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Edward Snowden

11 juin 2021

Temps de lecture : 15 minutes
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Edward Snowden

Temps de lecture : 15 minutes

Le révélateur

À l’origine des informations qui ont provoqué une crise politique et diplomatique d’ampleur internationale, Edward Snowden, jeune informaticien et ancien employé de la NSA, est le citoyen mondial qui a dominé la scène médiatique de ces dernières années. Héros au service des libertés individuelles pour les uns, traître à la nation pour les autres, ce jeune génie de l’informatique, patriote et idéaliste, a dû s’exiler à Moscou pour échapper aux poursuites judiciaires pour espionnage, vol, et utilisation illégale de biens gouvernementaux, qui pourraient lui valoir au minimum une peine de 30 ans de prison.
La France lui a refusé pour la seconde fois le droit d’asile en 2019.

En tous les cas, son action et ses con­séquences nous appa­rais­sent comme édi­fi­antes, à l’heure où le gou­verne­ment français souhaite faire pren­dre au ren­seigne­ment nation­al le même chemin que celui emprun­té par les États-Unis après le 11 sep­tem­bre. Une poli­tique sur laque­lle l’ad­min­is­tra­tion améri­caine du prési­dent Oba­ma sem­ble d’ailleurs effectuer un rétropé­dalage, pré­cisé­ment suite aux révéla­tions d’Ed­ward Snowden.

Biographie et parcours professionnel

Edward Snow­den est né en juin 1983 en Car­o­line du Nord, d’un père garde-côtes et d’une mère sher­iff-adjointe. Il démé­nage en 1999 dans l’É­tat du Mary­land, à Elli­cott City, où il étudie l’in­for­ma­tique au lycée. Génie de l’in­for­ma­tique, son QI s’élève à 145. Il ne parvient pas à com­pléter sa for­ma­tion dans une Uni­ver­sité locale à cause d’une mononu­cléose. Il obtien­dra néan­moins une maîtrise en ligne auprès de l’U­ni­ver­sité de Liv­er­pool en 2011.

Il s’en­rôle dans l’ar­mée en 2004, souhai­tant rejoin­dre le corps des Forces Spé­ciales. Jeune patri­ote, il affiche sa volon­té de com­bat­tre en Irak « con­tre l’op­pres­sion. » Mais il ne parvient pas à com­pléter l’en­traîne­ment, se brisant les deux jambes au cours de ce dernier. En 2005, il est employé par l’U­ni­ver­sité du Mary­land en tant que spé­cial­iste de la sécu­rité. C’est l’an­née suiv­ante, en 2006, qu’il se voit offrir un poste par la CIA, dans son QG de Lan­g­ley, en Vir­ginie. L’a­gence de ren­seigne­ment améri­caine remar­que en effet ses tal­ents infor­ma­tiques prodigieux. Il accom­plit des mis­sions rel­a­tives à la sécu­rité infor­ma­tique à Genève, ou encore en Roumanie, pour le compte de l’OTAN. A l’époque, il est con­sid­éré comme un expert de pre­mier ordre en sécu­rité informatique.

En 2009 qu’il com­mence à tra­vailler pour la NSA, par l’in­ter­mé­di­aire de l’en­tre­prise améri­caine Dell. C’est pen­dant cette péri­ode, notam­ment au print­emps 2012, qu’il col­lecte de nom­breux doc­u­ments attes­tant de l’am­pleur des pro­grammes de sur­veil­lance mis en œuvre par la NSA. En mars de la même année, il est muté au bureau d’Hawaï, qui s’oc­cupe notam­ment de la sur­veil­lance de la Chine et de la Corée du Nord. Un an plus tard, en mars 2013, il atteint ce qu’il appelle son point de rup­ture lorsqu’il lit voit le directeur de la NSA men­tir sci­em­ment lors d’un audit par­lemen­taire. Avant de démis­sion­ner, il s’empare de nom­breuses don­nées sup­plé­men­taires en vue de les divulguer aux médias.

