Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Autodafés au Canada, le wokisme fait détruire 5000 livres

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

11 septembre 2021

Temps de lecture : 4 minutes
Accueil | Veille médias | Autodafés au Canada, le wokisme fait détruire 5000 livres

Autodafés au Canada, le wokisme fait détruire 5000 livres

Temps de lecture : 4 minutes

L’Ontario, Canada, capitale provinciale Toronto, province la plus peuplée du Canada, abrite la capitale fédérale Ottawa. Elle tire son nom du grand lac éponyme, capitale mondiale de la destruction de livres depuis 2019. Revue de détail sur fond de brûlis.

Épuration à Providence

Prov­i­dence (mal nom­mée), c’est un regroupe­ment de 30 écoles fran­coph­o­nes catholiques dans le sud-ouest de l’Ontario. Prov­i­dence – autour de 10.000 élèves — est admin­istré par un Con­seil sco­laire. Une autodafé lit­téraire occulté a été récem­ment mise à jour par Radio Cana­da, comme un retour de flamme.

En 2019, dans une des écoles, un bûch­er dit « céré­monie d’auto-purification par les flammes » (sic) a été organ­isé avec une trentaine de livres dont les cen­dres ont servi d’engrais pour planter un arbre avec vidéo à l’appui pour « enter­rer les cen­dres du racisme et de la dis­crim­i­na­tion » (resic). Il était prévu un bûch­er par école mais devant le risque de protes­ta­tions, les autres livres incrim­inés ont été sim­ple­ment mis à la benne.

Qui ?

La porte-parole du Con­seil sco­laire porte le nom char­mant de Lyne Cos­sette. Cos­sette (et non Cosette, plus sym­pa­thique) voit là « un geste d’ouverture envers les autres com­mu­nautés ». Elle est con­seil­lée par Suzy Kies, « chercheuse sur les peu­ples autochtones », mem­bre du Par­ti libéral de Justin Trudeau. Elle enseigne ou fait des con­férences dans les écoles et est égale­ment coprési­dente de la Com­mis­sion des peu­ples autochtones du Par­ti libéral cana­di­en. C’est elle qui dresse les listes des livres à brûler ou détruire.

Les livres bannis

5.000 livres ont été retirés ou ban­nis, par­mi lesquels dans le désor­dre, Tintin en Amérique, Le Tem­ple du soleil (un autre Tintin), Astérix et les indi­ens, trois albums de Lucky Luke, La Con­quête de l’ouest, tous les albums de Landry et Lev­asseur qui ont pour héros Laflèche, un trappeur cana­di­en, des biogra­phies de Jacques Carti­er, de nom­breuses ban­des dess­inées si un per­son­nage des peu­ples autochtones était représen­té de manière néga­tive (alcoolisme, couardise), des romans policiers, des études eth­nologiques, la bande dess­inée Poc­a­hon­tas (Dis­ney) dont l’héroïne est « trop sen­suelle et trop sex­uelle », des livres écrits par cer­tains amérin­di­ens n’ont pas été épargnés. La revue com­plète des bib­lio­thèques de Prov­i­dence — en vue d’épuration — était en cours lorsque Radio Cana­da s’est ému. Elle est pro­vi­soire­ment interrompue.

Les réactions

Justin Trudeau, en posi­tion poli­tique déli­cate en pleine cam­pagne élec­torale, a bot­té en touche. Tout en accep­tant la démis­sion de Suzy Kies de la Com­mis­sion des peu­ples autochtones de son par­ti, il a con­damné à titre per­son­nel la mise au feu tout en défen­dant le wok­isme et la can­cel cul­ture. Les par­tis poli­tiques — con­ser­va­teur ou de la gauche — ont protesté molle­ment, seul le Bloc Québe­cois a con­damné très fermement.

Dans un arti­cle alam­biqué sous la sig­na­ture d’Elsa de La Roche Saint-André, Libéra­tion du 9 sep­tem­bre, reprend la con­clu­sion d’une « chercheuse » woke canadienne :

« Cette démarche est emblé­ma­tique d’un mou­ve­ment plus large, à l’échelle du monde entier, de «décoloni­sa­tion des savoirs» avec l’idée de détach­er «la manière dont on apprend, dont les savoirs sont pro­duits, et les recherch­es menées» d’une vision jugée trop colo­niale, et sou­vent ressen­tie comme raciste ».

En clair, brûler les bouquins ce n’est pas si mal, pourvu que ce soit les bons qui étab­lis­sent la liste du papi­er combustible.

Plus drôle ou franche­ment pathé­tique, comme on voudra, l’instigatrice (mise à pied tar­di­ve­ment par le Con­seil sco­laire) Suzy Kies s’était inven­tée une ascen­dance des « peu­ples pre­miers » – abé­nakise et mon­tag­naise – alors que c’est une pure européenne. Retour de bâton, cer­tains Amérin­di­ens lui ont reproché de s’occuper de leurs affaires.

Les autodafés, le nou­v­el index lit­téraire, le déboulon­nage des stat­ues (celle du général Lee à Rich­mond récem­ment, les pro­jets autour de Col­bert), la cen­sure général­isée, le renon­ce­ment de Prince­ton à impos­er l’étude du grec et du latin « esclavagistes » en let­tres clas­siques, tout ce mou­ve­ment encour­age et entre­tient le grand efface­ment cul­turel. Un efface­ment com­plé­men­taire du grand rem­place­ment eth­nique et son accélérateur.