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Les Français et les médias, je t’aime moi non plus

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30 novembre 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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Les Français et les médias, je t’aime moi non plus

Temps de lecture : 6 minutes

Le 22 novembre 2023, La Croix publiait le 37ème baromètre de la confiance des Français envers les médias, réalisé par l’institut de sondage Kantar Public. Comme le plus souvent avec ce genre d’études, ce baromètre confirme la défiance des Français vis-à-vis des médias et des journalistes.

Télévision toujours là

Ce baromètre nous en apprend plus sur la manière dont les Français s’in­for­ment. Ain­si, con­traire­ment à une idée reçue, la télévi­sion reste encore la source d’in­for­ma­tion priv­ilégiée, que cela soit par le biais des chaînes d’in­for­ma­tion con­tin­ue ou par les jour­naux télévisés. La petite lucarne est util­isée au moins une fois par jour pour s’in­former par 69% des sondés, un score en baisse de deux points, tan­dis que la sec­onde source d’in­for­ma­tion, Inter­net, est en hausse de dix points et atteint 62%. Des chiffres par­lants, qui mon­trent bien le rôle crois­sant d’In­ter­net qui ne parvient pas, pour l’in­stant, à devenir un gage de con­fi­ance aus­si grand que la télévision.

Presse papier en berne

Ce baromètre con­firme égale­ment, s’il en était besoin, l’ef­fon­drement de la presse papi­er. Seuls 58% des sondés utilisent la presse quo­ti­di­enne régionale pour s’in­former, un score en baisse de sept points, un chiffre qui descend à 19% lorsqu’il s’ag­it d’une util­i­sa­tion quo­ti­di­enne. Un score plus bas encore pour la presse nationale papi­er, util­isée par seule­ment 50% des sondés, une baisse de sept points ; et seuls 14% ont une util­i­sa­tion quo­ti­di­enne de cette presse papier.

Médias, défiance et méfiance

Out­re la manière de s’in­former, ce baromètre nous en dit davan­tage sur le rejet et la défi­ance des sondés vis-à-vis des médias. En tout, 51% des sondés admet­tent ressen­tir de la fatigue vis-à-vis de l’in­for­ma­tion. Par­mi les trois raisons prin­ci­pales de cette fatigue, le baromètre relève : la redon­dance des sujets (48%, une hausse de trois points), un sen­ti­ment d’an­goisse face à l’ac­tu­al­ité (38%, une hausse de trois points), enfin, un manque de con­fi­ance dans ce que dis­ent les médias (27%, une hausse de cinq points).

Le manque de con­fi­ance est étayé dans ce baromètre. Ain­si, 57% des sondés – une hausse de trois points – déclar­ent qu’il faut se méfi­er des médias lorsqu’il s’ag­it des grands sujets d’ac­tu­al­ité. S’agis­sant de la con­fi­ance, les sources qui notent la plus grande aug­men­ta­tion de leur côte de con­fi­ance sont la presse régionale – 64%, une hausse de cinq points – et les proches – 71%, une hausse de trois points –. La baisse de con­fi­ance la plus sig­ni­fica­tive est subie par les réseaux soci­aux. Sur ce sujet de la con­fi­ance, l’indépen­dance des jour­nal­istes est égale­ment inter­rogée. Glob­ale­ment, 55% des sondés pensent que les jour­nal­istes ne sont indépen­dants ni des poli­tiques et du gou­verne­ment, ni des pres­sions de l’ar­gent. Seuls 25% pensent qu’ils sont indépen­dants. Des chiffres qui rejoignent la ten­dance observée ces dix dernières années.

Pour­tant, pour 75% d’en­tre eux, les sondés admet­tent avoir un intérêt pour l’ac­tu­al­ité. Notons-le donc, il ne s’ag­it pas d’un dis­crédit de l’in­for­ma­tion en elle-même mais bien de son traite­ment par des jour­nal­istes con­sid­érés comme des perroquets.

