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Accueil | Portraits | Glenn Greenwald

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18 avril 2022

Temps de lecture : 18 minutes

18 avril 2022

Accueil | Portraits | Glenn Greenwald

Glenn Greenwald

Temps de lecture : 18 minutes

Au cœur de la nébuleuse des lanceurs d’alerte

« Le jour­nal­isme, c’est pub­li­er quelque chose que quelqu’un ne veut pas voir pub­lié. Tout le reste relève des rela­tions publiques », George Orwell.

« La reli­gion cen­trale des libéraux améri­cains est dev­enue la cen­sure. Réduire au silence, dépro­gram­mer et surtout empêch­er leurs adver­saires d’être enten­dus est main­tenant leur objec­tif pri­or­i­taire, leur arme de choix ». Glenn Green­wald, 15 avril 2022.

Ancien avocat d’affaires, par la suite spécialisé dans les litiges civiques et constitutionnels, Glenn Greenwald est depuis près de 20 ans entièrement dédié à la défense littérale et intransigeante de la constitution américaine et de ses garanties en matière de libertés individuelles. Son éthique l’amène, en octobre 2020, à démissionner du média qu’il avait créé, The Intercept, pour cause de censure. Il est depuis un dénonciateur féroce des libéraux-libertaires américains, complices des démocrates et des agences de renseignement.

Passé du droit au jour­nal­isme à l’oc­ca­sion des dérives lib­er­ti­cides des années Bush, Glenn Green­wald, qui se présente comme incor­rupt­ible, a fait de la trans­parence absolue son cheval de bataille. Exilé au Brésil depuis 2005, il con­tribue à la fuite de secrets d’État améri­cains dans le sil­lage de l’af­faire Snow­den, qu’il a cha­peauté, notam­ment en fon­dant une pub­li­ca­tion en ligne spé­cial­isée dans le jour­nal­isme de don­nées sen­si­bles, The Inter­cept.

De par son exer­ci­ce passé du droit et son goût pronon­cé pour la con­tra­dic­tion, Glenn Green­wald dis­pose d’une vision pos­i­tiviste de la vie civique et médi­a­tique. Col­lab­o­ra­teur priv­ilégié des lanceurs d’alerte, il démon­tre au cours de sa car­rière un grand attache­ment à l’idéal lib­er­tarien américain.

État civil, formation

Glenn Green­wald est né le 6 mars 1967 à New York. Il grandit cepen­dant à Fort Laud­erdale, en Floride. Issu d’une famille mod­este, il admire son grand-père, Louis Green­wald, qu’il définit comme un « vieux juif social­iste ». Alors qu’il n’est âgé que de 17 ans, il tente de briguer un siège au con­seil municipal.

À par­tir de 1985, il est étu­di­ant en Philoso­phie à l’U­ni­ver­sité George Wash­ing­ton, qui forme de très nom­breux cadres poli­tiques améri­cains. Parce qu’il passe son temps à par­ticiper aux clubs de débats au lieu d’é­tudi­er, il met­tra cinq ans à être diplômé d’un Bach­e­lor of Arts (équiv­a­lent français de la licence). Il entame par la suite un cur­sus en Droit à l’U­ni­ver­sité de New York. Durant ces années, Glenn Green­wald est un activiste homo­sex­uel, une posi­tion qu’il explique par la volon­té de met­tre à l’épreuve la répu­ta­tion pro­gres­siste de l’U­ni­ver­sité de New York. Il obtient son Juris Doc­tor (doc­tor­at pro­fes­sion­nel en droit) en 1994.

Faits notoires

Glenn Green­wald com­mence sa car­rière d’av­o­cat dans un cab­i­net d’af­faires. Il défend de grandes entre­pris­es comme Bank of Amer­i­ca, AT&T ou JP Mor­gan. Il a du mal à s’adapter à cet univers monot­o­ne, qui lui demande très sou­vent de se com­pro­met­tre moralement.

