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Dépressions, harcèlement, dans les coulisses pas très propres de Quotidien de Yann Barthès

30 septembre 2024

Temps de lecture : 4 minutes
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Dépressions, harcèlement, dans les coulisses pas très propres de Quotidien de Yann Barthès

Temps de lecture : 4 minutes

À l’occasion d’une enquête menée par Télérama, le magazine Quotidien, porté par Yann Barthès, a été mis en cause pour des méthodes de « management décrié[es] ». La première étape vers le naufrage de l’émission progressiste ?

Du cool pas si cool

C’est un arti­cle de Téléra­ma, pub­lié le 23 sep­tem­bre 2024, qui a mis le feu aux poudres : l’émission Quo­ti­di­en, « la plus cool du PAF », aurait-elle des choses à cacher ? Der­rière les allures non­cha­lantes de son présen­ta­teur Yann Barthès, celui-ci est-il cor­rect avec ses collaborateurs ?

Pour l’enquêteur de l’hebdomadaire, qui évoque des cas de « souf­france au tra­vail, burn-out, man­age­ment défail­lant [et des] accu­sa­tions de har­cèle­ment », rien n’est moins sûr : « C’est une entre­prise de dingue avec des moyens de dingue…mais qui peut aus­si très facile­ment vous broy­er », con­fie anonymement un ancien cadre. Un autre témoin, mon­teur, sug­gère avoir été licen­cié par la pro­duc­tion (ndlr. Bangu­mi, créée par Yann Barthès et Lau­rent Bon) après avoir par­ticipé à un mou­ve­ment des inter­mit­tents de l’audiovisuel. Con­tre­dis­ant sa ver­sion, la pro­duc­tion évo­quera éva­sive­ment des « paus­es cig­a­rette pro­longées à des moments inop­por­tuns et d’autres dif­fi­cultés ren­con­trées dans le passé. » Deux de ses col­lab­o­ra­teurs pensent avoir été « black­listés » pour avoir apporté leur sou­tien au monteur.

Voir aus­si : Yann Barthès, le ricane­ment au Quo­ti­di­en, pre­mière brochure de l’Ojim

La Cour et ses courtisans

En dépit de ses leçons de moral per­ma­nentes, l’émission Quo­ti­di­en ne sem­ble pas s’appliquer les pré­ceptes qu’elle dis­pense. Le fonc­tion­nement très ver­ti­cal de la pro­duc­tion évo­quée dans l’article sem­ble d’ailleurs d’un autre temps. Lau­rent Bon, le co-créa­teur de la pro­duc­tion, est ain­si désigné comme le « roi Lau­rent », disponible pour « sa cour » seule­ment – ce que dément l’intéressé. « Atten­tion à ne pas tomber en dis­grâce : du jour au lende­main, tu peux être plus insignifi­ant qu’un pot de fleurs », explique à Téléra­ma un salarié. Soulig­nant que l’émission n’avait aucune con­damna­tion à son act­if, Bon dément aus­si l’accusation selon laque­lle les départs d’anciens jour­nal­istes vers d’autres cieux seraient perçus par la pro­duc­tion comme une « petite trahi­son ».

Faux humour et fausse impertinence

Une autre émis­sion du pro­duc­teur Bangu­mi est remise en ques­tion pour des méth­odes sim­i­laires : ain­si, un salarié de l’émission des Reportages de Mar­tin Weill sem­ble avoir fait l’objet d’une dépres­sion sérieuse. Il dénonçait dans une let­tre des « intim­i­da­tions, cri­tiques acerbes, gra­tu­ites, publiques, inces­santes » du jeune présen­ta­teur fétiche. Un présen­ta­teur qui avait déjà été épinglé par sa con­sœur Nas­sira el Moad­dem – elle-même non à l’abri de débor­de­ments — des con­duites « sex­istes », sus­cep­ti­bles de « racisme » et de har­cèle­ment lorsqu’ils étaient étu­di­ants à l’ESJ Lille. Dans cette pro­mo­tion, racon­te ain­si el Moad­dem, cer­tains de ces étu­di­ants « étaient revendiqués comme la preuve de leur “cooli­tude” et de leur imper­ti­nence. Leur logique : tout faire pass­er sous le ver­nis de l’humour. Une stratégie qui avait deux avan­tages : elle per­me­t­tait d’abord de s’en laver facile­ment les mains et elle dis­qual­i­fi­ait d’office ceux qui osaient s’y oppos­er ». Une descrip­tion assez proche, en somme, des agisse­ments de Quo­ti­di­en…

Avec une part d’audience de l’émission estimée à 1,3 mil­lion de téléspec­ta­teurs (6,9 % de part de marché), Quo­ti­di­en avait réal­isé le 2 sep­tem­bre sa meilleure ren­trée his­torique. Un chiffre qui dépasse l’émission con­cur­rente TMTP, qui a réu­ni 1,24 mil­lion de téléspec­ta­teurs en moyenne. Une rival­ité qui n’a pas empêché Cyril Hanouna d’apporter son sou­tien à l’émission de Barthès. Dénonçant les méth­odes pra­tiquées par les jour­nal­istes ayant enquêté sur l’émission de Barthès, l’animateur de TMTP a déclaré : « Pour moi il n’y a rien dedans ! Un anonyme qui dit ‘j’ai tra­vail­lé, chez Quo­ti­di­en et y’a un mec qui m’a dit pourquoi t’as mis des bas­kets fal­lait met­tre des mocassins’ je suis désolé, c’est comme le Com­plé­ment d’enquête sur moi… » Un sou­tien inat­ten­du du présen­ta­teur star de Canal +, à mi-chemin entre le bais­er de Judas et la défense de ses pairs.

Voir aus­si : Yann Barthès, portrait