Ojim.fr
Veille médias
Dossiers
Portraits
Infographies
Vidéos
Faire un don
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
PUBLICATIONS
Yann Barthès, Dilcrah, Netflix, Frontex, Bellingcat... Découvrez les publications papier et numériques de l'Observatoire du journalisme.
→ En savoir plus
Accueil | Portraits | Geoffroy Lejeune

Le portrait que vous allez lire est gratuit. Mais il a un coût. Un article revient à 50 €, un portrait à 100 €, un dossier à 400 €. Notre indépendance repose sur vos dons. Après déduction fiscale un don de 100 € revient à 34 €. Merci de votre soutien, sans lui nous disparaîtrions.

22 août 2023

Temps de lecture : 22 minutes

22 août 2023

Accueil | Portraits | Geoffroy Lejeune

Geoffroy Lejeune

Temps de lecture : 22 minutes

Rastignac de la droite

Né en 1988, journaliste et auteur Geoffroy Lejeune fait une carrière fulgurante. En mai 2016, à seulement 28 ans, il est catapulté rédacteur en chef de l’hebdomadaire Valeurs actuelles. Il remplace à ce poste Yves de Kerdrel, son mentor, qui assurait l’intérim depuis le départ d’Éric Branca en 2015. Sur la sellette et sur le point d’être remplacé par Jean-Michel Salvator à l’automne 2022, il est confirmé comme directeur de la rédaction mais perd son titre au Directoire de Valmonde et de directeur de la publication tout en lançant une vigoureuse campagne qui rapporte 5.000 abonnements. Le propriétaire du journal, Iskandar Safa, irrité par un ton trop violemment anti-Macron, le prive de son poste de directeur de la rédaction début juin 2023, préalable à un licenciement. Ce dernier est confirmé le 19 juin, son adjoint Tugdual Denis lui succède à la direction de la rédaction. Le 22 juin on apprend que Geoffroy Lejeune aurait été sollicité pour prendre la direction du Journal du dimanche, le JDD tombé dans l’escarcelle de Bolloré.

À un an des élec­tions prési­den­tielles de 2017, c’était une con­sécra­tion pour ce jour­nal­iste très jeune mais infor­mé, dis­cret et pro­fes­sion­nel. Il est alors l’auteur d’un roman de poli­tique-fic­tion imag­i­nant une can­di­da­ture d’union des droites autour d’Éric Zem­mour à la prési­den­tielle de 2017. Le roman con­tient en fil­igrane une analyse pointue de la tec­tonique des plaques à droite et com­porte quelques épisodes que l’on peut qual­i­fi­er de visionnaires.

Formation

Après des études de droit à l’université de Mar­seille, Geof­froy Leje­une intè­gre l’École Supérieure de Jour­nal­isme de Paris (ESJ), dont il sort diplômé en 2011.

Parcours professionnel

Geof­froy Leje­une décou­vre les couliss­es de la poli­tique en rem­plis­sant, en par­al­lèle de ses études, le rôle d’attaché par­lemen­taire pour un député UMP des Bouches-du-Rhône.

Après son école de jour­nal­isme, il fait ses class­es au Point, où il écrit pour le site inter­net, le ser­vice Société et les pages « Le Point de la semaine».

Il est ensuite embauché à Valeurs actuelles, où il débute au ser­vice société, puis au ser­vice monde au moment de la chute de Kad­hafi. Il intè­gre ensuite le ser­vice poli­tique aux côtés d’Arnaud Folch, et suit la cam­pagne prési­den­tielle de 2012. Après la défaite de Sarkozy il suit la droite. En juin 2013, il est nom­mé rédac­teur en chef adjoint par Yves de Ker­drel et prend la tête du ser­vice poli­tique, Arnaud Folch pas­sant directeur délégué des rédactions.

Fin mai 2016, Yves de Ker­drel annonce que Geof­froy Leje­une est nom­mé à la tête de la rédac­tion de Valeurs Actuelles, devenant le plus jeune rédac­teur en chef d’un mag­a­zine de ce type et dont les ventes sont en pro­gres­sion con­stante depuis 2006. Son frère cadet Bastien Leje­une tra­vaille aus­si dans le mag­a­zine. Il dirige la par­tie web du jour­nal depuis mars 2016, tout en consignant des arti­cles avec d’Ornellas.

