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Le Libération de Dov Alfon ? Un quotidien militant qui croit que la police « casse la République »

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2 décembre 2020

Temps de lecture : 5 minutes
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Le Libération de Dov Alfon ? Un quotidien militant qui croit que la police « casse la République »

Temps de lecture : 5 minutes

Dans son édition du mercredi 25 novembre 2020, Libération faisait sa couverture sur le démantèlement du camp de migrants monté à la hâte place de la République à Paris. Une couverture et un traitement à la mode 6 février 1934, comme si la France menait une politique « fasciste » contre les migrants. Lecture.

Le titre de Libéra­tion, « Lun­di 23 novem­bre, Paris, 22 h 15 : casse de la République », le quo­ti­di­en ayant pris l’habitude des jeux de mots et de « l’humour », se com­prend en deux sens :

  • L’idée est celle d’un cam­bri­o­lage ou même d’un viol de la République, en tant qu’institution ;
  • L’idée est aus­si celle d’une République qui, sous le gou­verne­ment actuel, aurait fait un « casse » ce soir-là.

L’accroche : « L’extrême bru­tal­ité avec laque­lle la police a déman­telé un camp de migrants au cœur de Paris a « choqué » jusqu’au min­istre de l’Intérieur. Aboutisse­ment d’un sen­ti­ment d’impunité des forces de l’ordre entretenu par le gou­verne­ment lui-même. »

Pour Libéra­tion, en cou­ver­ture, le prob­lème ce ne sont ni les migrants ni les organ­i­sa­tions poli­tiques très à gauche ayant mis en scène ce coup mon­té médi­a­tique, c’est la République et ses forces de l’ordre.

Un dossier d’une rare violence hypocrite

Dans les pages intérieures, le traite­ment de l’événement par Libéra­tion ne ressem­ble guère à du jour­nal­isme mais à du mil­i­tan­tisme poli­tique d’une rare vio­lence, le quo­ti­di­en accrédi­tant entière­ment la ver­sion des asso­ci­a­tions et des organ­i­sa­tions poli­tiques ayant manip­ulé les migrants pour don­ner l’effet médi­a­tique voulu – et obtenu. Libéra­tion fait comme si les événe­ments avaient eu lieu « naturelle­ment », comme s’ils n’avaient pas été orchestrés.

Cela appa­raît dans les titres, les inter­titres et l’éditorial de Dov Alfon :

  • « Vio­lences poli­cières, les féro­ces de l’ordre »
  • « dérives autori­taires du gouvernement »
  • « Vio­lences poli­cières insoutenables »
  • Les policiers se dont « défoulés » en « toute impunité »
  • Pour Libéra­tion, ce ne sont ni des migrants ni des délin­quants qui ont été évac­ués mais des « exilés », des « sans-abris »
  • « des policiers pour­suiv­ant à coups de matraque des jeunes Africains et Afghans dans les rues de Paris, bru­tal­isant un pho­tographe au sol ou piégeant des migrants dans leurs tentes pour les déballer comme du linge sale sous la stat­ue de la République qui tient dans une main un rameau d’olivier, et dans l’autre une tablette por­tant l’inscription droits de l’Homme »
  • L’éditorial par­le de « syn­di­cats de police où se répand le racisme le plus abject »
  • Le min­istre de l’intérieur est con­sid­éré comme une sorte de dingue : « le min­istre de l’Intérieur s’est fendu d’un tweet dénonçant « des images choquantes », offrant ain­si une image non moins choquante de son inconscient. »
  • L’intervention de la police est com­parée, out­rageuse­ment, à la répres­sion con­tre les man­i­fes­tants en Biélorussie.
  • Inter­rogés, des migrants « se deman­dent com­ment la France a pu en arriv­er-là ». Un exem­ple ? « On est heureux parce qu’on a fui la guerre. Mais quand on voit com­ment on est traités, on se dit que finale­ment, on n’est pas beau­coup mieux lotis.» C’est sérieux ? La ques­tion se pose d’autant plus que ce genre de phrase a déjà été enten­du, à plusieurs repris­es, depuis des mois. A croire que les migrants, délin­quants illé­gale­ment présents sur le sol européen et nation­al, béné­fi­cient d’éléments de langage.

Par con­tre, le quo­ti­di­en ne donne pas la parole aux policiers.
Ne s’interroge pas non plus sur le ras-le-bol qui peut exis­ter au sein des forces de l’ordre. Ni sur sa pro­pre respon­s­abil­ité, en tant que quo­ti­di­en de référence durant de longues années du monde libéral lib­er­taire, ce même monde qui a finale­ment con­duit à trans­former la France en Macronie. Ce que ce même quo­ti­di­en reproche juste­ment à la France actuelle, d’être cette Macronie.

Les arti­cles qui suiv­ent évo­quent des « scènes d’une rare bar­barie », « un vent d’impunité souf­flé par les autorités », et, sans écrire le mot, mon­trent une ambiance de rafle, avec des policiers sai­sis­sant « des tentes de migrants sans abri et les chas­sent pen­dant des heures, la nuit, dans les rues de Paris, sur ordre du préfet… », comme si la France était dev­enue la copie d’un des Etats total­i­taires du 20e siè­cle. Il y aurait, sur la ques­tion des man­i­fes­ta­tions, « une dérive autori­taire » du gou­verne­ment, Libéra­tion prenant en exem­ple de récentes man­i­fes­ta­tions, comme celles d’Extinction Rébel­lion ou des fémin­istes. Il ne fait cepen­dant pas référence à des formes de répres­sion plus anci­ennes, menées par des gou­verne­ments qu’il soute­nait con­tre des idées qui déplaisent à Libéra­tion, comme les man­i­fes­ta­tions de La Manif Pour Tous en 2012 et 2013 ou celles des gilets jaunes.

Le Libéra­tion de Dov Alfon pour­suit sur la lancée his­torique du quo­ti­di­en, en attaquant les forces de l’ordre et en masquant ouverte­ment le prin­ci­pal prob­lème posé par les migrants : que font-ils là ? Le quo­ti­di­en donne aus­si qui­tus aux manip­u­la­tions des organ­i­sa­tions immi­gra­tionnistes dont l’objectif n’était autre que d’obtenir un effet médi­a­tique, ce qui ne leur fut pas dif­fi­cile étant don­né la bien­veil­lance automa­tique dont elles béné­fi­cient de la part des médias de grand chemin.

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