Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Manifestations en Espagne : le silence des médias français

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

22 novembre 2023

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Manifestations en Espagne : le silence des médias français

Manifestations en Espagne : le silence des médias français

Temps de lecture : 4 minutes

Peu évoquée, voire clairement ou volontairement ignorée, l’Espagne semble être reléguée à l’arrière-plan du paysage médiatique français en ce mois de novembre 2023. Alors que les Espagnols se mobilisent activement depuis une bonne quinzaine de jours pour protester contre le projet de loi d’amnistie décidé par Pedro Sanchez, la situation est largement passée sous silence par la plupart des médias français.

Un pari risqué de Pedro Sanchez

Suite à la débâ­cle du PSOE (équiv­a­lent du PS français) aux élec­tions locales en mai 2023, Pedro Sanchez était con­sid­éré par cer­tains comme mort poli­tique­ment, pour­tant il a mul­ti­plié avec suc­cès les efforts afin de recon­duire une majorité aux lég­isla­tives en juil­let en négo­ciant le sou­tien d’autres par­tis. Par­mi eux, la gauche rad­i­cale incar­née par Unidas Podemos et Sumar, mais aus­si les par­tis indépen­dan­tistes dont Junts de Car­les Puigdemont.

Afin de con­serv­er son poste, Pedro Sanchez a con­clu un accord avec les indépen­dan­tistes cata­lans sous la forme d’une une loi d’amnistie pour les séparatistes pour­suiv­is en jus­tice, mais aus­si l’effacement de 20% de la dette catalane.

Vives tensions dans le pays

Depuis début novem­bre, la droite mod­érée du PP et celle plus rad­i­cale de VOX se rassem­blent mas­sive­ment tous les soirs dans la cap­i­tale devant le siège du PSOE et dans d’autres grandes villes comme Grenade, Barcelone ou Valence aux cris de « Sanchez, traître », « Ce n’est pas un prési­dent, c’est un délin­quant » ou encore « L’Es­pagne n’est pas à vendre ».

Le Monde ajoute que “des échauf­fourées menées par des grou­pus­cules néon­azis et fas­cistes ont fait 39 blessés, dont 29 policiers à Madrid, mar­di soir (10/11/2023). La plu­part des médias français n’évoquent pas ou peu la sit­u­a­tion espag­nole, s’ils le font, c’est pour soulign­er davan­tage le pro­jet d’amnistie et le mécon­tente­ment nation­al très briève­ment comme Le Monde. Peu de jour­naux de sen­si­bil­ité de gauche se sont intéressés véri­ta­ble­ment à l’importance des protes­ta­tions qui durent depuis plus de vingt jours et qui sont surnom­mées le “Noviem­bre Nacional” (Le Figaro, 17/11/2023) a insisté sur l’ampleur des divi­sions dans la société madrilène liées au pro­jet d’amnistie :

Plus pré­cisé­ment, au car­refour de cette rue et de la Calle Mar­qués de Urqui­jo, l’en­droit le plus proche du numéro 70 de la Calle Fer­raz où il est pos­si­ble d’ac­céder. Car le siège his­torique du Par­ti social­iste (PSOE) est pro­tégé par les four­gons de la police nationale et les bar­rières qu’elle a dis­posées. Au dépit des man­i­fes­tants, qui sem­blent éton­nés de con­stater que les forces de l’or­dre leur font face plutôt que d’être à leurs côtés, et le leur reprochent par des slo­gans. Plusieurs mil­liers de per­son­nes, 4.000 selon le décompte pro­vi­soire de la pré­fec­ture, sont venues exprimer, une fois de plus”.

D’autre part, le fon­da­teur de VOX, Ale­jo-Vidal Quadras avait été blessé par balles dans l’un des quartiers les plus chics de Madrid, en sor­tant de la messe. Seul Valeurs Actuelles en a fait état dans la presse française. Suite à cet évène­ment, le prési­dent de VOX San­ti­a­go Abas­cal a appelé à la résis­tance affir­mant que l’Espagne vit “le début de la fin de la démocratie”.

Un mouvement au caractère intergénérationnel inédit

Comme peu de médias tra­di­tion­nels français (télévi­sion, jour­naux, radio) trait­ent des protes­ta­tions, cer­tains activistes comme le fran­co-espag­nol Raphael AYMA ont util­isé les réseaux soci­aux pour informer sur la sit­u­a­tion, notam­ment via Twit­ter. Il souligne notam­ment le car­ac­tère inédit d’un mou­ve­ment intergénéra­tionnel qui va au-delà de la con­tes­ta­tion de l’amnistie mais qui con­dense des reven­di­ca­tions iden­ti­taires où l’on scan­de des slo­gans anti-immi­gra­tion ou encore “Espagne chré­ti­enne, non musulmane”.

Il s’agit de l’ensemble des reproches adressés au gou­verne­ment social­iste. L’activiste se désole de la cou­ver­ture insuff­isante des évène­ments « Des rassem­ble­ments dans tout le pays, pen­dant quinze jours d’af­filée, avec des cortèges de plusieurs mil­liers de per­son­nes, c’est ce qu’on appelle une crise poli­tique. C’est absol­u­ment hal­lu­ci­nant de voir la presse française ne presque pas le doc­u­menter, alors que l’Es­pagne est un pays voisin et que ses cham­boule­ments poli­tiques auront néces­saire­ment un impact ici. » Avant le 7 novem­bre, les man­i­fes­ta­tions étaient assez paci­fiques, mais cette date mar­que un tour­nant avec des images d’une rare vio­lence de répres­sion poli­cière dif­fusées sur les réseaux soci­aux. Enfin, comme le souligne San­ti­a­go Abas­cal, il est intéres­sant d’observer un pays comme l’Espagne, que l’on pen­sait sor­ti de l’Histoire, y revenir et déclencher un tel mou­ve­ment social comme le souligne le site Breizh-Info.

Voir aus­si : Inva­sion migra­toire à Ceu­ta : la fab­rique du con­sen­te­ment par les médias de grand chemin. Deux­ième partie