Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Les biais politiques de l’audiovisuel, une enquête entre 2002 et 2020

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

20 août 2022

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Les biais politiques de l’audiovisuel, une enquête entre 2002 et 2020

Les biais politiques de l’audiovisuel, une enquête entre 2002 et 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 7 mars 2022

Les médias sont-ils neutres ? Il y a bien longtemps que nous avons répondu à la question à l’Observatoire du journalisme. Le monde libéral libertaire domine largement dans tous les secteurs. Un superbe travail récent de Sciences Po Paris et de l’INA sur les télévisions et les radios (donc hors presse écrite) conforte nos analyses.

6 millions d’émissions analysées sur 18 ans

Les équipes ont analysé 6 mil­lions d’émissions dif­fusées entre 2002 et 2020. C’est un tra­vail de four­mi qui a été entre­pris. 14 chaînes de télévi­sion, 8 chaînes de radio, plus de trois cent mille invités au total dont 21000 classés poli­tiques, plus de 67.000 invi­tants dont env­i­ron 25.000 jour­nal­istes. Résul­tat, les courants de gou­verne­ment sont avan­tagés, les courants d’opposition sont min­imisés, surtout un, devinez lequel.

Les biais politiques de l’audiovisuel, une enquête entre 2002 et 2020

Temps de parole déséquilibrés

Les invités poli­tiques ont été répar­tis – on peut dis­cuter la clas­si­fi­ca­tion mais accep­tons-la comme telle – dans six caté­gories « clas­siques » : extrême gauche, gauche, Verts, libéraux/centristes, droite, extrême droite.

Pre­mière con­stata­tion, les représen­tants dits non tra­di­tion­nels, extrême gauche, extrême droite et Verts sont glob­ale­ment tous sous-représen­tés. Cal­cu­lons. Si l’on estime, larga manu, que l’extrême gauche (Mélenchon/LFI/PC/trotskistes) représente 11/15% des votes, moyenne 13%, l’extrême droite (FN/RN/DLF sur la péri­ode, Zem­mour n’était pas apparu) 15/25%, moyenne 20%, les Verts 5/15% moyenne 10%, on arrive à un total pour ces familles poli­tiques (total dis­cutable mais nous sommes dans une moyenne raisonnable) d’environ 40%. Sur la péri­ode ces trois familles poli­tiques représen­tent cha­cune moins de 10% des émis­sions. Une moyenne presque accept­able mais inférieure pour les Verts et l’extrême gauche et une très grave sous-représen­ta­tion de ce qui est con­sid­éré comme l’extrême droite.

Inverse­ment les par­tis dits de gou­verne­ment, comme on pou­vait s’y atten­dre, sont sur représen­tés. Au gré des quin­quen­nats gauche/droite/centristes/LREM sont très surreprésentés.

Un effet journaliste

Le tableau est donc assez net, beau­coup plus d’émissions du côté du manche et beau­coup moins du côté de ce qui est classé à l’extrême droite. Mais pourquoi ? Quels sont les fac­teurs d’influence ? La chaîne, le pro­prié­taire (pub­lic ou privé), le jour­nal­iste, l’animateur, l’heure de dif­fu­sion ? Tout ceci compte un peu, les chaînes ont aus­si leurs préférences. Ain­si pour les chaînes, France Inter (sur­prise) aime mieux la gauche et l’extrême gauche que la droite, Arte préfère les Verts et l’extrême gauche, BFM favorise LREM, CNews donne récem­ment plus d’exposition à « l’extrême droite », France Cul­ture cul­tive volon­tiers l’extrême gauche, etc.

Mais au total « l’effet jour­nal­iste » compte plus que l’effet chaîne. C’est la sen­si­bil­ité poli­tique du jour­nal­iste qui va déter­min­er la sen­si­bil­ité poli­tique de l’invité. Comme une majorité des jour­nal­istes (encore une fois pas tous) évolu­ent dans l’ambiance du monde libéral/libertaire, ils décalquent leurs choix per­son­nels sur le choix de leurs invités. Encore faudrait-il inté­gr­er une dimen­sion qual­i­ta­tive. Un invité PS ou LREM sera plus volon­tiers appelé par son petit nom (« bon­jour Benoît » dis­ait Léa Salamé sur France Inter en rece­vant Benoît Hamon lors de la cam­pagne de 2017) alors qu’un invité poli­tique­ment incor­rect sera reçu comme un chien dans un jeu de quilles. Quoi qu’il en soit un tra­vail bien­venu et pas­sion­nant, les auteurs veu­lent le com­pléter en esti­mant mieux les temps de parole. À suiv­re donc. En atten­dant, vous savez qui favorise qui.