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Le florissant business du fait divers

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21 mars 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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Le florissant business du fait divers

Temps de lecture : 3 minutes

Les affaires sinistres sont profitables. L’intérêt pour le glauque et le scabreux n’est pas nouveau mais il semble connaître une nouvelle jeunesse. La multiplication des faits divers — ou plus certainement la prolifération du traitement de ces sujets — assure aux sites d’information une hausse de leur fréquentation et de potentiels abonnements. Le Figaro s’est engouffré dans la brèche et propose désormais une lettre hebdomadaire sur le sujet.

Le succès des faits divers

Tout ce qui per­met de se dire que nos vies sont moins pires que celles dont on par­le dans la presse nous réjouit. C’est sur ce con­stat que sem­ble fonc­tion­ner le suc­cès des faits divers. Un objet médi­a­tique bien con­nu qui, dans une cer­taine mesure, a déjà eu des petits avec la téléréalité.

Le Figaro, l’un des plus gros jour­naux de France réputé pour son sérieux, a même cédé aux sirènes de ce « phénomène ».

Une lettre dédiée

Par­mi les let­tres d’actualité pro­posées par le titre (Les titres du matin, la let­tre San­té) s’est glis­sé une petite nou­velle : Faits Divers. Tous les dimanch­es, les abon­nées peu­vent désor­mais recevoir une let­tre d’information sur les fameux chiens écrasés. Le suc­cès des pub­li­ca­tions sur la mort trag­ique d’une jeune fille retrou­vée dans une malle à prox­im­ité du loge­ment famil­ial en octo­bre 2022 à Paris, dans ce qui a ensuite été nom­mé « l’affaire Lola », a mon­tré la voie. La prin­ci­pale accusée, Dah­bia B., a été mise en exa­m­en pour meurtre de mineur de moins de 15 ans, tor­tures, actes de bar­barie mais aus­si pour viol sur mineur. Plus récem­ment, c’est l’affaire Pal­made qui a défrayé la chronique avant que la « dis­pari­tion de Leslie et Kevin » ne fasse à son tour les gros titres.

Un format original

Der­rière le sen­sa­tion­nel, la présen­ta­tion faite par Le Figaro de cette nou­velle let­tre sem­ble indi­quer un con­tenu qui ne sera pas exclu­sive­ment focal­isé sur du glauque ou du spec­tac­u­laire. Le jour­nal évoque des « reportages, procès, réc­its exclusifs et archives inédites », « la délin­quance du quo­ti­di­en » comme les « grandes énigmes de notre temps ».

Soucieux de ne pas tomber dans le tabloïd, le jour­nal traite ain­si l’affaire Pal­made dans une per­spec­tive qui se veut « loin des révéla­tions peo­ple et autres rumeurs ». En matière de faits divers, Le Figaro ne veut pas per­dre le fil de l’audience et ne renonce pas à don­ner une impor­tance démesurée à des affaires de moin­dre impor­tance, bien que dra­ma­tiques. Le titre a des oblig­a­tions de résul­tats qui le poussent par­fois à des cabri­oles édi­to­ri­ales grotesques ; mais en matière de fait divers, il est plutôt ras­sur­ant de voir ce jour­nal pro­pos­er une telle offre de con­tenu. L’approche de ces affaires y est moins sul­fureuse que dans la presse spé­cial­isée (par­fois car­i­cat­u­rale et voyeuriste). Le Figaro avait ain­si traité l’affaire Jubi­lar avec une mesure certaine.

Un traitement journalistique délicat

Le traite­ment des faits divers n’est en effet pas facile pour le jour­nal­iste car il implique un choix com­pliqué des mots mais aus­si une mise en per­spec­tive per­ti­nente par rap­port au reste de l’actualité et aux phénomènes de société. Longtemps réservé à cer­tains jour­naux comme France-Soir ou à des revues « spé­cial­isées », il est plutôt ras­sur­ant de voir des titres plus général­istes s’emparer de ces affaires pour leur don­ner une dimen­sion appropriée.