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Dossier : le JT de 20h de TF1 en juillet, un journal certifié sans vague

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8 septembre 2014

Temps de lecture : 25 minutes
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Dossier : le JT de 20h de TF1 en juillet, un journal certifié sans vague

Temps de lecture : 25 minutes

Entre Plage et football, conflit israélo-palestinien et crashs aériens, le JT de Tf1 a donné en juillet l’impression de coller à l’actualité, livrant beaucoup de détails descriptifs et redondants mais très peu d’analyse. De nombreux sujets, et pas des moindres, ont pourtant tout simplement été passé sous silence. Ils dressent en négatif l’arrière plan idéologique d’un JT prétendument neutre que l’Ojim a décrypté pour vous.

S’il y a bien une chose que l’on aura appris pen­dant le mois de juil­let en regar­dant le jour­nal de TF1, c’est que l’équipe de France de foot­ball s’est réc­on­cil­iée avec ses sup­port­ers. Le reste de l’actualité peut bien être relégué au sec­ond plan ou passé sous silence. L’essentiel est dit.

Finis les « caïds imma­tures », comme les avait surnom­més Rose­lyne Bach­e­lot, et qui avaient choqué la France entière depuis l’Afrique du Sud.

Du 1er au 3 juil­let, les Bleus por­tent toutes les qual­ités et tous les espoirs d’un pays qui ne sem­ble plus en avoir beau­coup : 18 min­utes leur sont accordé en trois jours, soit presque un quart du temps d’antenne.

À la veille du match con­tre l’Allemagne qui sign­era la fin de l’aventure, « les enfants ter­ri­bles sont devenus des gen­dres idéaux », pré­cise le reporter au terme de quelques min­utes con­sacrées à la méta­mor­phose des joueurs qui ont aban­don­né leurs écou­teurs pour aller dis­cuter avec les supporters…

Mais l’essentiel sem­ble résider ailleurs : ils sont enfin « fiers d’être Français, de porter ce mail­lot et c’est là le plus impor­tant » : c’est du moins ce que martèle Didi­er Deschamps en con­férence de presse le 3 juil­let, extrait que TF1 choisit même de repass­er le lendemain.

Le 4 juil­let, la défaite est amère mais le dis­cours patri­o­tique autorisé se pour­suit. Avant le match con­tre l’Allemagne, « une mar­seil­laise chan­tée à tue-tête », insiste le com­men­ta­teur sur des images qui n’en dis­ent pas tant et qui stop­pent étrange­ment le plan ser­ré avant l’arrivée sur Karim Ben­ze­ma, pour­tant but­teur héroïque, mais qui met un point d’honneur à garder les lèvres ser­rés durant l’hymne (et qui avait du reste déjà con­fié n’être pas tant attaché que cela à la France). Dehors, l’envoyé spé­cial est « avec les sup­port­ers déçus de l’équipe de France », le plan se resserre instan­ta­né­ment lorsque c’est un dra­peau algérien qui appa­raît en pre­mier… Les dra­peaux français pren­nent le relai, Denis Brog­niard affirme a deux repris­es que l’on a « enfin retrou­vé notre équipe de France ».

L’aventure s’arrête là et la France « black-blanc-beur » ne fera pas autant rêver qu’en 1998. Mais l’épisode d’une équipe de voy­ous est oublié et le foot peut recom­mencer à faire rêver. Ren­dez-vous est pris pour l’euro 2016.

Rien ne vaut le football

Mal­gré la défaite de l’équipe de France, le foot­ball restera un sujet majeur pour la rédac­tion du 20h de TF1 puisqu’il sera évo­qué chaque jour jusqu’au 15 juil­let (deux jours après la finale) avec un total de 80 minutes.

Du 1er au 15 juil­let, le traite­ment du foot­ball sera donc l’équivalent de presque 20% du temps d’antenne du jour­nal de 20h.

Il est très clair que l’on tente de recréer l’ambiance de 98 sans grand suc­cès. Une façon égale­ment de faire oubli­er les soirées de vio­lences qui ont suivi cha­cun des matchs de l’équipe d’Algérie, en France ?

Le 2 juil­let, pas un mot sur la soirée « ani­mée » de la veille, ni sur la man­i­fes­ta­tion organ­isée à Lyon con­tre des sup­port­ers-casseurs. Lorsque la ville de Lyon affirme le 10 juil­let que la fac­ture de ces soirées algéri­ennes sera « non nég­lige­able », pas un mot non plus.

Bref, 20% du temps d’antenne entre sup­port­ers déchaînés aux qua­tre coins du monde, inter­views inter­minables de joueurs pour­tant peu réputés pour la per­ti­nence de leur analyse, de « spé­cial­istes » qui répè­tent tous la même chose, salu­ent l’équipe ressus­citée lorsqu’elle gagne, l’encourage à « gag­n­er en matu­rité » le cas con­traire. Sans compter les reportages sur les coupes de cheveux des joueurs ou la couleur de leurs chaussures !