Après avoir cofondé son cab­i­net d’av­o­cats en 1996, il s’oc­cupe de con­tentieux con­sti­tu­tion­nels et civiques. Ain­si, n’hésite-il pas à défendre le néo-nazi Matthew F. Hale, en ver­tu du Pre­mier Amende­ment de la Con­sti­tu­tion améri­caine, qui garan­tit la lib­erté d’ex­pres­sion. A ce sujet, Glenn Green­wald a con­fié fin 2013 au mag­a­zine Rolling Stones : « Pour moi, l’héroïsme, c’est d’être entière­ment dédié à un principe que vous appliquez quand ce n’est pas facile. Pas seule­ment quand il va dans le sens de vos pro­pres posi­tions, ou quand il pro­tège les per­son­nes que vous appré­ciez, mais quand il défend et pro­tège les per­son­nes que vous détestez. »

Glenn Green­wald reste néan­moins frus­tré par l’is­sue de la majorité de ses procès, et le car­ac­tère injuste, selon lui, du sys­tème judi­ci­aire améri­cain. Il fréquente beau­coup les forums nais­sants de l’époque, et débat avec des con­ser­va­teurs anti-avorte­ments sur inter­net. De là naît son engoue­ment pour cet espace de lib­erté totale, qui lui per­met d’ex­ercer son goût du débat hétérodoxe.

Il con­state que le régime judi­ci­aire améri­cain post-11 sep­tem­bre se veut de plus en plus lib­er­ti­cide. Il s’ex­pa­trie au Brésil en 2005, où il réside encore aujour­d’hui. Cepen­dant, il est dans l’im­pos­si­bil­ité de pra­ti­quer son méti­er d’av­o­cat dans ce pays, et com­mence alors un blog poli­tique, Unclaimed Ter­ri­to­ry, qui s’in­téresse aux dérives lib­er­ti­cides du gou­verne­ment Bush de l’Amérique post 11 sep­tem­bre. À cette péri­ode, le New York Times détient d’ores et déjà des infor­ma­tions sur les écoutes mas­sives de la NSA sur les citoyens améri­cains. Le célèbre quo­ti­di­en améri­cain atten­dra néan­moins la réélec­tion de George W. Bush pour divulguer ces infor­ma­tions à la fin de l’an­née 2005. Cette réten­tion d’in­for­ma­tions scan­dalise Green­wald qui y voit là un dys­fonc­tion­nement majeur des insti­tu­tions jour­nal­is­tiques américaines.

Green­wald con­tin­ue à bloguer jusqu’à la mi-2012, date à laque­lle intè­gre le vénérable quo­ti­di­en bri­tan­nique The Guardian en tant que chroniqueur indépen­dant. En mai 2013, il ren­con­tre Edward Snow­den, un jeune ana­lyste de la NSA avec qui il entrete­nait un con­tact depuis 2012, et qui détient des infor­ma­tions classées por­tant sur des écoutes illé­gales de l’a­gence de ren­seigne­ment améri­caine. Ils déci­dent d’orchestr­er la révéla­tion publique de ces don­nées, sous la super­vi­sion de l’an­tenne améri­caine du Guardian. Ce vaste sys­tème d’es­pi­onnage, qui met illé­gale­ment sur écoutes au moins 120 mil­lions d’améri­cains, est révélé con­join­te­ment par le Wash­ing­ton Post et le Guardian en juin 2013. De nom­breuses révéla­tions sont faites dans les semaines suiv­antes : la mise sur écoute de mis­sions diplo­ma­tiques européennes, ou le pro­gramme PRISM, qui col­lecte les emails, tex­tos et autres don­nées de citoyens améri­cains et étrangers, avec le con­cours de Yahoo, Google et Apple. Ces révéla­tions ont un impact poli­tique et médi­a­tique majeur à tra­vers le monde, et entachent con­sid­érable­ment l’im­age des États-Unis. À l’été 2013, le prési­dent Oba­ma va même jusqu’à promet­tre de réformer les pra­tiques de l’a­gence de ren­seigne­ment, bien qu’il juge la sur­veil­lance en ques­tion légitime et nécessaire.
En févri­er 2014, Glenn Green­wald devient le directeur de pub­li­ca­tion du nou­velle­ment fondé The Inter­cept. Ce site d’ac­tu­al­ité se spé­cialise dans les affaires liées aux mesures lib­er­ti­cides et d’es­pi­onnage mis­es en œuvre par les États-Unis à tra­vers le monde. Il fait avant tout la part belle aux enquêtes por­tant sur la sur­veil­lance glob­ale, l’at­teinte aux lib­ertés civiques ou la cor­rup­tion finan­cière et poli­tique. Le site est hébergé sur la plate­forme First Look, financée par Pierre Omid­yar, fon­da­teur d’E­bay, qui y a investi 250 mil­lions de dol­lars (183 mil­lions d’eu­ros). Cette prox­im­ité entre un richissime homme d’af­faires et un site qui s’in­téresse aux affaires de cor­rup­tion avait sus­cité les cri­tiques de cer­tains médias alter­nat­ifs améri­cains. Glenn Green­wald a cepen­dant assuré que l’indépen­dance édi­to­ri­ale de la nou­velle plate­forme n’é­tait pas mise en cause par l’o­rig­ine des fonds qui lui étaient alloués. Dans les retombées médi­a­tiques suiv­ant la fon­da­tion de cette nou­velle pub­li­ca­tion, Glenn Green­wald a beau­coup été cri­tiqué par ses con­frères améri­cains, qui font sou­vent l’ob­jet de ses attaques.

