Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Après le bannissement de Trump, Twitter veut renforcer la censure contre ses partisans

29 janvier 2021

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Après le bannissement de Trump, Twitter veut renforcer la censure contre ses partisans

Après le bannissement de Trump, Twitter veut renforcer la censure contre ses partisans

29 janvier 2021

Temps de lecture : 5 minutes

Vous allez lire un article gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien. Claude Chollet

De nouvelles vidéos tournées en caméra caché par Project Veritas montrent que la censure dont le média social Twitter a frappé Donald Trump et ses partisans après l’irruption de manifestants au siège du Congrès le 6 janvier 2021 s’inscrit dans une action de censure beaucoup plus large.

Twitter et la « politique d’intégrité civique »

« Nous sommes con­cen­trés sur un compte main­tenant », expli­quait Jack Dorsey dans une vidéo datée par Project Ver­i­tas du 8 jan­vi­er 2021, deux jours après les émeutes, en par­lant du compte [@realDonaldTrump] du prési­dent sor­tant Don­ald Trump, suivi par plus de 88 mil­lions de per­son­nes, le jour où sa com­pag­nie le sus­pendait défini­tive­ment. Et Dorsey de con­tin­uer ain­si sa phrase : « Mais ça va être bien plus gros que juste un compte, et ça va dur­er bien plus longtemps que ce jour, cette semaine, et les quelques prochaines semaines, et ça va con­tin­uer au-delà de l’investiture [du prési­dent Biden] ».

« Nous avons décidé de ren­forcer la mise en œuvre de notre poli­tique d’intégrité civique et d’utiliser un mar­quage qui dés­ac­tive les inter­ac­tions afin d’arrêter la dif­fu­sion de con­tenu incen­di­aire, c’est-à-dire du con­tenu con­cer­nant les ingérences dans les élec­tions, la fraude élec­torale, le vol de l’élection et ce type de choses », pré­cise dans une vidéo égale­ment datée du 8 jan­vi­er la respon­s­able mon­di­ale de Twit­ter pour les ques­tions juridiques, les poli­tiques, la con­fi­ance et la sécu­rité, Vijaya Gadde. Orig­i­naire d’Inde, Gadde a été qual­i­fiée en octo­bre 2020 par le média Politi­co de « direc­trice de média social la plus puis­sante dont vous avez jamais enten­du par­ler ». Décrite par Politi­co comme ayant la fibre « libérale » (au sens améri­cain de pro­gres­siste, lib­er­taire), la respon­s­able de Twit­ter serait à l’origine de la déci­sion prise par Jack Dorsey en octo­bre 2019, à un an des élec­tions prési­den­tielles améri­caines, d’interdire toute pub­lic­ité poli­tique sur sa plate­forme. Gadde serait égale­ment à l’origine du blocage sur Twit­ter en octo­bre 2020, à quelques semaines des élec­tions, de l’article du New York Post qui décrivait les pra­tiques dou­teuses de Joe Biden et de son fils en Ukraine quand Joe Biden était le vice-prési­dent de Barack Obama.

Une approche mondiale

Dans la con­ver­sa­tion vidéo pub­liée par Project Ver­i­tas, Vilaya Gadde déclare aus­si que pour met­tre en œuvre sa poli­tique, Twit­ter met à prof­it l’expérience acquise « sur les autres marchés » et que « dans ce sens » il s’agit pour Twit­ter d’une « approche mondiale ».

Dans cette même vidéo, où l’on voit Vijaya Gadde et Jack Dorsey par­ticiper à une réu­nion en ligne avec d’autres respon­s­ables de la société cal­i­forni­enne, Gadde se réfère à une let­tre d’employés de Twit­ter qui demandaient la sus­pen­sion défini­tive du compte prési­den­tiel alors que dans un pre­mier temps, au moment des vio­lences du 6 août au Capi­tole, celui-ci n’avait été blo­qué que pour 12 heures. Gadde explique les raisons qui ont poussé Twit­ter à agir en deux temps, en jus­ti­fi­ant la sus­pen­sion défini­tive après avoir recon­nu plus tôt que, après la pre­mière sus­pen­sion de 12 heures, les tweets pub­liés par le prési­dent améri­cain appelaient ses par­ti­sans au calme et con­damnaient les violences.

Pour jus­ti­fi­er la sus­pen­sion défini­tive du compte du prési­dent sor­tant, Twit­ter avait cité deux mes­sages ne com­por­tant aucun appel à la vio­lence, fait remar­quer le site pro-vie Life­news dans un arti­cle très fourni con­cer­nant la vidéo de Project Ver­i­tas et le con­texte de l’acte de cen­sure qui y est revendiqué par les dirigeants du média social. Dans les deux mes­sages en ques­tion, Don­ald Trump avait écrit ce qui suit :

- Les 75 000.000 Améri­cains remar­quables qui ont voté pour moi, L’AMÉRIQUE D’ABORD, et RENDRE SA GRANDEUR À L’AMÉRIQUE, auront une VOIX DE GÉANT pour longtemps encore. Ils ne seront pas méprisés ou traités injuste­ment de quelque manière ou sous quelque forme que ce soit !!! »

- « Pour tous ceux qui ont posé la ques­tion, je n’irai pas à l’Investiture le 20 janvier ».

Pour Twit­ter, ces deux mes­sages vio­laient sa « poli­tique sur la glo­ri­fi­ca­tion de la vio­lence ». Cha­cun jugera. Twit­ter a égale­ment affir­mé pour jus­ti­fi­er sa déci­sion que Trump « risquait très forte­ment d’encourager et inspir­er les gens qui voudraient répéter les actions crim­inelles qui se sont déroulées au Capi­tole le 6 jan­vi­er 2021 ». Ceci alors que, con­traire­ment à ce qui a été dit dans cer­tains médias, Trump n’avait pas, dans ses pro­pos tenus face à la foule de ses par­ti­sans le 6 jan­vi­er, appelé à com­met­tre des actes de violence.

Regrets pour la galerie

Quoi qu’il en soit, les vidéos pub­liées les 14 et 18 jan­vi­er par Project Ver­i­tas mon­trent bien que les regrets exprimés par Jack Dorsey le 13 jan­vi­er à pro­pos du ban­nisse­ment de Trump de sa plate­forme n’étaient que de façade.

Le média Project Ver­i­tas se spé­cialise dans l’utilisation de caméras cachées pour dévoil­er le par­ti-pris des grands médias améri­cains. Sans sur­prise, la recherche de l’expression « Project Ver­i­tas » sur Google n’affiche pas de lien au site de ce média et il faut pass­er par un autre moteur de recherche, comme par exem­ple Bing ou Duck­Duck­Go, pour le voir s’afficher dans les résul­tats (en pre­mière posi­tion). Il faut croire que les dirigeants de Google n’ont pas appré­cié les vidéos mis­es en ligne par Project Ver­i­tas à pro­pos de la cen­sure et des manip­u­la­tions mas­sive­ment pra­tiquées par leur entre­prise (voir par exem­ple : « Google en cam­pagne pour Biden avec son moteur de recherche »).

Voir aussi

Cet article GRATUIT vous a plu ?

Il a pourtant un coût : 50 € en moyenne. Il faut compter 100 € pour un portrait, 400 € pour une infographie, 600 € pour une vidéo. Nous dépendons de nos lecteurs, soutenez-nous !

Vidéos à la une

Derniers portraits ajoutés