Le 4 juil­let, un sup­port­er con­fie que « pour une fois que la France fait la fête, on en prof­ite ». Cela sem­ble égale­ment être le point de vue de TF1 : tout faire pour envoy­er du « mes­sage posi­tif ». Deux exem­ples de hiérar­chi­sa­tion de l’information le mon­trent : le 1er juil­let, Gilles Bouleau entame le jour­nal par cette phrase : « Nous allons revenir plus tard sur cette affaire Sarkozy (après avoir pré­cisé en ouver­ture que la garde-à-vue d’un ex-prési­dent de la République con­sti­tu­ait une pre­mière dans l’histoire con­tem­po­raine) mais com­mençons par le football ».

Le 4 juil­let, c’est Claire Chaz­al, après 31 min­utes de reportage sur la Coupe du Monde (!) qui enchaîne « Nous allons tout de même voir, et c’est très impor­tant, le reste de l’actualité ». Elle enchaîne sur le meurtre d’une jeune insti­tutrice à Albi…

Conflit israélo-palestinien : TF1 compte les morts

Pen­dant ce mois de juil­let entre crème solaire, alertes orange et bar­be­cues, l’actualité inter­na­tionale a eu cepen­dant la belle part dans le jour­nal de TF1, mais une actu­al­ité très spé­ci­fique. Un sujet a été forte­ment traité : le con­flit israé­lo-pales­tinien. Le reste du monde a été regardé par le biais de deux crashs d’avions : en Ukraine et au Mali.

Le con­flit israé­lo-pales­tinien a été évo­qué 20 jours sur 31, avec un total de 41 min­utes. Une cou­ver­ture presque quo­ti­di­enne et assez peu diver­si­fiée : le con­flit dure depuis des dizaines d’années et ne le traiter quo­ti­di­en­nement qu’en nom­bre de morts d’un côté ou de l’autre (lorsque des mil­liers de morts ailleurs dans le monde sont ignorés) n’a que peu d’intérêt. C’est pour­tant ce que font et refont chaque jour les envoyés spé­ci­aux en Israël ou à Gaza. Rien sur le Hamas lui-même ou sur l’histoire de l’opposition pales­tini­enne. Rien sur la posi­tion d’Israël au fil des épo­ques. Aucun retour sur l’histoire de ces affron­te­ments ou sur la place des pays occi­den­taux ou arabes dans le con­flit. Bref, rien qui puisse éclair­er, aux yeux du téléspec­ta­teur, une sit­u­a­tion décidé­ment com­plexe. Mais à la place, un vul­gaire compte-ren­du quo­ti­di­en qui finit évidem­ment par lass­er les meilleures volon­tés. Ce traite­ment est d’autant plus lourd qu’il occulte le reste de l’actualité inter­na­tionale, pour­tant chargée d’évolutions aus­si « nou­velles » que ce con­flit est inter­minable, et dont per­son­ne ne sem­ble décidé à vouloir la fin.

Aucun mot sur la Syrie en un mois, pays pour­tant rav­agé par une guerre sans fin et par l’arrivée de nom­breux dji­hadistes. La ques­tion de la par­tic­i­pa­tion à cette guerre des « dji­hadistes français » sera pour­tant traitée deux fois dans le mois, le 8 et le 22 juil­let, avec le déman­tèle­ment d’une cel­lule de recrute­ment à Albi et la descrip­tion des mesures pris­es ici et là pour ten­ter d’enrayer le phénomène. Il n’y avait certes pas de « rebondisse­ments » dans ce con­flit syrien et c’est peut-être la rai­son de ce silence. Mais celui sur l’Irak est en revanche net­te­ment moins compréhensible.

Le 10 juin, Mossoul et la plaine de Ninive tombaient aux mains des dji­hadistes de l’État Islamique, le 17 juil­let, ces derniers procla­maient un « cal­i­fat » et oblig­eaient les Chré­tiens à « choisir » entre « la con­ver­sion, l’acquittement d’une taxe ou la mort par le glaive » après avoir mar­qué leurs maisons d’un signe spécifique.

Cette men­ace d’épuration (voire d’extermination) d’un peu­ple présent depuis 2000 ans sur cette terre ne devait pas suf­fire à TF1 qui ne dit alors pas un mot sur la sit­u­a­tion. Le 22, Julien Arnaud reçoit Lau­rent Fabius, min­istre des affaires étrangères, et ne lui pose pas une seule ques­tion sur la sit­u­a­tion irakienne.