Les deux pre­miers défis du jeune rédac­teur en chef sont de taille, puisqu’il s’agit de présen­ter une nou­velle for­mule pour les 50 ans du mag­a­zine, en octo­bre 2016, puis de suiv­re la prési­den­tielle 2017 – sans une hypothé­tique can­di­da­ture Zem­mour cette fois.

L’ère Leje­une est car­ac­térisée par cer­taines accoin­tances, directes ou plus sou­vent indi­rectes avec le pou­voir élyséen de l’ère Macron, dont cer­taines remon­tent à loin. En effet, Yves de Ker­drel siégeait dans la com­mis­sion Attali en 2007 aux côtés d’Emmanuel Macron, tan­dis que le rédac­teur en chef de Valeurs, Louis de Raguenel, est entré en con­tact avec le con­seiller en com­mu­ni­ca­tion de l’Élysée, Syl­vain Fort, via le groupe de Four­tou, un cer­cle informel (dont Camille Pas­cal était l’instigateur) qui se réu­nis­sait en 2011 afin d’œuvrer à la réélec­tion de Sarkozy, sans par­ler de l’amitié de Leje­une pour le porte-parole du palais, Bruno Roger-Petit. Plusieurs sources s’accordent sur le fait que le prési­dent lit régulière­ment l’hebdomadaire, dont il aurait dit qu’« il faut le lire pour com­pren­dre ce que pense la droite » au grand dam de sa garde rap­prochée (Joseph Zimet, Sibeth N’diaye, Alex­is Kohler). Ce rap­proche­ment apparem­ment con­tre-nature est con­fir­mé par l’entretien accordé par le prési­dent à Louis de Raguenel dans l’avion prési­den­tiel le 25 octo­bre 2019 qui paraît en kiosques le 31 octo­bre et excite la jalousie de nom­breux con­frères. Ceci au moment où Leje­une est som­mé par les action­naires en interne de met­tre de l’eau dans le vin de sa ligne édi­to­ri­ale, jugée trop réac­tion­naire par Mougeotte et Vil­leneuve qui ont appuyé la nom­i­na­tion d’Erik Mon­jalous au poste de rédac­teur en chef. Cet entre­tien dans l’hebdomadaire appa­raît comme une dou­ble aubaine, Macron espère grig­not­er l’électorat de droite en se présen­tant comme le garant de l’autorité régali­enne et de l’ordre répub­li­cain, le jour­nal réalise une vente excep­tion­nelle du numéro. Si Valeurs Actuelles se vend moins bien que sous Hol­lande (120 000 numéros écoulés en moyenne con­tre 80 000 en 2020), il a été adoubé en haut lieu et con­sid­éré comme respectable.

Sur un autre plan, c’est la péren­nité économique du jour­nal qui est attaquée à plusieurs niveaux, depuis le début du quin­quen­nat Macron : Yann Barthès divulgue sur Insta­gram un dossier cri­tique con­sacré à ses méth­odes, espérant ain­si cass­er les ventes en kiosques. Il obtien­dra un résul­tat con­traire et le numéro sera un suc­cès com­mer­cial écla­tant. Plus tard, la meute déla­trice des Sleep­ing Giants intime aux annon­ceurs de cess­er toute col­lab­o­ra­tion avec le jour­nal. Leje­une, dans les deux cas, monte en pre­mière ligne pour livr­er la riposte médi­a­tique, fait front et pare les attaques mal inten­tion­nées et mal­adroites dirigées con­tre le jour­nal et ce qu’il représente.

En jan­vi­er 2020, le prési­dent de Sci­ence­sPo Lille, Pierre Math­iot, cède aux desider­a­ta des syn­di­cats d’extrême-gauche qui fai­saient pres­sion pour inter­dire une con­férence inti­t­ulée « À droite, où en sont les idées ? » où fig­u­raient Geof­froy Leje­une et Charles Con­signy. Geof­froy Leje­une déclare dans la foulée à CNews: « On invite Edwy Plenel et Fab­rice Arfi de Medi­a­part mais on n’in­vite pas Valeurs Actuelles. Dans le débat pub­lic, le sec­tarisme se trou­ve exclu­sive­ment à gauche. » Suite à cette déci­sion qui crée un tol­lé dans une par­tie du Lan­derneau médi­a­tique, Pierre Math­iot ne tarde pas à recevoir des men­aces de mort qui le poussent à porter plainte pour « diffama­tion, injures et men­aces de mort ».

