Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Le dernier coup Fourest de Caroline !

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

10 août 2022

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Le dernier coup Fourest de Caroline !

Le dernier coup Fourest de Caroline !

Temps de lecture : 5 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 29 jan­vi­er 2022

Journaliste militante et éditorialiste progressiste, Caroline Fourest a fait parler d’elle en fin d’année 2021 pour son implication dans la revue Franc-Tireur. Le début d’année 2022 l’aura une nouvelle fois mis sous le feu des projecteurs pour une brouille avec la Société des rédacteurs de « Marianne »…

À l’origine de la brouille, un certain Thomas NLend

Si le jour­nal Mar­i­anne a bien sou­vent le mérite d’élever le niveau dans le paysage médi­a­tique français, cette nou­velle affaire Fourest n’est pas vrai­ment flat­teuse. À l’origine de ce petit con­flit édi­to­r­i­al, on retrou­ve un per­son­nage trou­ble : Thomas NLend.

Cet auteur et réal­isa­teur a pub­lié en ce début d’année un ouvrage, Les bouf­fons de la haine, dans lequel il racon­te une – pré­ten­due – infil­tra­tion dans l’association Égal­ité et Réc­on­cil­i­a­tion du polémiste Alain Soral. Depuis la sor­tie de ce livre le 12 jan­vi­er 2022, Car­o­line Fourest en assure la tournée pro­mo­tion­nelle, flat­tant l’ouvrage dans Franc-Tireur sous la une racoleuse inti­t­ulée : « Infil­tré chez Soral ».

Cepen­dant, le livre n’est pas du goût de tous chez Mar­i­anne et a réveil­lé un con­flit antérieur con­cer­nant une enquête du rédac­teur-en-chef adjoint du jour­nal, Gabriel Lib­ert. Celui-ci avait pub­lié un arti­cle le 30 juil­let 2020 dans lequel il dénonçait les liens entre un humoriste (Ahmed Syl­la) et une « ex-fig­ure de la fachos­phère » : un cer­tain Tomas Pone, alias Math­ias Cardet qui s’avère être Thomas NLend.

Allo, c’est Caro !

Le 19 jan­vi­er, une semaine après la paru­tion du livre, le site Arrêt sur images a révélé le con­flit de l’été 2020. On apprend que la jour­nal­iste avait fait pres­sion sur Gabriel Lib­ert en juil­let 2020 pour qu’il ne pub­lie pas l’article sus­men­tion­né. Selon la Société des rédac­teurs de Mar­i­anne (SRM), Car­o­line Fourest aurait alors ten­té de con­va­in­cre Gabriel Lib­ert au cours d’un appel télé­phonique en le met­tant en con­tact avec une source poli­cière… Qui s’avérait être Noël Dubus ! Per­son­nage trou­ble encore, impliqué dans les affaires libyennes de Nico­las Sarkozy, c’est ce Noël Dubus qui aurait, selon mon­sieur NLend, été à l’origine de de son infil­tra­tion dans l’association d’Alain Soral.

Caroline sort la sulfateuse !

Sur son blog, Car­o­line Fourest a tenu à se défendre des accu­sa­tions de la SRM, affir­mant regret­ter que la Société des rédac­teurs « se soit lais­sée instru­men­talis­er ». Pas très « bien­veil­lante » à l’égard de Gabriel Lib­ert elle décrit l’intéressé comme étant « for­mé à l’école paparazzi » et « recruté pour écrire des papiers peo­ple ». Elle l’accuse en out­re d’avoir con­sacré un grand entre­tien au met­teur en scène Christophe Rug­gia, accusé d’attouchements par Adèle Haenel.

Car­o­line Fourest dénonce les erre­ments déon­tologiques sup­posés de son con­frère en appor­tant un doc­u­ment cen­sé aller dans ce sens. Le fond du prob­lème sem­ble être ici de savoir si mon­sieur NLend était infil­tré chez Alain Soral ou s’il y était de son plein gré. Car­o­line Fourest, elle, a tranché. Gabriel Lib­ert n’est cepen­dant pas le seul con­frère à être attaqué par la jour­nal­iste ; le site Arrêt sur image, qui ne la ménage pas, est aus­si visé, qual­i­fié d’« officine idéologique qui hait la gauche Char­lie ». Se des­sine ici les con­tours d’une frac­ture dans la presse de gauche qui peut sché­ma­tique­ment se résumer entre une vieille garde laï­carde et une presse aux ten­dances indigénistes. Cette frac­ture n’est d’ailleurs pas au cœur du con­flit entre Car­o­line Fourest et la SRM, Mar­i­anne se retrou­vant plutôt dans une gauche « canal his­torique ». Le con­flit sem­ble ici plus repos­er sur une querelle de personnes.

Thomas NLend, l’étrange épicentre de l’affaire

Au cœur de cette affaire de presse, Thomas NLend con­nu dans les « mou­vances dis­si­dentes » et sur inter­net sous le nom de Math­ias Cardet est à l’origine de plusieurs ouvrages dont cer­tains ont con­nu un cer­tain suc­cès. En 2011, il pub­lie le livre Hooli­black, con­trac­tion de « hooli­gan » et « black » un ouvrage dans lequel il évoque son passé réel ou fan­tas­mé de hooli­gan et son appar­te­nance au groupe antifas­ciste « Black Drag­ons ». Lui-même avouera plus tard s’être large­ment arrangé avec la vérité. En 2013, il pub­lie L’Effroyable impos­ture du rap français aux édi­tions Kon­tre kul­ture. Un ouvrage cri­tique con­tre le rap et ses dérives cap­i­tal­iste qui trou­ve un écho très favor­able dans la sphère soralienne.

Les Inrocks, ont pub­lié un arti­cle cri­tique sur le per­son­nage et sur son livre dans lequel est révélé son impli­ca­tion dans l’affaire George Tron !

Infiltré ou pas infiltré ?

Car­o­line Fourest a‑t-elle été dupée ? Est-elle con­sciente du manque de fia­bil­ité de Thomas NLend ? Celui-ci était ‑il en ser­vice com­mandé chez Soral ou a‑t-il voulu rentabilis­er un « engage­ment » mil­i­tant dont il s’est éloigné ?

Dif­fi­cile d’imaginer qu’une telle impli­ca­tion avec une pro­duc­tion d’ouvrage et un sou­tien sans faille n’a été opérée que dans le cadre d’une infil­tra­tion. Car­o­line Fourest, elle, a décidé de quit­ter le Con­seil de sur­veil­lance de CMI France (Czech Media Invest) qui pos­sède Mar­i­anne pour pou­voir répon­dre plus sere­ine­ment à « ces attaques ». En revanche vous pour­rez tou­jours pren­dre plaisir à lire Car­o­line Fourest dans Franc-tireur édité et financé par CMI.

Pas tou­jours très regar­dante sur ses sources, Car­o­line Fourest avait été rap­pelée à l’ordre par le CSA en 2014 mais aus­si remise à sa place par des vétérans pour son film sur les com­bat­tantes kur­des en 2019. Volon­tiers polémique, elle sem­ble aujourd’hui s’embourber dans une affaire qui pour­rait ali­menter un peu plus les oppo­si­tions qui sévis­sent au sein de la gauche médiatique.