Aristo chef
Le baron Nicolas Abel Bellet de Tavernost de Saint Trivier est né le 22 août 1950 à Villefranche-sur-Saône, capitale du beaujolais. Issu d’une famille noble du Mâconnais, l’homme est père de cinq enfants, plus un, M6, la chaîne qu’il gouverne depuis sa création. La « chaîne de trop », comme la qualifiait la ministre déléguée à la communication Catherine Tasca en 1988, a bien grandi et s’est imposée, sous la férule de son inamovible président du directoire, comme un puissant groupe audiovisuel faisant le bonheur de ses actionnaires. Seul garçon d’une fratrie comptant quatre sœurs, son éducation corsetée imprime sur lui une certaine rudesse qui le fera craindre de ses collaborateurs quelques décennies plus tard. « Autocrate », « tyrannique », tout a été dit sur le management intense et épuisant avec lequel l’intransigeant chef d’entreprise règne sur sa baronnie de Neuilly-sur-Seine. Si l’échec de la fusion avec TF1 a contrecarré ses plans, la grenouille, à force de choix stratégiques payants (les séries américaines, la télé-réalité, le replay) et de virages bien négociés (les droits sportifs, la TNT), a fini sinon par avaler le bœuf, du moins en prendre la direction. Le 13 février 2024, il annonce sa démission de président du directoire de M6, remplacé par David Larramendy, un ancien de la chaîne. Dans la foulée il prend la vice-présidence de CMA Médias de Rodolphe Saadé et la présidence de son comité stratégique.
Rejeton d’une famille de la noblesse de robe enracinée dans la Dombes (Ain) au nord-est de Lyon, l’homme a hérité du château familial de Vataneins, propriété d’une centaine d’hectares sise dans le village de Cesseins. « Avec mes proches. Vataneins c’est un peu un lieu de rassemblement pour la famille. Notre kibboutz à nous ».
Portrait vidéo
Formation
L’homme ne brille pas par son cursus scolaire, qu’il clôturera à l’école publique après un bref passage dans un cours privé, un désaveu indéniable compte tenu des mœurs de son milieu social. Il est pensionnaire du collège jésuite de Notre-Dame de Mongré de Villefranche, puis du lycée jésuite Saint Joseph de Tivoli à Bordeaux et du lycée mariste Sainte Marie de Riom. Après son bac, il obtient une licence en Droit à l’Université de Bordeaux ainsi qu’un diplôme d’études supérieures de droit public. Il complète son cursus par l’Institut d’Études Politiques de Bordeaux, où il s’inscrit pour préparer le concours de l’ENA. Le jeune Tavernost nourrit l’ambition de devenir préfet. Selon, un de ses condisciples, Philippe Chotard, Tavernost était un « dilettante qui ne passait pas son temps dans les bibliothèques ». Très impliqué dans la campagne de Jacques Chaban-Delmas, il échoue par deux fois au concours de l’ENA, comme son père avant lui.
Parcours Professionnel
Sans se laisser abattre, il entre au cabinet de Norbert Segard, ministre du Commerce extérieur. Il rejoint dans la foulée l’Administration des Postes et Télécommunications (P.T.T) où il est chargé des relations avec la presse et le Parlement pendant deux ans, puis la Direction générale des télécommunications, où il participe au « plan câble » en tant que chargé du développement commercial. Son expérience dans les cabinets ministériels éveille son scepticisme à l’égard de l’administration et des énarques en particulier : « J’y ai appris ce qu’est le fonds de commerce de l’État, la protection des intérêts personnels et l’absurdité de l’économie mixte ». C’est là qu’il est remarqué par Guy de Panafieu, alors bras droit du grand patron Jérôme Monod, qui l’engage à la Lyonnaise des eaux pour travailler sur le dossier de candidature à la reprise du sixième réseau de télévision hertzienne.
