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Accueil | Portraits | Samuel Laurent

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23 mai 2021

Temps de lecture : 18 minutes

23 mai 2021

Accueil | Portraits | Samuel Laurent

Samuel Laurent

Temps de lecture : 18 minutes

L’ancien automate de la pensée algorithmique

« Nos arti­cles sont con­stru­its avant tout autour de faits les plus objec­tifs pos­si­bles : sta­tis­tiques, chiffres, lois, dates, faits, sont notre matéri­au pre­mier. Nous four­nissons des faits, nous ne faisons pas de jour­nal­isme spécu­latif, nous ne don­nons pas notre avis ». Pre­mier arti­cle de la Charte des « Décodeurs »

« Les argu­ments de la Manif pour Tous sont mau­vais ». Samuel Lau­rent, ex coor­di­na­teur de la rubrique « Les Décodeurs ».

Journaliste au Monde.fr, dont il intègre le service politique en 2010, Samuel Laurent fut le coordinateur de l’appareil de fact checking du quotidien, Les Décodeurs. Il était par ailleurs un grand habitué du réseau social Twitter, sur lequel il interagissait fréquemment avec ses admirateurs et ses détracteurs. Il a depuis renié Twitter, qualifié de monstre.

En effet, c’est en véri­ta­ble cyborg de la pen­sée automa­tique que se com­porte le pape virtuel de la Vérité chiffrée. Son logi­ciel ne sem­ble com­porter que trois modes bien dis­tincts : con­de­scen­dance, déri­sion, auto-satisfaction.

Ain­si il sera fréquent de le voir qual­i­fi­er le moin­dre de ses con­tra­dicteurs (non-jour­nal­iste, cela va sans dire) d’être un « relou », un « troll » et par voie de con­séquence d’être ostracisé de son univers virtuel sans aspérités. Samuel Lau­rent a en effet ten­dance à « blo­quer » toute per­son­ne qui émet­trait une cri­tique un tant soit peu rad­i­cale à l’en­con­tre de son tra­vail et de ses par­ti-pris. Dans sa sim­u­la­tion du réel aug­men­té 2.0, nul doute que le grand ama­teur de chiffres, de courbes et de vérités math­é­ma­tiques récon­for­t­antes n’a guère de temps pour se con­sacr­er à l’analyse.

Car la pro­gram­ma­tion de l’an­droïde sem­ble le priv­er de toute fac­ulté cri­tique. La mise en rela­tion des abstrac­tions sta­tis­tiques avec la réal­ité con­crète sem­ble sor­tir de son champ des pos­si­bles algo­rith­miques. S’il admet lui-même les lim­i­ta­tions de telles méth­odes, Samuel Lau­rent ne manque toute­fois pas une occa­sion d’en faire un argu­ment d’au­torité suprême à l’en­con­tre d’une société française repliée sur elle-même, pleine de préjugés et d’idées reçues, deux con­cepts phares du « jour­nal­isme de réé­d­u­ca­tion » dont Samuel Lau­rent est un digne représentant.

Mais entre le monde de la vir­tu­al­ité recon­fig­urée et celui, décidé­ment bien tenace, de l’inéluctable réel, la frac­ture est béante. Il fau­dra peut-être une mise à jour logi­cielle au jour­nal­iste automa­tique pour en saisir la pro­fondeur. Il sem­ble l’avoir com­pris en quit­tant les Décodeurs et en pub­liant un ouvrage très cri­tique sur Twit­ter, « J’ai vu naître le mon­stre, twit­ter va-t-il tuer la #démoc­ra­tie ? » Les Arènes, 2021

Formation

Samuel Lau­rent obtient une licence d’his­toire con­tem­po­raine à l’U­ni­ver­sité Greno­ble 2 Pierre Mendès-France à la fin des années 1990. De 2000 à 2006, il étudie la com­mu­ni­ca­tion (maîtrise d’In­for­ma­tion-Com­mu­ni­ca­tion obtenue à l’U­ni­ver­sité Greno­ble 3 Stend­hal) avant d’être diplômé en jour­nal­isme à l’École de jour­nal­isme de Grenoble.

