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Le Grand Bond en avant Newsgender de Libération

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22 août 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Le Grand Bond en avant Newsgender de Libération

Temps de lecture : 6 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 14 mai 2021

Depuis le départ du dinosaure de la presse Laurent Joffrin en juillet 2020, théoriquement pour se lancer en politique et « refonder la gauche » versant réformiste, en créant un « mouvement social-démocrate », le quotidien Libération n’a de cesse d’accentuer une politique éditoriale des « minorités ».

Dans les pages de Libéra­tion, idéolo­gies des minorités, can­cel cul­ture, sous réserve qu’elles soient par nature dérac­inées ou en lutte con­tre l’enracinement sous toutes ses formes, ten­dent à occu­per tout l’espace. Un exem­ple ? La « Newslet­ter fémin­iste et Genre de Libéra­tion ».

Libère-toi de tes chaînes (hétérosexuelles)

« Une fois par mois, L (Elle, Lui, L’autre, Lib­erté, LGBTQIA+), la newslet­ter Idées de Libéra­tion sur le fémin­isme, le genre et les sex­u­al­ités » est envoyée à tout abon­né qui s’inscrit. En soi, qu’un quo­ti­di­en con­sacre des pages aux ques­tions liées à l’homosexualité ne pose aucun prob­lème. Vieille comme le monde, l’homosexualité n’a pas plus à être jugée que tout autre com­porte­ment humain.

Mais il ne s’agit pas d’homosexualité ici. La Let­tre men­su­elle « sur le fémin­isme, le genre et les sex­u­al­ités » est un organe de pro­pa­gande gay. La dif­férence ? L’homosexualité est, à l’instar des autres formes de sex­u­al­ité, un mode de vie privé et con­cerne la lib­erté de chaque indi­vidu. Le mil­i­tan­tisme gay, s’il est fondé sur et en faveur de l’homosexualité, ne con­cerne pas la lib­erté de chaque indi­vidu. Il vise à impos­er une cul­ture, la cul­ture gay minori­taire, comme norme sociale. C’est ce rôle que Libéra­tion tend à s’assigner.

Le contenu de la lettre du 8 mai 2021

Rien ne valant mieux qu’un exem­ple, la Let­tre datée du 8 mai 2021 don­nera une idée de l’idéologie com­mu­nau­tariste LGBTQIA++ (etc) dif­fusée par Libéra­tion. Dans « L (Elle, Lui, Lautre, Lib­erté, LGBTQIA+), la newslet­ter Idées de Libéra­tion sur le fémin­isme, le genre et les sex­u­al­ités » de ce 8 mai, le lecteur trou­vait ces rubriques et arti­cles, dans l’ordre :

« Coup de grl­ll ! / édi­to ». Le thème : « Thérapies de con­ver­sion»: on attend quoi pour les inter­dire ? ». Signé Cécile Dau­mas, l’éditorial cri­tique un gou­verne­ment qui n’agirait pas assez vite pour lut­ter con­tre les « thérapies de con­ver­sion » (« Ces pra­tiques pré­ten­dent mod­i­fi­er l’orientation sex­uelle et l’identité de genre ») et « la PMA pour toutes », « tou­jours en attente d’adoption ». Out­re ce dernier texte de loi, ce que réclame l’auteur de l’éditorial ? Que soit adop­té rapi­de­ment : « Le texte de Lau­rence Vance­une­brock (député LREM) », un texte qui « pro­pose de punir de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende les « pra­tiques, les com­porte­ments ou les pro­pos répétés visant à mod­i­fi­er ou à réprimer l’orientation sex­uelle ou l’identité de genre, vraie ou sup­posée, d’une per­son­ne et ayant pour effet une altéra­tion de sa san­té physique ou mentale. »

A pri­ori, vouloir lut­ter con­tre des pra­tiques « thérapeu­tiques » trans­for­mant l’identité sex­uelle d’une per­son­ne peut sem­bler logique. Ce n’est pas de cela dont il s’agit. L’idée est de per­me­t­tre à cha­cun de con­stru­ire sa pro­pre iden­tité sex­uelle puis, s’il le souhaite, de décider de mod­i­fi­er sa pro­pre biolo­gie. C’est la com­préhen­sion de « L », pour « Lib­erté », chez Libéra­tion. La biolo­gie ? Cela n’existe pas, c’est une con­struc­tion men­tale et sociale.

