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Accueil | Portraits | Alexandre Devecchio

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20 février 2023

Temps de lecture : 11 minutes

20 février 2023

Accueil | Portraits | Alexandre Devecchio

Alexandre Devecchio

Temps de lecture : 11 minutes

50% Sens Commun, 50% Bardella, 100% journaliste

« Généra­tion de l’identité mal­heureuse, les enfants du siè­cle pour­raient aus­si être la généra­tion du sur­saut après le chaos, de la sagesse retrou­vée, de la lim­ite après la folle ten­ta­tion de l’illimitation », Lim­ite, 25/11/2016.

Né en 1986 à Épinay-sur-Seine, fils de vendeurs de vêtements italiens et portugais, ses ascendances populo-banlieusardes contrastent avec celles de ses collègues du Figaro. Il est vrai que rares sont les journalistes de droite pouvant se targuer d’avoir traîné ses guêtres au Bondy Blog. Mais celui qui n’hésite pas à se définir comme un « petit Blanc » est pourtant devenu le fer de lance masculin de la génération dite « néo-réactionnaire » (Gabrielle Cluzel, Eugénie Bastié, Charlotte d’Ornellas) qui a investi patiemment les médias traditionnels à la faveur des succès éditoriaux de Valeurs actuelles et du Figaro Vox. Avocat médiatique des populismes et de la démondialisation, il s’attaque à longueur de tribunes et de chroniques aux ravages sociaux et moraux causés par l’ordre libéral-libertaire.

Formation universitaire

Il entame en 2004 des études d’histoire sans grande con­vic­tion à l’Université Paris VIII de Saint-Denis. Six ans plus tard, il obtient sa maîtrise avec men­tion ; son mémoire est con­sacré à l’identité nationale.

Après avoir échoué aux oraux du con­cours de la Fémis en 2008, ses par­ents enten­dent par­ler de la classe pré­para­toire « Égal­ité des chances », acces­si­ble sur critères soci­aux, qui aide des jeunes gens issus de milieu mod­este à pré­par­er les con­cours des écoles de jour­nal­isme. Le jeune Devec­chio saisit sa chance et, un an plus tard, intè­gre le pres­tigieux Cen­tre de for­ma­tion des jour­nal­istes de Paris (CFJ). Il en ressort diplômé d’un mas­ter en presse écrite-mul­ti­mé­dia en 2012.

Parcours professionnel

En par­al­lèle de ses études au CFJ, il pige pour Mar­i­anne et effectue des stages à Libéra­tion et au Point. Son stage de fin d’études est effec­tué au Parisien au moment où les élec­tions prési­den­tielles bat­tent leur plein.

Son pre­mier vrai point de chute est Atlanti­co, le pure play­er libéral-con­ser­va­teur dirigé par Jean-Sébastien Fer­jou, où il sera à la tête du ser­vice poli­tique entre 2012 et 2014. Pas assez libéral au goût de sa hiérar­chie, le jeune jour­nal­iste ne se sent pas à sa place et envoie une can­di­da­ture spon­tanée au Figaro.

Fraîche­ment embauché, il est affec­té au Figaro Vox, nou­velle plate­forme de débats dont le but avoué est d’amplifier l’audience numérique du site en pro­posant « des thé­ma­tiques volon­taire­ment inso­lites ou polémiques et une grande lib­erté de ton ».

Le con­tenu édi­to­r­i­al de la plate­forme, qui ne compte alors qu’un chef, un ani­ma­teur et une sta­giaire, mar­que un infléchisse­ment cer­tain à droite à par­tir de 2014, souhait de la rédac­tion et notam­ment d’Alex­is Brézet, directeur de la rédac­tion du Figaro Mag­a­zine et passé par Valeurs actuelles. Les obser­va­teurs y voient une ten­ta­tive de passerelle entre la droite répub­li­caine et la droite identitaire.

Alexan­dre Devec­chio est choisi pour ani­mer le de sur­geon web des pages Débats du Figaro, dont la tonal­ité iden­ti­taire et catholique détonne au sein de la rédac­tion, somme toute policée, du Figaro. Bien­tôt, il lui revient d’animer les pages « Esprits Libres » du Figaro Mag­a­zine.

