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Censuré sur Twitter : entretien avec Grégory Roose

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26 avril 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Censuré sur Twitter : entretien avec Grégory Roose

Temps de lecture : 5 minutes

Grégory Roose est un influenceur politique, actif sur de nombreux comptes sociaux. Il est aussi auteur de nouvelles, comme Train de nuit. Nos lecteurs le connaissent déjà un peu : il avait accordé un entretien à Claude Chollet fin 2020. Nous lui avons posé quelques questions sur la censure dont il vient d’être la cible et sur la façon dont il a réagi.

Gré­go­ry Roose, pou­vez-vous vous présen­ter à nos lecteurs ?

Je me décrirais comme un écrivain assez act­if sur les réseaux soci­aux pour réa­gir et faire réa­gir face aux nom­breux dan­gers du pro­gres­sisme et du “wok­isme”, entre autres périls qui nous guettent.

Com­ment utilisez-vous Twit­ter, pourquoi et com­ment en avez-vous été évincé ? 

J’é­tais util­isa­teur act­if de Twit­ter depuis 2017 et m’en ser­vais pour pub­li­er mes réflex­ions sur l’ac­tu­al­ité, les men­aces qui pèsent sur notre société ain­si que des réac­tions, sou­vent sur le ton de l’hu­mour et du sar­casme, aux tweets d’autres util­isa­teurs, ce qui m’au­ra finale­ment valu le ban­nisse­ment défini­tif de cette com­mu­nauté virtuelle. Car la rai­son offi­cielle de mon évic­tion est d’avoir réa­gi avec sar­casme et las­si­tude à un arti­cle de Libéra­tion dans lequel une fémin­iste notoire pré­tendait le plus sérieuse­ment du monde être men­acée de mort en cas d’ar­rivée de Marine le Pen au pou­voir. Ma réac­tion à ce délire de per­sé­cu­tion érigé en out­il de pro­pa­gande par la presse mil­i­tante sub­ven­tion­née ? “On va encore devoir sup­port­er longtemps ces défi­cients men­taux ?”. Voilà. J’au­rais pu dire “ces imbé­ciles”, ce qui reve­nait à la même chose, mais un obscur mod­éra­teur de Twit­ter a obéi à un déla­teur en fer­mant mon compte défini­tive­ment pour ce “com­porte­ment haineux en rai­son d’un hand­i­cap”. Orwellien. Pen­dant ce temps, d’autres insul­tent, men­a­cent, har­cè­lent sans être inquiétés.

Avec plus de 38 000 abon­nés qui suiv­aient mon compte, Twit­ter était pour moi un for­mi­da­ble out­il de com­mu­ni­ca­tion et de mil­i­tan­tisme, cer­tains de mes tweets ayant pu être lus plus d’un mil­lion de fois et par­fois être repris dans la presse nationale. Ce fut notam­ment le cas lorsque j’ai lancé la péti­tion con­tre la venue de Médine au Bat­a­clan qui fut ensuite reprise par la presse et d’autres mil­i­tants ou quand j’ai pub­lié un pre­mier arti­cle sur ce qui deviendrait le scan­dale Nick Con­rad qui appelait à “tuer des bébés Blancs dans les crèch­es” et à “pen­dre leurs par­ents”. On notera que Twit­ter a sup­primé mon compte, mais celui de Nick Con­rad est tou­jours en ligne. Twit­ter inter­dit le sar­casme à l’é­gard une fémin­iste hys­térique, mais tolère l’ap­pel au géno­cide des Blancs.

Com­ment avez-vous répon­du à cette censure ?

J’ai fait appel, pour la forme, mais sans grand espoir d’être enten­du. Il fut uni­latérale­ment rejeté en 1 heure et 3 min­utes. Mon compte de sec­ours vient de subir le même sort, trois jours après son lance­ment. Pour­tant, j’ai démon­tré sans grande dif­fi­culté que cette cen­sure était abu­sive en ce que le tweet incrim­iné n’en­freignait pas le règle­ment de Twit­ter : je n’ai men­acé per­son­ne, ni appelé à la vio­lence, ni harcelé. Le dia­logue est impos­si­ble. Il me resterait bien la voie de la jus­tice, ce qui me coûterait beau­coup de temps et d’ar­gent pour un piètre résul­tat : même en cas d’im­prob­a­ble vic­toire, mon compte réac­tivé serait de nou­veau ban­ni au pre­mier crime de lèse-wok­isme. Le meilleur moyen de répon­dre à cette cen­sure est donc de pro­duire un tra­vail de qual­ité sur le long terme. Si j’y parviens, d’autres util­isa­teurs pour­raient pren­dre le relais en dif­fu­sant sur leur compte les réflex­ions qu’ils trou­veront per­ti­nentes, la sor­tie de mes nou­veaux livres ain­si que des extraits.

Quels con­seils don­ner­iez-vous à un util­isa­teur de Twitter ?

Chevauchez le tigre ! Utilisez l’arme des adver­saires à votre avan­tage ! L’hu­mour et le sar­casme restent selon moi la meilleure arme pour con­tourn­er la cen­sure des mod­éra­teurs tout en restant per­ti­nents. Ces moyens d’ex­pres­sion m’ont per­mis de sur­vivre longtemps en milieu hos­tile, mais le moin­dre écart de lan­gage sera fatal dans tous les cas. Twit­ter est, comme d’autres réseaux soci­aux, soumis à de très fortes pres­sions des autorités de l’UE pour faire des réseaux un espace exempt de toute cri­tique con­tre l’im­mi­gra­tion mas­sive, l’é­col­o­gisme dressé en reli­gion, l’or­dre établi, etc. L’U­nion vient d’ailleurs d’im­pos­er une régu­la­tion ren­for­cée et sous astreinte aux réseaux soci­aux comme Face­book, Insta­gram, Twit­ter ou Tik­Tok et aux sites de vente en ligne. Con­crète­ment, il sera demandé aux grandes plate­formes de sup­primer sous 24 heures tout con­tenu jugé “prob­lé­ma­tique”, notion volon­taire­ment vague, ce qui va met­tre en dan­ger la lib­erté d’expression et engen­dr­er une cen­sure encore plus exces­sive. La parole libre et la cri­tique, même con­struc­tive, sont com­pro­mis­es sur les réseaux sociaux.

Où peut-on vous retrou­ver maintenant ?

J’écris une chronique chaque semaine pour Valeurs actuelles et je con­tin­ue à com­mu­ni­quer active­ment sur mon site inter­net ain­si que sur Telegram, l’un des rares réseaux où la lib­erté de parole n’est pour l’in­stant pas totale­ment men­acée. Et pour ceux qui aiment la lec­ture, je prévois de sor­tir trois livres cette année, dont deux recueils de nouvelles.

Voir aus­si : Panique chez Big Broth­er : Elon Musk veut se pay­er Twitter