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Victoire de Meloni en Italie : le cauchemar des médias allemands devient réalité

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10 octobre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Victoire de Meloni en Italie : le cauchemar des médias allemands devient réalité

Temps de lecture : 4 minutes

D’abord la Suède, maintenant l’Italie ! Pour les médias allemands, les scenarii d’horreur se succèdent avec les récentes victoires électorales des partis de droite à l’étranger. Depuis que Giorgia Meloni, susceptible de devenir le prochain Premier ministre italien, a remporté les élections à Rome, l’horreur règne dans les rédactions d’outre-Rhin. Aucune décision du gouvernement fédéral, menaçant pourtant parfois l’existence même des citoyens, ne met autant en alerte les journalistes libéraux de gauche, que ces élections démocratiques dont le résultat ne correspond pas à leurs propres préférences politiques.

Ain­si a‑t-on pu con­stater sur t‑online Son­ntag une cer­taine panique juste avant la fer­me­ture des bureaux de vote ital­iens. Se référant aux bons résul­tats du par­ti Fratel­li d’talia dans les sondages, le por­tail d’in­for­ma­tion titrait : « Suc­cès pos­si­ble des post­fas­cistes en Ital­ie — com­ment a‑t-on pu en arriv­er là ? » S’en­suit un dén­i­gre­ment – ou plutôt une démo­li­tion – du par­ti qui s’ap­puierait sur des idées « néo-fas­cistes, euroscep­tiques et national-conservatrices ».

Juste avant le cen­tième anniver­saire de la prise du pou­voir par Ben­i­to Mus­soli­ni, les Fratel­li d’I­talia seraient sur le point de rem­porter une vic­toire électorale.

La scène médiatique présente Meloni comme successeur de Mussolini

Lorsque le par­ti de Mel­oni est en effet sor­ti vain­queur quelques heures plus tard, t‑online a par­lé d’un « choc pour tous les Européens à l’e­sprit démoc­ra­tique ». Le « cab­i­net de l’hor­reur » aurait « pris le pou­voir », n’hésite pas à écrire la rédac­tion. On y agite le spec­tre d’un retour du fas­cisme, car l’élue, qui devien­dra prob­a­ble­ment le prochain Pre­mier min­istre ital­ien, fait cam­pagne con­tre l’immigration incon­trôlée et pour un retour à l’É­tat tra­di­tion­nel pro­tecteur de la nation et de la famille. Pour couron­ner le tout, t‑online illus­tre un autre arti­cle sur les élec­tions ital­i­ennes avec Mel­oni ten­dant le bras vers le pub­lic lors d’un dis­cours, sous-enten­dant bien évidem­ment par là qu’elle fait le « salut romain » alors qu’elle lev­ait… le bras gauche.

Pour Stern (heb­do­madaire à cou­ver­ture nationale), il s’ag­it égale­ment d’une « prise de pou­voir ». « Avec Gior­gia Mel­oni et ses Fratel­li d’I­talia, il y a main­tenant un risque d’éro­sion des droits civiques et de détéri­o­ra­tion du cli­mat social », prédit le jour­nal. Un jour­nal­iste, Has­nain Kaz­im, qui par le passé a, entre autres, écrit pour Der Spiegel (heb­do­madaire à cou­ver­ture nationale, cor­re­spon­dant grosso-modo chez nous au Point ou à L’Ex­press), annonce, lui, qu’il ne par­ti­ra pas en vacances en Ital­ie pour le moment ! Les Ital­iens s’en remettront-ils ?

Famille, Dieu, Nation : des concepts « fascistes » pour Die Welt

Die Welt (quo­ti­di­en à cou­ver­ture nationale) a tout d’abord essayé d’adopter une approche dif­féren­ciée. Aucune ten­dance anti-démoc­ra­tique n’au­rait pu être trou­vée dans le pro­gramme élec­toral qui ressem­blerait bien plus à de la « poli­tique patri­o­tique ». Pour ensuite rejeter « Famille, Dieu, Nation », c’est-à-dire la base de la civil­i­sa­tion européenne, comme l’a juste­ment déclaré l’his­to­rien spé­cial­iste de l’an­tiq­ui­té David Engels, comme étant le « mod­èle fas­ciste » des Fratel­li d’I­talia. Der Spiegel , lui, s’ appuie sur une défor­ma­tion com­plète des faits. Ce sont « l’a­gen­da de la colère » et la « cam­pagne de haine » de Mel­oni qui auraient divisé l’I­tal­ie, et non les con­di­tions poli­tiques insouten­ables que subis­sent les Italiens.

La plu­part des médias con­cen­trent leur cri­tique du chef des Fratel­li d’I­talia en l’accusant de con­tacts coupables : Mel­oni entre­tient de bonnes rela­tions avec le Pre­mier min­istre hon­grois Vik­tor Orbán (Fidesz), lui-même bien dis­posé envers le prési­dent russe Vladimir Pou­tine…. Cer­tains jour­naux craig­nent ouverte­ment que Mel­oni et Orbán ne for­ment une alliance con­tre les dirigeants de l’UE. Enfin, Mel­oni recevrait égale­ment des encour­age­ments du « mau­vais côté » :  le Spiegel titrait ain­si : « Élec­tion en Ital­ie : accla­ma­tions de l’AfD » (par­ti de droite pop­uliste et nationaliste).

Les médias étrangers parlent aussi de fascisme

Bien sûr, les com­bat­tants anti-droite ne se trou­vent pas seule­ment en Alle­magne. Le quo­ti­di­en espag­nol El País écrit : « Jamais aupar­a­vant un gou­verne­ment en Europe occi­den­tale n’a été dirigé par une droite d’in­spi­ra­tion néo-fas­ciste, qui affiche sans ver­gogne son scep­ti­cisme anti-européen et son nation­al-pop­ulisme belliqueux ». Même son de cloche dans le Hospo­darske noviny tchèque : « Il y a presque exacte­ment 100 ans, l’I­tal­ie con­nais­sait un coup d’É­tat fas­ciste met­tant Ben­i­to Mus­soli­ni au pou­voir. Désor­mais, pour la pre­mière fois depuis la chute de Mus­soli­ni, l’I­tal­ie aura un représen­tant de l’ex­trême droite à la tête du gouvernement ».

Même le Polon­ais Rzecz­pospoli­ta con­sid­ère la vic­toire de Mel­oni comme une vic­toire pour Varso­vie et Budapest, toutes deux opposées à de nom­breuses ini­tia­tives folles de l’UE. En tout cas, Mel­oni incar­ne tout ce que les représen­tants de l’É­tat libéral de gauche et anti­na­tion­al rejet­tent. Pour les con­ser­va­teurs et les gens de droite, cela sig­ni­fie sim­ple­ment : l’I­tal­ie a tout fait correctement.

Source : Junge Frei­heit, 26/09/2022

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