Le suc­cès du Figaro Vox donne à Devec­chio un relief cer­tain et il gagne vite ses galons d’éditorialiste dans les médias de grand chemin. Tant est si bien que, début 2023, il est pro­mu rédac­teur en chef des pages Débats du Figaro, et donc, des six jour­nal­istes du Figaro Vox.

Télévision

Il rem­place numérique­ment Éric Zem­mour pen­dant la péri­ode esti­vale de 2021 dans l’émission « Face à L’Info » sur CNews aux côtés des chroniqueurs habitués à don­ner la réplique à l’éditorialiste vedette comme Marc Menant et Dim­itri Pavlenko.

Il fait face à Raphaël Enthoven dans une émis­sion de débat con­tra­dic­toire sur LCI tous les jeud­is à 21h.

Radio

Chaque dimanche de 11h à 12h, il ani­me l’émission « En toute vérité » sur Sud Radio.

À la ren­trée 2021, il fait par­tie de la nou­velle cohorte d’éditorialistes rejoignant France Inter, aux côtés d’Éti­enne Ger­nelle et Nat­acha Polony. Devec­chio et les autres inter­vi­en­nent à l’occasion d’une pastille de la mati­nale inti­t­ulée « En toute sub­jec­tiv­ité ». Une déci­sion malen­con­treuse, comme on l’imagine sans peine, pour les salariés de France Inter qui « trou­vent regret­table que ces édi­tos rem­pla­cent la chronique Envi­ron­nement ».

Parcours militant

Con­cer­nant son engage­ment local, il a été mem­bre du con­seil con­sul­tatif de quarti­er du Cen­tre Ville d’Épinay en 2010.

Il prend par­ti, comme le reste de la rédac­tion du Figaro, pour François Fil­lon lors de la cam­pagne prési­den­tielle 2017 et pour François-Xavier Bel­lamy, qu’il com­pare au « Petit Prince », lors des européennes de 2019.

L’Express met en exer­gue sa prox­im­ité avec Jor­dan Bardel­la, vice-prési­dent du RN : « Alexan­dre Devec­chio dis­cute avec Jor­dan Bardel­la. Le rédac­teur en chef adjoint du FigaroVox, les pages débat du quo­ti­di­en con­ser­va­teur, con­naît bien le député européen. Ils ont tous les deux gran­di en Seine-Saint-Denis, ont fréquen­té le même col­lège, parta­gent de nom­breux con­stats poli­tiques, sur l’im­mi­gra­tion, les class­es populaires…»

Publications

  • Les Nou­veaux enfants du siè­cle, enquête sur une généra­tion frac­turée, Le Cerf, 2016.
  • Bien­v­enue dans le pire des Mon­des, en col­lab­o­ra­tion avec Nat­acha Polony et le Comité Orwell, Plon, 2016.
  • Recom­po­si­tion, Le Cerf, 2019.

Nébuleuse

Il est mem­bre du Comité Les Orwelliens, un cer­cle de pen­sée qui entend « défendre la lib­erté d’expression et le plu­ral­isme des idées ». Cette asso­ci­a­tion est présidée par Nat­acha Polony, alors plume du Figaro et pas encore rédac­trice en chef de Mar­i­anne. La même Polony qui fut d’ailleurs la pre­mière invitée des ren­con­tres du Figaro, pilotées alors par l’équipe du Figaro Vox et ani­mées par Devec­chio lui-même.

Jean-François Colosi­mo, son édi­teur au Cerf. L’homme aurait dû éditer un semes­triel dirigé par Devec­chio inti­t­ulé Recom­po­si­tion mais le pro­jet res­ta mort-né.

Vin­cent Tré­mo­let de Villers, fils de l’avocat à sen­si­bil­ité monar­chiste Jacques Tré­mo­let de Villers, à qui Alex­is Brézet con­fie le Figaro Vox en févri­er 2014.

Eugénie Bastié, sta­giaire au Figaro Vox lorsque l’homme y débu­tait. Mem­bre, comme lui, du comité Orwell, elle se fît aus­si éditer par le par­rain de le jeune généra­tion con­ser­va­trice, Jean-François Colosimo.

