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Les subventions d’InfoMigrants sauvent la mise de France Médias Monde

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31 octobre 2018

Temps de lecture : 6 minutes
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Les subventions d’InfoMigrants sauvent la mise de France Médias Monde

Temps de lecture : 6 minutes

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel adressait ce 10 octobre un avis au sujet de l’exécution en 2017 du contrat d’objectifs et de moyens (COM) de France Médias Monde (France 24, RFI, MCD). Si l’audience est au rendez-vous, 2017 enregistre un déficit avec des modifications unilatérales du périmètre de plusieurs indicateurs du COM et des ressources propres toujours très insuffisantes. Le site InfoMigrants permet de glaner d’autres subventions que celles de l’État français.

Un site en français, anglais et arabe

Acclamé par les médias, en 2017 était lancé le site InfoMi­grants qui per­met l’ « accès à une infor­ma­tion véri­fiée pour les réfugiés et les migrants. Le site est décliné en français, en anglais et en arabe. Fin 2017 [en novem­bre], InfoMi­grants touchait en moyenne 3 mil­lions de per­son­nes sur l’ensem­ble de ses envi­ron­nements. Le pro­jet a été recon­duit en 2018 avec cer­taines inno­va­tions tech­niques et l’a­jout de nou­velles langues », rel­e­vait le CSA le 10 octo­bre 2018

Plus prosaïque­ment Le Monde rel­e­vait lors du lance­ment que ce site lancé par France Médias Monde (RFI, France 24), Deutsche Welle et l’agence ital­i­enne ANSA avait pour but « de fournir aux migrants une infor­ma­tion fiable et véri­fiée sur leurs pays d’origine, sur les routes qu’ils emprun­tent ou encore sur les pays d’accueil ». Bref, de par­ticiper à l’invasion migra­toire. Bien sûr décliné sur les réseaux soci­aux, le site fait tra­vailler 8 jour­nal­istes à Paris, 6 à Bonn, 6 à Rome et une à Bruxelles.

France 24, audience au rendez-vous, en Afrique et au Moyen-Orient

Le CSA adresse un sat­is­fecit sur l’audience de France 24, en hausse. « La cou­ver­ture mon­di­ale a été portée à 355,5 mil­lions de foy­ers, en crois­sance de 6,8 % par rap­port à 2016, avec une pro­gres­sion par­ti­c­ulière­ment mar­quée en Afrique sub­sa­hari­enne (+ 44 %). La dif­fu­sion sur la TNT a forte­ment pro­gressé en Afrique, où son taux de péné­tra­tion a été porté à 77 % grâce au déploiement de la chaîne sur la TNT dans des pays non fran­coph­o­nes (Botswana et Comores notam­ment). L’ob­jec­tif du COM de 62 % de taux de péné­tra­tion en 2020 est ain­si d’ores et déjà atteint ». Elle pro­gresse aus­si à Gaza et en Irak où deux émet­teurs ont été remis en service.

RFI con­naît en revanche des résul­tats en baisse : « Les résul­tats d’au­di­ence des antennes de RFI, mesurés dans 37 pays (sur les 150 où la sta­tion peut être reçue) sont en légère baisse : 40,7 mil­lions d’au­di­teurs au lieu de 41,3 mil­lions en 2016. Cette ten­dance a été observée en Afrique sub­sa­hari­enne, le prin­ci­pal bassin d’au­di­ence de RFI. Celle-ci doit être toute­fois rel­a­tivisée compte tenu de la fer­me­ture de l’émet­teur FM de RFI à Kin­shasa pen­dant 9 mois en 2016–2017 ain­si que par l’ar­rêt de la mesure de l’au­di­ence en ondes cour­tes au Tchad pour des raisons sécu­ri­taires. Pour autant, c’est une audi­ence en hausse qui a été enreg­istrée dans les zones d’Afrique sub­sa­hari­enne où la radio est dif­fusée en mandingue ».