Le feu roulant des polémiques ne faib­lit pas et, pour la pre­mière fois, Valeurs recule devant l’offensive à l’occasion de « l’affaire Obono ». Le 27 août 2020, l’hebdomadaire pub­lie dans ces colonnes un réc­it uchronique qui place la députée dans la peau d’une esclave ven­due par des noirs et subis­sant les affres de la traite négrière. Ce réc­it est agré­men­té d’illustrations, dont l’une d’elles donne à voir le vis­age d’Obono entravée par des chaînes. Il n’en faut pas plus pour sus­citer les cris d’orfraie du lan­der­nau politi­co-médi­a­tique, entraî­nant même les con­damna­tions inat­ten­dues de fig­ures comme Wallerand de Saint-Just ou Yves de Ker­drel. Emmanuel Macron, qui cajo­lait jusque-là la rédac­tion, donne le coup de grâce en appelant Danièle Obono pour l’assurer de son sou­tien, comme il l’avait fait pour Éric Zem­mour (seule per­son­nal­ité à défendre le jour­nal) quelques mois plus tôt. La Ligue de Défense Noire Africaine, représen­tée par le repris de jus­tice Syl­vain Afoua, fait irrup­tion dans les locaux déserts de la rédac­tion et exige de par­ler à Geof­froy Leje­une, qui s’exécute deux jours plus tard. La pro­ces­sion de Leje­une sur le plateau de BFM et la pub­li­ca­tion d’un com­mu­niqué où la rédac­tion présente ses excus­es à l’intéressée ne suff­isent pas à étein­dre l’incendie : rap­pel­er des vérités his­toriques déplaisantes, comme la cas­tra­tion des esclaves noirs par les Arabes ou la nature patri­ar­cale des sociétés africaines, n’est plus à l’ordre du jour dans la France arc-en-ciel du nou­veau mil­lé­naire. Geof­froy Leje­une y perd sa col­lab­o­ra­tion sur LCI alors que le par­quet de Paris entame une enquête pour « injures racistes ».

Fin sep­tem­bre 2021, il est con­damné à ce titre pour « injure publique envers un par­ti­c­uli­er à rai­son de son orig­ine » à 1.500 € d’amende en même temps que le directeur de la pub­li­ca­tion et l’auteur de l’article. En novem­bre 2022, Il est relaxé en appel alors que les deux autres per­son­nes incrim­inées sont con­damnées à 1.000 € d’amende avec sur­sis, une sorte de relaxe morale non assumée.

Men­acé d’être rem­placé par Jean-Michel Sal­va­tor à l’automne 2022, il perd son titre de directeur de la pub­li­ca­tion et réus­sit à con­serv­er la direc­tion de la rédac­tion en mobil­isant cette dernière autour de lui et en relançant avec suc­cès une poli­tique d’abonnements. Ses rela­tions réputées exécrables avec le pro­prié­taire du jour­nal, Iskan­dar Safa, lui vau­dront d’être mis à pied début juin 2023, préal­able à un licen­ciement conflictuel.

Parcours militant

Le seul engage­ment con­nu de Geof­froy Leje­une est une par­tic­i­pa­tion à des cel­lules de for­ma­tion organ­isées par des catholiques engagés.

Publications

En mai 2015, Geof­froy Leje­une pub­lie son pre­mier ouvrage aux édi­tions RING. Il s’agit d’une œuvre de poli­tique-fic­tion savam­ment conçue, de telle façon que le lecteur ait, du début à la fin de ce réc­it de cam­pagne, un doute sur la vérac­ité des faits relatés. Ain­si, « Une élec­tion ordi­naire » démarre sur une scène de dîn­er entre Patrick Buis­son, Philippe de Vil­liers et Éric Zem­mour à La Rotonde, un dîn­er qui a sans doute véri­ta­ble­ment eu lieu. À ceci près que dans la fic­tion, il se con­clut ain­si : « La solu­tion, c’est toi qui l’as entre les mains, Éric. Il faut que tu ailles à la prési­den­tielle ».