En sa qual­ité d’aspirant jour­nal­iste issu des ban­lieues, il a inté­gré le Bondy Blog en 2008 afin d’avoir accès au parte­nar­i­at tis­sé avec l’ESJ Lille. S’il recon­naît que le média a « le mérite de don­ner la parole sans fil­tre aux habi­tants des ban­lieues » et  « reflète assez fidèle­ment l’état d’esprit qui y règne », il déplore toute­fois que « le dis­cours vic­ti­maire et com­mu­nau­taire était déjà dom­i­nant ». Il sem­ble avoir con­servé une cer­taine estime pour le pre­mier directeur du Bondy Blog, ten­ant d’une ligne laïque,

Antoine Menuisi­er, qui a droit à des entre­tiens parus sur le Figaro Vox.

Daoud Bourgeza­la, bras droit d’Emmanuel Lévy dans la revue Causeur. En effet, Devec­chio n’a jamais hésiter à inviter des per­son­nal­ités issues de Causeur sur son Figaro Vox. Comme un échange de bons procédés,  on pou­vait lire par exem­ples sur Causeur en 2016 que le Figaro Vox était « un lieu priv­ilégié du débat d’idées ».

Vie privée

Il a eu pour com­pagne entre 2016 et 2019 Noémie Halioua, jour­nal­iste chez Actu­al­ité Juive et cor­re­spon­dante à Paris de la chaîne i24News, et auteur d’un livre sur le mor­celle­ment iden­ti­taire et religieux à l’œuvre dans la ville de Sar­celles, Les uns con­tre les autres. Par ailleurs, ils se parta­gent le même éditeur.

Il l’a dit

« Longtemps la vio­lence des ban­lieues a été cir­con­scrite de l’autre côté du périphérique. On sait main­tenant qu’elle peut venir per­cuter les quartiers branchés de la cap­i­tale. Une jeunesse enfiévrée par une mys­tique mor­tifère de l’is­lam rad­i­cal en a visé une autre. Une jeunesse perçue comme priv­ilégiée et qui avait les charmes de l’in­no­cence. Ils étaient venus sup­port­er leur équipe de foot, applaudir leur groupe de rock préféré ou savour­er en ter­rasse les derniers jours de douceur de l’au­tomne. Leurs par­ents n’avaient pas con­nu la guerre et rêvé d’une société où il serait inter­dit d’in­ter­dire. Cette jeunesse devait être à l’a­vant-garde d’une human­ité «fes­tive, plurielle et métis­sée», pio­nnière d’un monde sans fron­tières qui com­mu­nierait dans le culte de la con­som­ma­tion et du vivre-ensem­ble. Après les atten­tats de jan­vi­er, elle avait cru que les march­es blanch­es et les slo­gans suf­fi­raient à con­gédi­er les ombres. Moins d’un an plus tard, elle décou­vre de la façon la plus épou­vantable que l’on puisse imag­in­er que l’His­toire est trag­ique », Le Figaro, 16/11/2015.

« Sur le plan soci­ologique, je me recon­nais dans la « généra­tion Zem­mour ». Petit-fils d’immigrés qui ont fait un effort pour s’assimiler à la société française, fils de petits com­merçants qui ont plutôt souf­fert de la mon­di­al­i­sa­tion, j’ai gran­di à Épinay-sur-Seine et fait mes études à Saint-Denis dans le fameux 9.3. Je suis ce qu’on appelle « un petit Blanc », un de ceux dont les par­ents ont été mis en accu­sa­tion comme « beauf », « racistes » ou « islam­o­phobes », Revue des Deux Mon­des, 04/01/2017.

« L’uniformisation plané­taire n’a pas pro­duit le vil­lage mon­di­al paci­fié espéré, mais au con­traire engen­drée de mul­ti­ples frac­tures sociales, cul­turelles, démoc­ra­tiques. Face à ce pro­fond désor­dre, les pop­ulistes pro­posent de rétablir un cer­tain nom­bre de repères. Le nou­veau monde auquel ils aspirent n’est pas syn­onyme de fer­me­ture, mais se veut avant tout plus sta­ble », Atlanti­co, 15/09/2019.