La persécution des chrétiens ? Quelle persécution des chrétiens ?

Ce trag­ique rebondisse­ment dans un Irak dévasté aurait pour­tant été l’occasion de revenir égale­ment sur la Syrie puisque l’État islamique y fait son œuvre depuis déjà plusieurs mois. Il était égale­ment l’occasion de revenir sur la stratégie améri­caine dans la région puisque sa respon­s­abil­ité dans le chaos irakien n’est plus un secret pour per­son­ne… Aucun envoyé spé­cial sur place, aucun relai des nom­breux témoignages qui afflu­aient depuis le 20 juil­let, à com­mencer par celui d’un patri­arche affir­mant que la ville de Mossoul ne comp­tait désor­mais plus de Chré­tiens.

Aucun envoyé spé­cial non plus en France lors des man­i­fes­ta­tions de sou­tien organ­isées les 8 et 22 juil­let devant l’Assemblée Nationale. Pas un mot jusqu’au 27 juil­let, au lende­main des man­i­fes­ta­tions organ­isées à Lyon et Paris. Une seule évo­ca­tion du drame irakien dans le mois et une erreur jamais cor­rigée par la suite : le jour­nal­iste affirme qu’Anne Hidal­go était présente lors de la messe de clô­ture de la man­i­fes­ta­tion à Notre-Dame de Paris, ce qui est faux.

Pas un mot non plus sur les Chré­tiens per­sé­cutés ailleurs, ce qui aurait pu être l’occasion de pré­cis­er qu’ils étaient la pre­mière com­mu­nauté per­sé­cutée au monde.

Silence sur ceux du Nigéria ou du Kenya : entre le 5 et le 7 juil­let, une trentaine de Kenyans étaient tués parce que Chré­tiens, tan­dis qu’au Nigéria 27 per­son­nes étaient assas­s­inées pour la même rai­son la semaine précé­dent le 21 juil­let, et que que le 27, une bombe posée à la sor­tie d’une église fai­sait cinq morts.

Le cas de Meri­am, jeune soudanaise con­damnée à mort à cause de sa foi chré­ti­enne, est égale­ment passé sous silence, alors même que cette dernière réus­sit à fuir son pays pour le Vat­i­can où elle ren­con­trait le pape François grâce à la mobil­i­sa­tion et à la pres­sion inter­na­tionale, après avoir accouché enchaînée dans sa prison.

Silence égale­ment lorsque le 23 juil­let, le Soudan annonce inter­dire la con­struc­tion d’églises… La liste est inter­minable, le silence de TF1 d’autant plus gênant.

Ce silence provoque un malaise compte tenu du traite­ment du con­flit israé­lo-pales­tinien, mais égale­ment en rai­son de la place accordée aux deux crashs de la Malaysia Air­lines en Ukraine et d’Air Algérie au Mali.

Deux crashs : aucune réponse

Le crash de l’avion de la Malaysia Air­lines (sans aucun Français à son bord) a été traité pen­dant 7 jours et plus de 60 min­utes. La majeure par­tie du temps con­sacré aux envoyés spé­ci­aux com­men­tant la sit­u­a­tion sur place, au pil­lage des débris dans la zone non sécurisée ou au blocage des pro-russ­es à l’accès du site. Mais aucune infor­ma­tion ne pou­vant être véri­fiée, c’est surtout 60 min­utes de com­men­taires descrip­tifs qu’a offert le journal.

Le par­ti-pris du traite­ment réside dans les ques­tions non-posées et les com­men­taires à charge con­tre la Russie que fait l’envoyée spé­ciale à Moscou à plusieurs reprises.

Accuser la Russie, pourquoi pas ? Mais pourquoi ne pas pos­er la ques­tion d’une éventuelle respon­s­abil­ité de l’Ukraine voire même des États-Unis afin de main­tenir un équili­bre déon­tologique sur une sit­u­a­tion bien obscure, de l’aveu même des reporters ?

À défaut de répons­es, d’analyses ou d’hypothèses un peu avancées, le sujet devient rapi­de­ment insipi­de et répéti­tif. Pas une seule fois la sit­u­a­tion même de l’Ukraine n’est évo­quée, ni même celle des ter­ri­toires en proie à la guerre civile.

Même scé­nario pour le crash d’Air Algérie, à ceci près qu’une cinquan­taine de Français se trou­vaient à bord. Nor­mal donc que le drame soit suivi de près, mais même con­stat que précédem­ment : six jours de cou­ver­ture médi­a­tique, 72 min­utes de pure descrip­tion à grands ren­forts d’envoyés spéciaux.

