Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
L’Obs et les ex-musulmans d’extrême droite

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

2 décembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | L’Obs et les ex-musulmans d’extrême droite

L’Obs et les ex-musulmans d’extrême droite

Temps de lecture : 3 minutes

Il est parfois difficile d’être un journaliste du camp du bien. L’Obs vient d’en faire l’expérience. Quand ce ne sont plus les convictions qui vous animent mais la foi, entendre ce que l’on vous dit est une gageure. Au point d’en arriver à déformer les propos que l’on vous tient. Une affaire récente le montre à l’évidence.

Apostasie et flirt

L’Obs a con­sacré le 24 novem­bre 2019 un arti­cle en ligne à des ex-musul­mans vivant en France inti­t­ulé « ces ex- musul­mans qui fusti­gent l’islam ». Un sujet intéres­sant. L’apostasie, qui con­siste à renier sa foi en l’islam, est une démarche dif­fi­cile, qui n’est pas recon­nue par le Coran. Elle fait de vous un mécréant. Out­re le fait de plac­er l’intéressé au ban de sa com­mu­nauté, elle peut entrain­er dans des pays musul­mans des sanc­tions civiles.

Mais ce n’est pas ce qui intéresse les jour­nal­istes de LObs. Ce qui les intéresse, c’est le « flirt » que cer­tains ex-musul­mans entre­ti­en­nent avec « l’extrême droite ». Comme les ex-musul­mans ne sont pas con­sid­érés comme éclairés par les jour­nal­istes de L’Obs, cela n’est pas un choix. Ils sont « récupérés » par l’extrême droite. Le mag­a­zine s’est intéressé plus par­ti­c­ulière­ment à Zineb El Rha­zoui, Waleed Al Hus­sei­ni et Majid Oukacha.

Parcours spirituel ? Non, camp du mal

Le fon­da­teur du con­seil des ex musul­mans de France, Waleed Al Hus­sei­ni, a fui la Pales­tine après un séjour en prison, son apos­tasie y devenant trop dif­fi­cile à vivre. Il a écrit un livre sur son itinéraire spir­ituel et géo­graphique qui l’a amené en France. Ce qui retient l’attention de l’Obs, ce n’est pas son par­cours dif­fi­cile et l’intolérance auquel il a fait face. Non, ce qui est impor­tant, c’est la récupéra­tion par la « fachos­phère », sous-enten­du le camp du mal.

Propos déformés

L’essayiste Majid Oukacha a été inter­viewé par les deux jour­nal­istes de l’Obs et égale­ment auteurs de l’article. Il a eu la présence d’esprit d’enregistrer l’interview. Ses pro­pos ont été pour le moins curieuse­ment défor­més. Alors qu’il a affir­mé que « la plu­part des musul­mans se sen­tent plus proches des musul­mans que des non musul­mans », les jour­nal­istes de l’Obs lui font dire « « les musul­mans se sen­tent plus proches des islamistes que des non musul­mans ». A défaut d’entendre ce que l’on veut, on écrit ce que l’on veut entendre.

Prob­a­ble­ment sous l’effet du buzz créé par cette erreur (soyons généreux) ou cette manip­u­la­tion (soyons réal­istes), L’Obs a ensuite mod­i­fié les pro­pos de Majid Oukacha sur l’article en ligne. Par char­ité nous tairons les noms des deux jour­nal­istes incrim­inés. Pour l’amusement des petits enfants, une des deux jour­nal­istes incrim­inées se défend en expli­quant que, en effet M Oukacha «n’a pas pronon­cé textuelle­ment la cita­tion retenue dans notre arti­cle, il s’agit d’une syn­thèse ». Tout l’art de la synthèse…

Mais le fond de l’affaire demeure. Nos ex-musul­mans croy­aient avoir trou­vé la lib­erté de penser et d’expression en France. Ils sont con­fron­tés à des petits inquisi­teurs par­tis à la recherche de pen­sées déviantes. Zineb El Rha­zoui et Waleed Al Hus­sei­ni vivent sous pro­tec­tion poli­cière per­ma­nente. Majid Oukacha affirme être copieuse­ment insulté et men­acé sur twit­ter. On est loin de l’âge ten­dre et du flirt dont nous par­lent les jour­nal­istes de grand chemin de L’Obs.