Parcours professionnel

D’emblée, Samuel Lau­rent débute une car­rière de jour­nal­iste web : de 2006 à 2010 il fait par­tie de la rédac­tion du Figaro.fr. En 2010 il rejoint le ser­vice poli­tique du Monde.fr, il con­tribue aus­si au blog Les Décodeurs, ancêtre de l’actuelle rubrique éponyme de fact check­ing, dont il est respon­s­able. Depuis le début 2014, il par­ticipe de manière ponctuelle à l’émis­sion heb­do­madaire « La poli­tique c’est net » dif­fusée sur Pub­lic Sénat.

Suite à sa défaite dans le procès en diffama­tion inten­té par Olivi­er Berruy­er à son encon­tre (le décodeur en chef avait reproché au blogueur d’avoir sup­primé plusieurs cen­taines de ses pro­pres arti­cles pour dis­simuler des erreurs), le jour­nal­iste quitte la rubrique des Décodeurs en juil­let 2019 pour rejoin­dre la cel­lule inves­ti­ga­tion du Monde. A cette occa­sion, il quitte égale­ment l’équipe de chroniqueurs de C à vous, qu’il avait rejointe en 2017.

Faits notoires

Samuel Lau­rent a pub­lié de nom­breux arti­cles sur des thèmes sus­ci­tant l’in­quié­tude d’une frange plus ou moins con­ser­va­trice de la pop­u­la­tion. Ce qui l’a amené à dis­sé­quer la con­tes­ta­tion de la Manif pour tous. Fin 2014, on pou­vait ain­si lire sur Les Décodeurs un arti­cle inti­t­ulé « Les mau­vais argu­ments de la Manif pour tous ». Dans ce texte, Samuel Lau­rent développe une argu­men­ta­tion prin­ci­pale­ment juridique à l’en­con­tre des ten­ants de l’ab­ro­ga­tion du mariage homo­sex­uel. Il y avance par exem­ple que l’ab­ro­ga­tion de la loi Taubi­ra serait un fait « juridique­ment aber­rant », car on comp­tait, début 2014, pas moins de 7000 cou­ples homo­sex­uels unis en mairie. S’il pré­cise bien que le col­lec­tif en ques­tion ne demande pas la rétroac­tion de la loi, il estime tout de même utile de revenir sur le car­ac­tère irréal­is­able de cette propo­si­tion hypothé­tique, manière d’a­jouter arti­fi­cielle­ment du poids à son argu­men­taire. L’ab­ro­ga­tion, pour ceux qui la défendraient tout de même, est jugée non con­forme au droit, « avec ain­si la forte prob­a­bil­ité qu’un cou­ple s’es­ti­mant lésé se porte devant la Cour européenne des droits de l’homme ». Sur cette ingérence du droit supra­na­tion­al, il ne fau­dra pas atten­dre de pondéra­tion de la part de Samuel Lau­rent, encore moins une sim­ple recon­nais­sance du car­ac­tère poten­tielle­ment illégitime de cette « envie de pénal » pour repren­dre le bon mot de l’écrivain Philippe Muray.

Enfin, lorsqu’il est ques­tion de pro­duire une analyse poli­tique des con­séquences d’une telle abro­ga­tion, c’est l’in­stru­ment (dont la per­ti­nence est décidé­ment très vari­able selon les résul­tats four­nis) des sondages qui est util­isé comme mètre étalon. Le jour­nal­iste explique en effet qu’une majorité des Français reste opposé à l’ab­ro­ga­tion de la loi Taubi­ra. Peu importe si le col­lec­tif de la Manif pour tous a été à l’o­rig­ine des man­i­fes­ta­tions les plus con­sid­érables de ces dernières années. Et qu’une autre par­tie de la pop­u­la­tion, con­sid­érable pour quiconque fréquente le monde réel et pas unique­ment son desk de la rédac­tion, estime que se préoc­cu­per de tels sujets dans un con­texte économique et social gravis­sime rel­e­vait de l’indé­cence pure et sim­ple. Mais le réel, face aux chiffres, est dérisoire.