Ain­si démarre ce réc­it de cam­pagne prési­den­tielle, avec Éric Zem­mour en can­di­dat d’union des droites, sous la plume d’un jeune jour­nal­iste qui pour­rait être Geof­froy Leje­une (à la dif­férence qu’il décou­vre à peine la droite, à laque­lle sa rédac­tion vient de l’affecter).

Fait mar­quant de cette cam­pagne imag­inée par l’auteur, des atten­tats per­pétrés au mois de décem­bre, dont l’analyse est pré­moni­toire : « Les atten­tats de décem­bre avaient plongée la France dans un engour­disse­ment trompeur. Aucun sur­saut mas­sif et pop­u­laire n’était venu s’opposer à la bar­barie des fana­tiques religieux qui avaient trau­ma­tisé le pays. Je m’étais inter­rogé sur cette pas­siv­ité ; cette fois, seuls des anonymes avaient été touchés par les rafales de kalach­nikov dans cette rame du métro parisien. Les vingt neuf vic­times et la sauvagerie du mode opéra­toire auraient pu engen­dr­er une réac­tion pro­por­tion­née, mais les Français appa­rais­saient résignés. »

Si la réal­ité rejoignait la fic­tion, Frédéric Mit­ter­rand aurait encore à ral­li­er le Front Nation­al, Marine Le Pen à suiv­re l’enterrement de son père à la télévi­sion, et Hen­ri Guaino et Mar­i­on Maréchal-Le Pen a quit­ter leur par­ti respec­tif pour rejoin­dre l’union des droites…

Collaborations

Geof­froy Leje­une tient une chronique poli­tique quo­ti­di­enne dans la mati­nale de Sud Radio. Il inter­vient régulière­ment dans les débats poli­tiques sur Europe 1 et I Télé. Il a égale­ment fait quelques pas­sages dans l’émission de Thier­ry Ardis­son, « Salut les Terriens ».

Depuis la ren­trée 2018, il fer­raille avec le psy­ch­an­a­lyste et cofon­da­teur du Média, Gérard Miller, chaque lun­di à 17h sur LCI. Alors qu’il inter­ve­nait dans le « Quart d’heure Pujadas » et devait chroni­quer dans le « Grand soir » (22h-minu­it) de Julien Arnaud il est brusque­ment écarté le 31 août 2020 à la suite de l’affaire Obono (voir supra), la direc­tion de LCI se joignant au quart d’heure de la haine style 1984 de George Orwell.

Ce qu’il gagne

Non ren­seigné.

Il l’a dit

« Nous ne sommes pas sur la même ligne que le Front Nation­al, mais nous faisons des efforts pour ne pas être sec­taires. Il faut par­ler à tout le monde, de Flo­ri­an Philip­pot à François Bay­rou », « Valeurs actuelles, le jour­nal qui veut tir­er la droite vers la droite », Le Monde, 28 mai 2016.

À pro­pos de Marine Le Pen : « (elle) dérive vers un mélen­chon­isme économique mât­iné de ful­gu­rances gay friend­ly », Valeurs actuelles du 26 mai 2016.

« Le choix de Valeurs actuelles pour annon­cer ce tour­nant de la cam­pagne n’était pas anodin. Le mag­a­zine était cou­tu­mi­er des titres racoleurs. Ses patrons sur­faient sur un suc­cès fac­tice, et rad­i­cal­i­saient leur ton au gré des ventes qui ne ces­saient d’augmenter. La presse tombait sys­té­ma­tique­ment dans le pan­neau, reprenant leurs cou­ver­tures les plus hard­core pour en faire des scan­dales. Eux vendaient, et se frot­taient les mains. Le suc­cès n’était que relatif, mais dis­ait beau­coup d’une époque où le con­cept de mod­éra­tion était devenu une incon­gruité», dans son roman, Une élec­tion ordi­naire (Ring, mai 2015), sous la plume du narrateur.

