Ojim.fr
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
20 Minutes n’est plus à l’heure

29 mai 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | 20 Minutes n’est plus à l’heure

20 Minutes n’est plus à l’heure

Temps de lecture : 3 minutes

Nos lecteurs assidus le savent, la presse papier est en crise. Pourquoi payer lorsqu’on peut s’informer gratuitement sur Internet ou les réseaux sociaux ? Nous assistons à un nouvel exemple de cette crise avec le large plan de restructuration annoncé par la direction du journal 20 Minutes.

Plan social sévère

C’est par la voix de Ronan Dubois, directeur général du média, qu’un vaste plan social a été annon­cé. Celui-ci prévoit de sup­primer 56 postes, soit un tiers de l’effectif total du jour­nal. Sur ces 56, seule­ment 22 per­son­nes seront recasées. Out­re ces licen­ciements, la ver­sion papi­er du jour­nal, dis­tribuée gra­tu­ite­ment dans les huit plus gross­es villes de l’hexagone, sera sup­primée défini­tive­ment. 20 Min­utes était le dernier jour­nal papi­er gra­tu­it dis­tribué en France. Après Metronews en 2015 et CNews en 2021, il rejoint la liste des vic­times de la crise de la presse papier.

Ce plan s’inscrit dans une crise majeure que tra­verse le jour­nal depuis la péri­ode COVID. En 2022, un pre­mier plan avait déjà mené au licen­ciement de 15 per­son­nes. En févri­er 2024, les jour­nal­istes du média avaient été privés des 18% aux­quels ils avaient droit sur la somme que verse Google et Face­book au titre des droits voisins, soit env­i­ron un mil­lion d’euros. Les mesures rad­i­cales annon­cées par Dubois sont néces­saires afin que le jour­nal puisse obtenir de nou­veaux finance­ments après avoir rené­go­cié sa dette et souscrit un prêt garan­ti par l’État. Nou­velle illus­tra­tion pour ceux qui doutaient encore que l’argent con­stitue le nerf de la guerre.

Numérique d’abord

Désor­mais, le jour­nal va se con­cen­tr­er sur sa ver­sion numérique et sur le trans­fert de sa régie pub­lic­i­taire vers « 366 », régie de l’ensemble de la presse quo­ti­di­enne régionale. Ce créneau pour­rait d’ailleurs être l’avenir du jour­nal. Rap­pelons que 20 Min­utes est détenu par Rossel et Ouest-France, qui pos­sè­dent une grande par­tie de la presse régionale de la moitié nord du pays. Déjà, en juin 2023, le groupe avait lancé une chaîne régionale con­sacrée à l’Île de France sur le canal 32 de la TNT. Si dans un pre­mier temps, l’objectif pour 20 Min­utes est de ren­forcer sa syn­ergie entre le site et la chaîne, l’objectif plus loin­tain serait-il de dévelop­per ces chaînes locales ? Les exem­ples de France Télévi­sions ou BFMTV mon­trent le suc­cès de ces chaînes, plus proches des téléspec­ta­teurs et plus lucra­tives pour les annonceurs.

Quoi qu’il en soit, les annonces de Ronan Dubois illus­trent à nou­veau le con­stat : la presse papi­er est en crise et le jour­nal­isme de la presse écrite sauf excep­tions est de moins en moins rentable. Ce n’est jamais l’appât du gain qui pousse des hommes d’affaires à acheter un titre ou un groupe de presse, mais bien leur influ­ence réelle ou supposée.

Voir aus­si : Fréquen­ta­tion et dif­fu­sion de la presse : les résul­tats 2023 sont tombés