Lorsqu’il est ques­tion de décon­stru­ire les « fan­tasmes » sur la théorie du genre (l’emploi d’un terme lié au con­cept du désir per­met d’emblée de faire des «anti-gen­der» des per­vers à la recherche d’un antag­o­nisme à leur mesure), Samuel Lau­rent est aus­si à la pointe de l’in­no­va­tion rhé­torique. Bien évidem­ment, il s’ag­it d’une notion « forgée par ses détracteurs », qui amal­ga­ment plusieurs études uni­ver­si­taires por­tant sur le sujet, en les assim­i­lant à une théorie unifiée, et à une idéolo­gie du genre. Il importe peu au jour­nal­iste que toutes parta­gent de nom­breux fon­da­men­taux, ou que la min­istre actuelle de l’é­d­u­ca­tion, Najat Val­laud-Belka­cem, ait elle-même util­isé le terme en ques­tion dans une inter­view au jour­nal 20 min­utes en 2011. Par­ler d’une « théorie » pour désign­er les nom­breux par­a­digmes partagés par des intel­lectuels, est-ce à ce point abusif ? Dès lors, il faudrait cess­er de par­ler d’ex­is­ten­tial­isme, de la théorie cri­tique, du marx­isme. Après tout, il sub­siste des dif­férences majeures entre Kierkegaard et Sartre, entre Adorno et Ben­jamin, entre Marx et Lukacs… il ne fait aucun doute à l’O­jim que Samuel Lau­rent maîtrise par­faite­ment ces références et peut donc saisir le bien fondé des argu­ments ici avancés. En tous les cas il sem­ble que ce point demeure sujet à la dis­cus­sion et à la con­tro­verse. «On peut estimer que ce n’est pas là le rôle de l’é­cole», con­clut Samuel Lau­rent. Mais à la lec­ture de ses analy­ses « péd­a­gogiques », l’im­pres­sion demeure qu’il n’est pos­si­ble de réfléchir à ces ques­tions que dans un cadre savam­ment élaboré par le jour­nal­iste du Monde.

Le 3 novem­bre 2017, il s’en prend verte­ment dans un C à Vous (France 5) con­sacré au fact check­ing à Sébastien Jal­lamion, ancien polici­er et mil­i­tant con­tre l’islamisation – et acces­soire­ment con­tribu­teur de Riposte Laïque.

Le jour­nal­iste sem­ble égale­ment émet­tre des affir­ma­tions à l’emporte-pièce lorsqu’il est ques­tion du RN et de Marine Le Pen, ce qui n’étonnera per­son­ne :  « En mars 2018, des « migrants » clan­des­tins, aidés par des mil­i­tants de gauche, envahissent et squat­tent la basilique Saint-Denis, nécro­p­ole des rois de France. Ils poussent des cris et provo­quent lannu­la­tion de la messe du soir. Mais la seule chose qui fasse réa­gir les Décodeurs, cest lutil­i­sa­tion par Marine Le Pen du terme « pro­fa­na­tion » pour décrire ces actes. Ils pon­dent ain­si un arti­cle ten­tant de minor­er les faits, avant daffirmer que « pro­fan­er » na aucune exis­tence légale en France, ce qui est faux. Quand le site Fdesin­tox les reprend une nou­velle fois de volée, rap­pelant que le délit de pro­fa­na­tion est puni dun an de prison et de 15 000 euros damende, les Décodeurs doivent à nou­veau mod­i­fi­er leur arti­cle, via l’« ajout dune pré­ci­sion ». Énième euphémisme après « Fake News ». Spécialité de la mai­son. » (Damo­cles)

