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Laurence Bloch

21 juillet 2022

Temps de lecture : 8 minutes
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Laurence Bloch

Temps de lecture : 8 minutes

La « mamie rock » de France Inter

À la tête d’une institution sacrée « première radio de France » par Médiamétrie, Laurence Bloch, qui aura soixante-dix ans en août 2022, devrait quitter France Inter après la saison marquée par l’élection présidentielle. Si, plusieurs candidats étaient en lice pour remplacer la « mère supérieure », promotrice d’un « progressisme » « plutôt sociétal », qui avait souhaité accentuer la présence féminine à l’antenne de France Inter…c’est bien une femme qui lui succédera, Adèle Van Reeth comme annoncé le 23 février 2022 par Sibyle Veil. Pour sa part Laurence Bloch prend la tête des antennes et de la stratégie de Radio France à la rentrée 2022.

Origines et formations

Née le 30 août 1952 à Boulogne-Bil­lan­court, Lau­rence Emi­lie Joëlle Bloch est la fille de Claude Bloch, chef d’entreprise, cen­tralien, juif, et Huguette Lou­vadoux, catholique auvergnate. Elle fait ses études au sein des uni­ver­sités de Lille-III Charles de Gaulle et Paris-II Pan­théon Assas. Tit­u­laire d’une licence de droit pub­lic et d’une licence d’anglais, elle est aus­si diplômée de l’Institut d’Etudes Poli­tiques de Paris. Elle a néan­moins échoué au con­cours de l’ENA.

Parcours professionnel

En 1974, c’est à l’occasion d’un stage à France Inter, qu’elle se décou­vre une pas­sion pour la radio, dont elle devien­dra quelques décen­nies plus tard la Direc­trice. Elle avait choisi ce stage long à la pour­suite de ses études « dans une pres­tigieuse école de rela­tions inter­na­tionales aux Etats-Unis. »

De 1980 à 1985, Lau­rence Bloch est jour­nal­iste aux « Mati­nales » de France Cul­ture.

De 1985 à 1986, elle est cor­re­spon­dante pour RFI et pour La Croix en Afrique australe.

Par­al­lèle­ment, de 1986 à juin 1989, elle est pro­duc­trice-coor­di­na­trice de l’émission Le Pays d’ici à France Cul­ture.

De juin 1989 à juil­let 1994, elle est con­seiller de pro­grammes à la direction.

De juil­let 1994 à sep­tem­bre 1999, elle est adjointe pour les pro­grammes au Directeur de France Cul­ture, Jean-Marie Borzeix.

De sep­tem­bre 1999 (ou 1997 selon les sources) à juil­let 2001, elle est pro­duc­trice de l’émission Vif du sujet.

De juil­let 2001 au 4 mai 2010, elle est direc­trice adjointe de France Cul­ture et chargée des pro­grammes. Pen­dant sa car­rière à France Cul­ture, elle sera sou­vent appelée pour sec­on­der les directeurs ; par­mi les qua­tre directeurs épaulés, elle a sec­ondé Lau­re Adler et David Kessler.

Du 4 mai 2010 au 22 mai 2014, elle est direc­trice adjointe de France Inter, respon­s­able de l’antenne.  D’anciens jour­nal­istes indiquent que c’est pour « aider Philippe Val, un peu per­ché et désor­gan­isé [et parce qu’elle] avait mon­tré de grandes capac­ités d’adap­ta­tion à France Cul­ture » qu’elle y sera appelée. Dans ce con­texte, elle ne s’élèvera pas con­tre la mise à pied de Stéphane Guil­lon et Didi­er Porte en 2010.

Depuis le 22 mai 2014, elle est Direc­trice de France Inter. Son arrivée à la radio est mar­quée par la nais­sance d’émissions désor­mais emblé­ma­tiques pour la radio (émis­sions L’instant M de Sonia Dev­illers, La terre au car­ré de Math­ieu Vidard, Par Jupiter ! de Char­line Van­hoe­nack­er et Alex Vizorek).

Accusée d’avoir déclaré la guerre, à la manière de Del­phine Ernotte, aux « hommes blancs de plus de 50 ans », elle féminise la radio en préférant y inté­gr­er des per­son­nal­ités comme Char­line Van­hoe­nack­er à Daniel Mer­met ou Léa Salamé à Ivan Lev­aï. Elle s’occupe de tous les éch­e­lons à France Inter et délègue peu de com­pé­tences. Elle invit­era ses jour­nal­istes à être « punk », « se méfi­er » d’eux-mêmes et à « arrêter de vouloir faire chic, c’est une tare de France Inter ». Elle se teint les cheveux en rouge à chaque bonne nou­velle de Médi­amétrie. Elle quitte la direc­tion de France Inter pour pren­dre celle de Radio France à la ren­trée 2022, rem­plaçant Dana Hastier.

Elle est aus­si admin­is­tra­trice du Théâtre de la Ville.

Vie privée

Dans sa jeunesse, elle fréquente le Palace, avec son amie, l’actrice Clé­men­tine Célarié.

Après avoir ren­con­tré en 1981, à l’occasion d’un reportage, son futur mari dénom­mé Paul, elle fait une par­en­thèse de deux ans dans sa car­rière à Radio France en se ren­dant au Zim­bab­we pour le suiv­re. Son mari meurt bru­tale­ment en 2016.

Publications

Non com­mu­niqué.