« Il la trou­vait affligeante. Sa cer­ti­tude d’être appelée à un grand des­tin l’aveuglait. Le con­stat sur l’immigration dessi­nait une poten­tielle majorité élec­torale, et elle s’échinait à séduire les sym­pa­thisants de gauche. Elle avait sanc­tion­né le pau­vre Chauprade, coupable de s’être attaqué à la « cinquième colonne » islamiste en France, avait délais­sé le con­cept de « Grand rem­place­ment » cher à Renaud Camus pour le qual­i­fi­er de « thèse com­plo­tiste ». Elle avait accueil­li à bras ouverts les mil­i­tants gays. Zem­mour ricana. Marine croy­ait avoir inven­té l’eau tiède avec son « ni droite ni gauche » mais singeait mal les pre­miers inven­teurs du slo­gan. Son FN à elle n’était « ni de droite, ni de droite » », idem, sous la plume du narrateur.

« Il existe aujour­d’hui en France une soif de change­ment, de rup­ture, de révo­lu­tion presque, que per­son­ne ne réus­sit à incar­n­er. Voilà pourquoi une parole libre et intel­li­gente pour­rait trou­ver sa place dans un débat pub­lic terne, usé, en un mot sclérosé. Les dis­cours de Michel Onfray et d’Éric Zem­mour séduisent pré­cisé­ment parce qu’ils sont libres», « Geof­froy Leje­une : Eric Zem­mour et Michel Onfray séduisent parce qu’ils sont libres », inter­view au Figarovox, 3 octo­bre 2015.

À pro­pos des ren­con­tres de Béziers de mai 2016, par­rainées par Valeurs actuelles: « J’ai été très sur­pris des propo­si­tions du pub­lic, surtout de l’énervement et la colère qu’on ressen­tait ( … ) Après il y a deux options : soit on les écoute, on essaie de com­pren­dre ce qu’ils ont en tête ; soit on se fout de leur gueule, comme le fait Le Petit Jour­nal. Moi je préfère les écouter », sur le plateau du Sup­plé­ment de Canal Plus, dans une émis­sion con­sacrée à « Valeurs actuelles, nou­velle bous­sole de la droite », Le Sup­plé­ment, Canal+ : « Valeurs actuelle, nou­velle bous­sole de la droite », émis­sion du 5 juin 2016.

« J’ai envie d’aller vers plus d’enquêtes, plus d’exclus, pour que les gens qui lisent Valeurs actuelles ne le fassent pas en se dis­ant : ‘Enfin un jour­nal avec lequel je suis d’accord !’, mais pour y appren­dre des choses », Les Inrocks, 11 octo­bre 2016.

« Moi, je n’ai pas l’impression d’être jeune, répond Geof­froy, les aînés d’ici sont mes potes, ce poste à mon âge, OK, c’est flip­pant, mais tout le monde m’a aidé dans la rédac’, il y a eu une sorte de com­pas­sion pour ce qui m’arrivait. Le truc m’est tombé dessus, et ça me fait flip­per, parce que je ne sais pas si je pour­rai redescen­dre pour écrire des papiers. Con­traire­ment à Jean-Marc Ayrault, ancien Pre­mier min­istre, qui a pu revenir en min­istre des Affaires étrangères. »Charles, 21 mai 2017.

« Il est urgent de sup­primer l’é­d­u­ca­tion à la sex­u­al­ité à l’é­cole qui est là pour instru­ire ; c’est aux par­ents d’é­du­quer», LCI, 20 novem­bre 2017.

« La vraie rai­son de la créa­tion de cette école [l’IS­SEP] c’est que c’est une fille qui a tou­jours été frus­trée de ne pas avoir de légitim­ité autre que cette élec­tion à 22 ans[…] Elle n’a pas réus­si à trou­ver de boulot dans la vie pro­fes­sion­nelle, il y a des gens qui voulaient l’embaucher mais qui se sont dits au dernier moment elle s’ap­pelle Le Pen c’est com­pliqué pour l’en­tre­prise, elle s’est ren­due compte que pour tra­vailler elle était oblig­ée de créer sa boîte », C l’Heb­do au sujet de l’é­cole de man­age­ment lancée à Lyon par Mar­i­on Maréchal le Pen, 4 juin 2018.

