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Le Monde déclare la guerre à la Russie

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22 avril 2022

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Le Monde déclare la guerre à la Russie

Le Monde déclare la guerre à la Russie

Temps de lecture : 3 minutes

Dans le conflit russo-ukrainien, les victimes collatérales sont nombreuses, du côté des pertes civiles (impossibles à chiffrer comme il est impossible à cette heure d’en déterminer les responsables à moins de croire n’importe quelle nouvelle de propagande de guerre). Et aussi du côté, comme nous l’avons déjà dit, de la vérité, une autre victime collatérale immédiate. Et on pourrait ajouter le bon sens, quand on voit Le Monde – il est vrai abondamment pourvu en éditorialistes proches du Département d’État américain et en Young Leaders de la French American Foundation – déclarer la guerre à la Russie le 19 avril 2022.

Un éditorial guerrier

Plus rien ne doit éton­ner en péri­ode de pro­pa­gande de guerre. Surtout pas les déc­la­ra­tions mar­tiales au moment où la plu­part des médias dom­i­nants ont oublié toute déon­tolo­gie, toute dis­tance, toute retenue. C’est ain­si que dans un édi­to­r­i­al engageant la rédac­tion, le quo­ti­di­en libéral lib­er­taire déclare la guerre à la Russie.

Sous le titre « les Européens face à des déci­sions majeures », con­sid­érant « l’agression russe de l’Ukraine comme une attaque con­tre l’ordre mon­di­al qui régit les rela­tions entre États », le quo­ti­di­en recom­mande la guerre totale con­tre la Russie. Soulignons au pas­sage que « l’ordre mon­di­al » est un ordre améri­cain qui pour­rait aus­si bien être qual­i­fié de « désor­dre mon­di­al » après la guerre d’Irak, la guerre d’Afghanistan, la guerre en Libye, les 78 jours de bom­barde­ments sur la Ser­bie et quelques autres babi­oles, mais passons.

Combattre les Russes jusqu’au dernier Européen

Remar­quons égale­ment que le con­flit se déroule sur le sol européen, que les États-Unis sont très loin et n’en pâtiront pas un instant. Au con­traire les alle­mands, les polon­ais et autres sué­dois vont acheter des F16 améri­cains et nous allons tous nous chauf­fer au gaz de schiste améri­cain à un prix mul­ti­plié par un fac­teur X qui reste à déter­min­er. Renchéris­sant sur les propo­si­tions atlantistes de Bruno Le Maire (il faut met­tre à genoux l’économie russe), l’éditorial recom­mande successivement :

  • D’augmenter les sanc­tions en par­ti­c­uli­er sur le plan financier.
  • D’arrêter les achats de gaz et de pét­role russes.
  • D’armer tou­jours plus l’Ukraine de manière offensive.

Citant avec amour Mario Draghi (ancien employé de Gold­man Sachs) l’éditorial con­clut, que ne pas le faire :

« reviendrait à dire aux Ukrainiens : acceptez l’esclavage et la soumis­sion. Un mes­sage con­traire à nos valeurs européennes ».

On pour­rait aisé­ment para­phras­er et invers­er les ter­mes, le faire « reviendrait à dire aux Européens : acceptez l’esclavage et la soumis­sion améri­caine. Un mes­sage con­traire aux intérêts des Européens ».

Pour les « valeurs », relisons Orwell, la lib­erté c’est l’esclavage, la paix c’est la guerre. Une leçon par­faite­ment assim­ilée par cet édi­to­r­i­al qui demeur­era un cas d’école.

Voir aus­si : Le pro­gramme Young Lead­ers, agent de l’influence améri­caine dans les médias français