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Le « putsch » des rédacteurs en chef du Monde

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7 mai 2014

Temps de lecture : 3 minutes
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Le « putsch » des rédacteurs en chef du Monde

Temps de lecture : 3 minutes

L’ambiance délétère qui règne dans la presse et les médias ne se fait pas ressentir qu’à France Télévisions et Libération. Ce mardi, sept rédacteurs en chef du Monde ont présenté communément leur démission sur fond de tensions internes.

Ce cli­mat ten­du a plusieurs sources, qui con­ver­gent toutes vers Natal­ie Nougayrède, direc­trice du quo­ti­di­en du soir. Approu­vée à la tête du jour­nal à une large majorité en mars 2013 (80 %) suite au décès soudain d’Éric Izraele­vitch, « NN » est aujour­d’hui loin de faire l’u­na­nim­ité et doit faire face, selon une respon­s­able syn­di­cale, à une « crise excep­tion­nelle de légitim­ité ». Les sept démis­sion­naires con­tes­tent la stratégie et le mode de gou­ver­nance de la récente directrice.

Depuis plusieurs mois, un malaise existe au sein d’une large par­tie de la rédac­tion. Les raisons sont mul­ti­ples : la migra­tion d’une par­tie de la rédac­tion papi­er vers le numérique est vue comme un « plan social déguisé », le lance­ment de la nou­velle for­mule papi­er, repoussé à sep­tem­bre, ne fait pas l’u­na­nim­ité, tout comme la stratégie choisie pour Lemonde.fr. Con­cer­nant Natal­ie Nougayrède, la patronne du Monde est vue comme « raide », « autori­taire » et cer­tains dénon­cent une « absence de con­fi­ance et de com­mu­ni­ca­tion entre la direc­tion des rédac­tions et une rédac­tion en chef sou­vent mise devant le fait accom­pli ».

Same­di 3 mai, un arti­cle cri­tique de Medi­a­part a mis le feu aux poudres. Ce dernier évoque les ten­sions qui exis­tent entre la rédac­tion et la direc­tion, et men­tionne un rap­port du cab­i­net Tech­nolo­gia, spé­cial­isé dans l’évaluation des risques pro­fes­sion­nels. Ce dernier pointe des « défi­ciences man­agéri­ales impor­tantes », une « défail­lance com­mu­ni­ca­tion­nelle », ain­si qu’une impor­tante « démo­bil­i­sa­tion et (le) délite­ment du collectif ».

Dès le lende­main, « NN » a réa­gi avec fureur lors d’une réu­nion, dénonçant la « déloy­auté » de cer­tains. « Il y a des putschistes dans cette rédac­tion ! », a‑t-elle lancé. Dans une let­tre qui lui a été adressée ce lun­di par les deux Sociétés de rédac­teurs, celles-ci dénon­cent « une perte glob­ale de con­fi­ance dans la gou­ver­nance du jour­nal », pointent du doigt « un prob­lème de méth­ode et d’organisation qui exige un vrai res­sai­sisse­ment au som­met ». Et de con­clure : « Il serait grand temps de met­tre en place une direc­tion col­lec­tive et fonc­tion­nelle et que ceux qui font le tra­vail soient vrai­ment entendus. »

Mar­di midi, les rédac­teurs en chef du Monde demandaient le départ de Vin­cent Giret et Michel Guer­rin, respec­tive­ment directeur délégué des rédac­tions et directeur adjoint des rédac­tions, très con­testés au sein du jour­nal. Une demande refusée, qui a ali­men­té le chaos. Par cour­riel, les rédac­teurs en chef et leurs adjoints ont alors présen­té leur démis­sion (de leurs postes, pas du jour­nal) en guise de protes­ta­tion. Dès l’après-midi, Natal­ie Nougeyrède jouait la tem­po­ri­sa­tion en déclarant, dans un com­mu­niqué : « Je ne més­es­time pas (…) l’im­por­tance du malaise qui peut exis­ter au sein de cette mai­son. Nous devons rester con­cen­trés sur l’essen­tiel qui est de recréer du col­lec­tif et de la con­fi­ance. A cet effort, je prendrai toute ma part. »

Désor­mais, la suite des événe­ments est incer­taine. Une rumeur fait état d’une prochaine motion de défi­ance à son égard. « Soit le coup de force con­tre Natal­ie Nougayrède fonc­tionne et elle saute. Soit la crise est là pour très longtemps », résume un ancien du journal.

Crédit pho­to : drum­aboy via Flickr (cc)