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Alliance de la Big Tech, du Big Business et de BlackLivesMatter pour l’élection de Biden, le Time lève le voile

30 juillet 2021

Temps de lecture : 6 minutes
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Alliance de la Big Tech, du Big Business et de BlackLivesMatter pour l’élection de Biden, le Time lève le voile

Temps de lecture : 6 minutes

Red­if­fu­sion esti­vale. Pre­mière dif­fu­sion le 14 févri­er 2021

Le magazine Time, un des hebdomadaires les plus vendus aux États-Unis, a publié le 4 février 2021 un long reportage intitulé « L’histoire secrète de la campagne de l’ombre qui a sauvé l’élection de 2020 ». Un éclairage étonnant sur l’alliance qui a permis l’élection de Biden et la défaite de Trump.

Time pro-démocrate

Pré­cisons pour com­mencer que le Time n’a rien d’un média pro-Trump, bien au con­traire. Il a d’ailleurs choisi de nom­mer Joe Biden et sa vice-prési­dent Kamala Har­ris « per­son­nes de l’année » pour 2020. Favor­able au camp démoc­rate et au mou­ve­ment d’extrême gauche, Black Lives Mat­ter (BLM), il décer­nait il y a peu le titre de « gar­di­enne de l’année » à Assa Tra­oré et s’était dis­tin­gué dans le passé par ses cou­ver­tures « gay-friend­ly ». Et d’ailleurs le Time décrit cette cam­pagne de l’ombre qui a sauvé l’élection de Biden pour s’en réjouir, même s’il valide en par­tie par la même occa­sion les thès­es « com­plo­tistes » de Don­ald Trump et de ses par­ti­sans, ce que n’ont pas man­qué de relever des médias con­ser­va­teurs comme Fox News, le New York Post ou Bre­it­bart.

Tricher, mais « pour la démocratie »

« Ce qui est fasci­nant, c’est ce que cela nous apprend sur l’effronterie de la gauche en général et sur les médias main­stream cor­rom­pus et men­songers en par­ti­c­uli­er : ils lais­sent main­tenant enten­dre qu’ils ont triché mais veu­lent que vous sachiez que tout va bien car ils le fai­saient non pas pour détru­ire la démoc­ra­tie mais pour la préserv­er et la ren­forcer. », a ain­si résumé la sit­u­a­tion James Del­ing­pole, édi­to­ri­al­iste vedette chez Bre­it­bart.

Fasci­nant en effet cet arti­cle de Mol­ly Ball dans le Time qui com­mence ainsi :

« Une chose étrange est sur­v­enue juste après l’élection du 3 novem­bre : il ne s’est rien passé ».

Il ne s’est rien passé, alors que les Améri­cains craig­naient des man­i­fes­ta­tions et des vio­lences dans un con­texte d’accusation de fraudes en prove­nance du camp Trump. Des accu­sa­tions liées au vote postal mas­sif qui se déroulait, dans cer­tains États gou­vernés par les Démoc­rates, avec des garanties jugées insuff­isantes par les Républicains.

Mais non, tout s’est bien passé, et le 7 novem­bre 2020 les grands médias améri­cains ont sacré Joe Biden vain­queur sans atten­dre les résul­tats défini­tifs puisque cer­tains États étaient encore en train d’effectuer un recompte des votes.

Autre sur­prise, selon le Time, le patronat améri­cain, y com­pris des chefs d’entreprise qui l’avaient soutenu jusqu’ici, l’a rapi­de­ment appelé à aban­don­ner les accu­sa­tions de fraude et recon­naître sa défaite. Le Time cite le prési­dent sortant :

« Tout cela était très, très étrange », a dit Trump le 2 décem­bre. « Quelques jours après l’élection, nous avons assisté à un effort coor­don­né pour con­sacr­er le gag­nant alors que de nom­breux États clés étaient encore en train de compter les votes ».

Conspiration en coulisses

« D’une cer­taine manière, Trump avait rai­son », con­clut la jour­nal­iste du Time : « Une con­spir­a­tion s’est déroulée en couliss­es (a con­spir­a­cy unfold­ing behind the scenes), qui a à la fois réduit les protes­ta­tions et coor­don­né la résis­tance des PDG. Ces deux sur­pris­es étaient le résul­tat d’une alliance informelle entre des mil­i­tants de gauche et des titans du monde des affaires. Le pacte a été offi­cial­isé dans une déc­la­ra­tion con­jointe laconique et peu remar­quée de la Cham­bre de com­merce améri­caine et de l’AFL-CIO, pub­liée le jour des élec­tions. Les deux par­ties en sont venues à con­sid­ér­er cela comme une sorte de marché implicite – inspiré par les protes­ta­tions mas­sives, par­fois destruc­tri­ces, de l’été en matière de jus­tice raciale – dans lequel les forces du tra­vail se sont unies aux forces du cap­i­tal pour main­tenir la paix et s’opposer à l’attaque de Trump con­tre la démoc­ra­tie. »

L’AFL-CIO, c’est le prin­ci­pal syn­di­cat de tra­vailleurs aux États-Unis, mais l’article du Time men­tionne aus­si par­mi les parte­naires de cette con­spir­a­tion des « organ­i­sa­tions lead­ers du Move­ment for Black Lives » (Mou­ve­ment pour les vies noires), dont fait par­tie Black Lives Mat­ter (BLM).

