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Censure aux USA : l’administration Biden interdite de contacts avec les médias sociaux

18 juillet 2023

Temps de lecture : 7 minutes
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Censure aux USA : l’administration Biden interdite de contacts avec les médias sociaux

18 juillet 2023

Temps de lecture : 7 minutes

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Ce n’est pas encore un jugement définitif, mais la mesure provisoire prise par un juge fédéral de Louisiane pour protéger la liberté d’expression aux États-Unis laisse présager un verdict défavorable à l’administration Biden. Le 4 juillet, le juge Terry Doughty (nommé par Donald Trump, comme le soulignent à l’envi les médias libéraux), délivrait à titre conservatoire une ordonnance provisoire interdisant à l’administration Biden tout contact avec les gestionnaires des réseaux sociaux.

Par­mi les admin­is­tra­tions inter­dites de con­tact, on trou­ve l’Agence de cyber­sécu­rité et de sécu­rité des infra­struc­tures (CISA) et sa direc­trice Jen East­er­ly, nom­mée à ce poste par le prési­dent Biden.

Voir aus­si : Le min­istère de la Vérité « sus­pendu » en juin par l’administration Biden sévit encore sous un autre nom

Soupçon de censure généralisée

Jen East­er­ly fait par­tie d’une douzaine d’officiels nom­mé­ment inter­dits de con­tacts avec les médias soci­aux, aux côtés de son chef qui dirige le départe­ment de la sécu­rité intérieure (Depart­ment of Home­land Secu­ri­ty), le « secré­taire » (équiv­a­lent d’un min­istre en France) Ale­jan­dro May­orkas. Les autres « départe­ments » (min­istères) inter­dits de con­tacts avec les médias soci­aux par ce juge fédéral de Louisiane sont le départe­ment de la Jus­tice, le départe­ment d’État, le départe­ment de la San­té et des Ser­vices humains ain­si que les Cen­tres pour le con­trôle et la préven­tion des maladies.

Eh oui, le soupçon de cen­sure cen­tral­isée, coor­don­née par toutes ces admin­is­tra­tions est en grande par­tie (mais pas unique­ment, loin de là) ali­men­té par leurs pra­tiques pen­dant la pandémie de Covid-19.

Dans son ordon­nance pro­vi­soire, le juge a égale­ment inter­dit toute forme de col­lab­o­ra­tion du gou­verne­ment améri­cain, de ses agences et de ses offi­ciels avec des groupes de recherche s’intéressant aux médias soci­aux, tel le Parte­nar­i­at pour l’intégrité des élec­tions (Elec­tion Integri­ty Part­ner­ship), un groupe de chercheurs tra­vail­lant sous l’égide de l’Observatoire de l’Internet de Stan­ford et le Cen­tre pour un Pub­lic infor­mé de l’Université de Washington.

Les mem­bres répub­li­cains de la Cham­bre des Représen­tants soupçon­nent qu’il y a eu col­lu­sion entre ce groupe et l’administration Biden pour lim­iter la parole con­ser­va­trice sur les médias sociaux.

En fait, ce n’est pas toute com­mu­ni­ca­tion avec les médias soci­aux qui reste donc pour le moment inter­dite à l’administration Biden, qui a fait appel de cette déci­sion, mais toute ten­ta­tive « d’exhorter, d’encourager, de faire pres­sion ou d’induire de quelque manière que ce soit le retrait, l’effacement, la sup­pres­sion ou la réduc­tion d’un con­tenu rel­e­vant de la lib­erté d’expression ». Le juge a pré­cisé que les agences du gou­verne­ment fédéral ne pou­vaient pas indi­quer aux plate­formes de réseaux soci­aux des posts (mes­sages) à pass­er en revue autres que ceux en rap­port avec des crimes ou dél­its, des men­aces pour la sécu­rité nationale ou des ten­ta­tives étrangères pour exercer une influ­ence sur les élections.

« Si les allé­ga­tions des plaig­nants sont vraies, ce cas con­cerne sans doute l’attaque la plus mas­sive con­tre la lib­erté d’expression dans l’histoire des États-Unis », a déclaré le juge pour expli­quer la mesure con­ser­va­toire, en pré­cisant, aux regards des élé­ments à sa dis­po­si­tion, qu’« il est prob­a­ble que les plaig­nants parvien­dront à établir que le gou­verne­ment a util­isé son pou­voir pour réduire l’opposition au silence. »

L’administration démocrate se défend

L’attachée de presse de la Mai­son Blanche, Karine Jean-Pierre, a déclaré le 5 juil­let aux jour­nal­istes que l’administration Biden « n’est pas du tout d’accord avec cette déci­sion » et qu’elle « con­tin­uera à pro­mou­voir des actions respon­s­ables pour pro­téger la san­té, la sécu­rité et la sûreté publique face aux défis tels qu’une pandémie mortelle ou des attaques étrangères con­tre nos élec­tions ».

