Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Le coup de gueule de Schneidermann sur le traitement du conflit israélo-palestinien

L’article que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

25 juillet 2014

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Le coup de gueule de Schneidermann sur le traitement du conflit israélo-palestinien

Le coup de gueule de Schneidermann sur le traitement du conflit israélo-palestinien

Temps de lecture : 3 minutes

La tribune remonte au 13 juillet dernier mais est toujours d’une criante actualité. Dans son édito hebdomadaire sur Libération, Daniel Schneidermann s’en prend aux médias et plus particulièrement à leur traitement du conflit israélo-palestinien. Un conflit qui, selon lui, est toujours abordé « du côté israélien ».

Ain­si le patron d’@rrêt sur images aimerait-il « tenir (…) un de ces rédac­teurs de la grande machine qui amor­cent leurs sujets quo­ti­di­ens du 20 heures sur le Proche-Ori­ent par les roquettes menaçant les villes israéli­ennes ». Le tenir pour lui assén­er une série de « Pourquoi ? » qui sont trop longtemps restés enfouis dans les tré­fonds des pen­sées des téléspectateurs.

Pourquoi les médias don­nent-ils la parole « aux enfants israéliens, aux pas­sants israéliens, aux mères israéli­ennes dont les enfants sont men­acés », et pour­suiv­ent en con­clu­ant sur les décom­bres de Gaza, tou­jours filmés « de loin » ? Qui plus est « en livrant mécanique­ment le bilan des vic­times pales­tini­ennes, 20, 30, 50 ». Et, tou­jours, dans cet ordre sub­tile­ment orienté.

Schnei­der­mann aimerait en « tenir » un, de ces rédac­teurs, pour lui expli­quer que même si « on n’est pas spé­ciale­ment pro-Pales­tinien, pas davan­tage que pro-Israélien, qu’à la lim­ite, on s’en fiche », on aimerait quand même « com­pren­dre ». Com­pren­dre « pourquoi le kid­nap­pé israélien abat­tu par ses ravis­seurs est un «ado­les­cent», et le bom­bardé pales­tinien un «mineur». Pourquoi les Israéliens qui se ter­rent dans les abris sont des «per­son­nes», et les Gaza­ouis bom­bardés des «vic­times civiles». Pourquoi l’Israélien par­le, témoigne, et le Pales­tinien hurle tou­jours, sa colère ou sa douleur. »

En bref, com­pren­dre « pourquoi l’Israélien se con­tem­ple de près (…) alors que le Pales­tinien n’est qu’un chiffre qui crame sous les décombres ».

Le pire dans tout cela est sans doute le fameux canapé de Sdérot. Instal­lé sur les hau­teurs de cette ville israéli­enne, ce canapé a été posé là pour que de mor­bides curieux vien­nent con­tem­pler les bom­barde­ments sur Gaza. Ce scan­dale est une chose, « mais que penser des reporters de télé qui ont choisi le même point de vue, qui se bous­cu­lent der­rière le canapé et fil­ment les ruines de Gaza der­rière l’épaule des Israéliens du canapé ? », s’in­ter­roge Scheidermann.
Rai­son de plus pour en attrap­er un, un de ces « jeunes ». Car « ce sont générale­ment des jeunes qu’on colle aux mar­ronniers comme Gaza, pen­dant l’été ». « Un jeune, peu sus­pect d’être un copain de BHL ou de Finkielkraut, un jeune qui sorte de l’école, insoupçonnable d’être aux mains du “lob­by sion­iste” », pour­suit-il avant de dress­er une liste non-exhaus­tive de ques­tions tou­jours en attente : « mais pourquoi com­mencez-vous tou­jours par les roquettes pales­tini­ennes, et pourquoi ne men­tion­nez-vous les bom­barde­ments israéliens qu’ensuite ? Pourquoi cet ordre ? »

Que répondrait-il, ce jeune jour­nal­iste débu­tant ? Sans doute que « c’est parce qu’on a des images des Israéliens sous les roquettes, et pas d’images de Pales­tiniens sous les bombes ; c’est parce qu’il est plus facile d’aller tourn­er en Israël qu’à Gaza ; c’est parce qu’il nous faut des fran­coph­o­nes, et qu’il y a davan­tage d’Israéliens que de Pales­tiniens qui par­lent français ».

Des répons­es qui ne suff­isent pas à Daniel Schnei­der­mann qui nous livre, en guise de con­clu­sion, les vraies caus­es de cette vilaine habi­tude jour­nal­is­tique : « C’est parce qu’on a tou­jours fait comme ça, et on fait comme ça parce que tous nos con­frères sur place vivent à Jérusalem ou à Tel-Aviv, en tout cas pas en Pales­tine, et que nous sommes donc cul­turelle­ment, économique­ment, affec­tive­ment, inté­grés à la société israéli­enne, et pas à la société pales­tini­enne, même si c’est large­ment à notre insu, comme d’habitude. »

Voir notre portrait de Daniel Schneidermann

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo CPVALDELOIRE via Youtube (DR)

Vidéos à la une