Salaire

Le salaire de Lau­rence Bloch n’est pas ren­seigné. Néan­moins, le salaire de son prédécesseur, qui prit la direc­tion de France Inter le 12 mai 2009, était, pour l’année 2009, de 13.412 euros bruts men­su­els – sans que l’on sache s’il s’agissait de son emploi à France Inter ou son précé­dent emploi. Par déduc­tion, il n’est pas déraisonnable de penser que le salaire de Lau­rence Bloch s’apparentât à cette somme.

Distinctions

Elle aurait gag­né le Prix du Comité français pour l’audiovisuel dans la caté­gorie Meilleure émis­sion de radio pour le Pays d’ici, sur France Cul­ture, en 1997.

En 2007, elle fait par­tie de la liste des « nom­més ou pro­mus au grade d’of­fici­er dans l’or­dre des Arts et des Let­tres ».

Elle est décorée Cheva­lier de l’Ordre Nation­al du Mérite en 2012 en qual­ité de direc­trice adjointe des pro­grammes d’une chaîne de radio, pour ses 33 ans de services.

En 2016, elle fait par­tie de la liste des « nom­més ou pro­mus au grade de com­man­deur de l’ordre des Arts et des Lettres ».

En 2019, elle reçoit le prix de Femme des médias de l’année.

Elle l’a dit

 « Gér­er la grille des pro­grammes, c’est comme être un met­teur en scène avec une troupe.», Straté­gies, 10/03/2011.

« C’est bizarre la France. On adore Omar Sy et on vote Front nation­al. Il faut que l’on com­prenne ça ! », La Libre.be, 15/09/2014.

« On dit que je suis une femme autori­taire, eh bien c’est vrai ! », Le Parisien, le 05/05/2019.

« Per­son­ne n’est venu me chercher et per­son­ne ne m’a mise à la porte. », Le Figaro, 18/04/2019.

« J’ai tra­vail­lé en duo avec des patrons très dif­férents, mais avec qui j’é­tais tou­jours en admi­ra­tion totale », Le Parisien, le 05/05/2019.

« Nous ne sommes pas là pour effray­er la pop­u­la­tion […]  Votre émis­sion [ndlr. « Comme un bruit qui court »] ressem­ble à un tract de la CGT [Con­fédéra­tion générale du tra­vail]. Quand je l’entends, j’éteins. », rap­porté dans Le Monde diplo­ma­tique, août 2020.

« Ne jamais être là où on vous attend, savoir écouter puis savoir tranch­er, offrir aux artistes et aux intel­lectuels un espace de lib­erté, con­sid­ér­er que les audi­teurs sont les seuls juges de paix pour dire la réus­site d’une antenne sont les choses que [Jean-Marie Borzeix] m’a appris en 9 ans d’une col­lab­o­ra­tion intense et tou­jours bien­veil­lante. », culture.gouv.fr, 07/03/2021.

« Quand j’ai été nom­mée à la tête de France Inter en 2014, j’avais en tête une con­vic­tion très forte : la chaîne général­iste de ser­vice pub­lic de la radio devait être ancrée très forte­ment dans son époque, être le relais des préoc­cu­pa­tions et des évo­lu­tions de la société française, se faire l’écho de la créa­tion con­tem­po­raine […]… bref qu’elle soit une chaîne résol­u­ment et joyeuse­ment mod­erne, intergénéra­tionnelle et inclu­sive », culture.gouv.fr, 07/03/2021.

Ils l’ont dit

« Elle est par­fois sans états d’âme et a un sens aigu du rap­port de forces. Il y a une vraie trouille chez les pro­duc­teurs de France Inter» (Jean-Paul Quen­nes­son, délégué syn­di­cal SUD à Radio France », Straté­gies, 10/03/2011.

« Elle incar­ne, par sa générosité, son intel­li­gence humaine, son énergie et sa créa­tiv­ité et le respect qu’elle inspire dans son équipe comme dans l’ensemble du monde audio­vi­suel français et européen, l’exemplarité pour les femmes dans les Médias », men­tion de son prix Pour les femmes dans les médias, 2019.

« Mer­ci Lau­rence Bloch, ce suc­cès nous vous le devons. Lais­sez-moi vous dire que vous n’êtes pas facile tous les jours. Mais nous non plus! », Nico­las Demor­and, le 18/04/2019, cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Lau­rence est hyper respec­tée par les équipes car c’est une vraie femme de radio. Avant de devenir direc­trice, elle a fait à peu près tous les métiers, jour­nal­iste, présen­ta­trice… Elle a une écoute incroy­able. », Augustin Trape­nard, cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Ma rela­tion avec Lau­rence Bloch dépasse large­ment le cadre pro­fes­sion­nel. Nous sommes très très proches. Et quand on se voit, on par­le assez peu de radio. », Nico­las Demor­and cité dans Le Parisien, 05/05/2019.

« Elle est adorable avec ses proches. Mais elle a ses têtes. Notam­ment avec les femmes. Et pour elles, ce n’est pas facile », anonyme, cité dans Le Parisien, le 05/05/2019.

« C’est une grande pro, une bosseuse, mais elle peut être très dure car elle fonc­tionne à l’af­fect », Frédéric Schlesinger, cité dans Le Parisien, le 05/05/2019.

« Soyons clairs, tout le suc­cès d’Inter lui revient. Elle a bâti cette grille et a su la faire mon­ter en puis­sance », Léa Salamé, Le Figaro, 18/04/2019.

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