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Frictions : les bobos parlent aux bobos

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12 octobre 2022

Temps de lecture : 4 minutes
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Frictions : les bobos parlent aux bobos

Temps de lecture : 4 minutes

Depuis quelques années, le net voit pulluler des médias en ligne visant la jeunesse, cette dernière délaissant les médias traditionnels. Brut ou Konbini sont de parfaites illustrations de ce phénomène, voué à capter la jeunesse de gauche. En 2020, un autre support du même type est lancé : Frictions.

Voir aus­si : Brut de brut, le média social libéral lib­er­taire à succès

Frictions ?

Afin d’en savoir plus, nous sommes allés sur leur site (frictions.co). Pre­mière inter­ro­ga­tion : c’est quoi Fric­tions ? Un média en ligne qui se veut l’é­cho de « l’époque par l’in­time, à l’heure de la mon­di­al­i­sa­tion », au tra­vers de témoignages, de reportages, d’ar­ti­cles venus du monde entier. Plus loin, afin de dis­siper les quelques doutes que nous avions sur l’in­cli­nai­son poli­tique de la plate­forme, nous lisons les thèmes suiv­ants : « Fémin­isme, écolo­gie, lutte des class­es, iden­tités, élec­tions, nou­velles tech­nolo­gies. » Nous qui étions venus pour par­faire notre lex­ique de la tolérance, nous sommes au bon endroit.

Des angles bien centrés

Nous pour­suiv­ons notre nav­i­ga­tion et nous nous posons une deux­ième ques­tion : c’est quoi une fric­tion ? Nous apprenons qu’il s’ag­it « d’une série cen­trée autour d’un thème fort, déclinée sous une var­iété d’an­gles ». Nous apercevons alors quelques-unes de ces fric­tions et les thèmes lais­sent là-encore une idée assez claire du logi­ciel men­tal des rédac­teurs. Afin que le lecteur se fasse une idée voici quelques titres : La ban­lieue influ­ence le monde ; Toutes iden­tités con­fon­dues ; Love bet­ter ou encore Anorex­ie mon amie. Autant d’in­ti­t­ulés qui pour­raient laiss­er penser que nous sommes sur le cat­a­logue Net­flix et qui mon­trent le cœur de cible de ce média : la jeunesse gauchiste, antifas­ciste et antiraciste.

Nous nous déci­dons à lire un feuil­let du reportage sur les ban­lieues, inti­t­ulé Des révoltes de 2005 à aujour­d’hui, 15 ans d’é­tat d’ur­gence. Deux phras­es reti­en­nent notre atten­tion. Tout d’abord, lorsque l’ad­joint en charge de la ville de Clichy-sous-Bois depuis 2008 souligne : « Je préfère le mot révoltes. Le terme d’émeutes ren­voie à une con­tes­ta­tion gra­tu­ite du sys­tème répub­li­cain. » Assign­er le mot révoltes revient en effet à don­ner une sig­ni­fi­ca­tion poli­tique à ces émeutes causées par la mort de deux jeunes ayant refusé d’obtem­pér­er à un con­trôle de police. C’est lut­ter con­tre l’É­tat raciste, celui qui détient le mono­pole de la vio­lence, comme le dit Weber, et pas sim­ple­ment pour faire le spec­ta­cle dans le quarti­er. Seule­ment, plus bas, nous lisons le témoignage d’un de ces révoltés qui déclare : « Je n’avais pas de con­science poli­tique, mais en par­tic­i­pant aux révoltes, j’ai pu la dévelop­per. » Nous notons ici une oppo­si­tion entre les deux propo­si­tions, que les rédac­teurs ne relèvent vis­i­ble­ment pas, et nous sommes mor­dus par une ques­tion : pourquoi par­ticiper à ces événe­ments si ce n’est pas pour faire avancer une cause ? Pas sûr que la réponse plaise à nos frictionneurs.

Créteil, New York même combat !

Après ce petit tour, une dernière ques­tion nous taraude : qui sont les hommes der­rière ce site ? Une petite recherche sur le site nous donne deux noms : Walid Hajar Rache­di et Ryad Maouche. Ce sont les deux frères qui créent, en 2020, ce média d’in­for­ma­tion. Walid est romanci­er, final­iste du Goncourt en 2022 pour son livre Qu’est-ce que j’i­rais faire au par­adis ? D’o­rig­ine algéri­enne, il tra­vaille dans le dig­i­tal et mène une car­rière de chroniqueur en par­al­lèle. Il naît à Créteil, grandit dans le Val-de-Marne puis vit six ans en Amérique Latine, aux États-Unis, avant de s’in­staller à Lis­bonne. Une syn­thèse du déracin­e­ment, serait-on presque ten­té de dire. Son frère est jour­nal­iste. Un coup d’œil sur son pro­fil LinkedIn nous apprend qu’il a tra­vail­lé deux mois pour le Parisien, ensuite pour le New York Times et enfin pour Libéra­tion en 2017 avant de se fix­er pour un an sur BFM. Son cur­sus hon­o­rum du jour­nal­iste con­ven­tion­nel est qua­si­ment parfait.

Ce site appa­raît à l’im­age de ses auteurs, une pro­mo­tion du déracin­e­ment et de l’idéolo­gie de l’époque, tein­tée d’an­tiracisme et d’antifascisme, de fémin­isme, etc. Preuve sup­plé­men­taire que les chiens ne font pas des chats…

Voir aus­si : Brut, info­gra­phie