Des reportages, inter­minables d’indécence, auprès des familles en larmes chez elles, à Oua­gadougou, sur le lieu du drame… et de nom­breuses sup­po­si­tions d’experts en tous gen­res, inca­pables de fournir le moin­dre début d’élément. Aucune enquête, en somme : TF1 se con­tente de relay­er les inter­ven­tions poli­tiques, nom­breuses sur le sujet.

Pour­tant, d’autres infor­ma­tions ont cir­culé sur inter­net et les réseaux soci­aux. Dès lors, n’est-il pas le rôle d’un jour­nal­iste d’enquêter et de repren­dre ces infor­ma­tions pour les relay­er ou les démentir ?

La presse algéri­enne affir­mait par exem­ple que des mil­i­taires français se trou­vaient dans l’avion. Étant don­né la sit­u­a­tion au Mali, la présence de troupes français­es dans le pays et la récente entrée de l’Algérie dans le con­flit, la ques­tion méri­tait d’être posée.

Mais out­re les con­flits qui rav­agent tant de pays dans le monde, il y a une autre actu­al­ité que TF1 a totale­ment passée sous silence alors même qu’elle con­cerne des sujets qui préoc­cu­pent les Français.

Le fait que Snow­den annonce le 21 Juil­let se lancer dans la créa­tion de pro­gramme anti-sur­veil­lance mon­di­al après ses très nom­breuses révéla­tions au sujet de l’espionnage améri­cain ou encore le fait que Face­book recon­naisse avoir espi­onné près de 700 000 de ses util­isa­teurs par exem­ple. À l’heure ou la sur­veil­lance sur inter­net inquiète de nom­breux util­isa­teurs et alors que les révéla­tions de Snow­den avaient provo­qué un séisme poli­tique, l’information aurait mérité d’être soulevée.

Surtout lorsque quelques jours plus tôt, le 8 juil­let, le gou­verne­ment français alour­dis­sait l’arsenal « anti-ter­ror­iste » en présen­tant un pro­jet de loi inclu­ant notam­ment le ren­force­ment de la répres­sion sur inter­net sur lequel nous reviendrons.

Aucun mot non plus le 21 juil­let lorsque la Grande-Bre­tagne men­ace de quit­ter l’Union Européenne d’ici à deux ans si cette dernière ne change pas sa gou­ver­nance. Quelques semaines après le vote euroscep­tique d’une majorité de Français aux élec­tions européennes, voilà un sujet qui aurait égale­ment mérité de trou­ver une place.

Silence égale­ment le 30 juil­let lorsque l’on apprend que des bases mil­i­taires libyennes sont aux mains des dji­hadistes et que la sit­u­a­tion s’envenime dra­ma­tique­ment à Tripoli, quelques années après que la France se soit engagée à « libér­er le peu­ple libyen » de l’oppression…

Les casseurs pro-palestiniens ? L’extrême-droite !

Si le sujet du con­flit israé­lo-pales­tinien a été si longue­ment traité, c’est évidem­ment aus­si en rai­son de ses impli­ca­tions poli­tiques sur le plan nation­al. Tous les jour­nal­istes de TF1 ont d’ailleurs sys­té­ma­tique­ment opéré une juste tran­si­tion en annonçant : « et main­tenant les con­séquences en France ».

Les man­i­fes­ta­tions pro-pales­tini­ennes ont été large­ment traitées : dix jour­naux les ont abor­dées, pour un total de plus de 40 minutes.

Un traite­ment qui a don­né toute sa part aux « débor­de­ments » et aux vio­lences com­mis­es sans pour­tant abor­der le fond du problème.

Le 21 juil­let, lors de la cinquième évo­ca­tion de ces man­i­fes­ta­tions, et au lende­main d’un week-end mar­qué par des affron­te­ments vio­lents à Bar­bès et à Sar­celles, Julien Arnaud pose enfin la ques­tion : « nous ten­terons de com­pren­dre qui sont ces casseurs ». Ques­tion intéres­sante s’il en est.

Las, le reportage com­mence par van­ter le « mul­ti­cul­tur­al­isme » de Sar­celles qu’il sem­ble impens­able de remet­tre en cause mal­gré une réal­ité qui le met à rude épreuve. Au terme d’une descrip­tion très objec­tive des dégâts causés dans la ville, le jour­nal­iste insiste : « Com­ment expli­quer ces vio­lences, qui sont ces casseurs ? » S’ensuit alors une for­mi­da­ble entre­prise de con­fu­sion dont le but sem­ble bien être… de ne surtout pas répon­dre à la question.

Les organ­isa­teurs sont inter­rogés, dont le prési­dent de France-Pales­tine Sol­i­dar­ité qui s’empresse de répon­dre : « Nous refu­sons d’être assim­ilés aux casseurs qu’ils soient d’extrême-droite ou islamistes rad­i­caux ». Réus­sir à mêler l’extrême-droite à ces affron­te­ments com­mu­nau­taires était osé… cela reste pour­tant sans com­men­taires de la part du journaliste.

