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Dans la peau de Mark Zuckerberg

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20 novembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes
Accueil | Veille médias | Dans la peau de Mark Zuckerberg

Dans la peau de Mark Zuckerberg

Temps de lecture : 3 minutes

Nous avions rendu compte en son temps de l’excellent livre de Daniel Ichbiah consacré à Mark Zuckerberg, publié en 2018 aux éditions La Martinière. Une nouvelle biographie en français vient de paraître sous la signature de Julien Le Bot.

Une matrice idéologique

Zucker­berg a été surnom­mé par cer­tains « Sucker­berg », mau­vais jeu de mots dérivé de « it sucks » que l’on pour­rait traduire par ça craint. N’ayant pas peur de se promen­er avec un badge « I am the CEO, bitch » (je suis le patron, salope) au début de sa car­rière, s’imposant par­fois avec ruse ou bru­tal­ité suiv­ant les rap­ports de forces, élim­i­nant au fur et à mesure ceux qui l’avaient aidé au début, l’ami Mark n’est pas un ange.

Mais il y a une matrice idéologique der­rière le vis­age lisse et l’apparence débon­naire du gourou éduqué à Har­vard, ce que l’auteur appelle « la diag­o­nale du flou ». Le flou entre la bonne volon­té affichée – Face­book veut le « bien de la com­mu­nauté », com­mu­nauté enten­due en tant que monde entier — et un appétit de pou­voir dévo­rant. Mais note l’auteur, « son monde c’est Face­book ». S’opposer à Face­book, c’est s’opposer à la com­mu­nauté mon­di­ale, c’est faire le mal, c’est se situer dans le camp du dia­ble. Zucker­berg, dal­tonien ne voit que cer­taines couleurs, ce qui lui per­met d’ignorer les nuances.

Connecter le monde (pour le dominer ?)

Le Bot souligne la soif infinie de « faire le bien en con­nec­tant le monde entier ». Car plus vous êtes con­nec­té, plus vous êtes heureux, plus vous vivez dans un monde ouvert. Bizarrement les exec­u­tive man­agers de la Sil­i­con Val­ley met­tent leur progéni­ture à l’abri des écrans dans des écoles payées à prix d’or. Doit-on com­pren­dre qu’ils veu­lent le mal­heur de leurs enfants ? Ou a con­trario qu’ils ont saisi que la con­nex­ion à haute dose agis­sait comme une drogue fab­ri­quant le con­formisme et la soumis­sion au consentement ?

La con­nex­ion uni­verselle tel est le rêve de Mark Zucker­berg avec un con­seil mon­di­al (« over­sight board ») dont nous vous par­lions en juil­let 2019. Un con­seil qui portera un « juge­ment final sur ce que devrait être un dis­cours accept­able dans une com­mu­nauté qui reflète les normes sociales et les valeurs des gens dans le monde entier ». Avec un béné­fice trimestriel entre 5 et 6 mil­liards de dol­lars, notre ami Mark a les moyens de sa poli­tique. Le monde de la trans­parence absolue c’est celui de la col­lecte uni­verselle de don­nées privées, le monde de la Panop­tique de Ben­tham devenu dig­i­tal­isé. Julien Le Bot définit ce monde en un mot : « une calamité ».

Julien Le Bot, Dans la tête de Mark Zucker­berg, Solin/Actes Sud, 2019, 384p, 16€.

Voir égale­ment notre arti­cle sur le livre de Michel Desmur­get, La fab­rique du crétin dig­i­tal, paru en 2019.