Métropole Télévision
Le sixième canal français est alors occupé par TV6, une chaîne musicale propriété de Publicis, dont la concession n’est pas renouvelée. La défaite de Fabius aux législatives et l’arrivée de Chirac à Matignon sonne le glas des projets audiovisuels de l’ancienne majorité socialiste. Un conglomérat d’actionnaires réuni par Tavernost, composé de la Compagnie Luxembourgeoise de télévision, actionnaire de RTL, la Lyonnaise des eaux, Amaury (à l’époque propriétaire du Parisien), et du groupe MK2, se porte candidat à la reprise du canal. À la tête du projet, l’énarque et éphémère PDG d’Antenne 2 (son traitement de la mort de Malik Oussekine aurait déplu à l’état-major chiraquien et précipité son licenciement) Jean Drucker, qui n’est autre que le frère du menhir télévisuel Michel Drucker. Son nom est soufflé par Tavernost à l’oreille de Jérôme Monod, qui se souvient que les deux hommes ont étudié ensemble à l’ENA.
La chaîne, qui se prénomme alors Métropole Télévision, commence à émettre le 1er mars 1987. Si Jean Drucker reste le PDG de la chaîne, Tavernost connait une ascension continue dans l’organigramme de la chaîne : directeur général adjoint (finances) à sa création en 1987, il en devient le directeur général en 1988. Le tandem Drucker-Tavernost donne vite des résultats, la rondeur du premier compensant la rugosité du second.
Selon Tavernost, « Jean était un homme très subtil. On a tout vécu ensemble. Il me disait : « Je passe plus de temps avec toi qu’avec ma femme ! » Leur relation n’est pas pour autant un long fleuve tranquille : « C’était tendu entre les deux, raconte un ex-proche. Je me souviens qu’un jour Jean, apprenant que Nicolas donnait une interview à un hebdo, avait envoyé son chauffeur chercher dans tout Paris la responsable de la communication de M6 pour donner, lui aussi, l’interview ! ». Alors que la santé de Drucker décline, Tavernost semble en être le successeur tout désigné et ne se cache pas de vouloir l’évincer. C’est ainsi qu’il est nommé, suite à un putsch interne rondement mené, président du directoire de M6 en 2000, cantonnant Drucker au conseil de surveillance.
L’homme est connu dans le milieu des médias comme un chef qui essore ses équipes et veut tout contrôler, des ramettes de papier de la photocopieuse aux concepts des émissions. C’est notamment lui qui a imaginé les émissions « Capital », « Zone interdite » et « Pékin Express ».
La fusion ratée avec TF1 et le face-à-face en trois temps avec Niel
Après des mois de suspense et de cour intense, avec foule de candidats (Bolloré, Niel, Kretinsky ou encore Berlusconi étaient sur les rangs), Bouygues est finalement choisi pour reprendre les 48% que l’actionnaire principal allemand Bertelsmann, via sa filiale RTL Group, détenait jusque-là (l’autre actionnaire historique, Suez, s’étant retiré en 2004). La fusion des deux groupes en aurait fait le quatrième acteur européen avec un chiffre d’affaires estimé à 3,4 milliards d’euros. Bouygues, avec 30% du capital, devait en être l’actionnaire de contrôle exclusif et Tavernost le PDG putatif.
Mais l’Autorité de la concurrence, qui redoute les conséquences de la fusion sur le marché publicitaire, fait avorter le projet de fusion en septembre 2022. Benoït Cœuré, directeur de l’institution, se défend dans Les Echos en soulignant que « les synergies auraient notamment entraîné des hausses de prix pour les annonceurs et les distributeurs. Notre rôle n’est pas de faire de la politique industrielle ».
C’est un coup dur pour le baron et pour Bertelsmann qui laisse rapidement entendre que la chaîne pourrait être à vendre. De potentiels repreneurs de taille sont sur les rangs et soumettent leur candidature au PDG de Bertelsmann, Thomas Rabe, et à la banque d’affaires JP Morgan parmi lesquels Daniel Křetínský (propriétaire de Marianne et Elle), le duo Niel-Berlusconi (respectivement propriétaires d’Iliad et de MediaforEurope) et le trio formé par Stéphane Courbit (Banijay), Rodolphe Saadé (CMA CGM et actionnaire minoritaire de M6) et Marc Ladreit de Lacharrière. Le prix de la chaîne est évalué à 1,2 milliard d’euros avec une revalorisation du cours de l’action à la clé (20 euros après la cession contre 12 euros précédemment) si la candidature de Niel-Berlusconi est retenue.
Après avoir longtemps hésité, Thomas Rabe, échaudé par les avertissements de l’antitrust, qui lui font craindre un second veto après celui de la fusion, se résout à conserver M6 pour ne pas se disperser en prévision du renouvellement de la fréquence par l’Arcom qui doit avoir lieu l’année suivante en 2023.