« Son influ­ence poli­tique s’est rapi­de­ment affais­sée, mais elle a surtout aban­don­né ce qu’on appelle le « catholi­cisme social » qui lui don­nait une assise pop­u­laire. Longtemps, les gens ont vécu dans un bain cul­turel catholique. Leur journée était ryth­mée par les cloches, ils suiv­aient quelques offices, se retrou­vaient à la messe le dimanche. Même si dans le secret de leur con­science, ils n’étaient pas néces­saire­ment ani­més d’une foi intense, ils avaient recours aux ser­vices du curé dans les moments impor­tants de leur vie : le mariage, la mal­adie, la mort. J’aime beau­coup l’idée de « foi du char­bon­nier » par­fois décrite par Balzac comme le fait « d’aimer la sainte vierge comme on aime sa femme » : une piété fil­iale, un attache­ment dénué de réflex­ion théologique ou philosophique, une fidél­ité à une his­toire et à des racines davan­tage qu’une révéla­tion mys­tique. Je me situe par­faite­ment dans cette caté­gorie là ; cette foi sim­ple con­sti­tua le ciment d’une civil­i­sa­tion. […] Et l’Église sem­ble s’excuser d’exister encore. Récem­ment, en France, nous avons vécu un vaste mou­ve­ment d’insurrection de la part de ceux qu’on pour­rait appel­er les « lais­sés pour compte de la mon­di­al­i­sa­tion », les gilets jaunes. Ces gens cri­aient une colère venue de loin et ils étaient soutenus par une majorité de la pop­u­la­tion. Un phénomène social de cet ordre ne peut échap­per à aucune insti­tu­tion revendi­quant d’avoir un pro­jet pour les hommes. A défaut d’exercer une influ­ence poli­tique, l’Église aurait pu jouer son rôle en offrant un pro­jet spir­ituel à ceux qui se bat­tent con­tre une perte de sens glob­ale. Il existe 104 diocès­es en France, soit autant d’évêques, qui sont les représen­tants de l’Église dans le pays. Un d’entre eux, un seul, a jugé bon de se ren­dre à la ren­con­tre des gilets jaunes. Peut mieux faire. »First Things, mai 2019.

« En 1996, Patrice Lecon­te met­tait en scène dans son film Ridicule un Bernard Giraudeau étince­lant, dans le rôle d’un abbé capa­ble de démon­tr­er à ses ouailles épous­tou­flées l’existence de Dieu, avant de se van­ter de pou­voir prou­ver l’exact inverse… Emmanuel Macron n’est pas curé mais il prêche en vir­tu­ose, jusqu’à devenir le prési­dent de l’oxymore per­ma­nent, érigé en mode de gou­verne­ment. Le voilà capa­ble d’expliquer à une femme voilée maro­caine, restée illé­gale­ment sur le ter­ri­toire, qu’elle doit ren­tr­er chez elle car elle n’est pas en dan­ger dans son pays, tout en faisant vot­er une loi — “asile et immi­gra­tion” — élar­gis­sant le regroupe­ment famil­ial et en accep­tant l’explosion du nom­bre de titres de séjour accordés sous sa prési­dence. Il est ce prési­dent chantre de l’apaisement qui promet, dans le domaine socié­tal, de ne rien faire sans “con­sen­sus” avant de chang­er d’avis en con­statant qu’il n’existe pas, faisant mal­gré tout vot­er la PMA sans père à l’Assemblée. Qui est cet homme capa­ble de dire que le voile islamique « n’est pas con­forme à la civil­ité » française, tout en se lavant les mains devant le débat qui agite le pays : ça « n’est pas [s]on affaire »… ?
Voilà quels nœuds nous souhaitions démêler au moment où l’Élysée nous pro­posa d’accompagner le voy­age prési­den­tiel à May­otte et à La Réu­nion. »
, Valeurs Actuelles, 30 octo­bre 2019.