En avril 2018, il est épinglé par Médias-Presse-Info pour avoir con­fon­du les apa­trides – prin­ci­pale­ment des descen­dants de réfugiés pales­tiniens – et les réfugiés accueil­lis par les Pays du Golfe. Il dit en effet « les pays du Golfe sont pas les plus accueil­lants au niveau des réfugiés au monde, mais ils en accueil­lent. Le Koweït par exem­ple, ce sont tou­jours les mêmes chiffres de 2015, 94000 réfugiés accueil­lis. L’Arabie Saou­dite, 70.000. Et même un petit pays comme le Qatar accueille env­i­ron 1500 réfugiés ». En réal­ité, « les vrais chiffres des réfugiés accueil­lis en 2016 y sont : 939 pour le Koweït, 140 pour l’Arabie Saou­dite et 177 pour le Qatar », rec­ti­fie Médias-Presse-Infos. Il suff­i­sait de regarder la bonne colonne du rap­port 2016 du Haut-Com­mis­sari­at aux Réfugiés des Nations Unies (UNHCR), aux pages 60 à 64…

Ce qu’il gagne

Selon Slate.fr, en 2013 un jour­nal­iste tit­u­laire de sa carte de presse au Monde.fr était rémunéré 2900 bruts men­su­els. Rap­pelons que Samuel Lau­rent a été le respon­s­able de la rubrique Décodeurs, son salaire est sans doute supérieur.

Il l’a dit

« Il y a plein de lim­ites au fact check­ing. Qu’est-ce qu’on choisit, qu’est-ce qu’on oublie, qu’est-ce qu’on passe sous le spec­tre ? Dans quelle mesure dire quelque chose de faux, c’est men­tir, est-ce que ça ne peut pas être se tromper ? Dans quelle mesure on peut établir une gra­da­tion entre l’in­ten­tion­nal­ité de men­tir, et le fait de faire une erreur de chiffre ? […] En plus, c’est quelque part, une aber­ra­tion, puisque le jour­nal­isme devrait être en per­ma­nence du fact check­ing », Assis­es du jour­nal­isme, 2013.

Au sujet de la théorie du genre : «Il n’y a pas de théorie du genre donc on ne risque pas de l’en­seign­er. […] Il y a des études de genre qui vien­nent des Etats-Unis, qui sont des études uni­ver­si­taires qui visaient à décon­stru­ire les stéréo­types hommes-femmes pour bien com­pren­dre les raisons des iné­gal­ités hommes-femmes. Ces travaux ser­vent de matéri­au pour tout ce qui con­cerne l’é­gal­ité hommes-femmes à l’é­cole. […] C’est pas nou­veau, cela a été ini­tié par Luc Cha­tel en 2011. Rien de tout ça n’est nou­veau ! C’est pas les social­istes qui, en arrivant… ce qui est nou­veau, c’est les ABC du genre, un matériel péd­a­gogique expéri­men­té dans cer­taines écoles […] qui sont des manuels pour expli­quer ce que sont les statuts d’hommes et de femmes dans la société, etc.», La poli­tique c’est net, Pub­lic Sénat, févri­er 2014.

« Aujour­d’hui on voit qu’il y a une perte de crédi­bil­ité des médias, et c’est vrai­ment effrayant, parce que ce site de types, qui sont des sites mil­i­tants, sont jugés plus crédi­bles. Notam­ment parce que vous recevez par Face­book, par votre ami à qui vous faîtes con­fi­ance. Alors que si c’est TF1, Le Monde vous vous dîtes que c’est des médias biaisés, à la sol­de du pou­voir, etc.», ibid.

Au sujet d’une enquête sur la Manif pour tous : «Je ne le dis pas sou­vent, mais là je suis plutôt con­tent de ma petite enquête…», Twit­ter, 21 mars 2013.

https://twitter.com/samuellaurent/status/314759424088612865

« Relevons d’abord que, on le voit d’ailleurs à l’im­age, M. Zem­mour prend sa source sur le site d’Alain Soral, Egal­ité et réc­on­cil­i­a­tion, grou­pus­cule d’ex­trême droite à l’o­rig­ine de la cam­pagne pous­sant les par­ents à retir­er leurs enfants de l’é­cole. […] Oui, il existe un ser­vice bap­tisé Ligne azur. […] Oui, il existe un parte­nar­i­at entre Ligne azur et l’Éducation nationale », Les Décodeurs, 4 févri­er 2014.