Xavier Niel, qui se plaît à désigner la 6 comme « une grande chaîne qui pionce » et s’était vivement opposé au projet de fusion avec TF1, tente de déloger Tavernost pour la troisième fois et se porte candidat au renouvellement de la fréquence TNT de M6 via sa holding NJJ Médias, sans succès. Selon Le Point, le concurrent de Tavernost prévoirait « beaucoup d’information et d’émissions de débat public, de la musique à l’antenne, et des financements élevés dans la production audiovisuelle et cinématographique ».
À la tête d’une des chaînes les plus rentables d’Europe
L’homme a déjà contraint par deux fois Bertelsmann, à modifier les statuts du groupe pour repousser la limite d’âge des dirigeants. Son mandat de trois à la tête du groupe est renouvelé pour la troisième fois en 2021. Il passe malgré tout la main le 17 février 2024 laissant la présidence du directoire à un ancien de la maison.
Il est loin le temps où M6 n’était encore que « la petite chaîne qui monte ». Deuxième chaîne commerciale du pays après TF1, elle présente en 2022 une part d’audience s’élevant à 8 %. Tavernost est désormais assis sur un groupe audiovisuel, patiemment édifié, composé d’un bouquet de chaînes thématiques, enrichis depuis l’arrivée de la TNT en 2005 : W9, 6ter, Téva, M6 Music, Série Club ou encore la chaîne jeunesse Gulli, récemment rachetée à Lagardère. Grâce aux chaînes W9 et M6 Music, la chaîne se détache progressivement de son obligation de diffusion de contenus musicaux vis-à-vis du CNCL (l’ancêtre du CSA) qu’il avait hérité de TV6 : de 30 % en 1987, ces contenus ne constituaient plus que 20 % du temps d’antenne en 2011. L’intronisation du JT du soir en 2009, le « 19:45 » a achevé de faire de M6 une chaîne généraliste qui peut tenir la bride à ses concurrents. Le groupe se paie même le luxe de racheter le pôle français de RTL Group, son propre actionnaire, qui comprend les radios RTL (première radio privée du pays, forte de 6millions d’auditeurs quotidiens), RTL2 et Fun Radio.
À la suite de la procédure de succession engagée par le Conseil de Surveillance du Groupe à l’automne 2023, c’est David Larramendy qui est désigné pour succéder au dinosaure du PAF. Ce Directeur Général de M6 Publicité et Directeur Général de M6 Interactions depuis le 8 décembre 2014, passé par Ernst & Young et Goldman Sachs, a fait l’objet des éloges de Tavernost qui le décrit comme un « professionnel talentueux avec une forte expérience dans le management et d’excellents résultats à la régie publicitaire ». Destiné à « préserver la culture d’entreprise de M6 », ce choix interne devrait selon lui permettre de « maintenir » et de « fédérer les équipes ». Il n’aurait quoiqu’il en soit pas été question pour le vétéran de partager un temps donné le pouvoir à la tête du groupe. « Quand vous êtes en poste, vous êtes en poste, avait-il confié au Monde en mai 2023. Je n’aime pas les fausses solutions, dans lesquelles on partage le pouvoir un temps avec quelqu’un d’autre ».
Il ne sera pas resté longtemps sans emploi, rejoignant le pôle médias de l’armateur Rodolphe Saadé début mai 2024, en prenant en particulier la présidence de son comité stratégique.
Vie privée
Son père, Antoine Bellet de Tavernost, était surnommé « le baron rouge » à Bordeaux. Nicolas le définit volontiers comme « un intello, socialiste » qui s’est illustré par ses actes de résistances pendant la Seconde Guerre mondiale et fut médaillé de la Croix de Guerre. Parmi ses autres faits d’armes, il a également dirigé le journal Le Parisien, l’éditeur Grasset ou une société financière d’aménagement régional en Aquitaine. Ami personnel de Jacques Chaban-Delmas, il a aussi été président des usines Berliet de Lyon après la guerre. Sa mère, Annette du Fresne de Beaucourt, était issue de l’aristocratie normande, politiquement « à droite, assez conservatrice ». « Des gens d’idées, respectueux des autres, pas du tout bourgeois, jouisseurs », selon lui.