Mais il n’est pas unique­ment craint du gou­verne­ment américain.

En juin 2019, il rend pub­lic dans The Inter­cept des mes­sages privés échangés sur Telegram entre Ser­gio Moro et Deltan Dal­lagnol, respec­tive­ment juge et pro­cureur dans l’affaire Lava Jato qui a pré­cip­ité la des­ti­tu­tion du prési­dent en exer­ci­ce Lula da Sil­va. Le compte-ren­du des con­ver­sa­tions, obtenues via un hack­er ayant col­laboré avec Green­wald, révèle que le juge aurait out­repassé ses prérog­a­tives pour accélér­er la des­ti­tu­tion au mépris des procé­dures d’usage, en plus de faire tout son pos­si­ble pour empêch­er Lula de sor­tir de déten­tion lors de la cam­pagne prési­den­tielle. Il n’en faut pas plus pour sus­citer l’ire du gou­verne­ment brésilien et de la part con­ser­va­trice du pays qui lui reprochent l’illégalité de ses méth­odes et son mode de vie hétéro­doxe (il a adop­té deux enfants avec son con­joint, le député social­iste de Rio de Janeiro David Miran­da). Il reçoit alors des mil­liers de men­aces de mort ain­si que des mes­sages homo­phobes, en plus de subir en guide repré­sailles un con­trôle fis­cal poussé. Il est escorté en per­ma­nence par des gardes du corps lors de ses déplace­ments. Un député de la majorité et Jair Bol­sonaro lui-même men­a­cent de l’envoyer en prison tan­dis qu’un ani­ma­teur de radio le gifle en plein vis­age lors d’une inter­view après avoir sug­géré que la garde de ses enfants devrait lui être retirée.

Enfin, il est inculpé en 2020 pour cyber­crim­i­nal­ité par un pro­cureur de la République au motif d’avoir « aidé, encour­agé et guidé » un groupe de hack­ers pour obtenir ces infor­ma­tions sen­si­bles. La per­spec­tive d’un nou­veau procès con­tre un lanceur d’alerte fait se mobilis­er les défenseurs de la lib­erté de la presse à l’international dont maints jour­naux pro­gres­sistes occi­den­taux, le New York Times en tête. Les accu­sa­tions sont finale­ment lev­ées par un juge fédéral qui s’en remet à la déci­sion d’un juge de la Cour Suprême, Gilmar Mendes, qui avait estimé l’année précé­dente que le jour­nal­iste n’avait fait qu’exercer son droit d’informer sans inciter délibéré­ment les hack­ers un com­met­tre un forfait.

