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L’image est un média, une analyse spectrale des images des Présidents de la République

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21 avril 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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L’image est un média, une analyse spectrale des images des Présidents de la République

Temps de lecture : 4 minutes

C’est par l’excellent blog Délit d’images que nous avons découvert une vidéo de Michel Onfray décortiquant les photos officielles de cinq des Présidents de la Vème République, Charles de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing, François Mitterrand, François Hollande et Emmanuel Macron. Georges Pompidou, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy manquent à l’appel de l’analyse ou ne sont évoqués que fugitivement.

Si nous reprenons (et com­plé­tons un peu) le com­men­taire de Michel Onfray c’est que l’image est un média. Le choix de son image, par un Prési­dent et ses con­seillers, est tout sauf neu­tre. Il véhicule un mes­sage, pour lui-même, pour les français et pour l’étranger.

Les lecteurs qui dis­posent de vingt trois min­utes pour­ront se référ­er directe­ment à la vidéo. Ceux qui sont pressés peu­vent lire la syn­thèse qui suit.

La posture

Charles de Gaulle est debout, droit, impérieux, en Grand uni­forme de Grand Croix de la Légion d’Honneur. Gis­card d’Estaing est debout en buste, mais en cos­tume cra­vate, comme mon­sieur tout le monde. La fonc­tion se banalise.

François Mit­ter­rand est lui aus­si en cos­tume, assis, il regarde dans les yeux celui qui le regarde. François Hol­lande est debout, les bras bal­lants, l’air un peu per­du. Emmanuel Macron n’est ni assis, ni debout mais appuyé non­cha­la­m­ment le dos à son bureau comme un cadre d’entreprise.

Le cadre

Charles de Gaulle est dans la grande bib­lio­thèque de l’Élysée. VGA est… nulle part, il se détache seul sur le fond d’un dra­peau tri­col­ore. Mit­ter­rand revient à la clas­sique bibliothèque.

François Hol­lande est dans le jardin de l’Élysée, le palais se trou­ve à l’arrière, un peu flou. Deux dra­peaux sont pen­dus au bâti­ment, à gauche dans le loin­tain, le dra­peau français et celui de l’Union Européenne. De la manière dont le dra­peau tri­col­ore est sus­pendu, c’est le dra­peau des Pays-Bas qui se trou­ve fig­uré (celui de la Hollande ?).

Emmanuel Macron est dans son bureau, une fenêtre ouverte dans son dos. Une ouver­ture sur le jardin, un jardin urbain, pas sur la nature. Il se tient les deux mains appuyées sur le bureau, ses deux alliances ( ?) bien visibles.

Les livres et les objets

Charles de Gaulle s’appuie sur trois livres, nous n’avons pas pu retrou­ver les titres, peut-être un lecteur nous ren­seign­era-t-il. Onfray sup­pose que l’un deux est la Con­sti­tu­tion de la Vème République. VGA est seul sur l’image, sans livres ni objets. François Mit­ter­rand tient Les Essais de Mon­taigne dans ses mains. Un livre plutôt con­ser­va­teur fait remar­quer Michel Onfray. François Hol­lande est sans objet, ni livre, les mains vides.

Emmanuel Macron est le plus riche dans son envi­ron­nement. Une hor­loge mar­que 8h20 (du soir), un tout petit coq gaulois est présent comme bibelot, mais si petit. Il y a deux télé­phones porta­bles posés l’un sur l’autre. Et trois livres dont les com­mu­ni­cants nous appren­nent qu’il s’agit des Mémoires de guerre du général de Gaulle, du vol­ume con­tenant Le Rouge et le Noir de Stend­hal et du vol­ume con­tenant les Nour­ri­t­ures Ter­restres de Gide. Il y a deux dra­peaux celui de l’U.E. à droite quand on regarde le por­trait. Onfray remar­que avec justesse que dans les langues européennes (lues de gauche à droite), c’est l’image de droite qui compte, qui est prég­nante. Dans les mag­a­zines, les pub­lic­ités de la page de droite sont plus chères que celles de gauche. L’Union Européenne l’emporte sur le sym­bole de la France.

Tentative de synthèse

Georges Pom­pi­dou (absent de la vidéo) sera le dernier Prési­dent à se représen­ter en grand uni­forme, tous ensuite adoptent le banal cos­tume cra­vate. Sarkozy est le dernier à revenir à la bib­lio­thèque. Entre l’image du pre­mier Prési­dent de la Vème (Charles de Gaulle) et le dernier en date (Emmanuel Macron) le con­traste est sai­sis­sant. Charles de Gaulle est un monar­que, Emmanuel Macron est un chef d’entreprise qui a réus­si. Le pre­mier ne sourit pas, le sec­ond nous sourit ou plutôt se sourit à lui-même. Par ses lec­tures il nous indique à qui il veut s’identifier : au Général via Les Mémoires de guerre, à l’aventurier Julien Sorel à tra­vers Le Rouge et le Noir, à l’hédoniste Gide via Les Nour­ri­t­ures Ter­restres. Onfray analyse fine­ment ces dif­férences, mais qui les prend en compte vraiment ?

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