Il est le cadet de quatre sœurs « qui ont « réussi leur famille » » : Isabelle, Sylvie, Catherine et Béatrice.
Il est marié à Caroline de Tavernost, née Deschamps et est père de quatre enfants, deux frères et deux sœurs.
Antoine de Tavernost, né en 1985, est le directeur général d’Auditoire France, une agence spécialisée dans l’événementiel. Il est notamment passé par la régie Internet de Lagardère Active ainsi que par le groupe GL Events, dont son père est administrateur. Il est marié à Clémence Dru, co-fondatrice de la marque de prêt-à-porter féminin Côme Éditions, et père d’un garçon prénommé Noa.
Sibylle de Tavernost, né en 1985, est créatrice dans le domaine du design, à la tête d’une marque de décoration proposant des tapis et du mobilier personnalisé.
François de Tavernost, né en 1991, est producteur chez SND Films, la société de distributions de films du groupe M6.
Marguerite de Tavernost, née en 1991, est diplômée du King’s College de Londres et de la London School of Economics (LSE). Elle chapeaute la stratégie d’investissements en capital-risque de sociétés non-côtées, souvent des starts-ups en phase d’amorçage.
Engagement militant
« En 1974, le petit Nicolas fait d’ailleurs sa campagne, au sein du comité de soutien des jeunes, distribuant des tracts, s’encartant même, pour l’occasion. Son seul moment de militantisme. « Politiquement, on est souvent le fruit de ses parents. De ce point de vue, mon héritage mixte ne m’a pas conduit au centre. Mes convictions ont évolué, je n’ai pas toujours voté de la même façon. » (Le Nouvel Économiste).
Salaire
En 2020, la rémunération du patron de M6 s’élevait à 1 796 060 €, somme de sa rémunération fixe (1 000 007 €) et de sa rémunération variable (790 524 €).
Nébuleuse
Nicolas de Tavernost est membre du Siècle.
Jérôme Monod : décédé en 2016, ancien patron de Suez-Lyonnaise des Eaux et chiraquien de la première heure, il était le conseiller du président de la République entre 2000 et 2007. Il fut notamment le premier secrétaire général du RPR et œuvra à la création de l’UMP en 2002. « Par sa puissance imaginative, sa formidable capacité de travail, son sens du risque et de la psychologie, Nicolas de Tavernost fait partie des gens qui fondent l’exception médiatique française. Son honnêteté, sa fidélité, sa drôlerie et son rire tonitruant contribuent à la spécificité de son charme ». Selon les auteurs de M6 Story : la saga de la chaîne en trop, les deux hommes partageaient « le même ascétisme issu du protestantisme, les mêmes valeurs, la même rectitude morale et la même passion d’entreprendre ».
Albert Frère : un des rares hommes, selon ses dires, à avoir impressionné le patron de M6. Le milliardaire belge, décédé en 2018, et longtemps actionnaire majoritaire de la CLT (Compagnie Luxembourgeoise de Télévision) via sa holding Audiofina, est à l’initiative du mariage entre la sixième chaîne et le groupe Bertelsmann. Le banquier d’affaires a toujours cru au potentiel de la chaîne : il décline les sollicitations du duo Hersant-Berlusconi à la fin des années 80 pour investir dans La Cinq et quitte même le conseil d’administration de TF1 en 2000 pour rejoindre celui de M6. A la suite du désengagement de Suez en 2010, Frère, via l’entremise de sa société, la CNP (Compagnie Nationale à Portefeuille), rachète les 5 % de Suez et entre au capital du groupe. Albert Frère exerce les fonctions d’administrateur de la société dès la création de la chaîne en mars 1987, puis préside le conseil de surveillance de la société M6 de 2003 à 2015.
