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École publique de Journalisme de Tours, douceur et conformisme ligériens 

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22 février 2024

Temps de lecture : 5 minutes
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École publique de Journalisme de Tours, douceur et conformisme ligériens 

Temps de lecture : 5 minutes

Créée en 1968, l’École publique de journalisme de Tours (EPJT) a été reconnue par la profession en 1981. Son cursus de formation a évolué au cours du temps, passant d’un enseignement de niveau post-bac (DUT puis licence professionnelle) à un diplôme de master rattaché à l’UFR Lettres et Langues de l’université de Tours. Les enseignements continuent néanmoins d’être dispensés au sein de l’IUT de Tours Nord et l’école se targue d’être l’une des plus accessibles de ce niveau, dans la mesure où l’écolage ne dépasse pas les droits de scolarité universitaire (243 € par an pour un non boursier).

Soutien des Assises du journalisme

Les for­ma­tions de l’EPJT béné­fi­cient par ailleurs d’un dou­ble label, celui du min­istère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et celui de la Com­mis­sion par­i­taire nationale de l’emploi des jour­nal­istes (CPNEJ). Les 36 élèves de chaque pro­mo­tion prof­i­tent égale­ment des liens priv­ilégiés de l’école avec les « Assis­es inter­na­tionales du jour­nal­isme de Tours », un événe­ment nation­al qui rassem­ble chaque année, en mars, l’ensemble des acteurs de la pro­fes­sion dans la cap­i­tale tourangelle. Comme toutes ses con­sœurs, l’école affirme met­tre l’accent sur « l’éthique et la déon­tolo­gie pro­pres à l’exercice jour­nal­is­tique ».

Voir aus­si : Assis­es du jour­nal­isme de Tours, mal­trai­tance médi­a­tique des quartiers pop­u­laires : clichés et clichés au carré

Un « pluralisme » qui ne saute pas aux yeux…

L’école met égale­ment en avant son attache­ment à une « infor­ma­tion de qual­ité, com­plète, libre, indépen­dante et plu­ral­iste ». La réal­ité de ce dernier point n’apparaît pour­tant pas de façon très  évi­dente, notam­ment au regard des pro­fes­sion­nels inter­venant dans le cur­sus de for­ma­tion et qui provi­en­nent tous de médias « main­stream » classés à gauche. On pour­ra citer notam­ment Raphaëlle Aubert et Léa Sanchez, des Décodeurs, Frédéric Potet et Alexan­dre Pouchard, du Monde, Clare Byrne et Estelle Cognacq, de France Info, ou Thomas Chau­vineau, de Radio France et Arte.

Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, les étu­di­ants jour­nal­istes de l’EPJT réalisent des blogs hébergés sur LeMonde.fr.

Absence des médias conservateurs

De médias con­ser­va­teurs ou con­sid­érés comme tels, il n’est évidem­ment pas ques­tion. Une absence de « diver­sité » par­mi les for­ma­teurs et les médias parte­naires qui se ressent d’ailleurs dans les sujets des arti­cles d’étudiants mis en avant sur les réseaux de l’école et qui ne bril­lent ni par leur orig­i­nal­ité ni par leur « prise de risque », qu’il s’agisse de déplor­er les « nom­breux obsta­cles ren­con­trés par la com­mu­nauté musul­mane pour con­stru­ire de nou­velles mosquées en France »(sic) ou de dénon­cer la réforme du Mas­ter Meef (for­ma­tion des enseignants) lancée par l’ancien min­istre de l’éducation nationale, le « réac » Jean-Michel Blan­quer, et qui « comme beau­coup de réformes Blan­quer, faite sans tenir compte ni des enseignants ni des prin­ci­paux intéressés, est un échec ». Un ton et une phraséolo­gie qui fleurent bon l’objectivité et la neu­tral­ité tant van­tées par ailleurs…

Connivence de gauche

Comme le racon­te Emi­lie, anci­enne étu­di­ante à la fin des années 2010, « il n’y a pas vrai­ment, je trou­ve, de ten­ta­tive d’endoctrinement ou de matraquage idéologique… C’est plutôt une sorte d’ambiance générale, de con­nivence partagée, de sen­ti­ment com­mun d’une unic­ité de pen­sée, de réflex­ion… Il est telle­ment évi­dent que tout le monde est de gauche et pense à peu près la même chose sur les prin­ci­paux sujets qu’il est inutile d’y revenir, de s’appesantir, cela coule de source… On est entre-soi, l’ennemi est à l’extérieur, tapis dans les colonnes de Valeurs Actuelles et du Figaro Vox… »

Spécialistes du « fact-checking »

L’école a égale­ment mis en place le pro­jet VIJIE – Véri­fi­ca­tion de l’Information dans le Jour­nal­isme, sur Inter­net et dans l’Espace pub­lic -, qui s’inscrit claire­ment dans la mode des « vérifi­ca­teurs d’informations » sen­sés lut­ter con­tre la dés­in­for­ma­tion et les manip­u­la­tions issues essen­tielle­ment des réseaux soci­aux mais qui se sont surtout avérés être des instru­ments de con­trôle et de mise en con­for­mité de l’information afin qu’elle n’échappe pas aux canons de la bien-pen­sance et des con­ven­tions idéologiques de l’époque. Ce « fact-check­ing » est devenu une véri­ta­ble spé­cial­ité de recherche et d’enseignement de l’école, plus par­ti­c­ulière­ment depuis 2016 et la créa­tion du média-école Fac­to­scope (en parte­nar­i­at avec l’ONG Nothing2Hide et CFI Médias). Un por­tail inter­na­tion­al « offrant un accès le plus com­plet pos­si­ble aux ressources en lien avec l’éducation aux médias et à l’information (EMI) et la véri­fi­ca­tion jour­nal­is­tique dans le monde fran­coph­o­ne » plus par­ti­c­ulière­ment des­tiné à l’Afrique.

Écologiquement correct

L’EPJT est, « évidem­ment » serait-on ten­té de dire, engagée « pour le cli­mat » et a notam­ment signé la « charte pour un jour­nal­isme à hau­teur de l’ur­gence écologique ». Elle a ain­si répon­du pos­i­tive­ment aux injonc­tions du GIEC (Groupe d’experts inter­gou­verne­men­tal sur l’évolution du cli­mat) qui, dans son dernier rap­port, insis­tait sur le rôle cru­cial des médias pour «cadr­er et trans­met­tre les infor­ma­tions sur le change­ment cli­ma­tique». Une for­mu­la­tion qui pour­rait ressem­bler à un véri­ta­ble appel à la pro­pa­gande en faveur d’une thèse dis­cutable et dis­cutée mais qui sem­ble réjouir les appren­tis jour­nal­istes tourangeaux con­scients que « face l’urgence absolue de la sit­u­a­tion, nous, jour­nal­istes, devons mod­i­fi­er notre façon de tra­vailler pour inté­gr­er pleine­ment cet enjeu dans le traite­ment de l’information ». Les petits sol­dats de l’écologiquement cor­rect sem­blent donc fin prêt pour le com­bat. Dans le plus grand respect du « plu­ral­isme des opin­ions » bien évidemment…