Les plaig­nants, dans cette affaire, sont les pro­cureurs généraux du Mis­souri et de la Louisiane (ensuite rejoints par d’autres plaig­nants, tels Jim Hoft, pro­prié­taire du site con­ser­va­teur Gate­way Pun­dit) qui accusent notam­ment l’administration fédérale d’avoir poussé les médias soci­aux à « sup­primer les inter­venants, les points de vue et les con­tenus défa­vor­ables » ou ce qu’ils con­sid­éraient comme étant de la « dés­in­for­ma­tion » con­cer­nant la pandémie de Covid-19.

« Le dossier des répub­li­cains repose sur des dizaines de mil­liers de com­mu­ni­ca­tions, y com­pris des cour­riels et des mes­sages, entre des fonc­tion­naires de l’administration Biden et des entre­pris­es de médias soci­aux, qui ont eu lieu en grande par­tie entre 2020 et 2021 », expli­quait le Wash­ing­ton Post le 4 juil­let. « Les pro­cureurs généraux des États ont fait val­oir qu’à par­tir de 2017 – qua­tre ans avant que M. Biden ne devi­enne prési­dent – des fonc­tion­naires du gou­verne­ment ont com­mencé à jeter les bases d’une “cam­pagne sys­témique et sys­té­ma­tique” visant à con­trôler la lib­erté d’expression sur les médias soci­aux. Ces efforts se sont accélérés en 2020, alors que M. Trump était encore prési­dent, dans le cadre de la réponse à l’épidémie de coro­n­avirus et des efforts visant à pro­téger les élec­tions de 2020, ont fait val­oir les pro­cureurs généraux devant le tri­bunal. Ils ont ajouté que ces efforts ont fait un “bond en avant” après l’accession de M. Biden à la prési­dence, car la Mai­son-Blanche a exer­cé des pres­sions publiques et privées sur les grandes entre­pris­es tech­nologiques pour qu’elles sup­pri­ment les mes­sages sus­cep­ti­bles de con­tribuer à l’hésitation vac­ci­nale, tout en menaçant de régle­menter les entre­pris­es de médias soci­aux. »

New York Post versus New York Times

Le chroniqueur James Bovard du New York Post (jour­nal de droite à ne pas con­fon­dre avec les jour­naux de gauche Wash­ing­ton Post ou New York Times, le New York Post étant le jour­nal qui a le pre­mier révélé le con­tenu com­pro­met­tant de l’ordinateur portable du fils de Joe Biden, tan­dis que les deux pres­tigieux jour­naux libéraux par­laient – à tort – de dés­in­for­ma­tion russe) a dressé le 5 juil­let, sous le titre « L’administration Biden pense avoir un droit divin d’empêcher les con­ser­va­teurs d’exercer leur lib­erté d’expression », un rap­pel des efforts de cen­sure sans précé­dent déployés par l’administration prési­den­tielle depuis l’entrée en fonc­tion du suc­cesseur de Don­ald Trump.

Tan­dis que l’on s’inquiétait de cette déci­sion de jus­tice dans les colonnes du New York Times et du Wash­ing­ton Post (où l’on con­tin­ue de s’appuyer sur les sup­posées ingérences russ­es dans la cam­pagne qui avaient con­duit à l’élection de Don­ald Trump en 2016), dans le New York Post on expo­sait les réac­tions très sat­is­faites chez les con­ser­va­teurs et les républicains.

Pour le Wash­ing­ton Post en revanche, « la déci­sion de ce juge nom­mé par Don­ald Trump pour­rait réduire à néant des années d’efforts visant à ren­forcer la coor­di­na­tion entre le gou­verne­ment et les entre­pris­es de médias soci­aux. Depuis plus de dix ans, le gou­verne­ment fédéral tente de col­la­bor­er avec les entre­pris­es de médias soci­aux pour lut­ter con­tre les activ­ités crim­inelles, notam­ment les images d’abus sex­uels sur des enfants et le ter­ror­isme. »

Pour le New York Times qui com­men­tait cette déci­sion de jus­tice, « son impact pour­rait con­train­dre les fonc­tion­naires, y com­pris les forces de l’ordre, à s’abstenir d’informer les plate­formes de la présence de con­tenus gênants ». Le jour­nal s’inquiète en out­re du fait que les pro­cureurs généraux du Texas et de la Floride défend­ent avec acharne­ment devant la jus­tice les lois de leur États respec­tifs qui, pour la pre­mière fois aux États-Unis, inter­dis­ent aux plate­formes Inter­net de sup­primer cer­tains con­tenus à car­ac­tère poli­tique. Le NYT s’inquiète aus­si d’une déci­sion de la Cour suprême qui a refusé cette année d’interdire ou restrein­dre une loi per­me­t­tant aux plate­formes Inter­net d’être dégagées de la respon­s­abil­ité légale des con­tenus pub­liés par leurs utilisateurs.

C’est tout le con­traire de l’évolution actuelle en Europe ou en Aus­tralie, où l’on assiste à un « recal­i­brage de la lib­erté d’expression » comme en rêve l’administration Biden.

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