Le reportage se pour­suit sur la récep­tion organ­isée par François Hol­lande des représen­tants de toutes les reli­gions. Un moyen de ne pas les dif­férenci­er, alors même que les représen­tants des reli­gions chré­ti­ennes ne sont pas con­cernés par le sujet. Une manière égale­ment pour le prési­dent de la République de se défauss­er d’une incom­pé­tence poli­tique. Mais rien de tout cela n’est relevé par TF1.

Que les casseurs soient en marge de la man­i­fes­ta­tion soit, mais ils n’étaient pas une poignée, les vidéos et les traces de leur pas­sage le prou­vent. Pour répon­dre sans faux-sem­blant à la ques­tion posée, il fal­lait évidem­ment par­ler de ces « enfants de l’immigration » qui avaient fière­ment arboré les dra­peaux de leurs pays d’origine pen­dant l’après-midi, musul­mans pour la plu­part si l’on en croit les cris de « Allah Akbar » gravés sur plusieurs films.

Mais on le sait, on entre ici dans le tabou : à aucun moment de ce reportage (et de tous les autres dif­fusés en juil­let sur le sujet), la ques­tion de l’immigration et la ques­tion de l’islam ne seront abordées…

Le flou est total : il s’agit de casseurs en majorité issus de l’immigration et la prob­lé­ma­tique pour beau­coup d’entre eux est religieuse… À ne vouloir abor­der ces deux ques­tions, on se con­damne à ne rien com­pren­dre. Pire : on con­damne le téléspec­ta­teur à ne pas voir les enjeux en cause. La dés­in­for­ma­tion est ici flagrante.

Les pro­pos de François Hol­lande affir­mant que « le con­flit ne peut s’importer en France » sont par deux fois relayés le 19 et le 20 juil­let. Aucun jour­nal­iste pour aller par­ler à ces jeunes casseurs et con­clure que le con­flit n’avait pas besoin d’être importé puisqu’il s’était de fait éten­du. Aucun com­men­taire sur ces pro­pos lénifi­ants de François Hol­lande à l’heure où le con­flit fai­sait déjà des dégâts con­sid­érables sur le sol Français. Il aurait alors été du rôle des jour­nal­istes de s’interroger sur les raisons de ces vio­lences com­mis­es au sujet d’un con­flit étranger. Pas une seule fois n’ont été évo­quées les poli­tiques suc­ces­sives pro-israéli­ennes de la France con­juguées à une immi­gra­tion mas­sive majori­taire­ment musul­mane. Sans qu’il y ait besoin d’émettre un juge­ment moral, il s’agit pour­tant là d’une grande par­tie de la réponse à la ques­tion « qui sont-ils ?  » finale­ment restée sans réponse.

Éviter autant que pos­si­ble la ques­tion de l’islam et de l’immigration sem­ble d’ailleurs être une con­stante, à moins bien enten­du d’en par­ler d’une manière pos­i­tive. TF1 con­sacre un reportage de 2 min­utes à l’islam le 28 juil­let, lors de la rup­ture du ramadan. La ques­tion de l’immigration n’est donc abor­dée qu’une seule fois, mal­gré l’actualité objec­tive­ment chargée sur la ques­tion (man­i­fes­ta­tions pro-pales­tini­enne, départ au dji­had…) et de manière résol­u­ment positive.

Deux min­utes de reportage le 23 juil­let, jour où le gou­verne­ment annonce une sim­pli­fi­ca­tion des procé­dures de la demande d’asile. On sait la ques­tion sen­si­ble chez les Français en rai­son des sondages récur­rents et des résul­tats aux dernières élec­tions, mais le sujet est volon­taire­ment traité sans l’ombre d’une polémique : un reportage dans les locaux de la Ligue des Droits de l’Homme ou l’employée se plaint de procé­dures trop longues et de risques d’expulsions… Il ne s’agit claire­ment pas d’un reportage impar­tial mais au con­traire ori­en­té de manière à appuy­er le gou­verne­ment dans sa décision.