« Le ver­dict est tombé hier, le 17 novem­bre. Sachez pour com­pren­dre la claque que cela représente pour eux qu’il est raris­sime qu’un directeur de jour­nal soit trainé au tri­bunal avec l’auteur de l’article incrim­iné et le directeur de la pub­li­ca­tion. N’étant ni l’un ni l’autre à l’époque des « faits », ma mod­este per­son­ne n’aurait jamais dû siéger sur les bancs de la XVI­Ième cham­bre ni de la cour d’appel, mais en me visant ain­si, les par­ties civiles avouaient leur volon­té de liq­uider un jour­nal plutôt que d’éventuellement faire con­damn­er un sim­ple arti­cle. Nous sommes donc con­damnés en appel. À quoi ? À rien. 1000 euros avec sur­sis. Con­damnés pour le principe, comme si le juge­ment était une relaxe qui ne s’assume pas. Mais le pire, c’est que ma petite per­son­ne est relaxée. Pour un motif pure­ment juridique, parce que la jus­tice française a estimé que le cas de Valeurs ne jus­ti­fi­ait pas de créer un précé­dent qui per­me­t­trait que des quidams embar­quent dans les pré­toires tous les directeurs de jour­naux que compte notre beau pays. », com­mu­niqué de Valeurs actuelles du 23/11/2022 après sa relax­ation dans le procès de la pseu­do-affaire Obono.

Ils l’ont dit de lui

« Je suis très fier de diriger un groupe de presse dont le navire ami­ral, Valeurs actuelles, a le plus jeune directeur de la rédac­tion de France”, Yves de Ker­drel à l’AFP, le 31 mai 2016

« Je me demande ce qui est le plus mépris­able entre la parole de ces gens là et ceux qui, comme Mon­sieur Leje­une, font de l’argent pour inciter à ce que cette parole soit de plus en plus forte », le député PS Benoit Hamon, invité sur la plateau du « Sup­plé­ment » de Canal Plus, juin 2016.

« Geof­froy Leje­une arrive au bon moment, il y avait besoin de dépous­siér­er l’image de droite ver­sail­laise de ce jour­nal et de sec­ouer les colonnes du tem­ple avec quelqu’un de san­guin et de son temps », Patrick Buis­son, Les Inrocks, 11 octo­bre 2016 (op.cit)

« Il con­sid­ère que le ter­rain a longtemps été lais­sé libre aux Inrocks et à la gauche pro­gres­siste. veut met­tre au cen­tre du débat pub­lic les ques­tions iden­ti­taires, et il pense que la trans­gres­sion est néces­saire», Saïd Mahrane (Le Point) à son sujet, ibid.

« Geof­froy Leje­une est aujourd’hui le plus jeune directeur de rédac­tion en France. A défaut d’avoir été un acteur direct du mou­ve­ment de con­tes­ta­tion en France, il en a été l’un des meilleurs obser­va­teurs au point qu’en 2015 la Manif pour Tous l’a choisi pour ani­mer les débats avec les can­di­dats aux régionales. Leje­une est surtout l’un des rares jour­nal­istes à avoir com­pris la révolte souter­raine qui, depuis une dizaine d’années, tra­verse la France silen­cieuse. […] Nul doute que son intu­ition a par­ticipé de l’accroissement du lec­torat de Valeurs Actuelles. Sa nom­i­na­tion à la tête de l’hebdomadaire après une tra­jec­toire météorique est un des signes du bas­cule­ment cul­turel et généra­tionnel en cours. », Alexan­dre Devec­chio, Les nou­veaux enfants du siè­cle, 2016.

« En févri­er dernier, des jour­nal­istes ont été enten­dus afin de déter­min­er les prob­lèmes dans la rédac­tion. Selon Geof­froy, il a tapé du poing sur la table devant Iskan­dar Safa ; afin d’obtenir l’éloignement de Mougeotte et Vil­leneuve de la rédac­tion. Ces derniers sem­blent peu appréci­er sa ligne droitière. », un mem­bre de la rédac­tion de VA souhai­tant rester anonyme, Le Média, 18 mai 2018.

