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Un portrait italien de BHL

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15 août 2022

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Un portrait italien de BHL

Un portrait italien de BHL

Temps de lecture : 4 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 8 avril 2022

Marco Travaglio est un journaliste italien de gauche, mais une gauche indépendante et volontiers frondeuse. Il dirige depuis 2015 Il Fatto quotidiano, un quotidien romain considéré comme proche du Mouvement cinq étoiles. Nous ne résistons pas au plaisir de proposer à nos lecteurs un portrait récent de notre belliciste national paru dans son journal. Les sous-titres sont de notre rédaction.

Mauvaise nouvelle pour l’Ukraine

Alors que les choses sem­blaient aller un peu mieux, s’abat sur la résis­tance ukraini­enne une cat­a­stro­phe qui pour­rait être fatale : Bernard-Hen­ri Lévy, BHL pour ses amis. Nou­veau philosophe chevron­né (cette qual­i­fi­ca­tion a t’elle une date de péremp­tion, comme le yaourt, ou est-ce à vie ?) et adepte des croisières de luxe.

Il décolle de la Tour Eif­fel, le col retroussé comme une sor­cière dans Blanche-Neige et est para­chuté à Odessa. Et main­tenant, il annonce dans La Repub­bli­ca (1) la “retraite de Pou­tine” immi­nente parce que “son armée s’ef­fon­dre”, “l’heure du déclin a son­né ” et nous sommes juste à un cheveu de la « vic­toire ukraini­enne », qui réclame juste « une aug­men­ta­tion min­i­male de l’aide ».

Papa Biden et la pappamolla française

La cho­chotte (pap­pamol­la en ital­ien) aimerait négoci­er pour éviter des mas­sacres inutiles, mais « le moment n’est pas encore arrivé ». Il nous le fera savoir. En atten­dant, lais­sons-les s’exterminer un peu plus et éman­cipons-nous avec Biden, qui trou­ve tou­jours les mots justes, à con­di­tion qu’il “défende chaque cen­timètre” de l’Ukraine qui – sur­prise ! est un “sanc­tu­aire de l’OTAN” (Pou­tine aurait donc rai­son). “L’Amérique revient” et il y a de très bons espoirs pour une troisième guerre mon­di­ale. Après tout, la gueule d’ange (Pupet­to en ital­ien) de Mont­martre et des Champs-Élysées est un grand fan des guer­res, celles faites avec les culs des autres. Pas une n’a été oubliée. Ser­bie, Afghanistan, Irak, Libye, Syrie : allons enfants !

Monsieur porte-malheur

Mal­heureuse­ment, il porte tou­jours la poisse à ceux qu’il sou­tient. Mémorable fût la mis­sion à Beng­hazi en 2011 pour recruter des rebelles anti-Kad­hafi, pro­mou­voir chefs de tribus et égorgeurs comme par­ti­sans de la lib­erté, puis se pro­pos­er comme médi­a­teur entre eux et l’OTAN, enfin pouss­er à tout bom­barder jusqu’à la sodomi­sa­tion et l’as­sas­si­nat du raïs. « La Libye entre dans la démoc­ra­tie, j’en suis fier », jubi­lait-il à son retour. Résul­tat : 11 années de guerre civile. En 2020, tou­jours fier, il débar­que à Mis­ra­ta (2) pour recevoir un prix bien mérité. Et la pop­u­la­tion le lui a remis avec plaisir, comme il l’a dit lui-même dans un reportage déchi­rant sur La Repub­bli­ca : « Libye, tirs et crachats. Comme ils m’ont chas­sé dans le désert ». Sauvé du lyn­chage il a été rap­a­trié avec ordre de ne plus remet­tre les pieds sur place.

Le prophète afghan

L’an­née dernière enfin, pleu­rant l’indé­cent aban­don améri­cain de Kaboul, il part en avion dans le Pan­shir chez Mas­soud junior pour annon­cer la paix après seule­ment 42 ans de guerre et annon­cer tou­jours sur La Repub­bli­ca que la défaite des tal­ibans était immi­nente. Résul­tat : les tal­ibans au pou­voir et Mas­soud junior enfui au Tad­jik­istan. Si vous ajoutez que, dans ses nom­breuses vies, le délabré philosophe a épousé Trot­sky, Mao, Mit­ter­rand, Cesare Bat­tisti (3), Sarkozy et aus­si Ren­zi (4) et Cal­en­da (5), vous pou­vez bien com­pren­dre notre appréhen­sion pour les Ukrainiens. Dans la vie, vous pou­vez vous sauver de tout, même de l’ar­mée russe. De BHL non ».

Source : ilfattoquotidiano.it
Tra­duc­tion :
CC

Notes

  1. La Repub­bli­ca est le grand quo­ti­di­en libéral lib­er­taire de Rome, un peu l’équivalent du Monde, défen­dant la mon­di­al­i­sa­tion heureuse et l’atlantisme sans frontières.
  2. Mis­ra­ta, grand port à 200 kms à l’est de Tripoli est une ville où les frères musul­mans sont la force dom­i­nante, par­mi de nom­breuses autres milices.
  3. Cesare Bat­tisti, écrivain et ter­ror­iste ital­ien, soutenu par BHL et la gauche ger­manopra­tine, a été con­damné à la prison à vie après 38 années de cavale.
  4. Mat­teo Ren­zi, ancien maire de Flo­rence, alias « le démolis­seur », per­son­nal­ité poli­tique vire­voltante, est surnom­mé « Ren­zis­coni » car comme Berlus­coni son com­bat poli­tique est avant tout motivé par son insa­tiable ambi­tion personnelle.
  5. Car­lo Cal­en­da, homme poli­tique romain libéral lib­er­taire, il est con­sid­éré comme le meilleur défenseur des insti­tu­tions de Brux­elles en Ital­ie et un grand ami des États-Unis.