En octo­bre 2020, il se résigne à quit­ter The Inter­cept, le jour­nal qu’il a lui-même créé, suite à la déci­sion de la rédac­tion de The Inter­cept de cen­sur­er les révéla­tions explo­sives du New York Post. Le quo­ti­di­en, un des plus anciens titres de presse améri­cains et pro­priété de Rupert Mur­doch, fait état de la divul­ga­tion de doc­u­ments et de pho­tos issus du disque dur de l’ordinateur d’Hunter Biden, qui prou­veraient que le fils du Vice-Prési­dent aurait mon­nayé l’accès à son père alors qu’il siégeait au con­seil exé­cu­tif de la société d’exploitation d’hydrocarbures Buris­ma en Ukraine. Ce souhait de retir­er tous les pas­sages cri­tiques de l’enquête à l’égard de Joe Biden à quelques jours de l’élection prési­den­tielle con­va­inc Green­wald de pass­er la main. Il défend sa déci­sion sur son blog per­son­nel : « Les mêmes ten­dances à la répres­sion, à la cen­sure et à l’ho­mogénéité idéologique qui empoi­son­nent la presse nationale en général ont atteint le média que j’ai co-fondé avec, comme point d’orgue, la cen­sure d’un de mes articles ».

Glenn Green­wald a col­laboré ou col­la­bore à de très nom­breuses pub­li­ca­tions. Par­mi elles, le New York Times, le Los Ange­les Times, ou encore le jour­nal brésilien O Globo etle quo­ti­di­en indi­en The Hin­du.

Publications

Seul le dernier ouvrage de Glenn Green­wald, paru en 2014 et por­tant sur les couliss­es de l’af­faire Snow­den, a fait l’ob­jet d’une tra­duc­tion française : Nulle part où se cacher, JC Lat­tès, 2014.

Les autres livres ne sont pas traduits en français :

  • How would a patri­ot act ? Defend­ing Amer­i­can Val­ues from a Pres­i­dent run Amok. Work­ing Assets Pub­lish­ing, 2006.
  • A Trag­ic Lega­cy : How a Good vs. Evil Men­tal­i­ty Destroyed the Bush pres­i­den­cy, Broad­way Books, 2008.
  • Great Amer­i­can Hyp­ocrites : Top­pling the Big Myths of Repub­li­can Poli­tics, Broad­way Books, 2008.
  • With Lib­er­ty and Jus­tice for Some: How the Law Is Used to Destroy Equal­i­ty and Pro­tect the Pow­er­ful, Pic­a­dor, 2012.

Distinctions

  • Pre­mier prix Izzy, dans la caté­gorie « jour­nal­isme indépen­dant » en 2009.
  • Prix du jour­nal­isme en ligne de la Online news asso­ci­a­tion, caté­gorie Blog, en 2010.

Sa nébuleuse

Edward Snow­den, Bradley Man­ning, Eric Bates, Lau­ra Poitras, Pierre Omidyar.

Ce qu’il gagne

Durant son exer­ci­ce du droit com­mer­cial, Glenn Green­wald affirme s’être enrichi con­sid­érable­ment, en gag­nant 200 000 dol­lars par an en début de carrière.

Il l’a dit

Sur le « Rus­si­a­gate » et l’affaire Wein­stein : «Tant que les cibles des théories con­spir­a­tionnistes sont con­sid­érées comme des méchants par les représen­tants des grands médias pro­gres­sistes, les jour­nal­istes sont sans cesse val­orisés pro­fes­sion­nelle­ment pour avoir pub­lié des attaques non véri­fiées et non prou­vées — voire fauss­es — con­tre ces per­son­nes, sans jamais subir de con­séquences néga­tives lorsque leurs arti­cles sont exposés comme ce qu’ils sont, des impos­tures minables. », The Inter­cept, 18 mai 2020.

Sur Jair Bol­sonaro : « Je pense que per­son­ne ne réalise vrai­ment. Je veux dire, il est sou­vent dépeint à tort dans les médias occi­den­taux comme l’équivalent brésilien de Trump alors qu’il est se rap­proche beau­coup plus du prési­dent philip­pin [Rodri­go] Duterte ou même du dic­ta­teur égyp­tien, le général [Abdel Fat­tah] el-Sisi, du point de vue de ses valeurs et de ce qu’il pour­rait met­tre en œuvre une fois au pou­voir. Je pense donc que tous ceux qui, au Brésil, font par­tie de la société civile brésili­enne — jour­nal­istes, politi­ciens, artistes et autres — et qui l’ont cri­tiqué dans le passé, devraient réfléchir à ce que sig­ni­fierait son élec­tion sig­ni­fie pour eux per­son­nelle­ment. », CBC Radio, 26 octo­bre 2018.