Certes, le Time affirme que l’objectif de cette alliance de l’ombre n’était pas de faire per­dre Trump mais d’assurer que l’élection se déroule bien et que son résul­tat soit accep­té par le plus grand nombre :

« Leur tra­vail a touché tous les aspects de l’élection. Ils ont amené les États à mod­i­fi­er les sys­tèmes et les lois élec­torales et ont con­tribué à garan­tir des cen­taines de mil­lions de dol­lars de finance­ment pub­lic et privé. Ils se sont opposés à des procès visant à empêch­er des électeurs de vot­er, ont recruté des armées de tra­vailleurs élec­toraux et ont amené des mil­lions de per­son­nes à vot­er par cor­re­spon­dance pour la pre­mière fois. Ils ont réus­si à faire pres­sion sur les sociétés de médias soci­aux pour qu’elles adoptent une ligne plus dure con­tre la dés­in­for­ma­tion et ont util­isé des straté­gies axées sur les don­nées pour lut­ter con­tre les cam­pagnes de diffama­tion virales. »

Des affaires diffusées… après l’élection

Par­mi ces straté­gies des médias soci­aux, on notera par exem­ple, ce que ne fait pas le Time, l’article du New York Post, sor­ti deux semaines avant l’élection, qui décrivait les pra­tiques dou­teuses de Joe Biden et de son fils Hunter en Ukraine quand Joe Biden était le vice-prési­dent de Barack Oba­ma. La dif­fu­sion de cet arti­cle avait été immé­di­ate­ment blo­quée sur les réseaux soci­aux et cachée aux Améri­cains par les grands médias jusqu’à après l’élection ou bien présen­tée comme une nou­velle ingérence russe de type « fake news ».

Com­men­taire sur Fox News après les révéla­tions du Time :

 « Un sondage de novem­bre a révélé que 4,6 % des électeurs de Biden n’auraient pas voté pour lui s’ils avaient été au courant du scan­dale Hunter Biden. Biden n’a bat­tu Trump que de 4,4% des voix ».

Influencer, orienter, contrôler

Et la jour­nal­iste du Time de con­clure ain­si sa longue intro­duc­tion, avant de don­ner moult détails sur cette cam­pagne de l’ombre « pour sauver l’élection 2020 » :

« C’est l’histoire intérieure de la con­spir­a­tion pour sauver les élec­tions de 2020, basée sur l’accès aux rouages internes du groupe, à des doc­u­ments inédits et à des inter­views de dizaines de per­son­nes impliquées de tous les hori­zons poli­tiques. C’est l’histoire d’une cam­pagne sans précé­dent, créa­tive et déter­minée, dont le suc­cès révèle égale­ment à quel point la nation a frôlé le désas­tre. “Toute ten­ta­tive d’interférer avec le bon déroule­ment de l’élection a été défaite”, déclare Ian Bassin, co-fon­da­teur de Pro­tect Democ­ra­cy, un groupe non par­ti­san de défense de l’État de droit. “Mais il est extrême­ment impor­tant que le pays com­prenne que cela ne s’est pas pro­duit acci­den­telle­ment. Le sys­tème n’a pas fonc­tion­né comme par magie. La démoc­ra­tie ne fonc­tionne pas seule”.
C’est pourquoi les par­tic­i­pants veu­lent que l’histoire secrète de l’élection de 2020 soit racon­tée, même si cela ressem­ble à un délire de fièvre para­noïaque, une cabale bien financée de per­son­nes puis­santes, appar­tenant à tous les secteurs et à toutes les idéolo­gies, tra­vail­lant ensem­ble en couliss­es pour influ­encer les per­cep­tions, chang­er les règles et les lois, ori­en­ter la cou­ver­ture médi­a­tique et con­trôler le flux d’informations. Ils ne truquaient pas l’élection, ils la for­ti­fi­aient. Et ils esti­ment que le pub­lic doit com­pren­dre la fragilité du sys­tème pour assur­er la péren­nité de la démoc­ra­tie en Amérique. 
»

Et c’est ain­si qu’Allah est grand, aurait con­clu Alexan­dre Vialatte.

(Les car­ac­tères en gras et les phras­es soulignées sont de l’Obser­va­toire du Jour­nal­isme).