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École de journalisme de Toulouse : ville et enseignement rose

29 août 2023

Temps de lecture : 6 minutes
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École de journalisme de Toulouse : ville et enseignement rose

Temps de lecture : 6 minutes

Créée en 1990, l’École de journalisme de Toulouse (EJT) est un établissement français privé d’enseignement supérieur au statut d’association à but non lucratif régi par la loi du 1er juillet 1901. Elle a été reconnue par la profession en 2001 et par l’État en 2012. L’école forme ses étudiants au métier de journaliste dans la presse quotidienne régionale et nationale, dans les périodiques et les médias audio-visuels et web.

Un cursus sur trois ans

Le cur­sus se déroule sur trois années, ce qui la dis­tingue de la plu­part de ses con­cur­rentes qui pro­posent des for­ma­tions en deux ans. Située rue de la Fonderie, dans le cen­tre de Toulouse, l’E­JT loue ses locaux à l’In­sti­tut Catholique mais est totale­ment indépen­dante de cette institution.

L’en­trée en « fil­ière clas­sique » (for­ma­tion ini­tiale) s’ef­fectue par un con­cours ouvert aux étu­di­ants tit­u­laires au min­i­mum d’un diplôme de niveau Bac+2 ou d’un bac avec expéri­ence pro­fes­sion­nelle (CDI de 2 ans au min­i­mum). Les frais de sco­lar­ité en pre­mière et deux­ième année sont de 4 250 euros et sont réduits à 3 000 euros la troisième année.

Par­mi les anciens élèves, on peut citer Tania Young, ani­ma­trice à France 2, Alexan­dre Ruiz, jour­nal­iste sportif, Myr­i­am Bounafaa, jour­nal­iste à France Info, ou encore Dim­itri Pavlenko, présen­ta­teur de la mati­nale d’Europe 1 où offi­cie égale­ment l’hu­moriste icon­o­claste Gas­pard Proust.

La « diversité » toujours proclamée

Comme la plu­part de ses con­sœurs, l’E­JT revendique la sacro-sainte « diver­sité » des pro­fils de ses étu­di­ants, reje­tant les accu­sa­tions de « for­matage » sou­vent (légitime­ment) portées con­tre ces étab­lisse­ments. « For­ma­tion ne sig­ni­fie pas for­matage ! » s’ex­clame Pierre Gin­abat1, son directeur, sur le site inter­net de l’é­cole, affir­mant qu’il ne s’ag­it pas d’im­pos­er un « moule » aux étu­di­ants mais de leurs offrir « un socle de règles élé­men­taires » pour qu’en­suite ils puis­sent exercer leur méti­er en toute indépen­dance et, bien sûr, en se défi­ant de la « dés­in­for­ma­tion » qui n’est cepen­dant pas définie. « C’est comme cela que peut fonc­tion­ner la démoc­ra­tie, et c’est l’exact con­traire de la pen­sée unique, imposée par les minorités agis­santes aux majorités silen­cieuses et par les forts aux faibles, qui est la car­ac­téris­tique des dic­tatures. » proclame égale­ment avec emphase et grav­ité le directeur.

La « diver­sité » est donc une véri­ta­ble « pas­sion » à l’E­JT où « tout le monde a sa place, quelque soit son par­cours » à con­di­tion de partager les « valeurs » de l’étab­lisse­ment qui sont : « Hon­nêteté, curiosité, rigueur, ent­hou­si­asme, pas­sion pour l’actualité et le jour­nal­isme ». À l’E­JT, qu’on se se dise, on con­sid­ère que « l’hu­main est une valeur fon­da­men­tale » con­traire­ment sans doute à d’autres struc­tures où la pas­sion de l’in­hu­main prédomine.

De bien belles pro­fes­sions de foi toute­fois quelque peu mal­menées dans la réal­ité si l’on en croit cer­tains anciens étudiants.

La religion catholique exclue des enseignements ?