Edward Snow­den affirmera par la suite que sa volon­té de faire fuiter ces doc­u­ments s’est dévelop­pée de façon pro­gres­sive, lorsqu’il était en poste à Genève, puis à Hawaï. Il pré­cise par ailleurs avoir à de nom­breuses repris­es aver­ti ses supérieurs de l’ex­is­tence de pro­grammes de sur­veil­lance mas­sifs et non dis­crim­i­nants, sans suc­cès. Il prend con­tact avec le jour­nal­iste Glenn Green­wald pour la pre­mière fois à la fin de l’an­née 2012. Il con­tacte aus­si la réal­isatrice Lau­ra Poitras. Tous les trois com­men­cent à tra­vailler sur la mise en place des révéla­tions en févri­er 2013, en coopéra­tion avec de nom­breux jour­naux comme le Guardian ou le Wash­ing­ton Post. Avant de révéler les infor­ma­tions, Edward Snow­den s’en­v­ole pour Hong-Kong en vue d’échap­per aux pour­suites judi­ci­aires. C’est finale­ment la Russie qui lui don­nera le droit d’asile à l’été 2013. Son droit d’asile est pro­longé deux fois d’une péri­ode de trois ans (en 2014 et en 2017) par les autorités russ­es. Celles-ci lui accor­dent le titre de rési­dent per­ma­nent en 2020. Il vit encore aujourd’hui (été 2021) à Moscou avec sa com­pagne, Lindsay.

L’affaire des écoutes de la NSA

Juin 2013

Le Wash­ing­ton Post et le Guardian révè­lent l’ex­is­tence d’un vaste sys­tème d’es­pi­onnage inter­na­tion­al des com­mu­ni­ca­tions par l’A­gence Nationale de Sécu­rité améri­caine (NSA). C’est Edward Snow­den, jeune infor­mati­cien et employé de l’a­gence de ren­seigne­ment qui est à la source de ces infor­ma­tions. Très vite, les pays visés par le dis­posi­tif deman­dent des expli­ca­tions, et l’af­faire prend une tour­nure de crise diplo­ma­tique majeure. Les USA se défend­ent par le biais du patron de l’a­gence de ren­seigne­ment, le général Kei­th Alexan­der, en affir­mant que les don­nées col­lec­tées ser­vent à la sécu­rité nationale, et que tout est légal. Quant à Snow­den, il est inculpé par la jus­tice pour espi­onnage, vol et util­i­sa­tion illé­gale de biens gou­verne­men­taux. Il s’ex­ile à Hong-Kong, puis à Moscou, qui lui donne le droit d’asile le mois suivant.

Juillet/Août 2013

Le prési­dent Oba­ma se veut con­ciliant et promet de fournir les don­nées et de coopér­er avec les pays qui le souhait­ent. Il annonce des réformes qui per­me­t­tront plus de trans­parence. Néan­moins, le prési­dent améri­cain dément un abus de la part de la NSA, et ne présente pas d’ex­cus­es aux pays ciblés. La sur­veil­lance est jugée légitime et néces­saire par l’ad­min­is­tra­tion américaine.

Octobre 2013

Tou­jours sur la base de doc­u­ments four­nis par Snow­den, Le Monde révèle que la NSA a inter­cep­té mas­sive­ment des com­mu­ni­ca­tions de citoyens français : 70 mil­lions d’en­reg­istrements de don­nées télé­phoniques pour la France. Les États-Unis affir­ment que ces infor­ma­tions sont erronées et trompeuses, et affir­ment col­lecter des don­nées pour la défense de leurs citoyens et de leurs alliés con­tre le ter­ror­isme. La chan­cel­lerie alle­mande annonce que le télé­phone portable de Merkel pour­rait avoir été sur­veil­lé par les ser­vices améri­cains. Une fois encore, les États-Unis démentent l’in­for­ma­tion. Kei­th Alexan­der affirme par ailleurs qu’en Europe, ce sont les parte­naires de l’a­gence de ren­seigne­ment qui leur four­nissent les don­nées. En France, il s’ag­it de la DGSE et d’Orange.

Novembre 2013

Le Guardian révèle que les autorités bri­tan­niques ont eu un rôle dans l’ac­tiv­ité de la NSA sur leur ter­ri­toire. Tou­jours selon des doc­u­ments four­nis par Snow­den, les jour­nal­istes anglais révè­lent l’ex­is­tence d’un accord entre les gou­verne­ments bri­tan­nique et améri­cain pour une coopéra­tion entre leurs ser­vices de ren­seigne­ments. Cet accord aurait été con­clu en 2007 sous le man­dat de Tony Blair.

