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Les Échos contre le populisme

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21 novembre 2018

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Les Échos contre le populisme

Les Échos contre le populisme

Temps de lecture : 3 minutes

Il ne se passe pas de jour où les médias de grand chemin ne reprennent comme un mantra « la démocratie est menacée par les populismes ». Le président Macron s’accroche à cet antienne pour les prochaines élections européennes : les progressistes-amis-de-la-paix nous protègeront contre les nationalistes-fauteurs-de-guerre. Un hymne mis en musique également dans Les Échos de Bernard Arnault sous forme de « bon enseignement de l’économie » le 13 novembre 2018 par Jean Peyrelevade.

Maître Peyrelevade

Un des pre­miers sou­tiens d’Emmanuel Macron, ancien mem­bre du cab­i­net de Pierre Mau­roy, arti­san act­if du tour­nant de la rigueur en 1982/1983 (le prési­dent Mit­ter­rand tour­nant le dos à toutes ses promess­es de cam­pagne), négo­ci­a­teur de l’implantation d’EuroDysney en France, admin­is­tra­teur de sociétés, Peyrel­e­vade est un mem­bre émi­nent de l’establishment. En 2006 Jean Peyrel­e­vade signe plaider coupable avec la jus­tice améri­caine dans le cadre de l’affaire Exec­u­tive Life. Il accepte une peine de 500 000 dol­lars d’a­mende, cinq ans de mise à l’épreuve et trois ans d’in­ter­dic­tion d’en­trée sur le ter­ri­toire améri­cain pour, selon la jus­tice améri­caine, avoir fourni à la FED de fauss­es infor­ma­tions et avoir men­ti dans cette affaire.

Le bon enseignement de l’économie

Regret­tant (à juste titre) la faible con­nais­sance de l’économie par les Français, l’ami Jean fustige les approches qu’il appelle idéologiques de l’économie. Sans se ren­dre compte que l’économie est aus­si poli­tique. Ne pas le pren­dre en compte c’est sim­ple­ment jus­ti­fi­er la société telle qu’elle est et la dom­i­na­tion de la caste hors sol à laque­lle il appar­tient. Suiv­ent quelques portes ouvertes gen­ti­ment enfoncées:

« La bonne méth­ode est, à mon avis, rad­i­cale­ment dif­férente. Une fois de plus, l’é­conomie se vit quo­ti­di­en­nement, de façon très con­crète, pour l’ensem­ble des citoyens. C’est de cette réal­ité que l’on doit par­tir, pour mon­ter pro­gres­sive­ment vers l’ab­strac­tionBien enten­du, cette approche doit être détail­lée tant au niveau microé­conomique (pour chaque entre­prise, chaque ménage) qu’en ter­mes macroé­conomiques. La compt­abil­ité nationale, agré­ga­tion des compt­abil­ités d’a­gents, doit être enseignée en même temps. La sépa­ra­tion des deux dis­ci­plines, à ce niveau élé­men­taire, n’a aucun sens ». 

Cachant mal un projet politique

Le dia­ble mon­tre rapi­de­ment ses cornes et son pied fourchu, nous citons : « Une telle sit­u­a­tion frag­ilise la démoc­ra­tie et facilite la mon­tée des pop­ulismes, ver­sion Le Pen ou Mélen­chon ». Il suff­i­sait d’y penser : pour assur­er la péren­nité des class­es dom­i­nantes du monde libéral lib­er­taire il suf­fit d’enseigner que tout change­ment est impos­si­ble. De la même manière que la Com­mis­sion Européenne inter­dit au gou­verne­ment ital­ien de déter­min­er sa poli­tique économique. Comme le dis­ent les néo­con­ser­va­teurs anglo-sax­ons TINA There is no alter­na­tive (il n’y a pas d’alternative). Se réfu­giant der­rière « l’intérêt général » Jean Peyrel­e­vade défend les intérêts matériels et moraux qui ont per­mis l’élection d’Emmanuel Macron, les mêmes que ceux de la Com­mis­sion. Au fond il ne s’agit pas tant d’enseignement de l’économie que – comme l’indique naïve­ment le sous-titre de l’article – de bâtir une « arme con­tre le pop­ulisme ». Au moins les choses sont dites.