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Catherine Nayl

14 mars 2022

Temps de lecture : 9 minutes
Accueil | Portraits | Catherine Nayl
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Catherine Nayl

Temps de lecture : 9 minutes

La discrète directrice de l’info, de « télé Bouygues » à France Inter

Au service de la télévision privée TF1 durant trente-trois ans, la discrète Catherine Nayl, directrice générale adjointe de l’information de la chaîne de Martin Bouygues a changé de cap pour prendre la tête de l’info à France Inter en 2017. Retour sur la carrière de celle qui s’est imposée dans le service public.

Au service de la télévision de Martin Bouygues : TF1

C’est au sein de TF1 que Nayl passera le plus clair de sa car­rière, d’abord sur le ter­rain, puis pour encadr­er les équipes. Elle sera notam­ment trois ans rédac­trice-en-chef de Jean-Pierre Per­nault, dont elle con­cède qu’il lui « a beau­coup appris ». « On n’était absol­u­ment pas d’accord sur cer­taines choses, mais on se le dis­ait et une con­fi­ance s’est instal­lée », con­cèdera-t-elle encore. Au fil de sa car­rière, elle fut par­fois amenée à pren­dre tem­po­raire­ment la place de Claire Chaz­al au jour­nal télévisé et occu­pa longtemps des postes clefs de cette insti­tu­tion. Elle sem­ble s’être attirée des inim­i­tiés, notam­ment en la per­son­ne de Lau­rence Fer­rari, anci­enne présen­ta­trice du JT de TF1 à laque­lle elle aurait ren­du à l’occasion de son départ un hom­mage « des plus légers selon les témoins » de la scène et avec qui les rap­ports sem­blaient alors déli­cats.

En 2017, elle est rem­placée par Thier­ry Thuil­li­er, ancien directeur général de LCI, avait qui elle ne pou­vait, de son pro­pre aveu, cohab­iter. Elle refusera de pren­dre un autre poste au sein de TF1 au moment de la nom­i­na­tion de ce dernier, décré­tant : « Je n’ai  ni regret ni amer­tume. Il fal­lait couper le cor­don, je l’ai fait. Je pense avoir lais­sé une infor­ma­tion en bonne san­té et des finances tenues ». Ce change­ment serait dû au fait que Nayl était une fig­ure proche de l’ancien prési­dent-directeur général du groupe TF1, Nonce Paoli­ni, rem­placé depuis par Gilles Pélis­son ; on le devrait égale­ment au fait que Thuil­li­er fut l’artisan de la réor­gan­i­sa­tion (pas­sant par une fusion des rédac­tions) de l’information au sein de la chaîne et que son acces­sion à la direc­tion de l’information se soit naturelle­ment imposé dans la per­spec­tive de men­er le pro­jet à son terme.

Un officier du privé à Radio France

Son arrivée au sein de France Inter ne fait pas fait que des heureux : lorsque Cather­ine Nayl est nom­mée direc­trice de l’information de la radio, le 22 décem­bre 2017, les syn­di­cats de Radio France déplorent l’arrivée d’une per­son­nal­ité qui, trente-trois ans durant, offi­cia dans le privé. Si cer­tains indiquent que l’initiative de cette nom­i­na­tion reviendrait à Lau­rent Guimi­er, Math­ieu Gal­let et Lau­rence Bloch, d’autres veu­lent y voir une nom­i­na­tion poli­tique à l’instigation de la PDG de Radio France Sibyle Veil. Celle-ci aurait, selon l’ouvrage L’Élysée (et les oli­gar­ques) con­tre l’info de Jean-Bap­tiste Rivoire, « bom­bard[é] Cather­ine Nayl, alors cheffe des infos de télé Bouygues [ndlr. TF1] direc­trice de la rédac­tion de France Inter » pour répon­dre à l’hommage qu’avait ren­du son ami Emmanuel macron aux chaînes privées, qui feraient « aus­si bien le job » que France Télévi­sions. Cette dernière asser­tion est dis­cutable, puisque la nom­i­na­tion de Cather­ine Nayl (22/12/2017) inter­vient qua­tre mois avant celle de Sibyle Veil (16/04/2018).

Dès son arrivée à France Inter, elle procède à des change­ments en décalant la revue de presse et en immisçant dans la mati­nale de nou­velles chroniques. C’est à elle que l’on doit l’installation, dans la mati­nale, du duo Demor­and-Salamé à 8h20. Son objec­tif au sein de la radio est selon elle, d’« apporter à tous, sans pouss­er une doc­trine, les out­ils pour mieux com­pren­dre le monde dans lequel on vit ».

