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Drahi dans la tourmente, l’action Altice Europe s’écroule

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23 août 2018

Temps de lecture : 4 minutes
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Drahi dans la tourmente, l’action Altice Europe s’écroule

Temps de lecture : 4 minutes

L’Observatoire rend compte régulièrement des évolutions du groupe de Patrick Drahi. Un groupe créé sur le concept de convergence entre les contenants (SFR, les câblo-opérateurs, les fournisseurs d’accès) et les contenus (en France Libération, BFM et L’Express principalement, l’achat de droits sportifs sur RMC). Un groupe bâti sur une dette vertigineuse. Un groupe connu pour « passer à la paille de fer » les relations avec les fournisseurs, un groupe où le patron déclare « Je n’aime pas payer des salaires, je paye aussi peu que possible » (conférence Communacopia à New-York, septembre 2015 « I don’t like to pay salaries. I pay as little as I can ». Mais aussi un groupe rattrapé par la réalité des chiffres.

Les actionnaires d’Altice Europe : descente aux enfers

La veuve de Car­pen­tras, fig­ure emblé­ma­tique des petits por­teurs, n’aurait pas dû inve­stir l’assurance-décès de son veu­vage dans Altice en juin 2015. À l’époque, elle avait acheté l’action 32 € et son con­seiller financier de La Poste lui avait assuré : « une affaire sûre, un homme d’affaires d’envergure inter­na­tionale, un secteur en pleine restruc­tura­tion, vous pou­vez y aller en confiance ».

Certes elle s’était un peu inquiétée quand l’action avait per­du la moitié de sa valeur un an plus tard, aux envi­rons de 16 €. Mais l’audition à la même époque (juin 2016) de Patrick Drahi devant le Sénat l’avait ras­surée. Le PDG avait souri devant les séna­teurs un peu ébahis en leur déclarant : « Je dors beau­coup plus facile­ment avec mes 50 mil­liards d’euros de dettes qu’avec mes pre­miers 50 000 francs français de dettes quand j’ai créé mon entre­prise ». Con­fir­mant l’adage « Tu dois dix mille euros à ton ban­quier tu ne dors plus, tu lui dois dix mil­lions d’euros c’est lui qui ne dort plus ».

Et puis ça remon­tait à coups de paille de fer, de licen­ciements et de pres­sion sur les salaires, l’action dépas­sait les 24 € en juin 2017. Le con­seiller de La Poste plas­tron­nait « Vous voyez comme j’avais rai­son, nous allons dépass­er le cours d’acquisition dans l’année, croyez moi ! ». C’était un peu avant octo­bre 2017 où en moins de deux mois l’action tombait à 8 €. Le con­seiller était devenu injoignable. Au mois d’août 2018 elle réus­sit à obtenir un ren­dez-vous à La Poste, c’était un nou­veau con­seiller qui ne put que déplor­er avec elle une chute de 93% de l’action tombée à 2,36 €, en trois ans.

Un EBE encore florissant mais après ?

L’excédent brut d’exploitation (EBE, cor­re­spon­dant en gros à l’Ebitda améri­cain, prof­it avant charges de la dette, tax­es, impôts, dépré­ci­a­tion et amor­tisse­ments) reste con­fort­able à près de 40%. Mais partout l’activité dégringole au pre­mier semes­tre 2018. Retrait de 14% en République domini­caine, de 9% en Israël, de 6% en France, de 5% au Portugal.

Ce qui explique que l’action ait brusque­ment décroché après la présen­ta­tion des résul­tats du semes­tre le 2 août 2018, per­dant 16% en une journée. Le groupe main­tient – con­tre tout réal­isme ? – des objec­tifs en hausse pour l’année 2018. Les dettes ont été rééch­e­lon­nées après 2021 mais si l’activité – faute d’investissements – con­tin­ue de se dégrad­er, le prof­it ne per­me­t­tra pas de rem­bours­er les échéances des trois années à venir.

Patrick Drahi est il menacé financièrement ?

Le mag­a­zine financier suisse Bilan esti­mait la for­tune de Patrick Drahi (dont la rési­dence fis­cale se trou­ve à Zer­matt dans le can­ton du Valais) entre 6 et 7 mil­liards d’euros courant 2017. Patrick Drahi est la troisième for­tune française (Drahi a la dou­ble nation­al­ité française et israéli­enne) en Suisse. Avec les déboires d’Altice, cette for­tune a sans doute été rabotée d’un ou même deux mil­liards, ce qui laisse le temps de voir venir

Et l’ami Patrick sait que la pierre ne ment pas. Il a investi (cer­taines pro­priétés étant prudem­ment au nom de son épouse) plus de cent mil­lions d’euros dans l’immobilier suisse. Plusieurs vil­las et apparte­ments à Cologny et Cham­pel, lieux les plus chics de Genève et sa ban­lieue. Au moins deux chalets de grand luxe à Zer­matt face au Cervin. La plus mod­este de ces pro­priétés vaut plus de cinq mil­lions d’euros, beau­coup plus pour les mieux placées. Si la veuve de Car­pen­tras finit ruinée, elle sera peut-être invitée pour un séjour au ski dans la très chic sta­tion de Zermatt ?

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Euronext TV via Youtube (DR)

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