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Christophe Ono-dit-Biot

29 mai 2020

Temps de lecture : 7 minutes
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Christophe Ono-dit-Biot

Temps de lecture : 7 minutes

L’insignifiante ambition

État civil et formation

Né en janvier 1975 au Havre, fils d’enseignants, Christophe Ono-dit-Biot a fait Hypokhâgne et Khâgne au lycée Janson-de-Sailly, à Paris, puis un DEA de Littérature comparée sur les écrivains fin de siècle « décadentistes ». Il est agrégé de lettres modernes (2000). Tombé très tôt dans le monde balbutiant d’Internet, il publie dès 1995 son journal intime en ligne, Le Journal de l’énervé. Cette expérience inédite à l’époque en France lui vaut à vingt ans sa première célébrité, notamment par le truchement d’un reportage de l’émission « Nulle Part Ailleurs » que lui consacre Frédéric Taddéï sur Canal.

Parcours professionnel

À par­tir de 1996, il pub­lie dans la revue éphémère NRV, dirigée par Frédéric Beigbed­er, où il côtoie Michel Houelle­becq ou Vir­ginie Despentes. Pro­fesseur de lit­téra­ture française en lycée tech­nique à Meaux pen­dant deux ans, il com­mence à col­la­bor­er à ELLE, sous la forme de reportages, après la pub­li­ca­tion de son pre­mier roman, Désagrégé(e) (Plon, 2000), qui racon­te sa réac­tion à son pre­mier échec à l’agrégation. Il tra­vaille aus­si à l’époque dans une agence de publicité.

En 2002, il pub­lie un deux­ième roman, tou­jours chez Plon, Inter­dit à toute femme et à toute femelle, sur le Mont Athos en Grèce. À chaque pub­li­ca­tion, régulière­ment saluée par un prix lit­téraire, il prend du grade dans la presse : il entre ain­si cette année-là au Point, à qui il livre égale­ment des reportages, notam­ment sur la Bir­manie, l’un de ses sujets de prédilec­tion, ou sur les meurtres du Grand Bor­nand (Affaire Flac­t­if, avril 2003).

En 2004, il écrit un troisième roman, Généra­tion spon­tanée, qui le propulse grand reporter au Point dans le ser­vice poli­tique. À ce titre, il cou­vri­ra la cam­pagne prési­den­tielle qui ver­ra le tri­om­phe de Nico­las Sarkozy en 2007.

Cette même année, il pub­lie Bir­mane, et est pro­mu rédac­teur en chef cul­ture de l’hebdomadaire, sous la houlette de Franz-Olivi­er Gies­bert. Il monte en grade en 2010 en devenant directeur adjoint de la rédac­tion, tout en con­ser­vant ses respon­s­abil­ités sur les pages culture.

À par­tir de là, c’est table ouverte à la télé et roy­al au bar : Ono-dit-Biot col­la­bore à « En aparté » sur Canal et au « Bateau livre » sur France 5. En 2009, il pénètre dans le saint des saints, « La Mati­nale » de Canal, où il dirige d’abord la rubrique cul­ture avant d’y effectuer sa pro­pre inter­view, « La Promesse de l’aube ». Il offi­cie aus­si sur France info comme chroniqueur lit­téraire et devient chroniqueur en sep­tem­bre 2011 dans l’émission d’Él­iz­a­beth Tchoun­gui, « Avant-pre­mières », sur France 2.

Christophe Ono-dit-Biot aura ain­si réal­isé le par­cours sans faute — qu’il annonçait déjà au milieu des années 90 dans son jour­nal sur inter­net — du jeune loup de province venu con­quérir Paris. Doté d’une cul­ture bour­geoise min­i­male, il aura slalomé avec suc­cès entre les périls qui men­a­cent les romanciers-jour­nal­istes dans son genre : de Beigbed­er à Gies­bert, il a tou­jours choisi avec soin ses par­rains, entre bran­chi­tude et nota­bil­ité. De même, on ne note jamais dans sa prose un mot plus haut que l’autre. Poli­tique­ment, il est libéral bon teint, con­cer­nant l’économie comme les mœurs, et incar­ne une droite décom­plexée mais pas trop, qui dis­tribue les bons points cul­turels du haut de ses heb­do­madaires pour CSP+. S’étant trou­vé une bonne cause à la BHL, celle du peu­ple bir­man en l’occurrence, qui ne mange pas de pain (la cause comme le peu­ple), il a tiré de ses voy­ages en des lieux exo­tiques rel­a­tive­ment pais­i­bles (Cuba, Thaï­lande, etc.) le fond de ses romans. Son per­son­nage picaresque et récur­rent, César, un dou­ble fan­tas­mé, n’est jamais totale­ment par­fait ni totale­ment ridicule : séduc­teur, avec un ver­nis de cul­ture et des références rocks, il devient le cliché du bobo parisien qui mouille la chemise kaki en vadrouille. Et fait mouiller la culotte des filles.

