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Les comptes QAnon supprimés sur Facebook et Instagram, ou comment le conspirationnisme a bon dos

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28 décembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes
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Les comptes QAnon supprimés sur Facebook et Instagram, ou comment le conspirationnisme a bon dos

Temps de lecture : 3 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 17/10/2020

C’est entendu pour Facebook, Instagram et bien d’autres il n’y a pas d’État profond américain. Il n’y a pas non plus de lobby militaro-industriel lié aux agences de renseignement, les réseaux Soros sont inexistants et ceux qui diraient le contraire sont des « conspirationnistes » à éliminer. Vraiment ?

QAnon, kesaco ?

Le Q vient de l’utilisation de cette let­tre pour mar­quer le con­fi­den­tiel défense et le Anon est le début de Anony­mous. On pour­rait traduire par « con­fi­den­tiel défense anonyme ».

QAnon est un mou­ve­ment typ­ique­ment améri­cain, dif­fi­cile à com­pren­dre pour un esprit européen. Ses mem­bres qui sem­blent très act­ifs sur les réseaux soci­aux sont con­va­in­cus qu’un Etat pro­fond, for­mé essen­tielle­ment par des mil­liar­daires démoc­rates (mais aus­si par un cer­tain nom­bre de répub­li­cains), con­trôle la vie poli­tique du pays. Cette nomen­klatu­ra cachée s’appuierait sur le lob­by mil­i­taro-indus­triel et aurait des pra­tiques pédophiles crim­inelles. Les QAnon sou­ti­en­nent Trump.

Suppression des comptes

Face­book annonçait le 6 octo­bre 2020, la sup­pres­sion de tous les comptes, pages et groupes liés à la mou­vance QAnon, sur sa plate-forme prin­ci­pale et sur Insta­gram. Ceci en pleine cam­pagne élec­torale prési­den­tielle améri­caine. Dès le mois d’août la société avait pris des mesures pour empêch­er les comptes de la mou­vance de faire de la pub­lic­ité et de ven­dre des pro­duits afin de l’assécher finan­cière­ment. Ces mesures per­me­t­taient aus­si de rétro­grad­er les fils d’actualité, de lim­iter leur dif­fu­sion. Face­book pré­cise que même les pages qui ne « con­ti­en­nent pas de con­tenus vio­lents » seront sup­primées si elles sont asso­ciées à la mou­vance, a pré­cisé Face­book dans son communiqué.

Une chasse aux sorcières qui interroge

Il ne nous appar­tient pas en tant qu’européens de juger du bien ou du mal fondé des asser­tions divers­es de QAnon. Mais ses adeptes expri­ment des opin­ions, que l’on peut partager, trou­ver ridicules, com­bat­tre , c’est selon. Ces opin­ions sont pro­tégées aux Etats Unis par le pre­mier amende­ment de la Con­sti­tu­tion. Face­book cen­sure donc offi­cielle­ment des opin­ions qui lui déplaisent. Des opin­ions con­trôlées au som­met par un « con­seil mon­di­al de sur­veil­lance » dont les pre­mières nom­i­na­tions vien­nent des cer­cles financés par George Soros ou bien proches de la gauche libérale libertaire.

De manière para­doxale la sup­pres­sion des comptes de QAnon par Face­book viendrait d’une cer­taine manière con­firmer l’existence sinon d’un État pro­fond, du moins de ram­i­fi­ca­tions poli­tiques, économiques, idéologiques, médi­a­tiques pro­tégeant cer­tains intérêts matériels et moraux désireux de con­serv­er et d’accroître leurs pouvoirs.

Emmanuel Macron conspirationniste ?

Lors des réu­nions du G7 en 2019 Emmanuel Macron a employé plusieurs fois le terme « État pro­fond », coupable selon lui de résis­tances vis-à-vis de cer­tains de ses choix stratégiques. Au sujet du som­met de Biar­ritz, qui n’a pas don­né lieu à un com­mu­niqué final, il se plaig­nait de « chicayas de bureau­crates et d’Etats pro­fonds ». Et il ajoutait le 21 août 2919 « Je ne veux pas être l’otage de gens qui négo­cient des com­mu­niqués pour moi ». Face­book devra t’il cen­sur­er le prési­dent français s’il emploie de nou­veau le terme inter­dit d’« Etat profond » ?

PS : Le 17 jan­vi­er 1961 dans un dis­cours télévisé fameux de fin de man­dat, Ike Eisen­how­er met­tait en garde ses com­pa­tri­otes, nous citons :

« Dans les con­seils du gou­verne­ment, nous devons pren­dre garde à l’ac­qui­si­tion d’une influ­ence illégitime, qu’elle soit recher­chée ou non, par le com­plexe mil­i­taro-indus­triel. Le risque d’un développe­ment désas­treux d’un pou­voir usurpé existe et per­sis­tera. »