« La France des pavil­lons et des maisons indi­vidu­elles est bien sou­vent une France qui souf­fre comme on peut le voir aujourd’hui avec la hausse du prix de l’énergie. La fer­me­ture des usines, con­séc­u­tive au trans­fert en Asie de mil­lions d’emplois indus­triels, suiv­ie par la dis­pari­tion des com­merces et des ser­vices publics, a pré­cip­ité le déclin de nom­breuses villes, qu’elles soient petites ou moyennes.A cela s’est ajouté, pour les habi­tants des pavil­lons de ban­lieue proche, l’insécurité physique et cul­turelle liée à la prox­im­ité des grands ensembles.Mais cette France ne veut pas mourir. Elle demande à être enten­due et respec­tée. Et si elle se sent oubliée ou méprisée, elle con­tin­uera de se révolter. Dans la rue ou dans les urnes… », France Inter, 20/10/2021.

« Les poli­tiques et les juges sont irre­spon­s­ables, per­son­ne ne vient leur deman­der des comptes […] Peut-être que demain il fau­dra élire les juges comme aux États-Unis », CNews, 05/10/2022.

On a dit de lui

« La direc­tion du Figaro a pen­sé à lui, alors qu’il était jour­nal­iste à Atlanti­co et peu con­sid­éré – sa chef­ferie trou­vait qu’il avait une lec­ture du monde “trop fer­mée” », L’Obs, 14/10/2015.

« Un ancien de son école de jour­nal­isme le décrit comme un élève intéres­sant, dans son coin, qui n’avait pas peur de ne pas penser comme les autres. Pas méchant et tenace, capa­ble d’obtenir de bonnes inter­views. Des jour­nal­istes qui l’ont croisé le décrivent aus­si comme « un autiste », « un stakhanoviste » et un « ovni », Ibid.

« Cet ouvrage fort impar­fait sus­cite néan­moins la réflex­ion. Pas­sons rapi­de­ment sur la «généra­tion Dieudon­né» dans laque­lle Devec­chio range pêle-mêle jeunes des ban­lieues en séces­sion, salafistes et dji­hadistes. Non seule­ment l’ad­di­tion met mal а l’aise, mais l’au­teur, fils d’im­mi­gré por­tu­gais, a beau avoir vécu en Seine-Saint-Denis dans sa jeunesse, ce n’est pas le sujet qu’il maîtrise le mieux », Slate, 15/08/2019.

« Il se passe un truc, près du bar. Une embrouille de cou­ple. Tout le monde, à la ter­rasse, est atter­rée de voir une engueu­lade de cou­ple, comme ça. Mais per­son­ne ne fait rien. Quand je me lève pour inter­venir, il était face à elle, il lui cri­ait dessus, elle était con­tre le mur, il fai­sait de grands gestes. C’est quand j’ai demandé à la fille si ça allait que j’ai recon­nu Devec­chio » Yas­sine Bel­latar, Libéra­tion, 16/03/2018.

« En cette ren­trée, Jean-François Colosi­mo redonne sa chance à Alexan­dre Devec­chio, ami et col­lègue d’Eugénie Bastié au FigaroVox, qui vient de sor­tir Recom­po­si­tion, un essai sur le pop­ulisme au niveau mon­di­al. « Un ouvrage magis­tral pour com­pren­dre l’avènement d’une époque rad­i­cale­ment nou­velle », assure la qua­trième de cou­ver­ture. Rien que ça. Il y a trois ans, le pre­mier livre du jour­nal­iste, Les Nou­veaux Enfants du siè­cle, s’était écoulé à seule­ment 1 442 exem­plaires. On ne peut pas devenir Éric Zem­mour du pre­mier coup. « Colosi­mo est l’éditeur d’une généra­tion, s’enflamme Eugénie Bastié dans un éclat de rire. Si, à 30 ans, tu n’as pas été édité au Cerf, tu as loupé ta vie ! », Le Monde, 02/02/2019.

« Ce grand tra­vailleur ne se considère pas comme un jour­nal­iste d’idées. Il fonde ses idées empirique­ment. Nul besoin de théories sur « le meilleur des mon­des globalisés » pour con­stater ses rav­ages sur ses par­ents, vendeurs de tex­tile sur le marché qui ont vu leurs four­nisseurs disparaître. « J’essaye d’être utile aux gens en les infor­mant. » Pour cela, il reste ouvert à tous. « Ce n’est pas quelqu’un dont on se méfie, et c’est pour ça qu’il va très loin », assure une bonne con­nais­seuse des milieux mil­i­tants et poli­tiques catholiques », L’Incorrect, 08/02/2019.

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