« La chose la plus impor­tante que mon grand-père m’a apprise, c’est que la façon la plus noble d’u­tilis­er ses com­pé­tences, son intel­li­gence et son énergie, est de défendre ceux qui sont mar­gin­al­isés, face à ceux qui déti­en­nent les pou­voirs les plus impor­tants, et qu’en retour l’an­i­mosité de ces puis­sants doit être arborée comme une médaille d’hon­neur », Rolling Stones, 4 décem­bre 2013.

« En bref, les doc­u­ments que Man­ning est accusé d’avoir divul­gué ont révélé d’énormes manip­u­la­tions, et une cor­rup­tion en vigueur chez les acteurs poli­tiques les plus puis­sants de ce monde. Et c’est pour cette rai­son qu’il a été traité aus­si dure­ment. Le Prési­dent Oba­ma, qui plaide pour une admin­is­tra­tion trans­par­ente, est pour­tant obsédé par la pour­suite judi­ci­aire des lanceurs d’alerte. Son départe­ment judi­ci­aire en a beau­coup plus pour­suivi, sous le chef d’ac­cu­sa­tion d’es­pi­onnage, que toutes les précé­dentes admin­is­tra­tions réu­nies. Le traite­ment coerci­tif réservé à Man­ning a pour but de créer un cli­mat de peur, d’en­voy­er un sig­nal à ceux qui, dans le futur, décou­vri­raient des infor­ma­tions rel­a­tives aux agisse­ments occultes des Etats-Unis. L’ex­em­ple de Man­ning per­me­t­tra de les en dis­suad­er. Les véri­ta­bles crimes révélés par cet épisode sont ceux com­mis par les plaig­nants, non par l’ac­cusé. Pour ce qu’il a don­né au monde, Man­ning mérite notre grat­i­tude, et une médaille. Pas une vie en prison », The Guardian, 14 décem­bre 2011

Sur son ado­les­cence en tant qu’ho­mo­sex­uel ayant gran­di dans les années 1980 : « J’avais décidé de men­er une guerre con­tre ce sys­tème et ses relais insti­tu­tion­nels, qui essayaient de me rejeter, de me con­damn­er. En gros c’é­tait : allez vous faire foutre ! Plutôt que d’être jugé par vous, je vais, moi, vous juger, car je n’ac­cepte pas le fait que vous soyez en posi­tion d’émet­tre des juge­ments sur moi », Rolling Stones, 4 décem­bre 2013.

« Mon approche du jour­nal­isme est celle d’un pro­cureur. Les gens dis­ent quelque chose, je pars du principe qu’ils mentent, et je com­mence alors les recherch­es pour le prou­ver », The New York Times, 6 juin 2013

« Nous sommes cen­sés tout savoir à pro­pos des agisse­ments du gou­verne­ment. C’est pour cela qu’on les appelle servi­teurs publics. Eux par con­tre, ne sont sup­posés rien savoir de ce que nous faisons, c’est pourquoi nous sommes appelés indi­vidus privés », No Place to Hide.

« Les jour­nal­istes améri­cains, pen­dant des années, ont déclamé leur amour à Barack Oba­ma. Les voilà qui main­tenant, par­lent com­muné­ment de lui comme d’une sorte de grave men­ace à la lib­erté de la presse, comme le leader le plus répres­sif en la matière depuis Richard Nixon. Une volte-face con­sid­érable pour un politi­cien qui a accédé au pou­voir en promet­tant d’établir l’ad­min­is­tra­tion la plus trans­par­ente de l’his­toire des États-Unis », No Place to Hide.

« Exp­ri­mons cela aus­si claire­ment que pos­si­ble. Tout jour­nal­iste qui con­sid­ère comme vraies les his­toires non véri­fiées de la CIA ou d’autres agences gou­verne­men­tales sans avoir besoin de preuves ni faire preuve de scep­ti­cisme, est sans valeur. En fait, ils sont pires que sans valeur : ce sont des influ­ences tox­iques qui méri­tent un pur mépris… Ce ne sont pas des jour­nal­istes. Ce sont des porte-parole obséquieux de la CIA et d’autres autorités offi­cielles ». Sur son blog, 16 avril 2021.