Trop de Nahel et d’Ukraine

Le traite­ment de l’in­for­ma­tion des événe­ments majeurs de 2023 est inter­rogé par ce baromètre. Un sondé sur deux juge que les émeutes suite à la mort de Nahel ont trop occupé l’ac­tu­al­ité. Vient ensuite la guerre en Ukraine, jugée trop présente pour 41% des sondés (plus trois points). Par­mi les sujets jugés pas assez présents, nous avons les débats sur la fin de vie, con­sid­érés comme trop peu présents dans les médias par 53% des sondés (plus un point). Vient ensuite les dif­fi­cultés dans le ser­vice pub­lic, sujet jugé absent par 55% des sondés. Enfin, vien­nent les vio­lences faites aux femmes, jugées peu présentes par 47% des sondés.

Un zoom est fait sur le traite­ment des ques­tions envi­ron­nemen­tales. Il en ressort que 67% des sondés esti­ment que les médias n’ap­puient pas assez sur les raisons d’e­spér­er, et pour 60% des sondés les médias n’évo­quent pas assez les con­séquences économiques et sociales de ce change­ment cli­ma­tique. Enfin, 54% esti­ment que les médias n’évo­quent pas assez les sujets con­nex­es du change­ment climatique.

Fracture de génération sur les réseaux sociaux

Le point le plus intéres­sant porte sur les réseaux soci­aux. Il met en avant une frac­ture généra­tionnelle très nette. Lorsqu’il s’ag­it de deman­der plus de régu­la­tion con­cer­nant la dif­fu­sion d’in­for­ma­tions sur les réseaux soci­aux, 65% des 50–64 ans et 72% des plus de 65 ans répon­dent par l’af­fir­ma­tive. Par­al­lèle­ment, 58% des 18–34 ans jugent qu’il faut moins de régu­la­tion. Un fos­sé intéres­sant, qui peut s’ex­pli­quer par la pra­tique des réseaux. Les réseaux sont sou­vent présen­tés comme étant des mines de fake-news – ce qu’ils sont dans une cer­taine mesure, admet­tons-le – par les médias plus clas­siques que con­som­ment davan­tage les plus de 50 ans. Dès lors, ils en ont une idée faussée, tan­dis que les jeunes, usagers de ces réseaux sont davan­tage con­scients de la cen­sure qui peut peser sur cer­tains réseaux.

Si l’on cor­rèle la demande de régu­la­tion au bord poli­tique, les ten­dances sont assez sim­i­laires, la majorité des sym­pa­thisants poli­tique veu­lent, glob­ale­ment, plus de régu­la­tion, avec un score très élevé par­mi les sym­pa­thisants du Par­ti Social­iste (69%), suivi des Répub­li­cains (67%) et enfin de Renais­sance (63%). L’un des rares par­tis dont les sym­pa­thisants inter­rogés veu­lent majori­taire­ment moins de régu­la­tion sont ceux de La France Insoumise (54% à vouloir moins de régulation).

Glob­ale­ment, 59% des sondés veu­lent un plus grand con­trôle sur les infor­ma­tions cir­cu­lant sur les réseaux sociaux.

L’intelligence artificielle questionnée

Le sujet de l’in­tel­li­gence arti­fi­cielle est traité. Pour résumer, les sondés ne font pas con­fi­ance à cette tech­nolo­gie et souhait­ent, à une large majorité, être prév­enue lorsque celle-ci est employée dans le cadre de l’in­for­ma­tion. Enfin, la dernière ques­tion porte sur les états généraux du jour­nal­isme organ­isés à l’ini­tia­tive du gou­verne­ment. Pour 57% des sondés, ils sont utiles.

Si nous devions résumer ce baromètre, dis­ons qu’il con­firme les ten­dances que beau­coup – dont l’OJIM – obser­vent depuis quelques temps. Une défi­ance crois­sante envers les médias de grand chemin, une lente pro­gres­sion de la place de l’in­for­ma­tion en ligne, que cela soit par les réseaux soci­aux ou les sites d’in­for­ma­tions, et la volon­té de beau­coup de Français de voir un change­ment dans le traite­ment de l’in­for­ma­tion. Notons-le, beau­coup de gens sont con­scients du traite­ment calami­teux de l’ac­tu­al­ité par nos médias. Une sit­u­a­tion encore con­fir­mée par l’as­sas­si­nat de Thomas à Crépol ou les man­i­fes­ta­tions patri­otes en Espagne.

Voir aus­si : Enquête con­fi­ance dans les médias Kantar/La Croix : tou­jours moins !

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