Thomas Valentin : « Un seul a résisté aux assauts de Tavernost : Thomas Valentin, le directeur des programmes. Lui supporte Nicolas depuis quinze ans, encaisse tous les coups et recolle les morceaux laissés sur le passage du chef ». « Il maltraite ses collaborateurs avec une rare violence. La plupart, comme Thomas Valentin, acceptent parce qu’ils ont grandi avec la chaîne ». Physicien de formation, l’homme est actuellement vice-président du directoire chargé des antennes et des contenus. « Au départ chargé de la production des fictions, des magazines puis des achats, il gravira pas à pas les échelons de la chaîne. Un samedi matin de 1992, aux aurores, Nicolas de Tavernost lui propose de devenir le directeur des programmes de M6, ce qu’il n’oubliera jamais. Depuis, l’explosion de l’offre à travers la télévision numérique terrestre et la dénumérisation l’ont conduit à plus de hauteur fonctionnelle, sans qu’il abandonne pour autant le cœur des programmes. Désormais vice-président du directoire en charge des antennes et des contenus, il se trouve donc à la tête des dirigeants de programmes des chaînes du groupe (M6, W9, Paris Première, TF6, Série Club et les chaînes musicales), en même temps qu’il coiffe les sociétés de production (C Prod, Studio 89, M6 Studio, M6 Films). »
Il confesse lui-même avoir « une relation très spécifique avec Nicolas de Tavernost. Nos liens sont profonds. Nous sommes toujours d’accord sur l’essentiel, nous partageons les mêmes valeurs et nous sommes extrêmement complémentaires » (Le Nouvel Économiste). En février 2023, il est promu conseiller à la stratégie des programmes.
Guillaume Charles : Actuel directeur des programmes de M6 et membre de son directoire, il est pressenti pour être le successeur de Nicolas de Tavernost.
Arnaud Duburch : ce chef d’entreprise inconnu du grand public est présenté comme le plus proche ami du patron de chaîne, qu’il a rencontré à Sciences Po Bordeaux. Il est un habitué de Vataneins
Jean-Louis Triaud : ancien président des Girondins de Bordeaux de 1996 à 2017, il porte son dévolu sur M6 en tant qu’actionnaire principal quelques semaines avant d’être sacré champion de France en 1999. Triaud et Tavernost se connaissent alors depuis vingt ans et la période de leurs études à l’IEP de Bordeaux. La chaîne débourse alors 12 millions d’euros pour acquérir le club. Galvanisé par la la victoire française à la Coupe du Monde en 1998, Nicolas de Tavernost se laisse séduire alors qu’il revendique ne pas connaître grand chose au monde du football, ce qui lui sera beaucoup reproché par les supporters et les observateurs du monde du ballon rond au cours de ses vingt ans de présidence. Triaud s’avère être le gendre et l’héritier d’Henri Martin, viticulteur reconnu, inventeur du Château Gloria, et propriétaire d’un domaine de quarante hectares dans le vignoble de Saint Julien. Henri Martin fut également président des Girondins de 1961 à 1971.
Il l’a dit
« La télévision est un métier de combat qui oblige à être rude, que ce soit quand il s’agit de capter la publicité ou de conserver ses animateurs. C’est aussi un métier à se fabriquer des ennemis. Mieux vaut faire un autre métier, être médecin, par exemple, si on veut jouir d’une bonne image », Le Point, 14/02/2023.
« Je ressens de la satisfaction à avoir passé les obstacles. Personne ne nous a aidés, on s’est moqué de nous. Cette chaîne a été horriblement dure à bâtir. On achetait les téléfilms au cul du camion, on ne dormait pas… Tous les gens des médias allaient déjeuner au Fouquet’s, mais nous, on prenait un café ! », Libération, 14/07/2021.
« Nous pensons que les acteurs français locaux sont les seuls à pouvoir résister à l’envahissement des plateformes. Défendre les acteurs français est utile sur le plan de l’information. Nous l’avons vu par rapport aux réseaux sociaux. Nous avons des rédactions de journalistes. Ceci coûte de l’argent aussi bien à la télévision qu’à la radio, et donne une responsabilité éditoriale. Nous pensons que sur le plan de la démocratie, il est utile d’avoir des acteurs historiques qui peuvent exercer leur métier et avoir une responsabilité éditoriale dans le traitement de l’information », Audition au Sénat, 07/04/2021.
« Un agriculteur me disait un jour : “je suis plus souvent au bureau que sur mon tracteur.” Il y a trop d’échelons administratifs. On pourrait notamment supprimer les départements et ne garder que les régions et les communes. Il faut également voir comment mieux partager le pouvoir. En France, tout se décide d’en haut. On peut reprocher au pouvoir d’être monarchique. Mais, à l’inverse, les citoyens se sont maintenant habitués à écrire au président dès qu’il s’agit de se plaindre. Il y’a dans le monde de l’entreprise une proximité qu’on a perdue dans la sphère publique », Le Point, 03/12/2020.