Formation

  • École pri­maire et Col­lège Pierre Brossolette.
  • Lycée Emmanuel Mouti­er à Châtenay-Malabry.
  • Uni­ver­sité Paris IV – La Sorbonne.
  • 1982 : tit­u­laire d’une licence d’histoire.
  • 1984 : maîtrise des sci­ences de l’information à l’Ecole des hautes études en sci­ences de l’information et de la com­mu­ni­ca­tion (CELSA).

Parcours professionnel

  • 1984–7 : pigiste au ser­vice d’informations générales de TF1. L’été, elle présente le jour­nal de 23h et Une Pre­mière.
  • 1989 : devient chef de ser­vice adjointe au ser­vice infor­ma­tions générales de TF1.
  • 1990–1991 : présen­ta­trice rem­plaçante du jour­nal de 23h sur TF1.
  • 1992 : chef du ser­vice Enquêtes et Reportages de TF1.
  • Du 10 févri­er 1993 à juin 1993 : elle présente, en com­pag­nie de Benoît Duquesne, le mag­a­zine men­su­el de la rédac­tion « À la Une » de TF1.
  • Juil­let 1996 à octo­bre 2002 : chef d’information à TF1.
  • Octo­bre 2002 à juin 2008 : direc­trice des reportages de TF1.
  • Juin à octo­bre 2008 : direc­trice de la rédac­tion de TF1. Elle est nom­mée à ce poste par Jean-Claude Dassier.
  • Jan­vi­er 2010 à févri­er 2016 : direc­trice déléguée à l’information du groupe TF1.
  • De 2012 au 1er octo­bre 2017 : admin­is­tra­trice de LCI.
  • De jan­vi­er 2013 au 1er octo­bre 2017 : mem­bre du comité exé­cu­tif de TF1.
  • De juil­let 2015 au 1er octo­bre 2017 : codi­rec­trice de LCI.
  • De févri­er 2016 au 1er octo­bre 2017 : direc­trice générale adjointe infor­ma­tion de TF1.
  • Depuis décem­bre 2017 : direc­trice de l’information de France Inter.

Parcours militant

Le par­cours mil­i­tant de Cather­ine Nayl n’est pas ren­seigné. Néan­moins, dans l’ouvrage d’Aude Das­sonville et de Jamal Hen­ni, TF1 – Couliss­es, secrets, guer­res internes, les auteurs soulig­nent le car­ac­tère « droiti­er » de la chaîne pen­dant le man­dat Sarkozy. Ils notent par ailleurs la sou­p­lesse des mem­bres de la direc­tion en matière poli­tique, indi­quant qu’ils s’accommodent aisé­ment des change­ments de couleurs poli­tiques des prési­dents. Ils indiquent ain­si à pro­pos de Cather­ine Nayl (et de Gilles Bouleau) :

« Cer­tains, à TF1, aiment croire que Cather­ine Nayl et Gilles Bouleau avaient, dans leurs jeuness­es respec­tives, une sen­si­bil­ité de gauche, ce qui expli­querait leurs car­rières actuelles ». 

Pour autant, à en croire l’ouvrage Médias – Les nou­veaux empires, Nayls n’est pas « sarkozyste et entend se ménag­er une dis­tance respectable par rap­port au pou­voir ».  Elle s’échinera dans cette voie pour la cam­pagne de 2012. A la mi-jan­vi­er 2012, le PDG de TF1 et Cather­ine Nayl auraient d’ailleurs invité pour un petit-déje­uner à la Tour TF1 Aurélie Fil­ip­pet­ti, chargée de la cul­ture et de la com­mu­ni­ca­tion dans l’équipe du can­di­dat social­iste à la prési­den­tielle François Hol­lande, afin que la chaîne ne soit pas accusée de favoritisme vis-à-vis du prési­dent sortant.

Vie privée

Cather­ine Nayl est née le 12 décem­bre 1960 à Mon­treuil, d’un père directeur de banque et d’une mère agent compt­able. Elle est mar­iée depuis le 19 juin 1992 au délégué général de l’Union nationale des fab­ri­cants d’étiquettes adhé­sives (UNFEA), M. Christ­phe Per­rot, dont elle a deux enfants. Elle appré­cie le ten­nis et le ski.

Distinctions

Cather­ine Nayl a gag­né le prix Jean d’Arcy, à l’origine de la Bourse qui lui per­me­t­tra de com­mencer son tra­vail à TF1.

Elle est faite Cheva­lier de l’ordre nation­al du Mérite le 14 mai 2010.