Réinsérer les djihadistes par l’émotion…

En revanche lorsque la ques­tion du dji­had se pose, les 8 et 22 juil­let, c’est le grand silence sur l’origine religieuse des can­di­dats à la guerre sainte. Le prob­lème que représen­tent les départs de « dji­hadistes Français » est traité sous un seul angle : celui de la lutte pré­ten­du­ment acharnée du gou­verne­ment. Le 8, le sujet est évo­qué lorsque Bernard Cazeneuve dépose un pro­jet de loi visant à ren­forcer la lutte con­tre le ter­ror­isme. Un acharne­ment qui prévoit une pos­si­ble con­fis­ca­tion de la carte d’identité et un dur­cisse­ment de la répres­sion sur inter­net. Ce deux­ième volet aurait pu pos­er la ques­tion de la cen­sure « pour votre sécu­rité » puisque rien ne pré­cise ce qui relève ou non du « ter­ror­isme » d’une part, et que les can­di­dats au dji­had ne dis­cu­tent pas néces­saire­ment de leurs dates de départ sur inter­net d’autre part. Ces propo­si­tions gou­verne­men­tales en réponse à un prob­lème de plus en plus sérieux ne sont jamais ni com­men­tées ni cri­tiquées, en un sens comme un autre. Sur ces sujets comme sur beau­coup d’autres, le compte-ren­du est bien fait, mais pour­rait aus­si bien être celui d’une agence de com­mu­ni­ca­tion gouvernementale.

Le 22 juil­let, deux­ième reportage parce qu’une cel­lule dji­hadiste est déman­telée à Albi. L’occasion d’une inter­ven­tion pour le moins grotesque de Dou­nia Bouzar, chargée de la réin­ser­tion des dji­hadistes « par l’émotion », qui pro­pose de « refaire les gâteaux qu’ils aimaient à cinq ans »… N’y avait-il vrai­ment rien d’autre à dire sur le sujet ?

Si nous par­lions précédem­ment d’une lutte « pré­ten­du­ment » acharnée c’est en rai­son d’autres évène­ments non relayés par l’équipe du jour­nal de 20h de TF1. Com­ment pren­dre à sa juste mesure le prob­lème des « dji­hadistes Français » sans pré­cis­er que le dra­peau qu’agitent les ter­ror­istes de l’État Islamique se retrou­ve flot­tant dans Paris lors de man­i­fes­ta­tions « de sou­tien à la Pales­tine » (voir le para­graphe 8). Com­ment relay­er les actions du gou­verne­ment sans par­ler de ces livres prô­nant le dji­had en vente libre dans des super­marchés français pen­dant le Ramadan ?

TF1 ne relaie ni le fait, ni le com­men­taire éton­nant du min­istère de l’Intérieur, en plein plan anti-dji­had, au sujet de ces livres appelant au meurtre des héré­tiques et des homo­sex­uels : « On ne peut pas inter­dire des livres dès qu’ils sont choquants (…) Ce n’est pas un délit de prôn­er le dji­had, ce n’est pénale­ment pas répréhen­si­ble ».

Pourquoi taire par ailleurs que cette lutte anti-jihad vient téle­scop­er une autre infor­ma­tion révélée par le New York Times au sujet du finance­ment d’Al Qaï­da. Cette étude affirme en effet que le verse­ment de rançon est la pre­mière source de finance­ment de l’organisation ter­ror­iste et que la France est la triste cham­pi­onne avec 58 mil­lions de dol­lars ver­sés depuis 2008, sur les 125 mil­lions ver­sés par les pays d’Europe. Les Français auraient sans doute aimé le savoir, eux à qui le gou­verne­ment répète ne jamais pay­er de rançon.

Les faits divers qu’on ne verra jamais sur TF1

Un triste fait divers a égale­ment été longue­ment relayé, celui de l’accident d’un minibus provo­quant la mort de cinq enfants. Un acci­dent trag­ique traité pen­dant trois jours pour un total de plus de 31 minutes.

La rédac­tion est net­te­ment plus frileuse lorsqu’il s’agit d’évoquer des faits divers net­te­ment plus sig­ni­fi­catif qu’un acci­dent, aus­si dra­ma­tique soit-il.

Deux autres de ces faits-divers sont traités dans le mois : le meurtre d’une jeune insti­tutrice à Albi le 4 juil­let et la mort du témoin d’un braquage le 29 juil­let à Dolomieu. Cha­cun de ces drames est traité sur deux jours avec respec­tive­ment deux et trois min­utes. D’un côté comme de l’autre, place au reportage de terrain.

Dans le pre­mier cas, Benoît Hamon est sur place et pré­cise que « la mix­ité n’a jamais posé de prob­lème dans cette école » avant que le jour­nal­iste n’ajoute que la meur­trière avait été placée en hôpi­tal psy­chi­a­trique. Fin de l’histoire. Dans le deux­ième cas, le micro est lais­sé aux habi­tants et à leurs com­men­taires peu équiv­o­ques puisqu’ils espèrent tous voir le braque­ur en prison « pour tou­jours ». Voilà qui est dit, et diffusé.

