle pour ajuster offres et deman­des » pour amé­nag­er l’accueil des migrants en France.

Le Monde pré­cise que « le préfet des Syriens » a lors d’un déplace­ment ajouté une famille de Soudanais vivant en Israël à sa liste de migrants à réin­staller en France. On apprend plus loin dans l’article que le préfet cherche des solu­tions de loge­ment en France pour «  des familles en souf­france dans ces pays qui ploient sous les cen­taines de mil­liers de réfugiés ».

On aura com­pris que con­traire­ment aux pays où l’on va chercher des migrants déplacés, la France ne plie jamais sous le poids de l’immigration, fût-elle humanitaire.

La seule réserve à cette mis­sion est à lire dans les com­men­taires, notam­ment celui de Calaisien :

« Si cette mis­sion ne s’ar­rête pas le 6 mai a‑t-elle donc voca­tion à être per­pé­tuée jusqu’à la fin des con­flits en ori­ent ou ailleurs ? Aider n’im­plique pas des trans­ferts de pop­u­la­tion sans fin ! ».

Le Préfet qui « fait dans la dentelle » avec l’islamisme

Ce serait tou­jours avec la même dex­térité que le haut fonc­tion­naire représen­terait l’Etat dans le départe­ment des Yvelines.

Après l’alerte lancée par Didi­er Lemaire sur la pro­gres­sion de l’islamisme, le jour­nal Le Monde est allé le 9 févri­er à la ren­con­tre des autorités locales et de la population.

« À Trappes c’est l’incompréhension », résume le quo­ti­di­en du soir qui donne la parole au préfet des Yve­lines, Jean-Jacques Brot. Didi­er Lemaire serait selon lui « irre­spon­s­able » et met­trait de «  de l’huile sur le feu ».

Le préfet présente sa méth­ode de tra­vail : « Trappes est un ter­rain dif­fi­cile et déli­cat, nous faisons de la den­telle ». Après la méth­ode « tout en den­telle » pour accueil­lir des extra-Européens en France, c’est encore « tout en den­telle » que le préfet gér­erait l’islamisme dans le départe­ment où il représente l’État.

Tou­jours soucieux de ne pas déchir­er le tis­su de ses rela­tions, il affirme le 25 févri­er à L’Express :

« Les respon­s­ables musul­mans doivent respecter la loi mais on n’a pas à leur deman­der d’être répub­li­cains ».

Des pro­pos qui ne font curieuse­ment pas beau­coup de vagues.

Ceci expli­quant peut-être cela, l’hebdomadaichre a inter­rogé un autre préfet qui affirme que dans les « struc­tures opéra­tionnelles de l’État », hormis les dji­hadistes armés, « le reste du monde islamiste ne pose pas de prob­lème ». L’universitaire Bernard Rougi­er, qui a récem­ment con­sacré un livre aux «  ter­ri­toires con­quis de l’islamisme », répond à la mise en cause de ses travaux par le préfet, notam­ment con­cer­nant la sit­u­a­tion à la mosquée de Mantes-la-Jolie. Il souligne que « le préfet accorde plus de crédit à la parole d’un prési­dent d’association qu’à celle d’un uni­ver­si­taire fonc­tion­naire d’État ».

Volée de bois vert dans certains médias

La lâchage du pro­fesseur de philoso­phie par le préfet des Yve­lines sus­cite de nom­breuses réac­tions dans des médias dits « con­ser­va­teurs » ou à cheval dans la lutte con­tre l’islamisme.

Dès le mois d’octobre 2020, Mar­i­anne con­sacrait un arti­cle à « la grande com­pro­mis­sion d’élus avec l’islam rad­i­cal » dans les Yve­lines et notait déjà que « l’actuel préfet a rompu avec le style offen­sif de ses deux prédécesseurs ».

Encore plus sévère, Céline Pina soulig­nait récem­ment dans Causeur qu’« il y a quelque chose de pour­ri dans le départe­ment des Yve­lines ». Le préfet en place fig­ur­erait selon Céline Pina par­mi ceux qui en por­tent « la lourde respon­s­abil­ité ». Prenant pour exem­ple le manque de sou­tien au pro­fesseur de philoso­phie, elle ajoute : « Si les préfets devi­en­nent les meilleurs alliés de ceux qui men­a­cent les enseignants, c’est tout l’État qui se décon­sid­ère ».

Autre fait trou­blant men­tion­né par Céline Pina dans son arti­cle à par­tir d’une enquête de Mar­i­anne en mars 2020, le limo­geage d’un com­mis­saire de police.

«  Pour avoir évo­qué la bru­tale évic­tion du secré­taire général du con­seil des insti­tu­tions musul­manes des Yve­lines au prof­it de représen­tants musul­mans plus « rig­oristes » soutenus par des élus locaux, et notam­ment par Pierre Bédi­er, Jean-Luc Tal­tavull aurait été écarté sans ménage­ment ».

Sans tran­si­tion, Le Parisien nous appre­nait en mars 2019 à l’occasion d’une récep­tion organ­isée par le con­seil des insti­tu­tions musul­manes des Yve­lines que l’ambiance y est chaleureuse. Le préfet Brot n’est jamais avare de plaisan­ter­ies pour déten­dre l’atmosphère. Pour évo­quer l’évolution dans le départe­ment, Jérôme Ser­ri apporte sur le site Boule­vard Voltaire d’autres élé­ments édi­fi­ants attes­tant « la con­quista islamiste dans les Yve­lines ».

Mais il faut sur­veiller son lan­gage et peser chaque mot. Comme nous l’apprend Valeurs actuelles le 20 févri­er, Jean Mes­si­ha manie tou­jours le tweet avec un art con­som­mé de la provo­ca­tion. Il tente en quelques mots de résumer la situation :

« Dans les Yve­lines, les islamistes ont un ami. Le préfet Brot n’est pas con­tent que Didi­er Lemaire révèle la réal­ité de l’occupation islamique de la ville de Trappes. La col­lab­o­ra­tion des préfets, un triste retour des heures les plus som­bres. ».

48 heures après avoir mis en ligne son Tweet, Jean Mes­si­ha était con­vo­qué par la police suite au dépôt de plainte du préfet des Yve­lines au sujet de son tweet. Pour une fois que le camp dit patri­ote pra­tique le reduc­tio ad hitlerum, le moins que l’on puisse dire est que cela n’a pas lais­sé indifférent…Silence dans les rangs, on laisse la den­telle de côté un moment.