« On ne peut pas tout faire et tout dire à la télévision. Il faut parfois prendre des décisions en fonction de l’intérêt général. En 1995, l’auteur d’un attentat avait été abattu par la police. Sur une bande-son, on entendait les agents dire : “Sèche-le ! Sèche-le !”. Nous ne l’avons pas diffusé car, dans le contexte de l’époque, cela aurait ajouté du trouble dans les banlieues », Ibid.
« Il faut être transparent, mon salaire est public et publié. Mon salaire d’1,4 million, ce n’est pas énorme. Je suis pas le mieux payé de mon groupe, assure-t-il. Tous les footballeurs des Girondins, enfin quelques-uns, sont mieux payés que moi. […] Il faut être transparent et responsable. Je crois à la liberté des actionnaires, ce sont eux qui fixent la rémunération des patrons, c’est à eux de décider », France Inter, 01/06/2016.
« Je ne peux pas supporter qu’on dise du mal de nos clients. Nous vivons de nos clients […] Voici un exemple concret : à un moment donné, il y avait une émission de Capital sur la téléphonie et nous sommes parti prenant puisque nous détenons M6 Mobile de l’opérateur Orange. Je leur ai expliqué que si on faisait une émission sur la téléphonie et qu’elle était bonne pour Orange, on aurait forcément dit que c’était compréhensible, et si elle était mauvaise pour Orange, on se serait fâché avec notre client […] Donc il y a des choses à éviter », Le Figaro, 01/06/2015.
« Comment expliquer que l’on gagne durement sa vie en allant au concert des L5, en parcourant les vestiaires avec Pauleta ou en visionnant La vérité si je mens n° 2 ? Personne ne vous croit lorsque vous dites à la maison que vous rentrez fatigué d’une réunion juridique […]. Chez moi, on pense que je ne travaille pas », Les Échos, 01/04/2009.
On a dit de lui…
« C’est un entrepreneur de toute première catégorie. Un excellent gestionnaire toujours focalisé sur les résultats », Thomas Rabe, Le Point, 14/05/2022.
« Il ne faut pas compter sur Tavernost pour disserter sur le monde qui l’entoure. D’habitude, les patrons de chaînes essaient de vendre leurs initiatives citoyennes et mettent sous le tapis les programmes les plus triviaux. Celui de M6 semble s’en carrer : il ne parle pas spontanément de la catastrophe climatique, de la destruction du lien social ou du danger populiste, et encore moins de ce qu’il pourrait faire au poste de pouvoir qu’il occupe pour lutter contre ces risques imminents. Il apparaît à l’image de sa chaîne, télévision divertissante et dépolitisée, peu intéressée par l’actualité, peu portée sur l’investigation et tout articulée autour des “magazines de la vie” des Karine Le Marchand, Cyril Lignac ou Stéphane Plaza. », Libération, 14/07/2021.
« Bordeaux, aujourd’hui, c’est une catastrophe de gestion totale. Tavernost est largué, il ne comprend rien à rien […] Tous les gens qui travaillent dans ce club sont complètement à la rue, complet ! Le responsable numéro 1, c’est Nicolas de Tavernost. C’est lui l’actionnaire, c’est M6 qui dirige ce club depuis des années et qui fait n’importe quoi avec ce club », Daniel Riolo, RMC, 18/01/2018.
« Je suis restée moins longtemps que ça, j’étais déjà très vieille ![…] Il y a une date de péremption des filles sur votre antenne, monsieur le président, qui est assez jeune, si je peux me permettre […] Je parle de l’âge des femmes qui y travaillent. C’est pour ça que je suis partie aussi vite, j’étais déjà très vieille ! », Maïtena Biraben, « Le Supplément », Canal+, 31/05/2015.
« En 2012, Nicolas de Tavernost a voulu restructurer les magazines – Zone interdite, 100 % mag, 66 minutes, Enquête exclusive, Capital – pour en faire une rédaction unique. Les journalistes éco se retrouvent alors à travailler sur des sujets société, des spécialistes du long format sur du court, etc. Résultat : “On ne sait plus pourquoi on travaille”, expliquent plusieurs journalistes, qui témoignent tous d’une “perte des repères et de l’intérêt du travail”, déplorent un “éditorial de plus en plus cheap”, et pointent la gestion “brutale” d’une direction qui répète élégamment que les “journalistes devraient arrêter de se branler la nouille” », Télérama, 15/07/2014.
