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Affaire Bolloré Vivendi Havas, à qui profite le crime ?

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2 mai 2018

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Affaire Bolloré Vivendi Havas, à qui profite le crime ?

Affaire Bolloré Vivendi Havas, à qui profite le crime ?

Temps de lecture : 3 minutes

Nous avons rendu compte le 24 avril 2018 de la mise en garde à vue de Vincent Bolloré, propriétaire d’Havas et de nombreux intérêts en Afrique, soupçonné d’avoir utilisé son agence pour favoriser ses affaires dans des concessions portuaires au Togo et en Guinée. Bolloré qui est aussi un homme de médias à travers Vivendi qui contrôle Canal+, et CNews.

Après 60 heures de garde à vue l’homme d’affaires a été mis en exa­m­en le 25 avril pour cor­rup­tion d’agent pub­lic étranger, com­plic­ité d’abus de con­fi­ance, faux et usage de faux. Il a été lais­sé en lib­erté sans con­trôle judiciaire.

Les concurrents chinois

La présence de Bol­loré en Afrique est mas­sive et requiert de lourds investisse­ments : ports amé­nagés pour recevoir des maxi con­teneurs sous régime de la con­ces­sion. Sur le plan fer­rovi­aire Bol­loré rénove et con­stru­it la voie fer­rée Abid­jan-Oua­gadougou-Coto­nou, 1200 kms de voies à con­stru­ire, 1800 kms à rénover. Un pro­jet estimé autour de 3 mil­liards d’euros et blo­qué depuis 2016 par le Bénin. En mars 2018 Patrice Talon, Prési­dent du Bénin, a claire­ment indiqué sa préférence pour un pro­jet porté par les chi­nois.

En par­al­lèle GVA (Group Viven­di Africa) veut con­stru­ire un vaste réseau de fibre optique suiv­ant la voie fer­rée, appor­tant le haut débit à l’intérieur du con­ti­nent africain. Là aus­si les groupes chi­nois sont à l’affût. Dans le cadre du pro­jet de la route de la soie, la Chine veut arrimer le con­ti­nent à la route de la soie mar­itime par le biais des côtes soma­li­ennes mais aus­si par le canal de Suez. Et la poli­tique de non-ingérence dans les affaires intérieures ne déplaît pas aux africains.

Les Américains en embuscade

Barack Oba­ma avait annon­cé le 21 sep­tem­bre 2016 un nou­veau plan d’investissement de 9 mil­liards de dol­lars pour l’Afrique. Cette annonce avait été faite lors du Forum d’affaires Afrique États-Unis, à New York, en marge de l’assemblée générale de l’ONU. Il avait pré­cisé que les investisse­ments privés améri­cains en Afrique se mon­taient à 15 mil­liards de dol­lars pour les deux années précé­dant le Forum. Oba­ma s’était bien gardé de citer les mon­tants de l’USAID où la NSA et la CIA sont comme des pois­sons dans l’eau : 10 mil­liards de dol­lars par an sans oubli­er le plan Pow­er Africa d’électrification de l’Afrique sub­sa­hari­enne. Sans oubli­er non plus que les États-Unis dis­posent dans le con­ti­nent d’une soix­an­taine de bases, camps et autres instal­la­tions de défense.

Si la diplo­matie de Trump sem­ble plus dirigée vers l’Asie, l’Amérique latine ou le Moyen-Ori­ent, ce serait une erreur de croire que l’Afrique est délais­sée. Le 20 sep­tem­bre 2017 Trump rece­vait plusieurs chefs d’État africains à la Trump Tow­er. Par­mi ces derniers, le Prési­dent guinéen Alpha Condé. Celui là même que les juges soupçon­nent d’avoir été acheté par Havas pour favoris­er les affaires de Bol­loré dans son pays. Début mars 2018, le secré­taire d’État améri­cain de l’époque Rex Tiller­son, entre­pre­nait un voy­age d’une semaine vis­i­tant le Nigéria, le Tchad, le Kenya et l’Ethiopie.

Si Bol­loré chute en Afrique, les rem­plaçants sont tout trou­vés, Améri­cains et Chi­nois doivent se frot­ter les mains. Nous revien­drons sur l’impact médi­a­tique de cette arresta­tion et sur les con­séquences pos­si­bles pour les médias de Viven­di dont l’action a chuté de 6% en un jour avant de récupér­er ses pertes ensuite.