Elle a été nom­mée Cheva­lier de la Légion d’honneur le 13 juil­let 2018.

Elle est mem­bre du Con­seil du départe­ment de Jour­nal­isme de l’Ecole des hautes études en sci­ences de l’Information et de la com­mu­ni­ca­tion (CELSA).

Publications

Elles risquent leur vie cinq femmes reporters de guerre témoignent par Patri­cia Allé­monière, Anne Bar­ri­er, Lis­eron Boudoul, pré­face de Cather­ine Nayl, Paris : Tal­landi­er, DL 2019.

Elle l’a dit

« Nous devons tenir compte des habi­tudes et des com­porte­ments en ter­mes de con­som­ma­tion des citoyens français. Dans un monde où tout sem­ble se dématéri­alis­er, il est impor­tant d’avoir des vis­ages et des ren­dez-vous iden­ti­taires tout en étant con­scient du rôle de lien social de nos jour­naux », Média +, 20/12/2010.

« La télévi­sion a un rôle majeur à jouer. Elle reste un média leader et elle par­ticipe à forg­er les con­sciences. On donne accès à une infor­ma­tion validée, crédi­ble, véri­fiée et sérieuse. Et plus il y a de canaux d’in­for­ma­tions et plus il y a besoin de hiérar­chie, de pri­or­i­sa­tion. », La Ruche Média, 18/12/2016.

« Je crois que la mix­ité porte bien son nom. C’est pas l’affaire que des femmes ou que des hommes. Ça serait ridicule. C’est vrai que moi-même, sur quelques postes, il a fal­lu qu’un homme me dise : ” Je suis sûr que tu as les com­pé­tences. Il faut aller vers ce poste”. Ce qui me blo­quait ça n’é­tait pas l’équili­bre famil­iale parce que de ce côté j’ai eu la chance d’être soutenue à la mai­son mais je me demandais surtout si j’al­lais savoir faire, si ça n’é­tait pas trop tôt… Et quand cette hési­ta­tion pointe, il faut que des hommes imposent qua­si ce choix. Et qu’ils croient en nous ! C’est très impor­tant. », La Ruche Média, 18/12/2016.

« Je ne suis pas venue [à France Inter] pour ren­vers­er la table mais pour apporter un regard neuf. Main­tenant, j’en suis con­sciente, mon pro­fil – une ex-TF1 débar­quant à France Inter – pose ques­tion à cer­tains. Il y a, dans ces inter­ro­ga­tions, beau­coup d’idées reçues. Ceux qui doutent sont dans le fan­tasme et la doc­trine. […] Je ne mod­i­fierai pas l’ADN d’Inter. C’est pré­cisé­ment cet ADN qui m’a don­né envie d’y venir », L’Obs, 11/02/2018.

« [Il faut] faire des lance­ments qui ne soient pas des com­men­taires ». (A pro­pos de l’exposition des idées poli­tiques à France Inter, Stratégies.fr, 31/08/2021.

« Je trou­ve très intéres­sant d’arriver avec des idées reçues d’un clan et de ressor­tir avec des idées reçues d’un autre clan », Stratégies.fr, 31/08/2021.

« Notre pays se cherche en ter­mes de débat démoc­ra­tique, de plu­ral­ité des points de vue, d’accès à la parole. Il y a dif­férents courants de pen­sée qui tra­versent la France et qui doivent remon­ter jusqu’à Paris. », Stratégies.fr, 31/08/2021.

Ils l’ont dit

« Femme excep­tion­nelle, très grande pro­fes­sion­nelle, pas­sion­née d’ac­tu­al­ité et qui a prou­vé tout au long de sa car­rière sa capac­ité à fédér­er les équipes et à porter haut l’in­for­ma­tion ! », Lau­rence Bloch, Pro­gramme TV, 23/12/2017.

« Une femme qui sait écouter et en même temps, elle sait ce qu’elle veut et elle sait man­ag­er », Lau­rence Bloch, L’Opinion, 26/11/2018.

« Elle a un atout pour elle, une très bonne con­nais­sance du milieu économique et poli­tique », Lau­rence Bloch, L’Opinion, 26/11/2018.

« Elle est très douce de prime abord, souligne Marc Fau­velle, ce n’est pas l’idée que je m’en fai­sais et elle est assez intel­li­gente pour ne pas avoir à user de la manière forte ». (Marc Fau­velle, L’Opinion, 26/11/2018).

« Elle est hon­nête, droite et très humaine », Nathalie Maed­er, retraitée de TF1, Stratégies.fr, 31/08/2021.

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