Janvier 2014

Le Prési­dent Oba­ma annonce la réforme de la NSA et du ren­seigne­ment améri­cain en général. Il s’ag­it de lim­iter son pou­voir et les don­nées accu­mulées, sans pour autant met­tre fin à la pra­tique de col­lecte des don­nées. Les com­men­ta­teurs par­lent de réformes timides.

Juin 2015

Pro­mul­ga­tion du « USA Free­dom Act » qui réduit les moyens de sur­veil­lance de la NSA en matière de col­lecte de don­nées télé­phoniques. Ce texte prévoit qu’il ne sera pos­si­ble aux autorités améri­caines d’ac­céder aux don­nées col­lec­tées que sur déci­sion de justice.

Distinctions

Août 2013

Prix alle­mand des lanceurs d’alerte.

Octobre 2013

Sam Adam Awards. Prix qui récom­pense les mem­bres des agences de ren­seigne­ment qui pren­nent des risques en révélant des infor­ma­tions con­fi­den­tielles pour des raisons éthiques.

Février 2014

Élu recteur de l’U­ni­ver­sité de Glas­gow à titre honorifique.

Avril 2014

« Julia and Win­ston award » aux Big Broth­er Awards, en Alle­magne. Prix alle­mand nou­velle­ment fondé, en référence au roman de George Orwell 1984.

Riden­hour Truth-Telling Prize, une dis­tinc­tion accordée par l’In­sti­tut Nation­al et la Fon­da­tion Fer­tel, deux organ­ismes améri­cains qui œuvrent pour la transparence.

Les révéla­tions d’Ed­ward Snow­den sur le pro­gramme de sur­veil­lance de la NSA ont égale­ment été récom­pen­sées par un prix Puliz­er.

Septembre 2015

Prix Bjørn­st­jerne Bjørn­son pour la lib­erté d’ex­pres­sion, décerné à Molde, en Norvège.

Mars 2016

Prix Ossi­et­zky du PEN Club de Norvège.

Sa nébuleuse

Glenn Green­wald (The Guardian, The Inter­cept), Lau­ra Poitras (The Inter­cept, réal­isatrice du film doc­u­men­taire Cit­i­zen­four dont nous vous ren­dions compte), Bar­ton Gell­man (The Wash­ing­ton Post), Daniel Ells­berg (un des jour­nal­istes à l’origine des révéla­tions du Water­gate), Wes­ley Low­ery (Jour­nal­iste de CBS News et Prix Pulitzer 2016 pour ses enquêtes sur la police américaine).

Tous, à l’exception de Gell­man, siè­gent aux côtés de Snow­den au comité de direc­tion de la Free­dom of Press Foun­da­tion, une ONG dont la fonc­tion est de soutenir et financer des actions d’in­térêt pub­lic axées sur la lib­erté d’ex­pres­sion et la lib­erté de la presse.

Bibliographie

Mémoires Vives (Per­ma­nent Record), son auto­bi­ogra­phie parue en 2019 aux édi­tions du Seuil. La recen­sion de l’OJIM est à con­sul­ter ici.

Ce qu’il gagne

Lorsqu’il était employé de la NSA : 200 000 dol­lars par an.

Il l’a dit

« Je crois que c’est tout à fait naturel de regarder ces entre­pris­es et de se ren­dre compte que ce sont des men­aces, mais je n’imag­ine pas quelqu’un, qui ce soit, qui regarderait aujour­d’hui autour de lui, la Russie, les États-Unis, la Chine, l’I­tal­ie, la Pologne, et qui se dirait que les gou­verne­ments ne sont plus une men­ace. On voit l’au­tori­tarisme croître à tra­vers le monde, et la réal­ité, c’est que tout cela fait par­tie de la même men­ace, ces entre­pris­es fonc­tion­nent comme des bras armés des gou­verne­ments », France Inter, 16 sep­tem­bre 2019

« Vous avez sans doute une vision plus claire de la poli­tique d’Em­manuel Macron que moi, qui suis à l’ex­térieur et surtout con­cen­tré sur le monde anglo-sax­on. À par­tir de ce que j’en sais, il est dif­fi­cile pour moi de dire si oui ou non il est un défenseur de la démoc­ra­tie. Mais si la France con­tin­ue à pass­er des lois sécu­ri­taires comme l’é­tat d’ur­gence… Vous ne pou­vez pas vrai­ment vous présen­ter comme le phare de la démoc­ra­tie, tout en adop­tant des mesures autori­taires », Ibid.

