Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Davos/Emmanuel Macron/Presse française, un exemple de chaîne performative ?

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

30 janvier 2024

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Davos/Emmanuel Macron/Presse française, un exemple de chaîne performative ?

Davos/Emmanuel Macron/Presse française, un exemple de chaîne performative ?

Temps de lecture : 4 minutes

La lutte contre la désinformation et les « fake news » sont devenues désormais la deuxième grande cause, après celle du réchauffement climatique, des gouvernements occidentaux. Pour l’exemple, regardons l’enchaînement des évènements et des annonces entre Davos et la presse française. Le schéma est simple : le Forum Économique Mondial donne la direction, le président de la République Française répercute, les groupes de presse exécutent.

Davos ouvre le feu

Le 15 jan­vi­er 2024 : le Forum Économique Mon­di­al annonce la couleur dès le pre­mier jour : la dés­in­for­ma­tion et la més­in­for­ma­tion compteraient par­mi les « plus grands risques de l’humanité ».

Emmanuel Macron rebondit

Le 16 jan­vi­er : lors de sa con­férence de presse, Emmanuel Macron, a évo­qué l’idée de réguler l’accès des enfants aux écrans. Selon le Prési­dent de la République, « c’est très impor­tant pour la solid­ité de nos démoc­ra­ties. Si on a des enfants qui ont un rap­port à la vérité mal bâti, bon­jour la généra­tion des com­plo­tistes. »

Le 17 jan­vi­er : Emmanuel Macron inter­vient au Forum Économique Mon­di­al à Davos.

Un groupe de la presse quotidienne régionale met en œuvre

Le 23 jan­vi­er, une semaine après seule­ment, le groupe Est-Bour­gogne-Rhône-Alpes (EBRA), pre­mier groupe de presse français, con­trôlé par le Crédit mutuel Alliance Fédérale dont les ori­en­ta­tions pro-macroni­ennes de son PDG, Nico­las Théry, sont revendiquées, lance une cam­pagne pro­mo­tion­nelle pour « offrir à tous les jeunes de 18 ans à moins de 26 ans, un abon­nement numérique à l’un de ses neuf titres » comme L’Alsace, Le Bien Pub­lic, Le Dauphiné Libéré, Les Dernières Nou­velles d’Alsace, L’Est Répub­li­cain, Le Jour­nal de Saône-et-Loire, Le Pro­grès, Le Répub­li­cain Lor­rain et Vos­ges Matin. Heureux hasard, l’un des fonds pro­posés par une des fil­iales du Crédit Mutuel « a été recon­nu comme un “Top Inno­va­tion Fund” par UpLink et le Forum économique mon­di­al. » et les rap­ports des réu­nions de Klaus Schwab sont cités par les pub­li­ca­tions du Crédit Mutuel.

Une paraphrase de Davos

Les raisons avancées dans le com­mu­niqué d’EBRA pour le lance­ment de cette cam­pagne repren­nent qua­si­ment mot pour mot les déc­la­ra­tions d’Emmanuel Macron d’éviter d’avoir une « généra­tion de com­plo­tistes » et celles du Forum Economique Mon­di­al de Davos sur la « désinformation » :

« La pro­liféra­tion d’affirmations non véri­fiées, pas con­tex­tu­al­isées, voire manip­ulées, offre un ter­reau mal­heureuse­ment fer­tile aux fake news. Ce mécan­isme nour­rit la défi­ance démoc­ra­tique et les théories com­plo­tistes. (…) Notre jeunesse mérite mieux que cela. L’accès à une infor­ma­tion fiable et de qual­ité est, pour une généra­tion en pleine con­struc­tion intel­lectuelle, un droit indis­pens­able. (…) Cette déci­sion repose sur la con­vic­tion que la presse quo­ti­di­enne régionale, ce jour­nal­isme total “qui va du vil­lage au monde”, est la meilleure réponse aux fab­ri­cants de men­songes et aux vendeurs de peur. »

Pseudo certifications

À quelques mois des élec­tions européennes, une échéance cru­ciale pour Emmanuel Macron, ce genre d’initiative risque de se mul­ti­pli­er dans la presse. L’une des autres pistes pour lut­ter con­tre la « dés­in­for­ma­tion » sur inter­net est de faire cer­ti­fi­er par un organ­isme spé­cial­isé son média et les infor­ma­tions qu’il dif­fuse comme fiables. Sur le principe, cette cer­ti­fi­ca­tion doit aider les lecteurs à faire le tri entre les infor­ma­tions et les « fake news.» Dans la réal­ité, cette cer­ti­fi­ca­tion des médias devrait être util­isée comme un moyen de sélec­tion­ner les « bons médias » qui recevront les sub­sides de l’État ou auront le droit d’être dif­fusés sur les réseaux soci­aux par exem­ple. Tous les scé­nar­ios de restric­tion des lib­ertés sont pos­si­bles désor­mais avec des gou­verne­ments occi­den­taux qui ont décidé de livr­er une guerre à mort con­tre infor­ma­tions dis­si­dentes en France comme en Pologne

Voir aus­si : TV Repub­li­ka, dernière chaîne d’info con­ser­va­trice en Pologne, attaquée de toutes parts

Certifié « conforme » par RSF

Il est intéres­sant de not­er que le groupe Est-Bour­gogne-Rhône-Alpes (EBRA) vient d’obtenir en décem­bre 2023 la cer­ti­fi­ca­tion « Jour­nal­ism Trust Ini­tia­tive » (JTI), de Reporters sans fron­tières (RSF).

Pour Philippe Car­li, prési­dent du groupe EBRA, cette cer­ti­fi­ca­tion doit per­me­t­tre « la trans­parence dans les pra­tiques jour­nal­is­tiques, le respect des stan­dards éthiques et déon­tologiques de l’information et la pro­duc­tion de con­tenus de con­fi­ance sont la clé pour com­bat­tre la dés­in­for­ma­tion et ren­forcer la con­fi­ance de nos lecteurs. »

La cer­ti­fi­ca­tion n’est que la pre­mière étape, la deux­ième étape sera la restric­tion des lib­ertés sur le net. Pour le site spé­cial­isé numerama.com, afin de lut­ter con­tre les fake news « il pour­rait donc y avoir davan­tage d’interdictions et de restric­tions dans les mois et les années à venir.»