Mais d’autres faits divers assez révéla­teurs d’une ambiance délétère sont passés sous silence, alors même qu’ils sont sig­ni­fi­cat­ifs d’une bar­barie en passe de devenir com­mune. Le 20 juil­let, deux agres­sions passées sous silence : celle de joueurs de rug­by agressés à la machette à la sor­tie d’une dis­cothèque, ain­si que celle d’un tram attaqué au cock­tail Molo­tov à Brest. Les signes d’une vio­lence urbaine par­ti­c­ulière­ment inquié­tante dans les zones dites « sen­si­bles » que sont sou­vent les ban­lieues. Une vio­lence que subis­sent nom­bre de Français si l’on en croit les chiffres de la délin­quance en con­stante aug­men­ta­tion.

Aucun mot non plus sur le cal­vaire d’une famille d’agriculteurs prête à cess­er ses activ­ités après une quinz­ième attaque gra­tu­ite sur ses ani­maux par de jeunes roms.

Quelques semaines après le vote d’une réforme pénale con­testée, une jeune femme était agressée et vio­lée par un récidi­viste relâché quelques jours plus tôt. Silence de TF1 également.

La ques­tion n’est pas de relay­er des faits divers quo­ti­di­en­nement, ce qui serait par­faite­ment impos­si­ble. Mais peut-être serait-il par­fois intéres­sant de sac­ri­fi­er quelques min­utes d’un reportage sur le prix de la crème solaire pour par­ler d’un fait divers sig­ni­fi­catif qui per­me­t­trait l’analyse ou l’enquête sur les actions du gou­verne­ment ou celles sur les lois déjà en place. Taire le phénomène n’empêche pas les Français de le subir, ne pas l’analyser revient à aban­don­ner sa voca­tion de journaliste.

PMA, GPA : une discrétion touchante

S’il est bien un sujet qui a pas­sion­né les Français pen­dant cette pre­mière par­tie de quin­quen­nat, c’est celui de la famille avec les ques­tions de mariage homo­sex­uel, de la PMA, de la GPA et du « Gender ».

Pas un mot pour­tant le 1er juil­let sur le retrait des ABCD de l’égalité par le min­istère de l’E­d­u­ca­tion Nationale pour en faire un dis­posi­tif glob­al appliqué à toute la France. Pas un mot non plus le 8 juil­let lorsque le tri­bunal de Nan­terre accorde trois adop­tions d’enfants nés par PMA alors même que la loi l’interdit.

Silence tou­jours lorsque des hommes et des femmes de gauche sig­nent une tri­bune con­tre la GPA dans le quo­ti­di­en Libéra­tion le 16 juil­let. Il serait dès lors intéres­sant de se deman­der à quel pub­lic est des­tiné ce jour­nal de 20h, et si c’est bien aux Français, savoir pourquoi les sujets qui les intéressent ou les préoc­cu­pent directe­ment sont ain­si occultés…

Il est un autre sujet que TF1 s’est gardé de com­menter, c’est celui de l’avis négatif ren­du par le CSA au sujet d’un film dif­fusé à l’occasion de la journée mon­di­ale de la Tri­somie 21. Celui-ci présen­tait des enfants tri­somiques s’adressant à la future mère de l’un d’entre eux pour la rassurer…

Dans un pays ou les mots « lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions », « égal­ité » et « respect des dif­férences » sont dans toutes les bouch­es, cet avis a de quoi surprendre.

Or, ce n’est pas la cri­tique du CSA qui fait peur à TF1, puisqu’il con­sacrait plus de 8 min­utes de reportages et d’interviews à cet exer­ci­ce le 29 juil­let, alors que le CSA venait de refuser la gra­tu­ité de LCI. Certes TF1 est néces­saire­ment impliqué dans le sauve­tage de LCI et 250 emplois sont men­acés, mais sans y con­sacr­er autant de temps, l’évocation d’une telle déci­sion aurait été faite si elle avait porté sur n’importe quelle autre dis­crim­i­na­tion plus à la mode, nul doute n’est permis.

Questionner la Justice ?

Dès le 1er juil­let, un dossier judi­ci­aire est ouvert, « une pre­mière en France » comme le rap­pelle Gilles Bouleau : la garde à vue de Nico­las Sarkozy. L’affaire est traitée de manière très factuelle. Le lende­main, plus d’une demi-heure est con­sacrée à ce sujet avec l’interview exclu­sive de l’intéressé. Le surlen­de­main, retour sur cette inter­view en quelques min­utes. Une belle cou­ver­ture mais peu d’informations. Le compte-ren­du de l’affaire est en effet répéti­tif, l’interview équili­brée : les jour­nal­istes sont tatil­lons, Sarkozy sait se défendre.