« À la base nous fai­sions de la véri­fi­ca­tion du pro­pos poli­tique. Du « fact check­ing » clas­sique. Et puis de plus en plus, nous nous sommes mis à véri­fi­er des rumeurs. Je pense qu’il y en a tou­jours eu autant, mais elles étaient sans doute moins crues avant. En faisant cela, on s’aperçoit vite qu’on ne peut pas en faire 150 par jour, alors qu’il y en a 150 par jour. Les « fake news » prof­i­tent du fait que sur Inter­net, les usages changent. Sur une time­line Face­book, vous n’avez pas le même effet de hiérar­chie de l’in­for­ma­tion que sur un site d’in­for­ma­tion clas­sique », Le Petit Jour­nal, mars 2017

« Inter­net a tou­jours été un espace de lib­erté absolue de l’in­for­ma­tion. Tout ce qu’on peut faire en matière de régu­la­tion est tou­jours très mal accueil­li. Il y a donc une cri­tique un peu générique qu’on attendait […] notre démarche est une démarche ouverte, nous n’avons pas écrit les Tables de la Loi. On a essayé de penser un out­il pour le plus grand nom­bre, et nous n’avons pas réfléchi l’outil pour com­plaire à la cri­tique des médias ou d’un uni­ver­si­taire Bac+8 », ibid.

« Notre souci n’est pas de juger les autres médias, de met­tre une mau­vaise note au Point ou à l’Ex­press par exem­ple », ibid.

« La frac­ture n’est pas nou­velle. Si vous regardez la courbe de con­fi­ance dans les médias elle est à 30 depuis une ving­taine d’an­nées et ça n’a pas bougé. Il y a aus­si une frac­ture des élites français­es. C’est ce qu’on appelle la crise de la représen­ta­tion. Les médias sont assim­ilés à l’élite et donc ils sont rejetés. Cette frac­ture se con­somme d’au­tant plus qu’il y a une offre con­cur­rente qui se développe sur Inter­net », ibid.

« Peut-être ! Le fait d’ori­en­ter les gens sur de bonnes sources fait de plus en plus par­tie de notre tra­vail, qui est bien celui de la médi­a­tion. Le prob­lème, c’est com­ment assur­er cette médi­a­tion dans une époque qui n’en veut plus ? », ibid.

« Cette loi [sur les fake news] est inutile et dan­gereuse, elle rate une grosse par­tie de sa cible qui est l’économie de la fake news, c’est-à-dire les GAFAM [acronyme de Google Apple Face­book Ama­zon Microsoft] », France Info, 08/06/2018.

« Après tout si je pense que c’est un laser satel­lite dirigé par les nazis de la face cachée de la Lune qui a mis le feu à Notre Dame, c’est mon droit de le dire, non ? », Twit­ter, 17/04/2019.

Sur le Decodex « J’ai beau me débat­tre, après quelques semaines, je dois en con­venir : ce lance­ment est un échec… Le Monde a voulu label­lis­er l’information, ce n’était pas son rôle »
Extrait du chapitre, le Décodex, ou l’histoire d’une ten­ta­tive ratée dans son livre « J’ai vu naître le mon­stre, twit­ter va-t-il tuer la #démoc­ra­tie ? » (Les Arènes, 2021, p187)

Ils/elles l’ont dit

« Il y a quelque chose de dérisoire à vouloir prou­ver quelque chose avec une masse indis­tincte de chiffres : comme si eux étaient la vérité, et tous les autres qui s’en méfient de vul­gaires igno­rants. Quelque chose de dérisoire et d’in­fan­tile », Lec­trice des Décodeurs, com­men­taire posté au bas de l’ar­ti­cle «7 idées reçues sur l’im­mi­gra­tion».

