Que Google ait un penchant à gauche, libéral au sens américain du terme (c’est-à-dire progressiste, libertaire), tout le monde le sait déjà, notamment grâce à des fuites et à l’action de quelques lanceurs d’alerte depuis l’intérieur de la compagnie. Ce dont on ne se rend pas forcément compte, c’est jusqu’où va la capacité du géant américain de l’Internet à faire pencher la balance en faveur des démocrates sans que les électeurs ne s’en aperçoivent.
Project Veritas dévoile le pot aux roses
Le média Project Veritas, qui se spécialise dans l’utilisation de caméras cachés pour dévoiler l’envers du décor et notamment le parti-pris gauchiste des grands médias américains, a récemment publié de nouvelles vidéos pour exposer la manière dont l’entreprise californienne Google LLC exploite son monopole afin d’influencer les électeurs américains à l’approche de l’élection présidentielle du 3 novembre où s’affronteront le président sortant Donald Trump, soutenu par les républicains, et l’ancien vice-président de Barack Obama, le démocrate Joe Biden. La nouvelle de ces vidéos n’a bien entendu été relayée que par les sites conservateurs ou pro-vie, certains blogs et encore par le média russe RT, mais pas par les grands médias d’information américains dont le cœur penche majoritairement dans le même sens que celui de Google.
Trump = Moins, Biden = Plus
C’est ainsi que l’on peut voir par exemple ces vidéos reprises et décrites sur le site catholique et pro-vie canadien Life Site News. La première vidéo fait apparaître un certain Ritesh Lakhkar, présenté comme Technical Program Manager pour le Cloud chez Google, et son collègue Partrick Markan, ingénieur chez Fitbit, une entreprise en cours de rachat par Google. Le journaliste de Project Veritas demande aux deux hommes pourquoi une recherche Google sur les mots clés « Donald Trump » ne donne que des résultats à connotation négative alors qu’une recherche sur les mots clés « Joe Biden » affiche au contraire uniquement des résultats à connotation positive. Les deux interlocuteurs de Veritas répondent simplement que les résultats sont volontairement orientés par les propriétaires des algorithmes de recherche. Lakhkar explique ensuite, dans une autre conversation discrètement filmée, que Google « joue à Dieu », mais de manière sélective, et que « si Trump dit quelque chose, donne une fausse information, on l’efface sous un quelconque prétexte parce que c’est illégal. Si un leader démocrate dit une telle chose, on le laisse tel quel ». Lakhkar confirme aussi au journaliste que c’est la même chose pour YouTube, propriété de Google, tout en exprimant son malaise face à ces pratiques. « Sur le plan moral et éthique, je ne suis pas d’accord », explique-t-il sans savoir qu’il est filmé, affirmant : « c’est une des raisons pour lesquelles j’étouffe chez Google ».
Les employés aussi
La deuxième vidéo met en lumière une autre forme de censure à l’œuvre chez Google, pas forcément cette fois par la volonté des dirigeants de la compagnie mais en raison des préférences idéologiques et politiques de la très grosses majorité de ses employés. Cette fois il s’agit d’une conversation conduite dans un pub avec un certain Adriano Amaduzzi, responsable de la publicité Google. Amaduzzi se vante d’avoir bloqué des publicités en faveur du Brexit quand un représentant du Parti conservateur britannique l’avait contacté. Il rit et explique, toujours sans savoir qu’il est filmé : « Vous dites à un Italien vivant à Londres que vous voulez promouvoir le Brexit. Vous trouvez ça sérieux ? ».
Cela ne serait pas si grave si Google n’avait pas une telle domination sur le marché des moteurs de recherche. Le Département de la Justice des États-Unis vient d’ailleurs de lancer une procédure antitrust pour mettre fin à ses pratiques abusives en matière de recherche en ligne et de publicité, ainsi qu’informait l’agence Associated Press le 20 octobre 2020. Mais pour l’élection du 3 novembre, c’est un peu tard.
Pour Clinton déjà…
Il y a un an, un chercheur américain, le docteur Robert Epstein, spécialiste de la psychologie à l’American Institute for Behavioral Research and Technology, avait expliqué sur la chaîne Fox News le fonctionnement et la portée des manipulations de Google au moyen de son moteur de recherche. Epstein avait voulu étudier la partialité ou non de trois grands moteurs de recherche – Google, Bing et Yahoo – et l’influence que cette partialité peut avoir sur le vote des électeurs. Travaillant sur des échantillons d’Internautes qui avaient accepté que soient collectées les données concernant leurs recherches sur ces trois moteurs, Epstein et son équipe sont arrivés en 2016 à la conclusion qu’il y avait « un parti pris très net dans les résultats de recherche de Google. Pas sur Bing et Yahoo, uniquement sur Google », et que ce parti pris était « en faveur d’Hillary Clinton » dont le chercheur était partisan à titre personnel. Selon Epstein, « ce niveau de parti pris était suffisant, selon mes calculs, pour avoir fait gagner à Hillary quelque part entre 2,6 et 10,4 millions de votes sans que personne ne se soit rendu compte de ce qui se passait ». Ceci au moyen des suggestions de recherche qui apparaissent pendant que l’utilisateur tape ses mots clés et aussi par le biais du classement des liens apparaissant en tête des résultats de la recherche, car « 50 % de nos clics concernent les deux premiers résultats ».
Parti pris libéral
« Leurs dirigeants et leurs employés ont un parti pris libéral avec lequel je sympathise », reconnaît Epstein, « mais je n’aime pas le fait que ce parti pris s’exprime en faisant obstacle à une élection libre et loyale ».
En 2018, pour les élections de mi-mandat au Congrès, Epstein et son équipe se sont penchés sur trois comtés traditionnellement acquis aux républicains. « Nous avons mesuré un parti pris significatif dans le moteur de recherche Google, mais pas sur Bing et Yahoo. (…) Ce niveau de parti pris pouvait très facilement expliquer les marges de victoire [des candidats démocrates] dans ces districts. (…) Cela se passe de manière subliminale, sans que les gens le sachent. Les gens ne voient pas ce parti pris dans les résultats des recherches ».