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Les GAFAM et le contrôle des câbles sous-marins

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20 août 2023

Temps de lecture : 3 minutes
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Les GAFAM et le contrôle des câbles sous-marins

Temps de lecture : 3 minutes

Pre­mière dif­fu­sion le 28 jan­vi­er 2023

Devinette : quelle longueur représentent les presque cinq cents câbles sous-marins par lesquels transite l’essentiel du trafic internet ? Réponse : plus de 1,3 millions de kilomètres. Auxquels les GAFAM s’intéressent furieusement.

99% des données numériques passent par le câble sous-marin

Ou plutôt les câbles sous-marins, le site spé­cial­isé TeleGeog­ra­phy en dénom­bre 486, con­tre moins de la moitié en 2009. Les pre­miers câbles ont été posés au XIXème siè­cle entre l’Europe et le con­ti­nent améri­cain à la suite du développe­ment du télé­graphe. Depuis 1988 les câbles clas­siques en cuiv­re sont rem­placés par de la fibre optique. Les enjeux géopoli­tiques sont évi­dents, sans câble plus de com­mu­ni­ca­tion pos­si­ble, et la Chine et les Etats-Unis s’affrontent ouverte­ment via leurs opérateurs.

Nouveaux opérateurs

Tra­di­tion­nelle­ment les grands opéra­teurs télé­phoniques étaient les opéra­teurs des câbles sous-marins. Liés à la télé­phonie, ils les fab­ri­quaient, les posaient, les entrete­naient, les sur­veil­laient et sou­vent les exploitaient. Ces opéra­teurs tels Alca­tel Sub­ma­rine Net­works, Louis Drey­fus Trav­o­cean, Orange Marine, Tele­fon­i­ca, sont devenus minori­taires ou réduits au rang d’associés. Depuis une quin­zaine d’années les entre­pris­es de la sil­i­cone val­lée y ont investi mas­sive­ment, répon­dant à leurs besoins crois­sants de trans­ferts de don­nées, à l’atteinte de nou­veaux marchés dans les pays du tiers-monde et per­me­t­tant égale­ment un con­trôle de l’information. Ils posent ouverte­ment un défi à la sou­veraineté numérique des Etats.

Le coût d’un câble entre Europe et les Etats-Unis est estimé à env­i­ron 300M$, une paille pour Alpha­bet (Google) ou Meta (Face­book), Microsoft ou Ama­zon dont les béné­fices se comptent en dizaines de mil­liards de dol­lars. La pos­ses­sion – en exclu­siv­ité ou en parte­nar­i­at – per­met aus­si de décider quel type de don­nées y tran­sit­era en pri­or­ité et même d’analyser en temps réel les flux sur le plan quan­ti­tatif ou qualitatif.

Les nouveaux câbles des GAFAM (exclusif ou en association)

Le tableau ci-dessous est indi­catif à fin 2022, de nou­veaux chantiers s’ouvrent chaque année.

Alpha­bet 21
Meta 16
Microsoft 6
Ama­zon 5

Soit un peu moins de 50 câbles représen­tant un investisse­ment cumulé de 15 mil­liards de dollars.

La majorité de ces câbles sont en asso­ci­a­tion, mais la ten­dance récente va vers les GAFAM comme pro­prié­taires exclusifs ou comme chefs de file, les entre­pris­es tra­di­tion­nelles se con­tentant de devenir prestataires pour la fab­ri­ca­tion et la pose des câbles. Ain­si Meta est-il l’opérateur de 2Africa, le plus grand réseau entre l’Afrique, l’Europe et l’Asie, en asso­ci­a­tion avec Orange et Voda­fone, ces derniers en posi­tion seconde.

La géopoli­tique est omniprésente dans le domaine. L’opérateur chi­nois Heng­tong (qui a inté­gré l’activité câbles de Huawei) est exclu de tout marché vers ou à par­tir du con­ti­nent nord-améri­cain. Les fab­ri­cants (Alcal­tel, le japon­ais NEC) sont réduits à la por­tion con­grue, ils fab­riquent avec de faibles marges et posent puis lais­sent la place, générale­ment aux améri­cains. Et l’Europe direz-vous ? Mer­ci de la ques­tion, l’U.E. lance un plan d’envergure mais pour plus tard, la sou­veraineté numérique n’est pas pour demain.

Voir aus­si : Ama­zon, Google, Face­book : Le Point sur notre mise en esclavage