« Intox, dés­in­tox, décodeur, Le Monde a dépêché son plus fin lim­i­er en la per­son­ne de Samuel Lau­rent (celui qui réécrit la réal­ité) pour démon­ter les “élu­cubra­tions d’Er­ic Zem­mour” à pro­pos de l’ex­péri­men­ta­tion du gen­der dans les écoles. Au pas­sage, il se per­met d’é­gratign­er Le Salon Beige qui accu­sait Ligne Azur de “banalis­er la pédophilie”. Le lien du Monde ren­voie vers une cap­ture d’écran d’un ordi­na­teur du Sénat, où l’ac­cès à la ligne Azur est inter­dit car trop… sex­uelle. Dans les écoles, en revanche, c’est un accès autorisé et même recom­mandé. Il faut rap­pel­er en effet, puisque Samuel Lau­rent ne le fait pas, que la Ligne Azur définis­sait la déviance crim­inelle qu’est la pédophilie comme l’“atti­rance sex­uelle pour les enfants, quelle que soit l’orientation sex­uelle de la per­son­ne”. Ni plus ni moins. Comme une ten­dance sex­uelle par­mi d’autres. Il est vrai que sur ce grave sujet, le quo­ti­di­en Le Monde n’a jamais été très clair, c’est le moins que l’on puisse dire », Le Salon Beige, 5 févri­er 2014.

« C’é­tait sans doute l’un des grands papiers de la car­rière de Samuel Lau­rent, jour­nal­iste au “quo­ti­di­en français de référence” Le Monde, Samuel Lau­rent qui se présente lui-même sur Twit­ter comme “Jour­nal­iste et appeau à trolls @lemondefr. Spé­cial­ités de poli­tiques publiques, véri­fi­ca­tions factuelles et papiers à graphes, gros, demi-gros, détail”. Pas­sons sur le peu de cas que notre con­frère sem­ble faire de son tra­vail, qu’il sem­ble débiter à la chaîne comme un bouch­er — méti­er fort noble au demeu­rant — débite de l’en­trecôte à la hache. Non, ce qui est intéres­sant chez Samuel Lau­rent, c’est qu’il s’érige en don­neur de leçons jour­nal­is­tiques dans ce papi­er “Valérie Tri­er­weil­er et les vas­es de Sèvres, itinéraire d’une intox”. Allez y jeter un œil, cela per­me­t­tra à son auteur de dire à son rédac­teur en chef qu’il a fait un peu d’au­di­ence grâce à son papi­er, quand bien même celui-ci est truf­fé de non-dits et d’er­reurs factuelles. Dom­mage pour celui qui se revendique juste­ment “spé­cial­iste des véri­fi­ca­tions factuelles” !», Economie-matin.fr, 23 jan­vi­er 2014.

« Samuel Lau­rent, le respon­s­able en ques­tion, a donc pris le clavier lui-même pour rédi­ger un arti­cle sobre­ment inti­t­ulé “Les mau­vais argu­ments de la Manif pour Tous”, sans pren­dre par­ti. La charte des « Décodeurs », disponible sur le site, indique en effet noir sur blanc, dès son pre­mier arti­cle : “Nous ne faisons pas de jour­nal­isme spécu­latif. Nous ne don­nons pas notre avis.” Ouf. Par­fois, avouons-le, il nous est arrivé de nous deman­der si pareille chose était humaine­ment pos­si­ble. Notre preux cheva­lier de l’information le prou­ve, béni soit son nom.
Tout à son tra­vail de cor­rec­tion des erreurs des autres, Samuel Lau­rent fait bête­ment la pre­mière faute de con­ju­gai­son que l’on apprend à éviter en école de jour­nal­isme (« S’en est suiv­ie », au lieu de « s’est ensuiv­ie »), mais il serait mal­venu de lui en tenir rigueur. On n’a pas tou­jours le temps de véri­fi­er chaque tour­nure de phrase dans son Bescherelle. L’important, c’est qu’un pro­fes­sion­nel encar­té de sa trempe soit irréprochable en ter­mes de neu­tral­ité. Que jamais le com­men­taire ne prenne le pas sur le fait, rigoureuse­ment et exclu­sive­ment rap­porté, dans sa nudité la plus crue. Exem­ple : les argu­ments de la Manif pour Tous sont mauvais.
Ses argu­ments ne sont pas faux, dis­cuta­bles ou impré­cis. Non, ils sont mau­vais. Samuel Lau­rent sait ce qui est bon et ce qui est mau­vais. C’est comme ça. C’est un fait
», Causeur, 4 octo­bre 2014.

