Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Emmanuel Macron dans les médias, le président caméléon

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

8 décembre 2020

Temps de lecture : 5 minutes
Accueil | Veille médias | Emmanuel Macron dans les médias, le président caméléon

Emmanuel Macron dans les médias, le président caméléon

Temps de lecture : 5 minutes

À peine élu en 2017, le nouveau président de la République, Emmanuel Macron, annonçait qu’il ne voulait pas gouverner mais qu’il entendait présider le pays. Une position gaulliste affichée. Mais le costume du premier président de la Ve république devait être trop large : Emmanuel Macron ne cesse de se répandre dans les médias, ce qui lui donne autant d’occasions de se contredire. Illustrations.

Macron candidat : contradictions à gogo

Le manque de con­stance et de ligne poli­tique claire n’est pas une nou­veauté chez Emmanuel Macron.

The Dis­claimer a fait sur Dai­ly­mo­tion il y a 3 ans un « best of » des con­tra­dic­tions de celui qui est devenu prési­dent de la république française en 2017. 3,26 min­utes de pro­pos con­tra­dic­toires, comme lorsqu’il affirme en 2014 « je suis social­iste et je l’assume ». Lors d’un déplace­ment au Puy du Fou, il déclare aux côtés de Philippe de Vil­liers en 2016 « je ne suis pas social­iste ».

À Lyon en févri­er 2017, il affirme : « Il n’y a pas de cul­ture française ».
Plus tard, en com­pag­nie de Pas­cal Can­fin, le directeur général du WWF, le pro­pos n’est plus le même : « on est tous des enrac­inés ». Dans un dis­cours au Pan­théon en sep­tem­bre 2020, il affirme comme le relate Pub­lic sénat : « être français, c’est « aimer nos paysages, notre his­toire, notre cul­ture, en bloc, toujours ».

Au sujet de la légal­i­sa­tion du cannabis, s’exprimant au micro de France Inter en sep­tem­bre 2016 : « Je crois que la légal­i­sa­tion a une forme d’efficacité ». Une fois élu, c’est tou­jours la même per­son­ne qui affirme à un jour­nal­iste du Figaro en févri­er 2017 : : « Je ne crois pas à la dépé­nal­i­sa­tion des petites dos­es ni aux peines sym­bol­iques. Cela ne change rien. ».

La posi­tion d’Emmanuel Macron sur la coloni­sa­tion est égale­ment dif­fi­cile à suivre.
Répon­dant à un jour­nal­iste du Point en novem­bre 2016, il déclare : « En Algérie, il y a eu la tor­ture mais aus­si l’émergence d’un État, de richess­es, de class­es moyennes, c’était la réal­ité de la colonisation. »
En Algérie, lors d’une inter­view à la chaine algéri­enne Echorouk News le 15 févri­er 2017, le juge­ment est sans appel : il y assim­i­le la coloni­sa­tion à « un crime con­tre l’humanité ».

Macron élu, ça continue

Con­tra­dic­tion un jour, con­tra­dic­tions tou­jours, pour­rait-on dire du prési­dent qui sem­ble chang­er son dis­cours en fonc­tion de la per­son­ne avec laque­lle il parle.

Le 20 juil­let 2017, le prési­dent nou­velle­ment élu s’empresse d’aller rompre le jeune dans une mosquée. Il déclare et poste sur son compte Twit­ter : « L’Iftar est un moment de partage. Je le partage avec la com­mu­nauté musul­mane française ». Tou­jours sur Twit­ter, le 29 octo­bre 2020, la parole prési­den­tielle est tou­jours aus­si défini­tive et grandiloquente :

En plein débat sur les vio­lences poli­cières et con­statant que des mem­bres de son gou­verne­ment sont allés un peu trop loin, notam­ment le min­istre de l’intérieur prêt à met­tre un genou à terre, il fait un appel du pied à la droite. France inter relate une par­tie de ses pro­pos lors d’une allo­cu­tion télévisée le 14 juin 2020  : « la République n’ef­fac­era aucune trace ni aucun nom de son his­toire. Elle n’ou­bliera aucune de ses œuvres. Elle ne déboulon­nera pas de statues».

Serge Dutilleul a suivi l’interview du prési­dent de la République au média Brut le 4 décem­bre 2020. Il réag­it sur Twitter :

Les frontières pas si inutiles

Valeurs actuelles souligne en févri­er 2020 que Macron iro­nise sur la volon­té de Marine Le Pen de fer­mer les fron­tières : « N’en déplaise à cer­tains, le virus ne con­naît pas ces lim­ites administratives ».

Quelques jours plus tard, Sor­tirà­Paris nous annonce que « lors de son allo­cu­tion, le Prési­dent de la République Emmanuel Macron a annon­cé lun­di 16 mars 2020 la fer­me­ture totale des fron­tières français­es avec les pays lim­itro­phes de l’U­nion Européenne ain­si que celles de l’E­space Schengen ».

Le pre­mier décem­bre 2020, Le Figaro nous informe qu’ « Emmanuel Macron annonce des «mesures restric­tives et dis­sua­sives» pour les Français voulant ski­er à l’é­tranger à Noël ». Inutiles fron­tières pour la cir­cu­la­tion du virus, vous aviez dit ?

Par­fois, les con­tra­dic­tions sont révélées par les médias, comme L’Opinion qui pointe le 12 octo­bre « les con­tra­dic­tions de Macron » con­cer­nant la promesse de ne pas aug­menter les impôts et, « en même temps », celle de repren­dre des propo­si­tions de la con­ven­tion citoyenne qui alour­dis­sent les prélève­ments obligatoires.

Macron a tou­jours le sou­tien de l’oligarchie. Ain­si sa stratégie illis­i­ble sur la réforme des retraites est selon Les Échos le 25 novem­bre 2019 « le pari des con­tra­dic­tions con­struc­tives ». Qu’en ter­mes élé­gants ces choses-là sont dites…

On aurait pu con­tin­uer ce flo­rilège. En guise de con­clu­sion, ces quelques lignes sur le site du Huff­post. Elles ont été écrites en 2017, mais elles restent d’une actu­al­ité brulante :

« Ce qui frappe le plus quand on écoute Emmanuel Macron, c’est sa capac­ité à occu­per l’e­space sur l’ensem­ble des sujets sans que le pro­pos puisse d’au­cune façon être tra­ductible dans l’ac­tion. Cette décon­nex­ion pro­fonde de l’in­tel­li­gence du faire sem­ble lui ouvrir un pass illim­ité dans le reg­istre de l’au­dace: qu’im­porte le mes­sage pourvu qu’il soit bien dit, bien réc­ité, bien ressen­ti, sûr de lui. C’est l’e­spérance folle de l’élève fainéant qui croit que la musique suf­fi­ra à lui faire réciter ses tables de multiplication ».