Ain­si Marc, qui a fréquen­té l’é­cole au cours des années 2010, nous explique que s’il n’a jamais ressen­ti de pres­sion idéologique « explicite », il a néan­moins très rapi­de­ment com­pris qu’il était plus pru­dent de cacher sa foi catholique et de ne pas exprimer d’opin­ions poli­tiques « droitières ». Une impres­sion con­fir­mée par les ses­sions de for­ma­tion « Reli­gions » où des présen­ta­tions de plusieurs heures ont été con­sacrées à l’Islam et au Judaïsme mais aucune au Catholi­cisme, qui reste pour­tant, offi­cielle­ment tout du moins, la reli­gion majori­taire en France. Une absence dont l’é­trangeté s’avér­era ren­for­cée par le car­ac­tère « ori­en­té » de ces enseignements.

« Hon­nête­ment, le cours ressem­blait plus à une leçon de pro­mo­tion de l’Islam qu’à autre chose. La pro­fesseure fai­sait par exem­ple l’apologie du voile islamique, de manière absol­u­ment par­ti­sane, et avait défendu corps et âme Émi­lie König2» explique notam­ment Marc en pré­cisant que cette présen­ta­tion avait sus­cité des « débats » avec des élèves quelque peu inter­loqués, bien que fort peu soupçonnables « d’islamophobie ».

Qui plus est, dans le cadre de ce cours, les élèves avaient été amenés à ren­con­tr­er l’imam Abdelfat­tah Rah­haoui qui leur avait exposé sa vision de l’Islam et de la société pen­dant plus d’une heure, sans con­tra­dic­tion. L’i­mam Rah­haoui est pour­tant un homme pour le moins con­tro­ver­sé, ayant notam­ment été con­damné en 2016 à qua­tre mois de prison avec sur­sis pour enseigne­ment non-con­forme au sein de son école musul­mane hors con­trat Al Badr (avant d’être relaxé en appel en 2018). « Il avait notam­ment cri­tiqué la laïc­ité avec vir­u­lence, et en par­ti­c­uli­er Manuel Valls » se sou­vient Marc qui avait alors ten­té de rap­pel­er l’ex­i­gence de neu­tral­ité avant d’être inter­rompu par la pro­fesseure, sans être soutenu par ses camarades.

Des étudiants « divers », mais tous de gauche !

Si le plu­ral­isme des « pro­fils » et des « par­cours » est pro­mu jusqu’à la pas­sion, celui des con­vic­tions poli­tiques et des ori­en­ta­tions idéologiques sem­ble par con­tre, une fois encore, totale­ment absent. Ain­si, selon Marc, sur les 36 mem­bres de sa pro­mo­tion, 34 s’af­fir­maient claire­ment de gauche, les deux derniers restant prudem­ment évasifs sur leurs con­vic­tions pour ne pas ris­quer de nuire à leurs études. Dans un tel con­texte, tous les jour­naux con­sid­érés comme de droite – même le très libéral et mod­éré Figaro – étaient exclus de l’u­nivers de l’é­cole, les étu­di­ants ne jurant que par la presse de gauche et d’ex­trême gauche, ten­dance Rue89 et Medi­a­part.

Fort naturelle­ment, suite au rachat, en 2016, d’i>Télé par le groupe Canal+ dirigé par Vin­cent Bol­loré, et sa trans­for­ma­tion en Cnews, les étu­di­ants s’é­taient unanime­ment mobil­isés con­tre ce qui ne pou­vait être qu’une intolérable atteinte à la « lib­erté jour­nal­is­tique », celle-ci se con­fon­dant dans leur esprit avec l’hégé­monie sans partage ni con­tes­ta­tion de l’idéolo­gie libérale-libertaire.

Avec une telle for­ma­tion et de telles œil­lères idéologiques, nul doute que les élèves de l’E­JT aient de grandes chances de décrocher un stage ou un poste à la très bien-pen­sante Dépêche du midi, le grand quo­ti­di­en région­al aux mains de la famille Baylet.

Notes

1 Pierre Gin­abat, ancien directeur admin­is­tratif et financier du quo­ti­di­en L’Indépendant, fon­da­teur en 2014 de L’Écho du Rous­sil­lon dont la durée de vie ne sera que de 7 mois.

2 Émi­lie König, française con­ver­tie à l’is­lam, mem­bre de l’É­tat islamique, arrêtée en Syrie en 2017 puis rap­a­triée en France en 2022 et mise en exa­m­en pour  « asso­ci­a­tion de mal­fai­teurs ter­ror­iste criminelle ».

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