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Tucker Carlson à Moscou pour interviewer Vladimir Poutine

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6 février 2024

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Tucker Carlson à Moscou pour interviewer Vladimir Poutine

Tucker Carlson à Moscou pour interviewer Vladimir Poutine

Temps de lecture : 5 minutes

Le journaliste américain Tucker Carlson est actuellement à Moscou pour interviewer le président russe, Vladimir Poutine. Dans une vidéo de 4 minutes postée sur son compte X il y a quelques heures à peine, il s’exprime sur les raisons qui l’amènent à réaliser cet entretien. Plutôt que de le paraphraser, nous vous en livrons une retranscription brute, traduite en français.

Pourquoi j’interviewe Vladimir Poutine

Nous sommes à Moscou ce soir. Nous sommes ici pour inter­view­er le prési­dent russe, Vladimir Pou­tine. Nous le fer­ons bien­tôt. Il y a évidem­ment des risques à men­er une telle inter­view. Nous y avons donc soigneuse­ment réfléchi pen­dant plusieurs mois.

Voici pourquoi nous le faisons. D’abord parce que c’est notre méti­er. Nous sommes dans le jour­nal­isme. Notre devoir est d’in­former les gens. Deux ans après le début d’une guerre qui remod­èle le monde entier, la plu­part des Améri­cains ne sont pas infor­més. Ils n’ont aucune idée réelle de ce qui se passe dans cette région, ici en Russie ou à 600 milles [1000 kms] de là, en Ukraine. Mais ils devraient savoir qu’ils en paient une grande par­tie, d’une manière qu’ils ne perçoivent peut-être pas encore pleinement.

La guerre en Ukraine est un désas­tre humain. Cela a causé des cen­taines de mil­liers de morts. Toute une généra­tion de jeunes Ukrainiens. Et a dépe­u­plé le plus grand pays d’Europe. Mais les effets à long terme sont encore plus pro­fonds. Cette guerre a com­plète­ment remod­elé les alliances mil­i­taires et com­mer­ciales mon­di­ales, de même que les sanc­tions qui ont suivi. Et au total, qui ont boulever­sé l’économie mon­di­ale. L’ordre économique de l’après-guerre, le sys­tème qui a garan­ti la prospérité à l’Oc­ci­dent pen­dant plus de 80 ans, s’effondre très rapi­de­ment, et avec lui la dom­i­na­tion du dol­lar améri­cain. Ce ne sont pas de petits change­ments. Ce sont des développe­ments qui mod­i­fient l’histoire. Ils définiront la vie de nos petits-enfants. La plu­part des pays du monde le com­pren­nent par­faite­ment. Ils peu­vent le voir. Deman­dez à n’importe qui en Asie ou au Moyen-Ori­ent à quoi ressem­blera l’avenir. Et pour­tant, les pop­u­la­tions des pays anglo­phones sem­blent pour la plu­part l’ignorer.

Ils pensent que rien n’a vrai­ment changé, et ils le pensent parce que per­son­ne ne leur a dit la vérité. Leurs médias sont cor­rom­pus. Ils mentent à leurs lecteurs et téléspec­ta­teurs, et ils le font prin­ci­pale­ment par omis­sion. Par exem­ple, depuis le début de la guerre en Ukraine, les médias améri­cains ont par­lé à de nom­breuses per­son­nes en prove­nance d’Ukraine et ont accordé de nom­breuses inter­views au prési­dent ukrainien Zelen­sky. Nous avons nous-mêmes demandé un entre­tien avec Zelen­sky et nous espérons qu’il l’acceptera. Mais les inter­views qu’il a déjà réal­isées aux États-Unis ne sont pas des inter­views tra­di­tion­nelles. Il s’agit de séances d’encouragement flat­teuses spé­ciale­ment conçues pour ampli­fi­er l’exigence de Zelen­sky que les États-Unis s’engagent plus pro­fondé­ment dans une guerre en Europe de l’Est et en paient le prix. Ce n’est pas du jour­nal­isme. C’est de la pro­pa­gande gou­verne­men­tale, la pro­pa­gande la plus laide, celle qui tue les gens.

Au moment où nos politi­ciens et nos médias ont fait cela, pro­mou­vant un dirigeant étranger comme s’il s’agis­sait d’une nou­velle mar­que grand pub­lic, pas un seul jour­nal­iste occi­den­tal n’a pris la peine d’in­ter­view­er le prési­dent de l’autre pays impliqué dans ce con­flit, Vladimir Poutine.

La plu­part des Améri­cains n’ont aucune idée de la rai­son pour laque­lle Pou­tine a envahi l’Ukraine ni quels sont ses objec­tifs actuels. Ils n’ont jamais enten­du sa voix. C’est un tort. Les Améri­cains ont le droit de savoir tout ce qu’ils peu­vent sur une guerre dans laque­lle ils sont impliqués, et nous avons le droit de leur en par­ler parce que nous sommes nous aus­si Améri­cains. La lib­erté d’ex­pres­sion est notre droit inné. Nous sommes nés avec le droit de dire ce que nous croyons. Ce droit ne peut être retiré, peu importe qui occupe la Mai­son Blanche.

Mais ils essaient quand même. Il y a près de trois ans, l’administration Biden a espi­onné illé­gale­ment nos SMS, puis en a divul­gué le con­tenu à ses relais dans les médias. Ils ont fait cela afin d’empêcher une inter­view de Pou­tine que nous pré­par­i­ons. Le mois dernier, nous sommes presque cer­tains qu’ils ont encore fait exacte­ment la même chose, mais cette fois nous sommes quand même venus à Moscou.

Nous ne sommes pas ici parce que nous aimons Vladimir Pou­tine. Nous sommes ici parce que nous aimons les États-Unis. Et nous voulons qu’ils restent prospères et libres. Nous avons payé nous-mêmes ce voy­age. Nous n’avons reçu aucun argent d’un gou­verne­ment ou d’un groupe, et nous ne fac­tur­ons pas non plus les gens pour voir l’interview. Il ne sera pas néces­saire de pay­er pour y accéder. Tout le monde peut regarder l’intégralité de l’en­tre­tien filmé tourné en direct et sans mon­tage sur notre site Web, tuckercarlson.com.

Elon Musk, qui a tout son hon­neur, a promis de ne pas sup­primer ou blo­quer cette inter­view une fois que nous l’au­rons pub­liée sur sa plate­forme X, et nous lui en sommes recon­nais­sants. Les gou­verne­ments occi­den­taux, en revanche, fer­ont cer­taine­ment de leur mieux pour cen­sur­er cette vidéo sur d’autres plate­formes, moins éthiques, car c’est ce qu’ils font. Ils ont peur des infor­ma­tions qu’ils ne peu­vent con­trôler. Mais vous n’avez aucune rai­son d’en avoir peur. Nous ne vous inci­tons pas à être d’accord avec ce que Pou­tine pour­rait dire dans cette inter­view, mais nous vous invi­tons à la regarder. Vous devez en savoir le plus pos­si­ble et ensuite, comme un citoyen libre et non comme un esclave, vous pour­rez décider par vous-même. Merci.

Tra­duc­tion : Ojim