« Christophe, jour­nal­iste pour le mag­a­zine depuis plusieurs années(2), nous affirme que « la prox­im­ité de Geof­froy Leje­une avec Mar­i­on Maréchal Le Pen peut causer des fric­tions en réu­nion de rédac­tion : il veille sur elle comme un agent veille sur sa star. » Il déplore aus­si que depuis sa nom­i­na­tion « l’aspect mil­i­tant a pris le pas sur le jour­nal­isme ». S’il rap­pelle que « VA a tou­jours eu une ligne et l’a assumée », il con­state que cer­taines choses ont changé. « Des jour­nal­istes ne quit­tent jamais leur bureau et écrivent leurs papiers en se reposant unique­ment sur des arti­cles de con­frères aux­quels ils ajoutent un ton édi­to­r­i­al pro­pre à VA », nous explique-t-il. De son côté, Damien remar­que que les arrivées sont « plus issues de la mou­vance mil­i­tante que jour­nal­is­tique ». Le résul­tat est que, selon Christophe, « cer­tains jour­nal­istes ont de la peine à défendre la ligne du jour­nal par­ti­c­ulière­ment lorsqu’il s’agit de sujets socié­taux. » Gré­goire, égale­ment jour­nal­iste au sein de l’hebdomadaire, va dans le même sens. Selon lui, « une cer­taine droite proche de la Manif pour tous ou de Vil­liers, qui flirte avec l’extrême droite, a pris le pou­voir et ce n’est pas au goût de tout le monde. », Ibid.

Sa nébuleuse

Yves de Kerdrel

À son arrivée au groupe Val­monde, cet ancien du Jour­nal des Finances, des Echoset du Figaro, noue rapi­de­ment des liens avec les deux jour­nal­istes du ser­vice poli­tique, à savoir Arnaud Folch et Geof­froy Leje­une. Au fur et à mesure des évo­lu­tions de la rédac­tion, cette con­fi­ance réciproque s’est traduite en nom­i­na­tions pour ceux qui ont été surnom­mé les « Kerdrel’s boys ». Ker­drel démis­sionne de son poste du directeur général du groupe Val­monde en mai 2018, une déci­sion souhaitée par les action­naires, et est rem­placé par Erik Mon­jalous, ancien directeur com­mer­cial et mar­ket­ing de l’AFP. Leje­une survit à son éviction.

Arnaud Folch

Ce jour­nal­iste aguer­ri, qui a fait ses class­es à l’hebdomadaire Minute, forme avec Geof­froy Leje­une, depuis l’arrivée de celui-ci au ser­vice poli­tique, un tan­dem red­outable. Ils se com­plè­tent ce qui leur per­met de recouper leurs sources, et de boucler des papiers poli­tiques infor­més. Si Arnaud Folch a la con­fi­ance de Marine Le Pen — celle-ci étant réputée vouer une solide détes­ta­tion de Geof­froy Leje­une – ce dernier entre­tient quant à lui des rela­tions très ami­cales avec Mar­i­on Maréchal-Le Pen.

Marion Maréchal-Le Pen

Geof­froy Leje­une et la députée du Vau­cluse ont le même âge, et des amis com­muns. Le jeune rédac­teur en chef ne cache pas par ailleurs son admi­ra­tion pour elle. Plus que de con­tact priv­ilégié on peut par­ler de rela­tion amicale.

Bruno Roger-Petit

Leje­une com­mence à fréquenter celui qui n’est alors que l’éditorialiste phare de la revue Chal­lenges alors qu’il n’est encore que chef du ser­vice poli­tique de Valeurs Actuelles. Ils assis­tent ensem­ble à des matchs de foot­ball au Parc des Princes et Roger-Petit l’in­vite dans son émis­sion «#BRP» dif­fusée sur Sport 365 (par exem­ple, « Woz­ni­ac­ki est-elle de droite ou de gauche ? », le 29 sep­tem­bre 2014). La rédac­tion de Valeurs entre dans les bonnes grâces d’Emmanuel Macron dès que Roger-Petit entre en fonc­tion comme porte-parole de l’Élysée, tant et si bien que Le Monde rap­porte que ce sont les deux hommes qui ont « imag­iné, puis organ­isé » la céré­monie de la remise de la Légion d’honneur à Michel Houelle­becq (avec qui Leje­une a don­né un entre­tien à la revue religieuse con­ser­va­trice améri­caine First Things), le 18 avril 2019. Leje­une est évidem­ment présent lors de la céré­monie, accom­pa­g­né de Char­lotte d’Ornellas.

Publicité

Le Néo-féminisme à l'assaut d'Internet