Bo, Bo, Beauvoir

« Il faudrait Beau­voir. On ne naît pas femme… ». Thème : « Au Capes, un stéréo­type radioac­t­if ». Un extrait mérite d’être cité : « L’association Femmes et math­é­ma­tiques a décelé un réel cas d’école dans l’un des prob­lèmes du Capes de maths 2021. Mal­gré les mul­ti­ples relec­tures de ces épreuves pro­posées aux futurs enseignants, la physi­ci­enne Marie Curie en a été tout bon­nement gom­mée. L’introduction du prob­lème (au pas­sage assez super­flue pour la réso­lu­tion) indique : « La radioac­tiv­ité, terme inven­té vers 1898 par Pierre Curie, est un phénomène physique. » Une asser­tion aus­si prob­lé­ma­tique qu’erronée. Auréolée de deux prix Nobel, Marie Curie est bel et bien l’inventrice des ter­mes « radioac­t­if » et « radioac­tiv­ité ». Cette erreur grossière réac­tive le stéréo­type qui veut que les femmes seraient moins douées pour les sci­ences et n’y auraient pas leur place. Elle l’illustre autant qu’elle le ren­force en par­tic­i­pant à l’invisibilisation des femmes sci­en­tifiques. Cette erreur a, en out­re, pu avoir des effets délétères sur les can­di­dates du Capes. »
Libéra­tion pour­suit : « L’association Femmes et math­é­ma­tiques s’est alors inter­rogée : «Volon­té d’avoir moins de femmes admis­si­bles en maths cette année ou « sim­ple » maladresse ? »

« Mâle aimé. Le mas­culin pluriel ». Thème : le con­gé parental mas­culin qui est un « fias­co », les hommes ne se pré­cip­i­tant pas.

« Labo Thèse ». Thème : « Le Néolithique, berceau du patri­ar­cat ? ». C’est un compte ren­du de cet ouvrage paru début mai 2021 : Femmes néolithiques. Le genre dans les pre­mières sociétés agri­coles (CNRS édi­tions). On ne répètera jamais assez com­bi­en l’actuel CNRS con­tribue à une bonne (fausse) com­préhen­sion du « réel ». L’article est en écri­t­ure inclu­sive. Con­clu­sion de la recen­sion : « Bref, si la pru­dence s’impose à chaque inter­pré­ta­tion, peu d’indices con­ver­gent pour faire de l’égalité de genre une norme préhis­torique ».
Il ne fal­lait pas rire : cette con­clu­sion n’est en rien ironique, tout au contraire.

« LGBTQIA++++ ». Thème : « Des par­cours trans encore semés d’embûches ».

« Cul de force majeur. Le sexe en pra­tique ». Libéra­tion a tou­jours voulu être « le » lieu de la « lib­erté » sex­uelle. Déjà, dans les années 80 du siè­cle passé, ses pages « petites annonces » étaient réputées en vue de ren­con­tre sex­uelles. Et avant, dans les années 70, le quo­ti­di­en avait affiché son goût pour la pédophilie. Un peu de « sexe en pra­tique » ne sur­prend donc pas. Thème : « Une clio­thèque pour s’ouvrir au plaisir féminin ». Le slo­gan : « Vul­varisons le monde ! ». C’est ici.

« Bon­jour Made­moi­selle. Sex­isme au quo­ti­di­en ». Une petite pique con­tre les mâles qui osent dire « bon­jour made­moi­selle » aux jeunes femmes. Une pique aus­si à la jour­nal­iste de droite du Figaro, Eugénie Bastié, auteur d’un Adieu made­moi­selle qui avait fait grand bruit en 2016. Libéra­tion pense avoir trou­vé que le sex­isme (for­cé­ment anti-femmes, dans l’autre sens, il n’existe pas) aurait provo­qué le crash d’un avion au Roy­aume-Uni. Un scoop.

Il y a communauté et communauté

Il n’y aurait rien à redire aux ori­en­ta­tions édi­to­ri­ales de Libéra­tion ni à ses engage­ments poli­tiques, lib­erté de la presse oblige, s’il était juste­ment dans les habi­tudes du quo­ti­di­en d’accepter par­fois des idées poli­tiques dif­férentes des siennes, et donc réelle­ment la lib­erté de la presse, au-delà des apparences. Or, ce n’est pas le cas : une des car­ac­téris­tiques intrin­sèques de la vision du monde de Libéra­tion, est au con­traire le rejet de toute pen­sée autre, au nom de la « tolérance », de la « lib­erté », de « l’antiracisme », de la « lutte con­tre les dis­crim­i­na­tions ». Libéra­tion développe une vision  de la société con­stru­ite autour du Genre, du néo-fémin­isme et des LGBTQIA +++ etc. Libéra­tion sera-t-il d’accord pour lancer une Let­tre heb­do­madaire con­sacrée à la com­mu­nauté blanche et de cul­ture européenne en passe de devenir cul­turelle­ment (et bien­tôt démo­graphique­ment) minori­taire en France ? La réponse s’impose d’elle-même. Pour Libéra­tion, il y a com­mu­nauté et com­mu­nauté, minorité et minorité, devinez lesquelles et pourquoi.

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