« Avec lui, c’est vingt ans de bagarres… La télé, c’est comme la boxe, il y a des catégories, il arrive parfois qu’un poids léger batte un poids lourd », Patrick Le Lay, ancien directeur de TF1, Les Échos, 01/04/2009.
« Arrivé à 8 heures, il a déjà passé cinq ou six coups de fil de sa voiture, raconte un salarié. Il se sent responsable de tout ; il a le sentiment que les choses sont mal faites s’il ne les fait pas lui-même. Il enchaîne les réunions, les rendez-vous de travail. “Il vérifie tout dans les moindres détails, explique Thomas Valentin, vice-président du directoire et fidèle allié depuis vingt ans, il a une mémoire colossale. Même s’il peut être très dur, il a un respect et un sens de la relation humaine importants.” Dans le rôle du meneur d’hommes cassant et inflexible, il aurait un oscar. On dit qu’en réunion, il terrorise ses collaborateurs », Ibid.
« Dans ce monde de mercenaires, lui parle « loyauté » et « honnêteté ». A M6, un seul clan est possible : le sien. Nicolas de Tavernost entraîne, séduit, « gouroutise ». Il recrute vite, à l’instinct, de préférence des jeunes gens de bonne famille, physique avantageux, costards ajustés, noms à particule et diplômes (de commerce) prestigieux : « Il m’a dit “vous commencez demain”, m’a filé du boulot sans m’expliquer mon rôle. J’ai attendu six mois qu’il m’accorde un déjeuner — pizza-bière dans son bureau », raconte un collaborateur. Angoissé et exigeant, « il a toujours un coup d’avance, exerce une pression permanente », d’après son ancienne directrice de la communication, Michelle Lourdèle. Dix-huit ans de bagne ! J’en suis sortie essorée… mais quelle formation ! », Télérama, 18/09/2009.
« Ses collaborateurs disent que son antenne lui ressemble : il n’est pas porté sur les livres, le théâtre, le cinéma d’auteur, M6 non plus. Il est passionné d’économie, M6 diffuse Culture pub (jusqu’en 2005) et Capital, magazine de vulgarisation économique sérieux… mais pas trop dérangeant pour les annonceurs. Il est fan de séries américaines, M6 s’est distinguée sur le créneau avec X‑file, Sex and the city, etc. », Ibid.
« À M6, la légende est vivace : Nicolas de Tavernost gère en personne les stocks de papier pour les photocopieuses. A en croire les méchantes langues, ce n’est pas un oursin qui niche dans le portefeuille du patron de M6 mais toute une portée de hérissons. Radin, Tavernost ? Et comment ! », Libération, 06/03/2007.
« Pour celui qui, voilà quinze ans, programmait en prime time le dimanche soir ” Capital ” et ” Zone interdite ” face aux affiches des chaînes concurrentes, la diffusion de ” Loft Story ” est d’abord et avant tout une affaire de gros sous plutôt qu’une provocation ou le fruit d’une intuition.” C’est un chef d’entreprise. Il a obéi à la logique de compétition du système télévisuel français “, renchérit Philippe Dian, un de ses plus proches amis et avocat de la chaîne. Avant d’ajouter : ” Mais je ne pense pas que pour autant il soit friand de ce genre télévisuel et que la décision ait été facile à prendre. ” ” C’est d’autant plus courageux qu’il a dû passer outre son éthique personnelle et les pressions de son milieu “, ajoute un autre de ses collaborateurs. Rien dans son parcours professionnel — passage au ministère des PTT puis l’aventure du câble à la Lyonnaise des eaux — ne le destinait à se retrouver cloué au pilori pour avoir diffusé les tribulations de onze jeunes reclus dans un studio de La Plaine-Saint-Denis. Certains de ses amis sont troublés : ” C’est quelqu’un que j’estime beaucoup, je ne peux pas m’exprimer “, lâche à mi-voix un ancien administrateur de la CLT », L’Express, 23/05/2001.