Parcours militant

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Publications

Romans
  • Désagrégé(e), 2000, Plon/Pocket
  • Inter­dit à toute femme ou femelle, 2002, Plon/Pocket
  • Généra­tion spon­tanée, 2004, Plon/Pocket
  • Bir­mane, 2007, Plon/Pocket
  • Plonger, 2013, Gallimard
  • Plonger, 2013, Gal­li­mard (adap­té au ciné­ma par Mélanie Lau­rent en 2017).
  • Croire au mer­veilleux, 2017,Paris, Gallimard
Autres
  • Ciels d’orage, entre­tiens avec Enki Bilal, 2011, Flammarion
  • Nuit espag­nole avec Adel Abdessemed, col­lec­tion Ma Nuit Au Musée, 2019, Stock
  • La Minute antique, Quand les Grecs et les Romains nous racon­tent notre époque, 2019, de l’Observatoire
Prix
  • Prix Edmée de La Rochefou­cauld 2001 pour Désagrégé(e)
  • Prix lit­téraire de la Voca­tion 2004 pour Généra­tion spontanée
  • Prix Vol de nuit 2004 pour Généra­tion spontanée
  • Prix Inter­al­lié 2007 pour Bir­mane
  • Grand prix du roman de l’A­cadémie française 2013 pour Plonger
  • Prix Renau­dot des lycéens 2013 pour Plonger

Collaborations

Il suc­cède à Michel Field dans l’animation du mag­a­zine lit­téraire de TF1 (dif­fusé plus tard sur NT1 et LCI) Au fil des mots entre sep­tem­bre 2015 et avril 2017, date de l’arrêt de l’émission.

Ce qu’il gagne

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Il a dit

« Aujour­d’hui, le par­adis est à portée de carte bleue. C’est peut-être pour ça que ce n’est pas le par­adis », Bir­mane.
« “On vit telle­ment sans amour, aujour­d’hui”. C’é­tait ter­ri­ble à enten­dre. Parce que je le pen­sais aus­si », Plonger.

« La vérité, ça n’existe pas, comme tous les abso­lus qu’on n’atteint jamais. Je ne peux que te don­ner Ma vérité ; impar­faite, par­tiale, mais com­ment faire autrement ? », ibid.

« Je ne crois pas en effet que notre époque puisse se racon­ter sous la forme d’un roman ; Il faut un min­i­mum de nar­ra­tion, et ce monde-ci, tou­jours entre­coupé par la récep­tion d’un SMS, d’un mail, ne racon­te plus grand-chose dans la longueur. La seule chose qui y soit con­tin­ue, c’est l’interruption », ibid.

« Ne nég­lige jamais ton corps. C’est ton instru­ment. Fais-le vibr­er, jouer, tires-en les plus belles sen­sa­tions. Tra­vaille-le pour qu’il soit beau, lumineux, svelte, pour qu’il se fau­file partout dans toutes les eaux. Fais en ton meilleur allié. Fais-le ray­on­ner. Exige tout de lui », ibid.

Sa nébuleuse

Franz-Olivi­er Gies­bert : Christophe Ono-dit-Biot doit presque toute sa car­rière à l’omnipotent patron du Point, qui l’aura imposé sur les plateaux télé.

Éliz­a­beth Tchoun­gui : l’animatrice fran­co-camer­ounaise lui a con­féré une grande notoriété télévi­suelle en le faisant inter­venir dans Avant-pre­mières, sur France 2.

Yann Moix  : comme lui, il est un provin­cial attiré par Saint-Ger­main-des-Prés et a tout ten­tée pour se hiss­er au-dessus de la pyra­mide lit­téraire. On ne s’étonnera donc pas que le jour­nal­iste cul­turel du Point ait été pen­dant une soirée chroniqueur dans l’émission où Moix offi­ci­ait précédem­ment, On n’est pas couché.

Ils ont dit de lui

« Exam­inons le cas du Point par exem­ple : com­ment accorder quelque soupçon de crédit intel­lectuel à sa récente inter­view pirate (numéro du 4 sep­tem­bre 2008, pp. 90–91) aus­si imag­i­naire que pro­fondé­ment stu­pide, avec Michel Houelle­becq ? Tout y pue la mal­honnêteté la plus indigne, la sot­tise, la paresse, la vengeance à deux francs six sous, le règle­ment de compte minable, en un mot, la vul­gar­ité, qualité qui sem­ble décidément l’une des mar­ques de Christophe Ono-Dit-Biot qui, il est vrai, salu­ant le mau­vais bouquin (qual­i­fié de «livre donut» par notre pitre ver­beux) de Yas­mi­na Reza sur Nico­las Sarkozy dont on nous encom­bra les oreilles et la vue (peut-être même le nez), explo­ra quelque trou noir intel­lectuel qui, c’est au moins la qualité des trous noirs véri­ta­bles, le dévora. », Juan Asen­sio, Stalk­er, 16/06/2011.

« Si j’é­tais aus­si malin que Christophe Ono-Dit-Biot, ma foi, je n’hésit­erais pas à faire de cha­cune de mes cri­tiques le trem­plin pub­lic­i­taire dis­cret mais effi­cace de ma par­faite con­nais­sance de l’art de vivre dans lequel tout bel homme mod­erne ne cul­ti­vant pas seule­ment son physique mais aus­si son intel­li­gence se doit de nag­er, comme un pois­son dans une riv­ière de Cham­pagne », Juan Asen­sio.

« Ceux qui ne par­ticipent pas aux con­férences de rédac­tion du Point ne le savent pas, mais Ono-dit-Biot a tou­jours été un fou des requins, ces pré­da­teurs débiles », Franz-Olivi­er Gies­bert, Le Point, 24 octo­bre 2013.

« Sur les migrants, le jour­nal­iste évoque la déesse Léto qui erre sur la Terre avec ses deux enfants Apol­lon et Artémis qui ont soif. Quand elle trou­ve une source, les habi­tants l’empêchent de se désaltérer, car “elle n’est pas d’ici », Fran­ce­in­fo, 31/10/2019.

Crédit pho­to : cap­ture d’écran vidéo Fon­da­tion Carti­er pour l’art con­tem­po­rain via Youtube (DR)

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