Commentaires de lecteurs du Monde.fr, au sujet de son enquête sur la Manif pour tous

« Avez-vous fait le même type d’en­quête à pro­pos des asso­ci­a­tions qui man­i­fes­tent en faveur du mariage pour tous ?», André Labarriere

« Il y a six semaines, nous étions quelques uns à deman­der à M. Lau­rent la même enquête sur la mou­vance pro-mariage gay, c’est-à-dire LGBT et con­sorts (effec­tifs, sub­ven­tions reçues). En six semaines, tout de même ! Mais nous ne voyons rien venir », «Mamisa»

« Je ne suis pas opposé au mariage homo­sex­uel, mais j’at­tends avec impa­tience le même tra­vail sur la prochaine man­i­fes­ta­tion sur une ques­tion sociale. J’at­tends le même tra­vail sur le thème de la représen­ta­tiv­ité des syn­di­cats en France (la plus faible de l’OCDE avec 8%) par rap­port au rôle qui leurs est don­né. Bref, j’at­tends un jour­nal non biaisé qui ose l’in­ves­ti­ga­tion dans tous les cas », «Dans l’autre sens»

« Suis-je le seul à m’é­ton­ner d’in­co­hérences fla­grantes ? Pour ne citer qu’un exem­ple, la men­tion au pre­mier para­graphe de 37 asso­ci­a­tions coor­gan­isatri­ces, au sec­ond de 30 (“en véri­fi­ant l’ex­is­tence de cha­cune des trente asso­ci­a­tions coor­gan­isatri­ces”) le tout pour un tableau à 36 entrées… WTF ? Va fal­loir que l’on m’ex­plique la per­ti­nence d’un tra­vail effec­tué, sem­ble-t-il, très à l’ar­rache. Com­ment peut-on par­venir à des chiffres, graphes, ou camem­berts val­ables de la sorte ?», «Johon»

« Comme j’au­rais aimé que ce “jour­nal­iste d’in­ves­ti­ga­tion” (alors, on réem­bauche Edwy Plenel et on con­tin­ue la dégringo­lade du Monde ?) ait fait le même tra­vail mais sur d’autres mou­ve­ments pop­u­laires; j’at­tends encore un tra­vail sim­i­laire sur les com­posantes trot­skystes et autres de l’Ex­trême-Gauche et de la Gauche; oh qu’il sera intéres­sant d’avoir une analyse aus­si fouil­lée de l’o­rig­ine idéologique des élus PS … Chiche !», Philippe Fer­ras

« Cet arti­cle du Monde est inquié­tant. Si l’on est d’ac­cord pour dire qu’un tra­vail de jour­nal­iste doit aider à pren­dre du recul pour com­pren­dre une posi­tion ou un événe­ment, on doit dire que ce tra­vail est indigne d’un jour­nal­iste. Analyse à charge, sophismes basés sur la reli­gion, pas d’é­gal­ité de traite­ment entre pro et anti pro­jet… Cela rap­pelle l’af­faire des fich­es et cela fait peur. Le Monde reprend toi ! Le jour­nal­isme, c’est le con­tact et la dis­tance (Hubert Beuve-Méry) et la morale !», «Antoine»

Crédit pho­to : Twitter@samuellaurent

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