Ils l’ont dit

« La déci­sion de Gleen Gren­wald de démis­sion­ner de The Inter­cept découle d’un désac­cord fon­da­men­tal sur le rôle des rédac­teurs en chef dans la pro­duc­tion du jour­nal­isme et sur la nature de la cen­sure. Glenn se réserve le droit absolu de pub­li­er ses arti­cles sans inter­férence extérieure. Il estime que quiconque est en désac­cord avec lui est cor­rompu, et que quiconque pré­tend retouch­er ses pro­pos est un censeur.
D’où l’ac­cu­sa­tion absurde qui voudrait que la direc­tion de la rédac­tion et les jour­nal­istes de The Inter­cept, à la seule et notable excep­tion de Glenn Green­wald, auraient piét­iné leur intran­sigeance édi­to­ri­ale car ils sou­tiendraient la can­di­da­ture de Joe Biden. Un bref coup d’œil aux arti­cles que The Inter­cept a pub­liés sur Biden suf­fi­ra à réfuter ces affirmations. […] 
Nous avons le plus grand respect pour le jour­nal­iste Glenn Green­wald et nous restons fiers de la plu­part des travaux que nous avons réal­isés avec lui au cours des six dernières années. Mais c’est Glenn qui s’est éloigné de ses racines jour­nal­is­tiques d’o­rig­ine, et non The Inter­cept. », Bet­sy Reed, The Inter­cept, 29 octo­bre 2020.

« Glenn a sa façon d’ap­procher le jour­nal­isme. Il est très direct et trans­par­ent, et les gens qui tra­vail­lent pour lui le font parce qu’ils appré­cient et qu’ils admirent cela. Il est intéres­sant de con­stater qu’il n’y a pra­tique­ment pas eu de cri­tiques de bonne foi de la légitim­ité de Glenn en tant que jour­nal­iste. Il a eu tout juste. Il a révélé un des plus grands scoops de notre époque, alors qu’il était sous une pres­sion colos­sale », Eric Bates au Dai­ly Beast, 10 févri­er 2014

« Glenn Green­wald, en ce qui le con­cerne, n’a jamais tort. Et parce qu’il croit qu’il n’a jamais tort, il est un jour­nal­iste médiocre […] Le fait est que Green­wald a inex­tri­ca­ble­ment lié ses idées poli­tiques à sa pra­tique du jour­nal­isme, et c’est pourquoi il a dégradé à ce point cette dernière. Il veut telle­ment s’as­sur­er que les con­clu­sions qu’il tire sont néces­saires, juste­ment parce qu’il y croit fer­me­ment, qu’il applique une nar­ra­tion pré­fab­riquée à tous les objets aux­quels il s’in­téresse, même s’il doit pour cela forcer les choses pour qu’elles col­lent. Quand il est inca­pable de faire cela, alors il utilise tout sim­ple­ment le dou­ble lan­gage, la dém­a­gogie, l’hy­per­bole et les cam­ou­flages pour créer l’il­lu­sion de la rigueur », The Dai­ly Ban­ter, 11 févri­er 2014

« Son approche du jour­nal­isme est dif­férente. Au lieu d’es­say­er (ou de pré­ten­dre) d’être objec­tif, il est trans­par­ent au sujet de ses opin­ions, et défend explicite­ment leur valid­ité. Il cri­tique ses con­frères jour­nal­istes pour leur manque d’e­sprit de con­tra­dic­tion. A l’in­verse de la plu­part des jour­nal­istes offi­ciant dans les grands médias, il mon­tre une cer­taine aver­sion pour les représen­tants offi­ciels améri­cains. Et quand il estime qu’ils ont enfreint la loi, il ne se prive pas d’ap­pel­er à des pour­suites judi­ci­aires con­tre eux, et au fait qu’ils soient empris­on­nés pour leurs crimes. […] Le Pre­mier Amende­ment et ses garanties en matière de lib­erté de la presse a été insti­tué pré­cisé­ment pour pro­téger les cri­tiques délibérées du gou­verne­ment, ou les révéla­tions sur des infrac­tions à la loi de ce dernier, comme les doc­u­ments qui chang­eraient le débat pub­lic en infor­mant les citoyens. Il n’y a aucun moyen de crim­i­nalis­er le tra­vail de Green­wald sur la NSA sans à la fois s’at­ta­quer à sa pro­tec­tion con­sti­tu­tion­nelle élé­men­taire. Ce qui nous amène à penser qu’il est de l’in­térêt de chaque citoyen améri­cain de pren­dre sa défense », The Atlantic, 6 févri­er 2014