« Il y a main­tenant six ans que je suis sor­ti du bois car jai observé que dans le monde entier, les gou­verne­ments soi-dis­ant mod­ernes étaient de moins en moins enclins à protéger la vie privée que je considère, au même titre que les Nations unies, comme un droit fon­da­men­tal. Reste que pen­dant ce laps de temps, on a con­tin­ué à y porter atteinte à mesure que les démoc­ra­ties régres­saient vers un pop­ulisme autori­taire. Et cette régression nest jamais aus­si man­i­feste que dans les rela­tions que le pou­voir entre­tient avec la presse », Mémoires Vives, p.15, Seuil, 2019

« Je n’en reve­nais pas : mon pro­pre gou­verne­ment m’avait coincé en Russie. Les États-Unis s’é­taient infligés tout seuls une cuisante défaite en offrant ain­si à la Russie une telle vic­toire de sa pro­pa­gande », Ibid.

« Nous assis­tons à l’émergence d’une généra­tion post-ter­reur, qui rejette une vision du monde définie par une tragédie par­ti­c­ulière. Pour la pre­mière fois depuis les attaques du 11 Sep­tem­bre, nous dis­cer­nons les con­tours d’une poli­tique qui tourne le dos à la réac­tion et à la peur pour embrass­er la résilience et la rai­son. Chaque fois que la jus­tice nous donne rai­son, que la lég­is­la­tion est mod­i­fiée, nous démon­trons que les faits sont plus con­va­in­cants que la peur. Et, en tant que société, nous redé­cou­vrons que la valeur d’un droit ne se mesure pas à ce qu’il cache, mais à ce qu’il pro­tège », Libéra­tion, 5 juin 2015.

« Je suis ingénieur, pas politi­cien. Je refuse le devant de la scène, je n’ai aucune envie de devenir un genre de diver­tisse­ment, ni que les médias me trou­vent des excus­es, ou que sais-je encore », inter­view avec Wired, mars 2015.

« J’ai peur que les gens soient déjà blasés par ce genre de révéla­tions, qu’ils s’habituent à tout ça. Staline dis­ait qu’un mort, c’était une tragédie, mais qu’un mil­lion de morts c’était une sta­tis­tique. Aujourd’hui, c’est un énorme scan­dale quand on apprend qu’Angela Merkel est sur écoute, en revanche tout le monde se fiche que 80 mil­lions d’Allemands soient sur­veil­lés. Et je me dis donc qu’au fond, la vraie ques­tion n’est pas de prévoir ce que l’on va appren­dre de ces poten­tiels futurs leaks, mais ce qu’on va en faire poli­tique­ment. Parce que la tech­nolo­gie est aujourd’hui la seule vraie arme poli­tique », Ibid.

« Mon pays est quelque chose qui voy­age avec moi. Ce n’est pas seule­ment une géolo­cal­i­sa­tion. Mon pays me manque, ma mai­son et ma famille me man­quent », Lat­er Week Tonight with John Oliv­er, HBO, 5 avril 2015.

« Je ne suis pas con­tre mon pays ou con­tre le gou­verne­ment. Je suis comme tout le monde, je n’ai pas de tal­ent par­ti­c­uli­er, je suis juste un type ordi­naire, dans son bureau, qui voit tout cela se dérouler. Ce n’est pas à moi de décider, le pub­lic doit décider si ces pro­grammes de sur­veil­lance sont justes ou non », Inter­view au Guardian, 9 juil­let 2013.

« Vous ne pou­vez pas vous dress­er con­tre l’a­gence de ren­seigne­ment la plus puis­sante au monde sans être com­plète­ment libre de tout risque. Ce sont des adver­saires puis­sants, per­son­ne ne peut s’op­pos­er à eux. S’ils veu­lent vous avoir, ils vous auront en temps voulu. Mais en même temps, il vous faut choisir ce qui est impor­tant pour vous. Vivre privé de lib­erté, mais con­fort­able­ment, c’est quelque chose que beau­coup d’en­tre nous accepteraient, c’est la nature humaine […] Mais si vous réalisez que c’est le monde que vous avez aidé à créer, et qu’il va empir­er de généra­tion en généra­tion, que les capac­ités de cette struc­ture d’op­pres­sion vont s’é­ten­dre, alors vous êtes prêts à accepter tous les risques », Ibid.