La par­tial­ité du syn­di­cat de la mag­i­s­tra­ture pointée du doigt par l’accusé est une vraie ques­tion depuis l’affaire du « mur des cons ». Les entors­es de la jus­tice aux procé­dures établies ne sont un secret pour per­son­ne, encore moins pour Nico­las Sarkozy. Une des ques­tions de l’affaire était ain­si ce que dénonçait Sarkozy : l’instrumentalisation de la jus­tice à son égard (mais aus­si à l’égard de tout autre, sous ce gou­verne­ment comme sous les précé­dents). C’est ce point pré­cis qui intéresse des Français, par­ti­sans ou non de l’ancien prési­dent de la République. Elle les con­cerne directe­ment puisque les vic­times d’une jus­tice instru­men­tal­isée, si tant est qu’elle le soit, ont rarement l’occasion de venir se défendre au 20h de TF1, sim­ples mor­tels qu’ils sont. C’est donc ce sujet qui aurait pu être creusé, et la meilleure façon de le faire aurait été de suiv­re l’actualité judi­ci­aire de ce mois de juillet.

Quand TF1 ferme les yeux

La suiv­re objec­tive­ment aurait pu per­me­t­tre de relever des inco­hérences fla­grantes. Quelques jours plus tard sur­ve­nait en effet l’affaire Anne-Sophie Leclère, cette jeune femme con­damnée à 9 mois de prison ferme et 50 000 euros d’amende pour avoir relayé sur Face­book un mon­tage com­para­nt Chris­tiane Taubi­ra à un singe. Certes, ce mon­tage d’un goût dou­teux était dif­fi­cile à défendre. Il n’empêche que le ver­dict n’en a pas moins choqué par sa dureté. Mais même traite­ment que pour Nico­las Sarkozy : on livre l’information sans aucune analyse. Pas une minute pour ten­ter de répon­dre aux nom­breux Français intrigués par la dureté de cette con­damna­tion. Il aurait pour­tant été intéres­sant de com­par­er le délit de cette jeune femme à d’autres con­damnés à la même peine. C’est ce qu’a fait Lau­rent Ober­tone, livrant des com­para­isons ahuris­santes qu’il aurait été per­ti­nent de relayer.

D’autres exem­ples d’une jus­tice éton­nante ont ponc­tué le mois de juil­let sans que TF1 n’en relève aucun. Le procès des Femen par exem­ple, le 9 juil­let, à la suite de leur incur­sion à Notre-Dame en févri­er 2013. Elles étaient pour­suiv­ies pour avoir dégradé l’une des cloches exposées dans la nef de la cathé­drale. L’action avait large­ment choqué, notam­ment la com­mu­nauté catholique, le ver­dict tombe : une amende de 1500 euros est req­uise. Un procès qui aurait pu être com­paré à celui des Homen qui avait eu lieu quelques semaines plus tôt, au sujet de leur action à Rol­land Gar­ros. Aucune dégra­da­tion n’avait été com­mise et il ne s’agissait nulle­ment d’un endroit religieux ou sacré. Le pro­cureur avait pour­tant req­uis 12 mois de prison avec sur­sis con­tre les qua­tre pro­tag­o­nistes plus 6 mois fer­mes pour l’un d’entre eux… L’accusation de porter une arme par des­ti­na­tion avait été retenue les con­cer­nant (un fumigène) mais non pour les Femen et leurs bâtons. La dif­férence des peines req­ui­s­es aurait mérité d’être relevée, les deux groupes jugés étant emblé­ma­tiques de l’année qui venait de s’écouler.

En guise de conclusion

Impos­si­ble de décor­ti­quer plus encore les cen­taines de sujets traités par TF1. Le mois de juil­let est tra­di­tion­nelle­ment un mois de vacances et la rédac­tion de TF1 n’y a pas échap­pé : à défaut d’en prof­iter, elle a choisi d’en faire le fil con­duc­teur de ses pro­grammes. Chaque jour ou presque de longues min­utes con­sacrées à des vacanciers, des « bons plans vacances », des endroits char­mants ou mag­nifiques, des spec­ta­cles épous­tou­flants ou féériques, mais égale­ment l’inévitable bar­be­cue, la crème solaire, les sports nau­tiques et les meilleurs équipements…

Ces sujets sont de sai­son, mais ils auraient pu être rognés de quelques min­utes s’il avait fal­lu faire quelque place aux nom­breux sujets non-traités.

Le jour­nal de TF1 est finale­ment assez limpi­de : il se con­tente de traiter assez objec­tive­ment des sujets précédem­ment choi­sis. C’est dans ce choix que la ligne édi­to­ri­ale est claire­ment affir­mée et le maître mot sem­ble être : ne pas faire de vague et rester dans les sen­tiers bat­tus. Ce qui implique, mal­heureuse­ment pour l’intérêt du jour­nal, de ne surtout pas pouss­er trop loin l’analyse, si tant est qu’elle soit même entamée.

Crédit pho­to : Daniel Rodet via Wikipedia (cc by sa 3.0)