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Panique chez Big Brother : Elon Musk veut se payer Twitter

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20 avril 2022

Temps de lecture : 5 minutes
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Panique chez Big Brother : Elon Musk veut se payer Twitter

Temps de lecture : 5 minutes

Nous avons déjà parlé de l’OPA d’Elon Musk sur Twitter, une première incursion à 9% puis une OPA à 43 milliards de dollars. Notre correspondant en Amérique du Nord apporte un nouvel éclairage à cet assaut.

OPA/Appel au peuple

Ce n’est pas la pre­mière fois qu’un grand cap­i­tal­iste, ou une richissime cor­po­ra­tion, iden­ti­fie une entre­prise-proie, et traite directe­ment avec ses action­naires en une sorte d’appel au peu­ple hos­tile afin de faire un deal mano a mano pour pren­dre le con­trôle de ladite proie en forçant la main du con­seil d’administration et des dirigeants incom­pé­tents. Après tout, les affaires sont les affaires. Et, sans pren­dre le risque de l’inexactitude factuelle, il est plau­si­ble d’affirmer que les Titans et autres satrapes de l’Übercapitalisme mon­di­al sont accou­tumés à cette pra­tique qui per­met au renard d’entrer dans le poulailler. Les affaires sont les affaires, et la solide morale finan­cière de la main invis­i­ble d’Adam Smith étant ce qu’elle est, les entre­pris­es se doivent d’être inclu­sives, ouvertes sur le monde, et tolérantes à l’égard des nou­veaux entrants qui représen­tent une chance pour l’organisation. Faute de quoi, elles s’exposent à la rup­ture de grands rem­place­ments venus subite­ment de nulle part, ce qui est tout à fait légitime, et même souhaitable. Vae vic­tis!

Et pour­tant, l’Observatoire du Jour­nal­isme (Ojim) est choqué de con­stater, dans l’affaire Twitter/Musk, que les Titans ne sont pas inclusifs, qu’ils sont fer­més au monde, repliés sur eux-mêmes, et intolérants. De vul­gaires pop­ulistes répul­sifs et réfrac­taires au change­ment, en somme.

Explications et avenir de la civilisation

Il faut dire que l’homme le plus riche du monde, Elon Musk, génial entre­pre­neur et inno­va­teur, compte met­tre tout ce qu’il faut sur la table pour pren­dre le con­trôle de Twit­ter, élim­in­er ses dirigeants, et retir­er la com­pag­nie du marché bour­si­er. Et ce, pour un vil motif. Non pas par goût du lucre, mais afin de restau­r­er la con­fi­ance du pub­lic en la plate­forme, de plus en plus désertée par les per­son­nal­ités ou célébrités anx­ieuses de trou­ver un havre alter­natif. Ce qui obère l’avenir de l’entreprise. Donc, pour Musk, il s’agit de préserv­er ce forum (pub­lic square) qui était la rai­son d’être de la plate­forme Twit­ter. C’est en fait l’avenir de la civil­i­sa­tion qui est en jeu, ain­si qu’il l’a affir­mé lors de la récente con­férence TED de Van­cou­ver : “mon intu­ition me dit très forte­ment… que dis­pos­er d’une plate­forme publique qui soit absol­u­ment digne de con­fi­ance et très large­ment inclu­sive, est d’une extrême impor­tance pour l’avenir de notre civil­i­sa­tion… la vérité est impor­tante pour moi. C’en est presque pathologique.

Diabolisation structurée

Assis sur 260 mil­liards de dol­lars, Elon Musk était un homme “con­tro­ver­sé” mais respec­té, en tout cas jusqu’à la semaine du 11 avril 2022 ( son offre a offi­cielle­ment été présen­tée le 13 avril). Le cours de l’action, en chute pen­dant de longs mois, a pro­gressé de plus de 30% après le 4 avril, jour où Musk avait con­fir­mé qu’il avait acquis en deux semaines 10% du cap­i­tal, devenant l’actionnaire prin­ci­pal de Twit­ter). Avant cette date, les rumeurs avaient ger­mé, les médias de grand chemin sem­blaient inqui­ets, préoc­cupés. À ceci suc­cé­da une dia­boli­sa­tion struc­turée de l’entrepreneur, ravi­vant des flammes oubliées lorsqu’il fai­sait par­tie du club : ses remar­ques sur la ges­tion du Covid, les prob­lèmes que son util­i­sa­tion pro­lifique de Twit­ter auprès de ses 80 mil­lions d’adeptes avaient pu lui causer avec la com­mis­sion des opéra­tions de bourse (la SEC) au sujet de Tes­la, et les fuites qui s’ensuivirent.

Très vite, et pour faire bonne mesure, les com­men­taires ont ensuite débor­dé sur l’accusation de racisme , comme il se doit pour un sudafricain. Car Musk, ayant demandé à ses 80 mil­lions de suiveurs sur Twit­ter si la plate­forme favori­sait en l’état la libre expres­sion (avec une réponse mas­sive­ment néga­tive), vient de déclar­er la guerre au régime qui la lui ren­dra au cen­tu­ple. Tuck­er Carl­son résume assez bien ici la sit­u­a­tion : on a beau être le plus riche du monde, quand les oli­garchies ne le veu­lent pas, on ne passe pas. La résis­tance sera donc très forte. Musk le sait, et admet que son opéra­tion n’est pas gagnée.

La preuve en est que le prince al-Walid bin Talal, impor­tant action­naire de Twit­ter, s’oppose fer­me­ment à l’OPA d’Elon Musk. Il est ô com­bi­en ras­sur­ant de voir un représen­tant d’un pays allié, mem­bre de la coali­tion des défenseurs de la démoc­ra­tie con­tre la dic­tature dans le monde, faire bar­rage à cet investis­seur qui a tout l’air d’un Trump sous stéroïdes. En espérant qu’il n’en aura pas les défauts.

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