« Snow­den, Green­wald, et Assange ne parta­gent que de loin les mêmes con­vic­tions, et dif­fèrent dans leur degré de sophis­ti­ca­tion. Cha­cun d’en­tre eux a, à un moment don­né, tenu des pro­pos excen­triques et ouverte­ment con­tra­dic­toires. Mais de ce courant d’idées inco­hérent a émergé une per­spec­tive com­mune. Cette dernière n’est ni une doc­trine claire­ment définie, ou une philoso­phie, mais quelque chose qui se rap­proche d’une impul­sion poli­tique […] pou­vant être décrite comme la para­noïa lib­er­tari­enne. Quand les libéraux, de droite par exem­ple, ont décrit ces lanceurs d’alerte comme des cama­rades déten­teurs de la vérité, dont le but n’é­tait que de pro­téger la Con­sti­tu­tion et l’E­tat de per­son­nes mal­faisantes et autori­taires, ils se sont trompés. En réal­ité, les lanceurs d’alerte méprisent l’E­tat mod­erne et libéral et pro­gres­siste, et ils veu­lent l’en­dom­mager » New Repub­lic, 19 jan­vi­er 2014.

« Sur cer­taines thé­ma­tiques, sa verve (de Green­wald, NDLR), est rem­plie de dis­posi­tifs droitiers. Par exem­ple au sujet de l’im­mi­gra­tion, Green­wald a tenu des pro­pos très durs. […] Il a ain­si écrit en 2005, que “l’im­mi­gra­tion illé­gale provoque un désor­dre économique, social et cul­turel, et exerce une moquerie per­ma­nente de la loi. Elle est dom­mage­able sur le sim­ple plan de la jus­tice.” […] Sur ce point donc, Green­wald se trou­ve dans une zone indéfinie du spec­tre poli­tique, où l’ex­trême-gauche se con­fond avec l’ex­trême-droite, sou­vent sous le pré­texte de l’idéolo­gie lib­er­tari­enne. Cela l’a amené à défendre des posi­tions qui ont pu attir­er ces deux extrêmes de la scène poli­tique. Par exem­ple en attaquant la poli­tique étrangère des Etats-Unis, en la qual­i­fi­ant d’im­péri­ale des deux côtés du bipar­tisme. Dans ses écrits transparaît une cri­tique des Etats-Unis à l’é­tranger, qui résonne autant avec les iso­la­tion­nistes de la droite antédilu­vi­enne, que de la nou­velle post-gauche anti-impéri­al­iste. Son libéral­isme social flat­te aus­si les pen­chants indi­vid­u­al­istes des lib­er­tariens de droite, et des activistes de gauche. Green­wald envis­age de rap­procher ces groupes, de dis­soudre la ligne habituelle de loy­auté poli­tique et d’u­nir les anti-impéri­al­istes, et défenseurs des droits civiques de gauche, et les con­ser­va­teurs lib­er­tariens de droite, favor­ables à un marché ouvert, dans un front pop­u­laire con­tre l’al­liance établie entre les libéraux de cen­tre gauche et les néo­con­ser­va­teurs », New Repub­lic, 19 jan­vi­er 2014.

« La vin­dicte de Green­wald nuit à la qual­ité de son argu­men­taire général, sou­vent excel­lent. Green­wald est un très bon jour­nal­iste, qui fait un tra­vail impor­tant. Mais il se lim­ite tout seul en se com­por­tant comme un petit sur­doué suff­isant », The Dai­ly Ban­ter, 5 décem­bre 2012

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Fox News (DR)

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Le Néo-féminisme à l'assaut d'Internet