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Olivier Duhamel suite, l’onde de choc s’élargit

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10 janvier 2021

Temps de lecture : 5 minutes
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Olivier Duhamel suite, l’onde de choc s’élargit

Temps de lecture : 5 minutes

Nous avons déjà présenté l’affaire autour d’Olivier Duhamel, que l’on pourrait qualifier pénalement de pédophilie incestueuse. Comme le dit Camille Kouchner qui a dénoncé les faits, à Saint-Germain-des-Prés tout le monde savait. Pas vraiment tout le monde mais beaucoup de monde.

Frédéric Mion, Sciences Po dans la tempête

Frédéric Mion est le directeur de Sci­ences Po, il avait suc­cédé à Richard Desco­ings lui-même décédé à New-York dans une sor­dide his­toire de mœurs (décidem­ment…). Après la pub­li­ca­tion des accu­sa­tions de Camille Kouch­n­er il avait assuré le con­seil d’administration de la Fon­da­tion Nationale des sci­ences poli­tiques (FNSP) qu’il n’était au courant de rien.  Publique­ment, il avait mar­qué sa « stu­peur, je suis sous le choc ». Un choc relatif puisqu’il avait été mis au courant en 2019 par l’ancienne min­istre PS Aurélie Fil­ipet­ti, famil­ière de la famille Duhamel. Que fait-il à ce moment-là ? Il va con­sul­ter l’avocat Jean Veil (fils de Simone Veil) l’associé d’Olivier Duhamel dans son cab­i­net. Jean Veil dément et l’ami Mion va dormir sur ses deux oreilles.

À la ren­trée 2020 des étu­di­ants de Sci­ences Po, Frédéric Mion présen­tait ain­si Olivi­er Duhamel (dont il con­nais­sait les agisse­ments depuis plusieurs mois) : « Vous êtes en de très bonnes mains (sic), celles du pro­fesseur Duhamel, que je m’honore à con­sid­ér­er comme un maître mais surtout comme un ami ». Depuis, Frédéric Mion explique qu’il n’avait pas « per­cuté », il prend la faute sur lui tout en se gar­dant de démis­sion­ner mal­gré le tol­lé. Pour le moment ?

Élisabeth Guigou tangue mais veut rester

Élis­a­beth Guigou, anci­enne garde des Sceaux, hiérar­que social­iste, fémin­iste branche caviar était à la fois des intimes de Dominique Strauss-Kahn et de la famille Duhamel. Au moment de l’affaire DSK, elle rel­a­tivi­sait. Dans un doc­u­men­taire de 2020 de Net­flix sur la même affaire elle con­fir­mait son scep­ti­cisme : « Pourquoi DSK aurait-il besoin de vio­l­er, c’est un homme intel­li­gent, séduisant, char­mant ? ».

Dans l’affaire Olivi­er Duhamel, en tant que Garde des Sceaux, elle avait dû fréquenter quelques juges et peut-être enten­du par­ler d’un début de dépôt de plainte sans suite en 2011 ? Ou se ren­dre compte en fréquen­tant le cou­ple Duhamel depuis longtemps de « l’atmosphère inces­tueuse » (expres­sion d’une jour­nal­iste du Monde) dans laque­lle baig­nait la famille ? Élis­a­beth Guigou est main­tenant prési­dente de la com­mis­sion sur l’inceste et les vio­lences sex­uelles con­tre les enfants. Un peu comme si on demandait à un bouch­er d’enquêter sur les méfaits du régime végétarien.

Dans L’Obs, l’an­ci­enne Garde des Sceaux assure avoir “décou­vert cette his­toire dans la presse cette semaine”. Ajoutant, “Le silence pen­dant des années de cette famille, que je con­nais, nous mon­tre com­bi­en il faut être courageux pour que ce tabou puisse être levé. Nous côtoyons tous des vic­times et des agresseurs sans le savoir, je ne fais pas excep­tion à la règle”, s’exonérant à bon compte de toute respon­s­abil­ité. San­drine Rousseau, mem­bre du Par­ti Europe Écolo­gie-Les Verts, a épinglé Élis­a­beth Guigou sur Twit­ter, le 5 jan­vi­er 2021 lui deman­dant de renon­cer à ses fonc­tions, « Il serait impor­tant, juste et noble de démis­sion­ner de cette com­mis­sion sur les vio­lences sex­uelles sur enfants. Bien sûr vous n’êtes coupable de rien mais vous êtes com­pro­mise avec trop”. L’ancienne garde des Sceaux s’honorerait cer­taine­ment en démis­sion­nant, il sem­blerait que ce ne soit pas le cas au moment où nous écrivons.

Coucou, revoilà Dany le pédophile

Incroy­able Daniel Cohn-Ben­dit. Ancien com­pagnon de Marie-France Pisi­er, la sœur d’Évelyne Pisi­er, elle-même mère de Camille Kouch­n­er, le monde est petit. N’importe quel homme poli­tique aurait été enseveli vivant sous l’opprobre après ses incroy­ables déc­la­ra­tions com­plaisantes à l’antenne d’Apos­tro­phes du 23 avril 1982, il était alors âgé de 37 ans, des pro­pos qui sont ceux d’un homme fait, pas d’un ado­les­cent provo­ca­teur comme il l’a pré­ten­du ensuite :

La sex­u­al­ité d’un gosse, c’est absol­u­ment fan­tas­tique, faut être hon­nête. J’ai tra­vail­lé, aupar­a­vant, avec des goss­es qui avaient entre 4 et 6 ans. Quand une petite fille de 5 ans com­mence à vous désha­biller, c’est fan­tas­tique, c’est un jeu éroti­co-mani­aque… ».

Une habi­tude récur­rente puisqu’il écrivait dans son livre Le Grand Bazar en 1975 alors qu’il avait 30 ans :

Il m’était arrivé plusieurs fois que cer­tains goss­es ouvrent ma braguette et com­men­cent à me cha­touiller. Je réagis­sais de manière dif­férente selon les cir­con­stances, mais leur désir me posait un prob­lème. Je leur demandais : Pourquoi ne jouez-vous pas ensem­ble, pourquoi vous m’avez choisi, moi, et pas les autres goss­es ? Mais s’ils insis­taient, je les cares­sais quand même.”

Il s’est ensuite excusé en par­lant « des lignes insouten­ables, intolérables ; avec ce que nous savons aujourd’hui sur la pédophilie, sur l’abus sex­uel ». Des abus sex­uels dont il a été l’auteur à moins que de se faire tripot­er les organes par des enfants de 4 ou 5 ans dont on a la garde ne soit con­sid­éré comme un geste édu­catif ?  

NB : Début sep­tem­bre 2018, Daniel Cohn-Ben­dit s’était vu pro­pos­er par Emmanuel Macron le min­istère de l’écologie suite à la démis­sion de Nico­las Hulot, il a refusé la propo­si­tion, déclarant au micro de RTL : “je n’ai pas vrai­ment envie de devenir min­istre, mais j’ai envie de soutenir Macron.