« Je tra­vaille tou­jours pour le gou­verne­ment. Il y a des choses pour lesquelles il vaut la peine de mourir. Le pays en fait par­tie. […] Com­ment peut-on dire que j’ai porté atteinte à mon pays, alors que les trois branch­es du gou­verne­ment se sont réfor­mées en réponse à mes agisse­ments ? », Rolling Stones, 29 mai 2014, reprenant une inter­view de NBC.

« Lorsque vous dites le droit à la vie privée ne me préoc­cupe pas, parce que je n’ai rien à cacher ”, cela ne fait aucune dif­férence avec le fait de dire Je me moque du droit à la lib­erté d’ex­pres­sion parce que je n’ai rien à dire”, ou de la lib­erté de la presse parce que je n’ai rien à écrire” », issu de « Cit­i­zen Four », doc­u­men­taire sur Snow­den réal­isé par Lau­ra Poitras en 2014.

Ils l’ont dit

« Pour l’in­stant, c’est une demande par voie médi­a­tique mais a pri­ori je ne vois pas de raisons de chang­er de point de vue […] Il avait demandé l’asile en France, mais ailleurs aus­si, en 2013. À ce moment-là, la France avait estimé que ce n’é­tait pas oppor­tun, je ne vois pas aujour­d’hui ce qui a changé ni d’un point de vue poli­tique ni d’un point de vue juridique », Jean-Yves Le Dri­an, min­istre des Affaires étrangères, Le Figaro, 19 sep­tem­bre 2019.

« Quand, l’an dernier, Edward Snow­den a fui les États-Unis pour Moscou après avoir sup­posé­ment dérobé une quan­tité astronomique de secrets d’État, on racon­tait à Wash­ing­ton qu’il ne pou­vait qu’être un agent des Russ­es. Mais pour avoir depuis côtoyé l’individu en ques­tion, cette rumeur me sem­ble improb­a­ble. C’est un vrai patri­ote – un patri­ote déçu, peut-être, mais un patri­ote tout de même », James Bam­ford (pour Wired).

« Lorsqu’il finit par accepter de par­ler de son his­toire per­son­nelle, Snow­den se révèle moins un insurgé “hack­tiviste” de la trempe d’un Com­man­der X/Chris Doy­on des Anony­mous qu’un démoc­rate idéal­iste loy­al et sincère, que son pays et son gou­verne­ment ont peu à peu dégoûté au fil des années », Ibid.

«Vous pou­vez penser que ce qu’a fait Snow­den est mal, ou qu’il l’a fait de la mau­vaise façon, mais le fait est que nous dis­posons main­tenant de ces infor­ma­tions et que nous ne pou­vons plus plaider l’ig­no­rance. De la même façon que vous ne pou­vez vous ren­dre à un parc aqua­tique et pré­ten­dre que Shamoo est heureux alors qu’on sait tous très bien qu’au moins la moitié du bassin est rem­pli de larmes de baleine. Nous savons main­tenant. On ne peut pas faire sem­blant de ne pas savoir, c’est présent à notre esprit. Ceci étant dit, cela fait deux ans que nous avons été mis au courant et on dirait qu’on a oublié d’avoir un débat à pro­pos des infor­ma­tions que Snow­den a révélées. Le débat pub­lic a été absol­u­ment pathé­tique », Last Week Tonight with John Oliv­er, HBO, 5 avril 2015.

«Je ne vous cacherai pas que je le trou­ve très intéres­sant. Tout ce qu’il pub­lie, c’est quelque chose qu’il a lais­sé quelque part dans son sil­lage. On ne sait pas quelles infor­ma­tions il détient encore. Je l’ai déjà dit, et je ne le dirai qu’une fois : en matière de ren­seigne­ment, nous ne tra­vail­lons pas avec lui, nous n’avons jamais tra­vail­lé avec lui. On ne lui demande pas de nous dire ce qui était fait, par rap­port à la Russie, par l’a­gence dans laque­lle il tra­vail­lait. Je l’en­vie, car il a la pos­si­bil­ité de faire ce qu’il fait, et parce que per­son­ne ne lui fera rien pour cela. Il devrait pou­voir vivre sa vie par ses pro­pres moyens. Nous ne l’aidons pas, mais nous ne lui cau­sons aucun tort. Nous lui don­nons sim­ple­ment l’asile », Vladimir Pou­tine, 19 décem­bre 2013.

Crédit pho­to : DR