France Médias Monde bricole avec les effectifs et les indicateurs du COM

Pour con­tenir la masse salar­i­ale, il y a trois solu­tions : licenci­er, ne plus embauch­er ou alors compter autrement. FMM sem­ble avoir choisi la troisième solu­tion, remar­que le CSA : « La part des emplois non per­ma­nents dimin­ue forte­ment en 2017. Ceci provient de la déci­sion de France Médias Monde de ne plus compt­abilis­er les cor­re­spon­dants étrangers salariés au sein de ses effec­tifs à par­tir de 2017. Cette nou­velle méthodolo­gie de cal­cul provoque une baisse des effec­tifs totaux de 70 ETP, bien qu’à périmètre con­stant ces effec­tifs aient pro­gressé (de 19 ETP selon France Médias Monde) ».

Le CSA relève aus­si que FMM procède à la « mod­i­fi­ca­tion uni­latérale du périmètre de plusieurs indi­ca­teurs du COM » qui  « ne sem­ble pas con­forme à l’en­gage­ment de « veiller à la sta­bil­ité des périmètres d’un exer­ci­ce à l’autre »…L’au­torité de con­trôle a égale­ment fait état des man­que­ments répétés de France Médias Monde à l’ar­rêté sur le con­trôle financier (non com­mu­ni­ca­tion de report­ings, déficit de con­trôle en matière de rémunéra­tions) ».

France Médias Monde, déficitaire et ultra-subventionné

Con­séquence d’une ges­tion à l’à‑peu-près, il y a du déficit en 2017, mais ras­surez-vous tout va bien, dit en sub­stance le CSA : « France Médias Monde présente en 2017 un résul­tat net défici­taire (-1,5 M€), après cinq années de résul­tat net équili­bré et de respect du bud­get adop­té par son Con­seil d’ad­min­is­tra­tion. Ce déficit provient du coût des départs volon­taires négo­ciés par le groupe. Ces départs sont des­tinés à anticiper les économies demandées à l’en­tre­prise dans le cadre de la Loi de Finances pour 2018. Celle-ci réduit de 1,9 M€ le mon­tant de la dota­tion à France Médias Monde prévue par le COM 2016–2020 au titre de 2018, tout en main­tenant sa crois­sance (+2,3 %). »

Plus inquié­tant, « les ressources pro­pres (revenus pub­lic­i­taires et autres recettes com­mer­ciales, de France Médias Monde demeurent mod­estes puisqu’elles représen­tent moins de 5 % des pro­duits d’ex­ploita­tion du groupe, taux le plus faible par­mi les (16) groupes audio­vi­suels publics français. Le COM 2016–2020 fixe un objec­tif de pro­gres­sion de ces ressources de 15 %, soit 1,1 M€, à l’hori­zon 2020 ». Mais c’est mal par­ti pour l’atteindre, car les recettes pub­lic­i­taires bais­sent de 5.1% sur RFI et sont sta­tion­naires depuis 2014 sur France 24 « en rai­son de la dif­fi­culté à moné­tis­er les nou­velles audi­ences numériques ».

Infomigrants subventionné par l’UE

Finale­ment, c’est le site Infomi­grants qui sauve la mise pour France Médias Monde : « Les ressources pro­pres ont pro­gressé de 1 M€ en 2017, essen­tielle­ment sous l’ef­fet des sub­ven­tions inter­na­tionales qui com­posent les recettes de diver­si­fi­ca­tion. Ces sub­ven­tions pro­gressent de 0,67 M€ à 1,77 M€ (+ 1,1 M€), grâce à des aides européennes perçues pour la créa­tion du por­tail Info-migrants ». Ou la ver­sion mod­erne des trente deniers de Judas.

Infomi­grants avait un bud­get de 2,4 mil­lions d’euros à son lance­ment – il a donc été financé pour 46% par des sub­ven­tions de l’Union européenne — et pour le reste par la con­tri­bu­tion audio­vi­suelle des français, qui ne cesse d’augmenter. Tout cela pour expli­quer aux migrants com­ment trou­ver la meilleure route, trou­ver un loge­ment, de quoi se nour­rir, éviter les expul­sions. En bref, inciter les migrants à venir en Europe, et surtout en France. Mer­ci qui ?

Pho­to : InfoMi­grants via Face­book (DR)