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Le Grand Jury LCI-Figaro-RTL invite Gérard Darmanin alias Darmalin

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4 décembre 2018

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Le Grand Jury LCI-Figaro-RTL invite Gérard Darmanin alias Darmalin

Le Grand Jury LCI-Figaro-RTL invite Gérard Darmanin alias Darmalin

Temps de lecture : 3 minutes

Gérald Darmanin, ministre de l’action et des comptes publics, était l’invité du Grand Jury LCI-le Figaro-RTL, le dimanche 25 novembre 2018. Une séquence qui a donné lieu, pour l’auditeur attentif, à l’émission d’un « signal faible », révélateur de la crise que traversent actuellement les « élites » auto-proclamées.

Les saillies de Darmalin

On ne relèvera pas ici les dérives ver­bales de ce min­istre, surnom­mé par ses col­lègues « Dar­ma­lin » : les Gilets Jaunes ne seraient au final qu’un « défilé de peste brune », il ne serait pas pos­si­ble de déje­uner à Paris pour moins de 100 € (par per­son­ne, et sans le vin), il était cer­tain que l’augmentation des tax­es sur les car­bu­rants n’entraînerait pas de fronde sur le mode « Bon­nets Rouges ». En pleine crise Dar­manin recon­nais­sait d’ailleurs que près de 577 mil­lions € tirés de la taxe sur les car­bu­rants seraient réaf­fec­tés au bud­get général et non plus à la tran­si­tion énergétique.

Avertissement aux journalistes

On relèvera ici un aver­tisse­ment en trois actes du min­istre aux jour­nal­istes présents sur le plateau. Aver­tisse­ment qui, comme les som­ma­tions de dis­per­sion adressées aux man­i­fes­tants par les forces de l’ordre, a été mar­qué par une gra­da­tion de la men­ace, en trois temps au cours de l’émission.

Cela com­mence de manière soft, quand le min­istre rap­pelle gen­ti­ment que le Prési­dent de la République « est con­scient qu’il y a une grande sépa­ra­tion entre le peu­ple et les élites, bien évidem­ment. Mais les élites ne sont pas que les élites poli­tiques, elles sont AUSSI poli­tiques ». Pre­mière et dis­crète sommation.

Vis­i­ble­ment, le Grand Jury manque de vivac­ité ce dimanche matin, et ne com­prend pas la semonce qui leur est adressée. Les jour­nal­istes pour­suiv­ent donc, dans la tra­di­tion de l’émission avec des ques­tions directes et insis­tantes. On sent Dar­manin prêt à mon­ter dans les tours.

Vient la séquence « Ques­tions Net », avec le fameux sujet du restau­rant à 100 €, qui affole les réseaux soci­aux. Deux­ième som­ma­tion très sèche du min­istre au jour­nal­iste : « Vous n’y êtes jamais allé, vous, dans un restau­rant à 100 € ? ». Réponse un peu gênée du jour­nal­iste : « Peut-être une ou deux fois ». La réponse claque comme un fou­et : « Vous voyez, les gens qui touchent le RSA n’y sont jamais allés, eux ».

Et pour clore toute vel­léité de pour­suiv­re sur le sujet, la dernière som­ma­tion, celle à l’issue de laque­lle on peut faire légale­ment appel à la force, sera immé­di­ate : « Il y a des gens en France qui touchent 900, 800, 700 € et qui voient la dif­férence pro­fonde qu’il y a entre eux et les élites. Et pas sim­ple­ment les hommes poli­tiques. C’est le cas des jour­nal­istes, c’est le cas des dirigeants d’administration, c’est le cas aus­si des chefs d’entreprises ». Il n’y aura plus de ques­tion gênante pen­dant la dernière par­tie de l’émission.

Fessée publique

Une fes­sée publique à peine voilée, un min­istre rap­pelle en direct à des jour­nal­istes issus de titres large­ment sub­ven­tion­nés (Le Figaro pour 5,8 mil­lions €, par exem­ple) que, finale­ment, ils sont tous dans le même bateau face à une colère pop­u­laire sur le point de devenir incontrôlable.

On sait que nom­bre de jour­nal­istes sont devenus des cibles de la colère sourde du peu­ple, ils s’en plaig­nent suff­isam­ment. Mais ont-ils com­pris ce que le peu­ple leur reproche ? Ont-ils com­pris que (pas pour tous mais pour une large pro­por­tion d’entre eux), par leur mode de pen­sée et de fonc­tion­nement cor­po­ratiste et par­fois dédaigneux, ils sont désor­mais classés nolens volens par­mi les élites hors-sol?

Le rap­pel de Dar­manin (qui pour le coup a bien mérité bien son surnom) évoque la réplique célèbre d’un film des années 90 « Back­draft » : « Si tu tombes, on tombe ». Une sorte de sol­i­dar­ité des élites.